Elle crée par Musée, par Linus, par Orphée, ces premiers prêtres inspirés du paganisme, les dieux de l’Olympe ; c’est dire qu’elle débute par des chants religieux, par des hymnes. […] L’harmonie poétique répond exactement à la mélodie du chant. […] Ailleurs (Lutrin, chant ii), peignant la paresse et l’indolence : Seulement, au printemps, quand Flore, dans les plaines, A fait taire des vents les bruyantes haleines, Quatre bœufs attelés, d’un pas tranquille et lent Promenaient dans Paris le monarque indolent. Et au chant iii du même Lutrin, parlant de coups de maillet qui résonnent bruyamment : Sous les coups redoublés tous les bancs retentissent : Les murs en sont émus, les voûtes en mugissent, Et l’orgue même en pousse un long gémissement. […] Les plus simples objets, le chant d’une fauvette, Le matin d’un beau jour, la verdure des bois, La fraîcheur d’une violette, Mille spectacles qu’autrefois On voyait avec nonchalance, Transportent aujourd’hui, présentent des appas, Inconnus à l’indifférence, Et que la foule ne voit pas.
Plus de chant : il perdit la voix Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines. […] C’est un seul corps qui n’a qu’une pensée, qu’une âme ; une même ardeur, une même joie court dans les rangs ; les mêmes chants apprennent aux échos de ces monts la présence, la gaieté, la victoire de nos soldats : la victoire !