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20. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Pascal. (1623-1662.) » pp. 35-39

L’empreinte du génie marque ces pages inachevées ; dans ces pierres d’attente, dans ces premières assises du monument qu’il voulait élever à la religion chrétienne, on peut apercevoir quelle en eût été la grandeur1. […] Il n’y a que la religion chrétienne qui rende l’homme aimable et heureux tout ensemble3. […] De même, Montesquieu : « La religion chrétienne, qui ne semble avoir pour but que la félicité de l’autre vie, fait encore notre bonheur dans celle-ci. »

21. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — D’Aguesseau. (1668-1751.) » pp. 124-129

Deux choses peuvent être renfermées sous ce nom : la première est l’étude des preuves de la vérité de la religion chrétienne ; la seconde est l’étude de la doctrine qu’elle enseigne, et qui est ou l’objet de notre foi ou la règle de notre conduite. […] Mais quoique cette conviction et cette espèce de foi humaine qu’on acquiert par l’étude des preuves de la religion chrétienne soient d’un ordre inférieur à la foi divine, qui est le principe de notre sanctification1/, et quoique la simplicité d’un paysan, qui croit fermement tous les mystères de la religion parce que Dieu les lui fait croire, soit infiniment préférable à toute doctrine d’un savant, qui n’est convaincu de la vérité de la religion que comme il l’est de la certitude d’une proposition de géométrie ou d’un fait dont il a des preuves incontestables, il est néanmoins très-utile d’envisager avec attention et de réunir avec soin toutes les marques visibles et éclatantes dont il a plu à Dieu de revêtir de ce caractériser, pour ainsi dire, la véritable religion. […] Mais c’est une grande satisfaction pour un jeune homme aussi bien né que vous l’êtes, de s’être mis en état de sentir la frivolité des raisonnements qu’on se donne la liberté de faire contre la religion, et de bien comprendre que le système de l’incrédulité est infiniment plus difficile à soutenir que celui de la foi, puisque les incrédules sont réduits à oser dire, ou qu’il n’y a point de Dieu, ce qui est évidemment absurde ; ou que Dieu n’a rien révélé aux hommes, ce qui démenti par tant de démonstrations et de faits qu’il est impossible d’y résister : en sorte que quiconque a bien médité toutes ces preuves trouve qu’il est non-seulement plus sûr, mais plus facile de croire que de ne pas croire, et rend grâces à Dieu d’avoir bien voulu que la plus importante de toutes les vérités fût aussi la plus certaine, et qu’il ne fût pas plus possible de douter de la vérité de la religion chrétienne, qu’il l’est de douter s’il y a eu un César ou un Alexandre… Pour ce qui est de l’étude de la doctrine que la religion nous enseigne, et qui est l’objet de notre foi ou la règle de notre conduite, c’est l’étude de toute notre vie, mon cher fils : vous en êtes déjà aussi instruit qu’on le peut être à votre âge, et je vois avec joie que vous travaillez à vous en instruire de plus en plus ; je ne puis donc que vous exhorter à vous y appliquer sans relâche.

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