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241. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

Tous deux sont bien vraiment des traîtres, sans remords ni conscience ; mais Narcisse se laisse aller à sa perversité naturelle, au lieu que Mathan est guidé par sa haine contre Joad et obéit plutôt à l’ardeur de la vengeance qu’à une basse et vile ambition ; en outre la différence de leurs conditions se reflète dans leur physionomie morale, Mathan empruntant au sacerdoce dont il est revêtu un certain air de grandeur, l’affranchi Narcisse ayant gardé l’humilité obséquieuse de son ancienne servitude, À part ces différences, tous deux jouent à peu près le même rôle, l’un en flattant les penchants criminels du « monstre naissant », l’autre en étouffant chez « l’implacable Athalie » les derniers scrupules qui peuvent encore la retenir. […] Nous la voyons cette tortue qui va « son train de sénateur » ; nous suivons des yeux avec plaisir l’hirondelle « frisant l’air et les eaux. » Examinons quelques-uns des types de cette vivante collection : voici la grenouille présomptueuse et sotte, poltronne et hébétée ; le canard, au regard stupide ; le chat, hypocrite et rusé, toujours menaçant pour la gent trotte-menu, et qui garde toujours des dehors humbles et patelins ; le renard, fripon et courtisan ; l’ours, retiré du monde ; le singe, beau parleur et charlatan ; l’oiseau des nuits, maussade et philosophe ; le coq, vaniteux et querelleur, le lapin, imprudent quoique peureux ; le pauvre baudet enfin, le roussin d’Arcadie ou maître Aliboron, qui n’en peut mais sous l’oppression générale dont il est la victime résignée ; le loup, vagabond et émacié ; l’agneau, candide et craintif ; le bœuf, tranquille et patient ; mais on pourrait ainsi repasser dans son esprit, revoir par la pensée tous les animaux que le poète nous a montrés en quelque sorte sur la scène.

242. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

La beauté de l’homme, dans la force de l’âge, consiste à bien supporter les fatigues de la guerre et à porter dans sa physionomie un air agréable qui, en même temps, inspire la crainte. […] Il faut toujours prendre, dans chaque caractère, le trait qui l’accompagne, interprété dans le sens le plus favorable ; par exemple, l’homme colère et porté à la fureur deviendra un homme tout d’une pièce ; l’homme hautain, un personnage de grand air et imposant.

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