Les vérités ou les règles ont été trouvées par l’observation et l’expérience ; on ne peut ni les abroger ni en substituer de nouvelles aux anciennes. […] Après avoir enseigné la rhétorique pendant vingt ans, il publia son Institution de l’orateur, ouvrage considérable, et traité le plus complet que nous ayons des anciens sur l’éloquence39. […] La critique littéraire ne paraît pas avoir été exercée chez les anciens comme chez nous. […] Pour ne citer ici que les auteurs ou les ouvrages les plus connus, et qui roulent sur les matières purement littéraires, nous avons à compter l’Académie française, dans les Sentiments sur le Cid ; Corneille lui-même, dans ses examens de ses pièces ; Boileau, dans ses Réflexions critiques ; Voltaire, dans une multitude de passages et d’articles ; La Harpe, dans son Lycée ou Cours de littérature ; Clément (de Dijon), dans ses Essais de critique ; Chénier, dans son Tableau de la littérature ; enfin, les rédacteurs des journaux de critique et de littérature qu’on avait autrefois, et qui ont gardé jusqu’ici leur ancienne réputation.
En citant les anciens je me suis servi des traductions les plus estimées, auxquelles cependant j’ai fait subir quelques changemens quand je les ai crus utiles ou nécessaires. […] En cela j’ai suivi les exemples des anciens, d’Aristote surtout qui le premier a puisé la rhétorique dans la connaissance du cœur de l’homme. […] Les anciens ne les séparaient jamais ; ils regardaient la première comme la base de l’autre ; Cicéron la considère ainsi en plusieurs endroits de ses ouvrages. […] Les anciens ont défini l’éloquence ainsi cultivée, l’art de persuader par la parole. […] Les anciens, qui voulaient tout réduire en art, en avaient fait aussi un pour l’invention oratoire.