Elle est d’un genre plus doux ; elle a quelque chose de plus aimable, de plus séduisant ; elle n’élève point autant l’âme ; mais elle y répand une satisfaisante sérénité. […] Que l’art ajoute à cette belle scène quelques ornements analogues au ton général du tableau, comme un pont jeté sur la rivière, la fumée qui s’élève du hameau, à travers les arbres, et la vue, dans l’éloignement, de quelque grand édifice, qui réfléchisse majestueusement les rayons du soleil naissant, nous éprouverons tout ce qu’ont de plus doux et de plus aimable les sensations qui caractérisent le beau. […] Il n’élève point l’âme très haut, il ne l’agite que faiblement ; mais il répand dans l’imagination la plus douce sérénité.

L’émotion que la grandeur ou la noblesse d’un objet excite dans notre âme, l’élève au-dessus d’elle-même, et produit je ne sais quel enthousiasme qui nous charme tant qu’il existe ; mais l’âme ne se maintient pas longtemps à ce haut point d’élévation, et elle tend naturellement à retomber dans son état ordinaire. […] Au-dessus de leur foule immense, mais docile, Satan, comme une tour, élève un front tranquille : Lui seul, ainsi qu’en force, il les passe en grandeur. […] Notre imagination s’élève avec l’auteur ; c’est à lui de la soutenir dans son essor ; mais s’il l’abandonne brusquement, sa chute est aussi soudaine que désagréable pour elle. […] Que l’orage s’élève ou du Gange on de l’Ourse, César et sa fortune accompagnent ta course : Toujours prompte et toujours souple à ce que je veux, Souvent elle aurait peur de me coûter des vœux.