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44. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Si on ne les anime pas, si l’imagination n’essaye pas de rendre la vie et le mouvement à ces beautés oratoires dont elles offrent à peine l’ombre, elles remplissent la mémoire sans être d’aucun secours pour l’esprit. […] miseram Eurydicen anima fugiente vocabat ; Eurydicen toto referebant flumine ripæ. […] La douceur, qui gagne la bienveillance des juges, doit se faire encore sentir dans l’impétuosité qui remue leur âme ; et réciproquement l’impétuosité doit quelquefois animer la douceur. […] La célérité des idées qui s’échappent comme des traits de lumière, communiquée à l’expression, fait la vivacité du style ; cette vivacité, animée par le sentiment, produit la véhémence. […] Cette sorte d’interrogation anime l’esprit de l’auditeur ; il cherche la réponse, il se fait un plaisir de la prévoir.

45. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

rentrer tout seul dans sa maison déserte, Sans voir à votre approche une fenêtre ouverte, Sans qu’en apercevant son toit à l’horizon On dise : « Mon retour réjouit ma maison ; Une sœur, des amis, une femme, une mère, Comptent de loin les pas qui me restent à faire ; Et dans quelques moments, émus de mon retour, Ces murs s’animeront pour m’abriter d’amour !  […] mon pauvre Fido, quand, tes yeux sur les miens, Le silence comprend nos muets entretiens ; Quand, au bord de mon lit épiant si je veille, Un seul souffle inégal de mon sein te réveille ; Que, lisant ma tristesse en mes yeux obscurcis, Dans les plis de mon front tu cherches mes soucis, Et que, pour la distraire attirant ma pensée, Tu mords plus tendrement ma main vers toi baissée ; Que, comme un clair miroir, ma joie ou mon chagrin Rend ton œil fraternel inquiet ou serein, Révèle en toi le cœur avec tant d’évidence, Et que l’amour dépasse encor l’intelligence ; Non, tu n’es pas du cœur la vaine illusion, Du sentiment humain une dérision, Un corps organisé qu’anime une caresse, Automate trompeur de vie et de tendresse2 ! […] … J’en conserve précieusement les restes, la paille, les mousses, le duvet ; et, bien qu’il soit maintenant vide, désert et refroidi de toutes ces délicieuses tendresses qui l’animaient, j’aime à le revoir, j’aime à y coucher encore quelquefois, comme si je devais y retrouver à mon réveil la voix de ma mère, les pas de mon père, etc. » 1.

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