Elle enflamme les yeux de cette ardeur qui touche ; D’un sourire enchanteur elle anime la bouche, Passionne la voix, en adoucit les sons, Prête ces tours heureux, plus forts que les raisons, Inspire, pour toucher, ces tendres stratagèmes, Ces refus attirants, l’écueil des sages mêmes ; Et la nature enfin y voulut renfermer Tout ce qui persuade, et ce qui fait aimer41. […] Mais c’est ici surtout que l’abus touche de près à l’usage, et que le ridicule commence avec l’abus44. […] Vil et grand, pauvre et riche, infini mais borné ; Rien par ses vains trésors, tout par ses espérances, De l’un et l’autre extrême il franchit les distances ; Il touche aux opposés dont il est le milieu, Et l’homme est la nuance entre l’atome et Dieu.
C’est que les œuvres de ces grands peintres ont une touche particulière, qui est le cachet de leur génie. […] Souvent le simple et le sublime se touchent ; le seul précepte que l’écrivain ne doive pas perdre de vue, c’est celui des convenances : s’il a le sentiment vrai de la nature, son style prendra toujours le ton convenable à chaque sujet. […] On comprend que ces expressions ne doivent pas se prendre au pied de la lettre ; mais il faut user sobrement de l’hyperbole, dont l’abus touche au ridicule. […] Andromaque, captive de Pyrrhus, qui lui offre son trône et sa main, répond : Seigneur, tant de grandeurs ne nous touchent plus guère ; puis elle apostrophe les murailles de sa patrie, auxquelles la rattache son souvenir : Non, vous n’espérez plus de nous revoir encor, Sacrés murs que n’a pu conserver mon Hector !
Voir d’un même œil la couronne et les fers, la santé et la maladie, la vie et la mort ; faire des choses admirables et craindre d’être admiré ; n’avoir dans le cœur que Dieu et son devoir ; n’être touché que des maux de ses frères ; être toujours en présence de son Dieu ; n’entreprendre, ne réussir, ne souffrir, ne mourir que pour lui : voilà Saint Louis, voilà le héros chrétien ; toujours grand et toujours simple, toujours s’oubliant lui-même1. […] Il ne suffit pas de voir, de connaître la beauté d’un ouvrage ; il faut la sentir, en être touché ; il ne suffit pas de sentir, d’être touché d’une manière confuse : il faut démêler les différentes nuances. […] — J’ai grande envie de toucher à Paris, dans ma maison.
Phèdre touchée de repentir vient trouver Thésée pour le prier d’épargner son fils. […] Mais je supprime un secret qui vous touche. […] Ne me lorgne point, toi ; j’ai l’esprit trop touché. […] Touche, je te pardonne. […] ne pourrois-je au moins toucher votre pitié !
Nous avons touché ces deux procédés en traitant de l’invention. […] Le récit de l’avocat de Milon manque de précision et d’intérêt ; et quant à la clarté et à la vraisemblance, elles touchent à la puérilité.
Il y a l’ironie plaisante, à l’air paterne et bénin, qui joue avec sa victime et la tue innocemment par le ridicule ; on l’appelle quelquefois persiflage : — De ce bourbier vos pas seront tirés, Dit Pompignan, votre dur cas me touche. Tenez, prenez mes cantiques sacrés, Sacrés ils sont, car personne n’y touche : Avec le temps un jour vous les vendrez.
La description est, en effet, dit Blair, la pierre de touche de l’imagination, et fait aisément distinguer le grand écrivain de l’écrivain ordinaire. […] Dans la narration, on entend par intérêt ce qui est propre à exciter l’attention, à charmer l’imagination, à toucher le cœur, à attacher l’âme aux faits que l’on raconte. […] Il n’est pour le poète, qui se jette au milieu de l’action et fait un choix parmi les circonstances, qu’un moyen de toucher le cœur, d’exciter l’imagination et de remuer fortement tous les nobles sentiments de l’âme, comme l’enthousiasme pour les œuvres de Dieu, pâles reflets de sa grandeur et de sa puissance, l’admiration et l’amour pour le bien, l’horreur pour le mal. […] Dans la lettre, il faut éviter deux défauts que nous avons déjà touchés en passant, la recherche et la négligence. […] On doit y paraître touché d’avoir pu déplaire, et sincèrement disposé et empressé à réparer le passé.
