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88. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

La rhétorique embrasse les possibles ; l’éloquence s’attache à l’objet qu’elle se propose, aux faits qui lui sont présentés : et c’est ainsi que ce premier instinct de l’éloquence naturelle est devenu le plus savant, le plus profond de tous les arts. […] Il ne s’agit donc que de se tenir (si je puis m’exprimer ainsi) dans la moyenne région des idées abstraites, de s’attacher, à celles qui appartiennent à l’éloquence, et d’éviter ces questions frivoles, singulières et sophistiques, qui ne font qu’altérer dans les enfants la bonne foi du sens intime, rendre l’esprit pointilleux et faux, et tout au plus, accoutumer leur langue à une brillante loquacité. […] Au milieu d’un peuple à la fois législateur et juge, devant qui l’on plaidait, non-seulement pour la fortune et la vie du citoyen, mais pour l’utilité, la gloire et le salut de la république ; dans un État où chacun aspirait à dominer par la parole, que des hommes, sans cesse en guerre dans la lice de l’éloquence, pour leurs amis ou pour eux-mêmes, et qui venaient y décider, comme des gladiateurs, de leur perte ou de leur salut, aient attaché à ce grand art tout l’intérêt de leur sûreté, de leur fortune et de leur gloire, rien de plus naturel : mais quel serait pour nous le fruit, l’emploi de ces longues études ? […] Vous avez raison de dire qu’il ne s’attache point à ces règles ; je crois qu’il n’en a pas même senti le besoin. […] C’est un petit défaut attaché à notre langue, défaut bien compensé par le bel effet que font nos e muets dans la déclamation ordinaire.

89. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre premier. Idée générale de l’Éloquence. »

Mais il est indispensable d’observer ici quelle idée les anciens attachaient à ce mot de philosophe.

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