Voilà pour l’orateur ; pour l’écrivain, l’élocution, c’est le style. […] Il n’y a que nos bons écrivains à qui l’usage du mot propre soit familier. […] Tel est le passage d’un écrivain de nos jours. […] L’écrivain a du suer, pour écrire cette phrase. […] Ce sont les écrivains pauvres et faibles de pensées, bruyants et chaleureux d’expressions.
Au reste, ces quatre dernières figures, pour mieux exprimer l’intention ou le sentiment de l’écrivain, arrêtent la marche de la phrase, mais sans y jeter le désordre ; celles dont il nous reste à parler portent de plus graves atteintes à la construction ou à la syntaxe. […] Cette construction se rencontre à chaque page des écrivains latins119. Pathétique, c’est à l’âme qu’elle parle ; elle se conforme non plus à l’ordre des faits ni à l’ordre logique, mais à celui des impressions que ressent ou veut exciter l’écrivain ; celle-ci est plus familière à l’orateur et donne au style l’énergie, la vivacité, l’entrainement. […] Quintilien compare ingénieusement l’arrangeur de phrases et de périodes (et notre orgueil a beau en murmurer, c’est là plus ou moins le lot de tout écrivain), à l’ouvrier qui construit un mur avec des pierres brutes, qui essaye, qui rejette, qui reprend, tantôt l’une, tantôt l’autre, jusqu’à ce qu’il ait placé chacune à l’endroit convenable et où elle s’agence le mieux. […] Le type, sous ce rapport, est l’auteur d’un roman fameux, il y a quelque trente ans, le Solitaire ; dans ce livre, comme dans le Renégat, dans la Mort et l’Amour, etc., du même écrivain, on trouve des constructions fabuleuses et des inversions que le maître même de M.