Le corps qui le touche et luy est conioinct ne le peust tenir ni arrester. […] Je ne vous propose que mes intérêts pour vous gagner ; car je sais bien, Monsieur, que vous ne pouvez être touché des vôtres. […] Car, bien que je remarquasse en ceci diverses difficultés, elles n’étoient point toutefois sans remède, ni comparables à celles qui se trouvent en la réformation des moindres choses qui touchent le public. […] Cependant, quand il examine lui-même les qualités nécessaires du héros de la tragédie, il ne touche point du tout à sa naissance, et ne s’attache qu’aux incidents de sa vie et à ses mœurs. […] ………………………………………………………………………………………………………… Malgré la vue de toutes nos misères qui nous touchent, qui nous tiennent à la gorge, nous avons un instinct que nous ne pouvons réprimer, qui nous élève.
Elle nous touche moins qu’Andromaque parce qu’elle est moins douce et moins malheureuse. […] C’est l’intérêt de Néron qui le touche et non le sien. […] Ce qui le touche, c’est bien moins la pensée du danger qu’il a couru, que le chagrin de se sentir odieux. […] Bourdaloue est surtout un logicien ; il touche peu, mais il convainc. […] Pour tout dire il est vivant et il prête la vie à tout ce qu’il touche.
Le pathétique, est, dans la manière d’exprimer ses idées et ses sentiments, une certaine force, une véhémence extraordinaire, qui excite les passions, c’est-à-dire, qui touche, remue, agite l’âme avec violence. […] Que le salut de Romec et que le tien te touche. […] Le Seigneur regarde la terre ; elle frémit de crainte : il touche les montagnes ; elles s’exhalent en fumée. » Le Marquis de Pompignan dans sa belle Ode tirée de ce psaume, a ainsi paraphrasé ce morceau : L’éclat pompeux de ses ouvrages, Depuis la naissance des âges, Fait l’étonnement des mortels.
Malgré la vue de toutes nos misères qui nous touchent, qui nous tiennent à la gorge, nous avons un instinct que nous ne pouvons réprimer, qui nous élève. […] Ceux-ci se tenaient aussi tenaces en place que les plus touchés, en garde contre l’opinion, contre la curiosité, contre leur satisfaction, contre leurs mouvements ; mais leurs yeux suppléaient au peu d’agitation de leur corps. […] Au fort de la conversation de ces dames, madame de Castries, qui touchait au lit, le sentit remuer et en fut fort effrayée, car elle l’était de tout, quoique avec beaucoup d’esprit. […] Mais que sert de parler de ces trésors cachés À des esprits que Dieu n’a pas encor touchés ? […] C’est en vain qu’on se met en défense : Ce Dieu touche les cœurs lorsque moins on y pense.
La satire touche de près à la comédie ; chez les Grecs, elle prit même naissance sur le théâtre : les comédies d’Aristophane sont essentiellement satiriques.
Il remarquera enfin que les tropes même les plus larges et les plus libres présentent, dans l’application, des phrases consacrées auxquelles il est défendu de toucher. […] pierre de touche de l’hyperbole, dit avec raison Marmontel.
Toutes ces dryades affligées que je vis hier, tous ces vieux sylvains qui ne savent plus où se retirer, tous ces anciens corbeaux établis depuis deux cents ans dans l’horreur de ces bois, ces chouettes qui, dans cette obscurité, annonçaient, par leurs funestes cris, les malheurs de tous les hommes : tout cela me fit hier des plaintes qui me touchèrent sensiblement le cœur ; et que sait-on même si plusieurs de ces vieux chênes n’ont point parlé, comme celui où était Clorinde3 ? […] Touchée, affligée de votre absence.
