J’attendis encore une homélie pour mieux savoir à quoi m’en tenir. […] Le courage du prélat l’exposa à tout, son bien dire le sauva, mais il fallut encore attendre. […] Non, j’ai trop souffert en cette vie pour n’en pas attendre une autre. […] Voilà le spectacle qui attend le fils ingrat. […] J’attends ici quelque chose, et deux hommes qui jasent sont moins suspects qu’un seul qui se promène.
« Quand on voit le style naturel, dit Pascal, on est tout étonné et ravi, car on s’attendait de voir un auteur, et l’on trouve un homme. » Le contraire du naturel est l’affectation, la recherche dans les mots ou dans les pensées. […] Quand Lamartine dit : Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance, N’ira pas de ses vœux importuner le sort ; Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance, Un asile d’un jour pour attendre la mort ; on comprend que ce langage poétique n’a qu’une justesse relative : cette lassitude de l’âme, dont parle le poète, est un sentiment un peu vague ; cet asile d’un jour est une exagération de son imagination ; mais s’il eût parlé autrement, s’il eût voulu préciser ses idées comme un mathématicien, il n’eût pas été poète. […] Par la suspension, on tient le lecteur ou l’auditeur dans l’incertitude, pour exciter sa curiosité et lui montrer autre chose que ce qu’il attendait. Bossuet nous en donne un exemple dans son oraison funèbre de la reine d’Angleterre : « Combien de fois a-t-elle remercié Dieu de deux grandes grâces : l’une, de l’avoir faite chrétienne ; l’autre… Messieurs, qu’attendez-vous ?