Elle ne laisse pas toutefois de se parer, quand il est besoin, quoiqu’elle soit moins curieuse de ses ornements que de ses armes, et qu’elle songe davantage à gagner l’âme pour toujours par une victoire entière, qu’à la débaucher pour quelques heures par une légère satisfaction… L’antiquité appelait cela puiser ses discours dans l’estomac1 et avoir l’âme éloquente : elle a donné cette qualité à Ulysse, après lui avoir donné la doctrine et l’expérience, comme si la vertu de discourir devait être l’effet et la créature2 de celle de connaître et de savoir. […] C’est ce que vous avez compris en deux mots, et ce que vous appelez vaincre et régner. […] Parmi les lamentations de nos Jérémies (j’appelle ainsi mes amis plaintifs), je mêle toujours de bons augures et de bonnes espérances.
Ils appellent exagéré tout ce qu’ils ne sentent pas, et disent qu’on est monté sur des échasses, alors qu’on est plus grand qu’eux2. […] Celui qui, en toutes choses, appellerait un chat un chat pourrait être un honnête homme, mais non pas un bon écrivain. […] Mais il faut que cet enthousiasme soit presque insensible : c’est lui qui fait ce qu’on appelle le charme.