et l’ambition ou plutôt la manie de se faire un style à soi, pour être aussi un homme à part, n’a-t-elle pas égaré plus d’une fois dans de fausses routes, le talent le plus capable de suivre avec succès celles que lui avait tracées le génie des Pascal, des Bossuet, des Buffon et des J. […] Tous ces petits artifices de style sont sans doute très légitimes ; ils sont un des principes, ou plutôt un des secrets de l’art, et je ne sais même si celui de tous nos prosateurs qui a le moins connu et recherché l’art en écrivant, si le grand Bossuet ne s’est pas permis à dessein quelquefois ces trivialités qui échappent de temps en temps à sa plume. Mais pardonnons à ce fleuve majestueux, de mêler de temps en temps quelques grains de sable à l’or pur qu’il roule habituellement, et n’imitons point les défauts de Bossuet, ou plutôt ne cherchons jamais à suivre le vol de cet aigle infatigable : bornons-nous à en mesurer de loin la hauteur ; cela même ne suppose point une force vulgaire. Il est facile de voir combien M. de Chateaubriand s’est pénétré de la lecture de Bossuet et d’admiration pour ses beautés. […] Au surplus, ce que je dis ici de Bossuet, on peut le dire également des grands classiques de tous les temps et de tous les pays : la Bible, Homère, les anciens, les modernes, M. de Chateaubriand a tout lu, tout dévoré avec l’insatiable avidité d’une âme ardente, qui cherche et veut trouver partout des aliments.
C’est un astre qui a eu ses éclipses : en vain entreprendrais-je de vous les cacher, puisqu’elles ont été aussi éclatantes que sa lumière même ; et peut-être serais-je prévaricateur, si je n’en profitais pas, pour en faire aujourd’hui le sujet de votre instruction. » L’exemple suivant est tiré de l’Oraison funèbre de Marie-Thérèse d’Autricheb, reine de France, par Bossuet. […] Rien ne put dessiller nos yeux ; et nous plaçâmes le monstre fatal à l’entrée du Temple de Minerveb. » Voici encore une bien belle exclamation que fait Bossuet dans son Oraison funèbre de Henriette-Anne d’Angleterrec duchesse d’Orléans. […] Elle est très propre au pathétique, et donne une grande énergie au discours, comme il est aisé de le voir dans cet endroit de l’Oraison funèbre de Henriette Anne d’Angleterrea, duchesse d’Orléans, par Bossuet. […] Est-il possible de dire sur l’idolâtrie quelque chose de plus fort et de plus frappant, que ce qu’en dit Bossuet dans son Discours sur l’Histoire Universelle : Tout était Dieu, excepté Dieu lui-même. […] Bossuet présente une image sublime, lorsqu’à la suite de cette pensée que j’ai déjà citée, tout était Dieu, excepté Dieu lui-même , il ajoute : et le monde que Dieu avait fait pour manifester sa puissance, semblait être devenu un temple d’idoles .