/ 319
83. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Les figures n’y sont pas présentées sous leur vrai jour ; et la manière dont on doit les employer n’est pas suffisamment éclaircie. […] L’exécution, il est vrai, en est plus difficile, mais le mérite et l’effet en sont bien plus grands. […] L’orateur ne cherche pas à persuader aux juges ce qui est bon et utile ; il veut les convaincre de ce qui est juste et vrai. […] Or la vertu procure le vrai bonheur ;.. […] La plupart du temps on n’aime pas les choses, parce qu’on les estime vraies ; mais on les estime vraies, parce qu’on les aime ; ce qui est conforme à l’inclination, le devient bientôt à la raison ; ce qui plaît est raisonnable, ce qui charme est juste.

84. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre VI. D’Aguesseau et Séguier. »

« Né pour la patrie beaucoup plus que pour lui-même, depuis le moment solennel où, comme un esclave volontaire, la république l’a chargé de chaînes honorables, le vrai magistrat ne s’est plus considéré que comme une victime dévouée, non seulement à l’utilité, mais à l’injustice du public. […] Trop philosophe pour ne pas chercher la vraie philosophie où elle se trouve réellement, ce grand homme rendit à la religion un hommage constant par sa conduite et dans ses écrits. […] D’où il tire cette conclusion, que la religion est la vraie philosophie .

85. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. —  Voiture. (1598-1648.) » pp. 7-11

Certes, j’avoue qu’il est vrai ce que vous dites3, qu’on ne peut mieux connaître par aucun autre exemple l’incertitude des choses humaines. […] Voiture était l’un des habitués du fameux salon de Mme la marquise de Rambouillet, où l’on conversait quelquefois, il est vrai, avec un peu d’affectation, mais le plus souvent avec beaucoup de politesse et d’esprit. […] Aujourd’hui on écrirait plutôt : j’avoue que ce que vous dites est vrai… 4.

86. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Trop peu des plus vantés ont un style simple, vrai, fidèle à la pensée. […] C’est là le vrai sublime, ajouterons-nous avec Voltaire. […] Jamais caractères plus vrais ni mieux contrastés ne furent dessinés. […] Est-il vrai, mon neveu ? […]                         Il est vrai.

87. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Rien n’est plus vrai quand il s’agit d’échauffer l’âme et de l’élever. […] Ce n’est point ici le lieu de faire l’éloge de la modestie ; mais on peut dire en général qu’elle est le caractère du vrai savoir aussi bien que du vrai mérite. […] Le vrai même, pour être cru, a besoin de vraisemblance. […] Passer de ce qui est vrai à quelque égard à ce qui est vrai absolument. […] Il y a des propositions qui ne sont vraies que dans ce dernier sens.

88. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Voltaire, qui écrivait dans un temps et chez un peuple observateur bien plus scrupuleux des bienséances, n’a pas craint de comparer, dans sa Henriade, les troupes françaises à une meute de chiens : sûr de la justesse de la comparaison et du rapport vrai des idées, il ne restait plus qu’à ennoblir les détails par la richesse et l’harmonie de la diction ; et c’est l’art des grands poètes. […] Que l’on réfléchisse maintenant sur la justesse de la comparaison que nous venons de citer, et que l’on dise si le prophète pouvait nous donner une idée plus vraie, et plus poétiquement exacte, de l’abus de la puissance qui opprime, et de l’excès de la faiblesse opprimée ! […] Quand la tendre sollicitude d’un père et ses soins multipliés pour ses enfants ont-ils été rendus par des images plus vraies et sous des traits plus touchants que ce qu’on va lire ? […] Nous pensons qu’il suffît d’être de bonne foi, et d’avoir le sentiment ou l’idée seulement du vrai poétique et du sublime de conception, pour apprécier l’effet de semblables tableaux. […] Il ne se borne point à nous la représenter comme le guide fidèle de l’homme sur la terre, la dispensatrice des honneurs, des richesses, de la vraie félicité : il nous montre en elle l’élève, la compagne chérie du créateur tout-puissant, l’âme de tous ses conseils et de ses prodigieux travaux.

89. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Thiers Né en 1797 » pp. 265-270

Si l’on a pu reprocher à son Histoire de la Révolution (1823-1827) trop d’indulgence pour les partis qui triomphent, il faut admirer dans les récits consacrés au Consulat et à l’Empire (1845-1862), l’amour du vrai, la clairvoyance d’une raison supérieure, et la modération d’un bon sens impartial. […] Les partis se suivent, se poussent à l’échafaud, jusqu’au terme que Dieu a marqué aux passions humaines ; et de ce chaos sanglant sort tout à coup un génie extraordinaire qui saisit cette société agitée, l’arrête, lui donne à la fois l’ordre, la gloire, réalise le plus vrai de ses besoins, l’égalité civile, ajourne la liberté qui l’eût gêné dans sa marche, et court porter à travers le monde les vérités puissantes de la révolution française. […] Cette longue comparaison est, je le crois, la vraie préparation de l’esprit à cette épopée de l’histoire, qui n’est pas condamnée à être décolorée, parce qu’elle est exacte et positive ; car l’homme réel qui s’appelle tantôt Alexandre, tantôt Annibal, César, Charlemagne, Napoléon, a sa poésie, comme les personnages de la fable qui s’appellent Achille, Énée, Roland ou Renaud.

90. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

Les caractères épiques doivent être vrais, grands ou héroïques et soutenus ; les mœurs doivent être, suivant Boileau, locales, bonnes, convenables, ressemblantes et variées. […] Qu’est-ce qu’un caractère vrai ? […] Virgile a fait d’Énée un homme si parfait, qu’il nous parait plutôt un prodige qu’un homme ; aussi le trouvons-nous moins naturel et moins vrai, et par conséquent, moins intéressant. […] En second lieu, le mélange des divinités mythologiques avec le vrai Dieu et les êtres surnaturels du christianisme serait absurde et révoltant. […] Il faut que son récit soit une vraie peinture qui frappe et qui attache, un feu vif qui embrase, un mouvement impétueux qui remue et qui entraîne : autrement ce serait le récit d’un simple historien.

91. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Faut-il que l’action dramatique soit vraie ou vraisemblable ? Toutes les actions dramatiques sont ou vraies ou feintes. […] L’action est ou entièrement vraie ou historique, comme celle d’Esther qui renverse Aman ; ou vraie seulement dans le fond et feinte dans plusieurs de ses circonstances, comme dans les Horaces ; ou altérée dans le fond même et dans les circonstances et vraie seulement dans les noms qui sont historiques, comme dans le Cid et dans Héraclius ; ou enfin entièrement imaginée, comme dans Zaïre et dans presque toutes les comédies. […] Cependant tout ce qui est vrai ou regardé comme tel, n’est pas toujours propre à être exposé sur le théâtre. […] C’est la vraie éloquence qui convient à la tragédie.

92. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre premier. Division générale. »

Quoique la prose puisse servir à l’expression de la poésie, les vers n’en sont pas moins la vraie langue poétique. […] 1° Nature du beau Le beau, dit Platon, c’est la splendeur du vrai. […] Ce sentiment poétique du beau fait partie de notre nature, mais l’éducation le perfectionne et l’agrandit ; elle lui donne, comme flambeau, le goût, qui éclaire et dirige le sentiment : elle prépare ainsi à l’âme les plus vraies et les plus douces jouissances, car la poésie double la vie de l’âme. […] On a défini le beau la splendeur du vrai ; on peut définir le sublime la splendeur du beau, car le sublime n’est autre chose que le beau porté à sa plus haute puissance.

93. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Quelle puissance fallait-il pour rappeler dans la mémoire des hommes le vrai Dieu, si profondément oublié, et retirer le genre humain d’un si prodigieux assoupissement ! […] Pour les vrais amis, il faut les choisir avec de grandes précautions, et par conséquent se borner à un fort petit nombre. […] Vous vous imaginez que l’esprit humain ne cherche que le vrai : détrompez-vous. […] Ainsi, le vrai a besoin d’emprunter la figure du faux pour être agréablement reçu dans l’esprit humain : mais le faux y entre bien sous sa propre figure ; car c’est le lieu de sa naissance et sa demeure ordinaire, et le vrai y est étranger. […] Il est vrai que du ciel la prudence infinie Départ à chaque peuple un différent génie ; Mais il n’est pas moins vrai que cet ordre des cieux Change selon les temps comme selon les lieux.

94. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIV. Genre historique. »

Remonter aux sources originales, fouiller les bibliothèques et les archives, compulser tous les documents qui peuvent concourir à débrouiller les faits, comparer, analyser, critiquer, ne rien admettre légèrement et sans preuves : voilà le travail préliminaire de l’historien qui veut être consciencieux et vrai ; il ne dira pas ce mot qu’on reproche à Vertot au sujet de son Histoire de Malte : « Mon siège est fait. » § I. […] Sans amener continuellement des réflexions philosophiques et morales, l’historien doit donner aux faits leur vrai caractère, et montrer partout l’expression d’une âme honnête et vertueuse ; le récit n’en devient que plus sympathique et plus intéressant : c’est là ce qui fait de Tacite un historien admirable et complet. […] Si elle peint les hommes et les choses sous des couleurs vraies et saisissantes, si elle dessine avec justesse et originalité les caractères, si dans un récit simple et clair elle mêle une certaine chaleur tempérée de dignité et de noblesse, elle ne peut manquer d’intéresser le lecteur.

95. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bernardin de Saint-Pierre. (1737-1814.) » pp. 153-158

Aussi quand Louis XVI, en 1792, le nomma, à la place de Buffon, intendant du Jardin des Plantes, il lui adressa ces paroles simples et vraies : « J’ai lu vos ouvrages ; ils sont d’un honnête homme » L’intendance fut supprimée l’année suivante, et Bernardin de Saint-Pierre, retiré à Essonnes, put s’y soustraire aux persécutions de cette sanglante époque. […] Ce fut le 21 janvier 1814 que s’éteignit ce peintre délicat et vrai de la nature, cet esprit aimable et rêveur qui crut aux progrès de l’humanité et poursuivit ce noble but avec une foi persévérante1 Un acte de vertu. […] La troupe aussitôt met pied à terre, fauche le grain, le met en trousse, et remonte à cheval L’officier de cavalerie dit alors à son guide : « Mon père, vous nous avez fait aller trop loin sans nécessité ; le premier champ valait mieux que celui-ci. — Cela est vrai, monsieur, reprit le bon vieillard, mais il n’était pas à moi. » Études de la nature (notes de l’auteur).

96. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Ponsard 1814-1868 » pp. 583-600

Le travail, il est vrai, peut ternir ma beauté, Mais rien ne ternira mon honneur respecté ; Et, si je dois choisir, injure pour injure, La ride au front sied mieux qu’au nom la flétrissure3. […] J’ai peur qu’à dire vrai tes regards ne se noient Dans un fond vaporeux dont les lignes ondoient, Et que tous ces grands mots, bonheur, vertu, raison, Dont la demi-lueur flotte sur l’horizon, N’éclairent qu’une vague et fausse perspective Qu’on voit s’évanouir aussitôt qu’on arrive. […] Ton esprit ne sait pas planer dans ces hauteurs Où tout scrupule échappe aux vrais législateurs ; Les terrestres liens t’empêchent de m’y suivre ; D’un misérable orgueil ta parole t’enivre ; Des flatteurs empressés te prodiguent l’encens ; L’or, l’amour, les festins ont captivé tes sens, Et la dépouille belge, hélas ! […] Il parle comme un Caton, en vrai Romain, ennemi du luxe, épris des fortes vertus. […] Il y a du vrai dans ces exagérations de célibataire un peu maniaque.

97. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Le second, intitulé : Un Spectacle gratis, nous montre une assemblée bruyante, il est vrai, mais où nous trouvons une peinture vraie de la joie franche du peuple. […] Il nous définit la Vraie Gloire en des termes exacts et directement utiles au sujet qui l’occupe. Lecture. — La Vraie Gloire. […] II, nº 84. — 2° Le vrai Chrétien. […] Il est vrai que la chaise est un retranchement merveilleux contre les insultes de la boue et du mauvais temps.

98. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Ceci est vrai même à l’égard de nos sens externes, quoiqu’ils soient bien moins susceptibles de culture. […] Le seul goût que l’on doive regarder comme juste et vrai, est celui qui coïncide avec le sentiment de tous les hommes. […] Le vrai secret d’être sublime est d’exprimer de grandes pensées avec un petit nombre d’expressions bien claires. […] Toutes les règles de la syntaxe latine ne peuvent, il est vrai, s’appliquer à notre langue. […] On peut, il est vrai, les employer de tant de manières diverses, qu’il n’est pas possible d’établir, à cet égard, des règles particulières.

99. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable : alors il faut lui donner les couleurs de la vraisemblance. […] Seulement il est une observation importante dont il faut tenir compte : avant d’écrire, assurez-vous bien de la vérité de l’anecdote ou de la nouvelle que vous confiez au papier : car pour que la nouvelle puisse intéresser, il faut avant tout qu’elle soit vraie. […] « Il faut que je vous conte une petite historiette qui est très vraie et qui vous divertira : le roi se mêle depuis peu de faire des vers ; il fit l’autre jour un petit madrigal que lui-même ne trouva pas joli. […] Le maréchal, après l’avoir lu, dit au roi : Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes choses ; il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j’aie jamais lu. Le roi se mit à rire, et lui dit : N’est-il pas vrai que celui qui l’a fait est bien fat ?

100. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

J’ai été, comme je vous l’ai mandé, désabusé des idées fausses que vos adversaires avaient données sur la vitesse vraie et sur la vitesse propre. […] Marmontel, n’est-il pas encore de mon devoir d’avertir que cela n’est pas vrai ; que M. […] Il est vrai que les défauts de son caractère percent parfois dans ce qu’il prise, dans ce qu’il admire et rejette. […] Il a fui son bonheur, il a méconnu ses vrais amis ; et c’est plutôt aujourd’hui le Juif errant que le philosophe Socrate. […] J’en conviens ; mais c’est un vrai défaut, et l’un des plus difficiles à corriger.

101. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre II. division de la rhétorique. — de l’invention  » pp. 24-37

« Je pense, dit-il, que quand ou a une fois l’entendement ouvert par l’habitude de réfléchir, il vaut toujours mieux trouver de soi-même les choses qu’on trouverait dans les livres ; c’est le vrai secret de les bien mouler à sa tête et de se les approprier ; au lieu qu’en les recevant telles qu’on nous les donne, c’est presque toujours sous une forme qui n’est pas la nôtre. » Jean Jacques a raison, mais nous n’avons pas tort. […] Après cette préparation générale, les préparations particulières coûtent peu ; au lieu que, quand on ne s’applique qu’à des actions détachées, on en est réduit à payer de phrases et d’antithèses ; on ne traite que des lieux communs ; on ne dit rien que de vague ; on coud des lambeaux qui ne sont point faits les uns pour les autres ; on ne montre point les vrais principes des choses ; on se borne à des raisons superficielles et souvent fausses ; on n’est pas capable de montrer l’étendue des vérités, parce que toutes les vérités générales ont un enchaînement nécessaire, et qu’il faut les connaître presque toutes pour en traiter solidement une en particulier. » Mais de toutes les études préliminaires de l’écrivain, la plus importante est celle de la philosophie et surtout de la logique, qui enseigne la nature, les lois et les formes du raisonnement. […] Remarquez que je ne considère point ici la nature et l’origine des idées, je les constate comme existant, et je dis que, quelque opinion que l’on se forme de leur origine et de leur nature, il n’en est pas moins vrai qu’une fois que l’intelligence pense aux idées (notez l’expression, et distinguez-la de celle-ci, pense ses idées), elle ne peut que se les rappeler, les juger, les combiner, et que, sous ce rapport, les résultats de l’activité intellectuelle sont toujours des faits de mémoire, des faits de jugement, ou des faits d’imagination. […] Car la vraie rhétorique est la même dans les déserts de la Thébaïde et aux bords de la Seine ou du Tibre.

/ 319