Mummius enleva à cette ville les statues des Muses qui étaient dans le temple de la Félicité, et quelques monuments profanes, il ne toucha point à ce Cupidon, parce qu’il était consacré. […] Sopater répond que le sénat s’oppose à sa volonté ; qu’il est défendu, sous peine de mort, d’y toucher sans l’ordre du sénat : il lui représente en même temps le motif de la religion. « De quelle religion me parlez-vous ? […] Vous n’avez point respecté ce que n’ont osé ni profaner, ni même toucher, des gens plus portés en tout au crime qu’à la religion ? […] La victoire de Marcellus en avait fait autant de choses profanes ; néanmoins, par respect pour la religion, il n’y toucha point. […] Les larmes d’un père sur le péril d’un fils innocent ne vous touchaient-elles point ?
Ce n’est pas assez pour la poésie de charmer l’oreille : il faut qu’elle touche le cœur, qu’elle remue, qu’elle entraîne. […] Bien des travers assiégent le vieillard : il amasse toujours, et, pauvre dans sa richesse, il ne jouit pas de son or, il craint d’y toucher. […] si un copiste, averti sans cesse, et sans cesse retombant dans la même faute, est indigne de pardon ; s’il est naturel de siffler l’artiste maladroit qui touche éternellement à faux la même corde : ainsi, dans l’écrivain presque toujours en défaut, je ne vois plus qu’un Chérile, un méchant poëte, chez qui deux ou trois vers passables me font sourire en m’étonnant : tandis que j’en veux au sublime Homère, s’il sommeille quelquefois ; et pourtant, n’est-ce pas bien pardonnable dans un long poëme ? […] Ne rougissez donc pas de toucher la lyre des Muses, et de chanter avec Apollon. […] 1305Qui sapiunt, Ceux qui ont-du-bon-sens, 1306craignent d’avoir touché (de toucher) 1307un poëte insensé (maniaque), 1308et ils le fuient 1309comme ils fuiraient 1310celui que la gale mauvaise, 1311ou la maladie royale (la jaunisse), 1312ou un délire frénétique, 1313et (ou) Diane en-courroux 1314poursuit (possède) ; 1315les enfants 1316harcèlent ce poete insensé, 1317et le poursuivent 1318étourdis (étourdiment).
Mais s’il veut porter la conviction dans les esprits, la persuasion dans les cœurs, la consolation dans les âmes, qu’il ouvre les saintes écritures, qu’il se nourrisse, qu’il enrichisse, qu’il fortifie son éloquence de leur lecture : il sera sûr alors de toucher, de persuader et de convaincre.
Touchée d’un hommage aussi enthousiaste que respectueux, elle lui propose de visiter avec elle les principaux monuments de Rome. […] Nous ne pouvons toucher ici que le seul côté par lequel il appartient à notre histoire littéraire. […] À la droite du roi était l’évêque ; à la gauche, tête nue, le colonel Tomlinson, commandant de la garde, et à qui Charles, touché de ses égards, avait demandé de ne le point quitter jusqu’au dernier moment. […] Non, moins la musique fait de bruit, et plus elle touche. […] Thiers, touche par trop de côtés à l’historien pour qu’il soit possible de les isoler.
Je crains Dieu, dites-vous ; sa vérité me touche ! […] 3° Dans les sujets qui appartiennent au sentiment, où l’écrivain cherche à toucher, le style doit être doux, Insinuant, vif, animé et pathétique. […] Pour dire à madame de Rambouillet qu’il lui présente ses remercîments pour des gants qu’elle lui a envoyés, il lui écrit : Quoique la grêle et la gelée aient vendangé nos vignes au mois de mai ; quoique les blés n’aient pus tenu ce qu’ils promettaient, et que la belle espérance des moissons se trouve fausse dans la récolte ; quoique les avenues de l’épargne se soient rendues extrêmement difficile, etc., tous ces malheurs ne me touchent point, et vous êtes cause que je ne me plains ni de l’inclémence du ciel, ni de la stérilité de la terre, ni de l’avarice de l’État. […] L’impromptu est justement la pierre de touche de l’esprit.