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90. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

Le commun caractère est de n’en point avoir : Le matin incrédule, on est dévot le soir. […] Voltaire se charge de nous l’expliquer lui-même : « Ce qu’on appelle esprit, dit-il, est tantôt une comparaison nouvelle, tantôt une allusion fine ; ici, l’abus d’un mot qu’on présente dans un sens, et qu’on laisse entendre dans un autre ; là, un rapprochement délicat entre deux idées communes ; c’est une métaphore singulière ; c’est une recherche de ce qu’un objet ne présente pas d’abord, mais de ce qui est en effet dans lui ; c’est l’art, ou de réunir deux choses éloignées, ou de diviser deux choses qui paraissent se joindre, ou de les opposer l’une à l’autre ; c’est celui de ne dire qu’à moitié sa pensée pour la laisser deviner. » Lorsque Voltaire parlait ainsi, c’est qu’il avait remarqué dans les différents écrivains épistolaires ces traits caractéristiques de l’esprit, et dont nous allons citer quelques exemples pour mieux faire comprendre en quoi consiste cette qualité. […] Ces réflexions sont communes : qu’importe ? […] Voici quels sont les écueils à éviter : 1° Rejetez les locutions basses, communes, triviales ; 2° Ne manquez jamais d’égards, de respect, de ménagements pour rage et le sexe auxquels vous vous adressez ; 3° Que le jugement, le bon goût éloignent les épigrammes, les malices, les sarcasmes, tout ce qui peut froisser les sentiments.

91. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre III. De la forme extérieure de la poésie » pp. 22-70

Il fait en sorte que les expressions soient toujours nobles, riches, naïves, douces, gracieuses, agréables, selon la diversité des sujets, et qu’elles n’aient jamais rien de commun ni de trivial. […] Les périphrases sont d’un usage très fréquent chez les poètes, qui les emploient pour étendre, orner, ennoblir une idée simple et souvent commune. […] Quand la rime n’a rien de plus que les sons essentiels, on l’appelle suffisante, régulière ou commune ; elle est riche ou heureuse lorsqu’elle offre une grande conformité de sons ou d’articulations. […] ses vertus, son courage, La sublime valeur, le zèle pour son roi, N’ont pu le garantir, au milieu de son âge,             De la commune loi.

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