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126. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Et qu’y avait-il de moins animé et de plus vide que l’air, avant que vous y eussiez répandu tant de volatiles ? […] Car le soleil même est toujours nécessaire à l’air qu’il éclaire, afin qu’il demeure toujours éclairé ; combien plus ai-je besoin que vous ne cessiez de m’illuminer, et que vous disiez toujours : « Que la lumière soit faite !  […] Ainsi, encore que les hommes du monde n’aient pas de liberté véritable, étant presque toujours contraints de céder au vent qui les pousse, toutefois ils s’imaginent jouir d’un certain air de liberté et de paix, en promenant deçà et delà leurs désirs vagues et incertains1 Voilà, si je ne me trompe, une peinture assez naturelle de la vie du monde et de la vie de la cour. […] Quoique nos ruines respirent encore quelque air de grandeur, nous n’en sommes pas moins accablés dessous ; notre ancienne immortalité ne sert qu’à nous rendre plus insupportable la tyrannie de la mort ; et quoique nos âmes lui échappent, si cependant le péché les rend misérables, elles n’ont pas de quoi se vanter d’une éternité si onéreuse.

127. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

La nature, qui semblait l’avoir fait naître pour commander au reste des hommes, lui avait donné un air d’empire et de dignité dans ses manières ; mais cet air de grandeur était tempéré par la douceur et la facilité de ses mœurs. […] Tout à coup, le jeune prince se lève avec l’air de gravité et d’assurance d’un homme supérieur qui a pris son parti. « Messieurs, dit-il, j’ai résolu de ne jamais faire une guerre injuste, mais de n’en finir une légitime que par la perte de mes ennemis.

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