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44. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Nous opposerons un historien à un orateur, Voltaire à Bossuet. […] Si Voltaire rend justice à la fois aux ennemis et au prince, c’est pour se montrer impartial ; si Bossuet exalte le courage des Espagnols et leur résistance désespérée, c’est pour rehausser la victoire du prince. […] Voltaire, qui ne veut qu’instruire, s’adresse à l’intelligence du lecteur ; le panégyriste, qui veut prouver, parle à son imagination. […] Voltaire nous a donné une idée nette de la bataille de Rocroy : Bossuet nous a fait admirer le vainqueur : tous deux sont arrivés à leur but par des routes différentes. […] L’éloquence de Voltaire est un courant clair et rapide ; celle de Montesquieu un torrent au lit inégal, tantôt vaste comme un fleuve, tantôt frétillant comme un ruisseau.

45. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Lucain et Voltaire ont tous deux méconnu cette règle dans le choix de leur sujet, ce qui sans doute a nui au succès de leurs poèmes. […] Il faut qu’à l’exemple de Lucain, il se renferme dans les bornes étroites de l’exacte vérité, au risque de ne présenter qu’une narration pleine de sécheresse ; car si, comme Voltaire, il veut aller au-delà, il éprouvera le désavantage de ne pouvoir, dans un événement bien connu, donner du naturel au mélange de la fiction et de la vérité. […] Le lecteur, ainsi que Voltaire l’a remarqué, est tenté de prendre parti pour Turnus contre le prince troyen.

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