C’est, par exemple, avec plus de courage que de bonheur et de succès qu’il entreprit une traduction de Lucain. […] avec autant de bonheur que de justesse ; qui donnent à des vers charmants, à des tableaux pleins de mouvement et de variété, l’exactitude d’une prose rigoureusement didactique, et personne ne leur contestera sans doute le titre de poètes : on ne leur interdira pas plus un rang au Parnasse qu’un genre dans les poétiques élémentaires. […] On ne saurait croire avec quel art il saisit un trait heureux, une belle image, une grande pensée, quand elle se présente, pour la développer et l’étendre en vers harmonieux187 ; avec quel goût il passe légèrement sur des détails qui répugneraient à notre délicatesse française ; avec quel bonheur il rend supportable ce qu’il lui est impossible de supprimer tout à fait ; rien, enfin, n’égale son attention scrupuleuse à faire valoir tout ce que son auteur a de bon, à pallier adroitement tout ce qu’il offre de défectueux.
Nouvelle dignité, fatale à mon bonheur ! […] Sénèque avait dit, dans son traité de la Providence, ch. 3 : « Scit eum sine gloria vinci qui sine periculo vincitur. » — Corneille, plus qu’aucun autre de nos auteurs, offre une foule de ces pensées, énergiquement rendues, que le bonheur de l’expression grave dans toutes les mémoires et qui deviennent des espèces d’adages, consacrés par l’admiration populaire. […] A cette comédie qui offre, comme dit Voltaire, les plus comiques situations, le pathétique est aussi mêlé avec beaucoup de bonheur.