. — On détermine les rapports en détaillant les objets qu’embrasse le sujet défini ; le genre, en classant ce sujet dans l’ordre qui lui convient ; la différence, en montrant ses qualités propres qui le distinguent des sujets de même genre. […] Je m’efforcerai d’être clair afin qu’on ne voie pas seulement à demi mon sujet et qu’on ne le confonde pas avec d’autres. […] C’est donc du fond et du sujet qu’elles tirent leur dénomination et non de la forme du langage. […] Dans le dialogue philosophique et littéraire, le ton et le style s’abaissent ou s’élèvent suivant la nature des sujets ; le langage y est tantôt simple, naïf, léger, badin, plaisant ; tantôt grave, noble, éloquent même, et sublime toutes les fois que le sujet et la question s’y prêtent. […] Il doit cacher, comme la fable, une moralité claire, facile à tirer du sujet, et qu’il convient toujours d’expliquer en peu de mots.
La force de son caractère, l’amour de la gloire et le dévouement à une idée l’élevèrent au-dessus des querelles de son temps ; au lieu de se dépenser au jour le jour, il économisa si bien ses facultés qu’il ne se laissa pas distraire un instant du sujet grandiose auquel il avait voué son existence. […] Pour peu que le sujet soit vaste ou compliqué, il est bien rare qu’on puisse l’embrasser d’un coup d’œil, ou le pénétrer en entier d’un seul et premier effort de génie2 ; et il est rare encore qu’après bien des réflexions on en saisisse tous les rapports. […] Cependant, tout sujet est un2 ; et, quelque vaste qu’il soit, il peut être renfermé dans un seul discours. […] Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ; à moins que cet esprit ne soit lui-même le fond du sujet, et que l’écrivain n’ait pas eu d’autre objet que la plaisanterie ; alors l’art de dire de petites choses devient peut-être plus difficile que l’art d’en dire de grandes. […] Tout sujet est un.
Même sujet. […] Même sujet. […] Même sujet. […] Voir le même sujet dans Plutarque (Vie de Numa). […] Dans la matière dictée à la Sorbonne, c’est Pierre l’Ermite qui parle ; mais, au fond, le sujet est exactement le même.
C’est dans la nature du sujet décrit qu’il faut chercher la base du sublime dans les compositions littéraires. […] Il ne suffit pas d’ailleurs que le sujet soit sublime, il faut encore qu’il soit présenté de la manière la plus propre à faire une impression frappante : l’expression sera forte, concise et simple. […] C’est là que les descriptions de l’Être-Suprême empruntent une noblesse réelle et du sujet lui-même, et de la manière dont il est représenté. Quelle magnifique réunion d’idées sublimes, dans ce beau passage du psaume 11, où les prodiges de la création sont décrits avec une pompe digne du sujet ! […] Mais le moment n’est pas venu encore d’exploiter cette mine féconde ; et nous renvoyons à l’article de l’Éloquence de l’Écriture sainte, ce que nous avons à dire à ce sujet.
Cette duplicité de l’homme est si visible, qu’il y en a qui ont pensé que nous avions deux âmes ; un sujet simple leur paraissant incapable de telles et si soudaines variétés, d’une présomption démesurée à un horrible abattement de cœur. […] Ce n’est pas assez qu’une chose soit belle, il faut qu’elle soit propre au sujet, qu’il n’y ait rien de trop1, ni rien de manque. […] Je dirai donc seulement ici le sujet qui me porte à l’offrir à Votre Majesté, ce que je considère comme le couronnement et le dernier bonheur de son aventure. […] Les mêmes degrés se rencontrent entre les génies qu’entre les conditions, et le pouvoir des rois sur leurs sujets n’est, ce me semble, qu’une image du pouvoir des esprits supérieurs sur les intelligences qu’ils dominent par la persuasion. […] Quelque puissant que soit un monarque, il manque quelque chose à sa gloire, s’il n’a la prééminence de l’esprit ; et quelque éclairé que soit un sujet, sa condition est toujours rabaissée par la dépendance.
Je n’ai eu garde d’oublier Buffon sur le même sujet, couronnant le tout. […] Encore une fois, à quels hommes, à quels grands sujets m’associez-vous ? […] Tout entre dans les sujets que l’éloquence doit traiter. […] C’est pourtant ce qu’Aricie ose dire dans le sujet tragique de Phèdre. […] Il faut toujours conformer son style à son sujet.
La pensée naturelle est celle qui se rapporte entièrement et directement au sujet, et qui en découle d’elle-même. […] Les sentiments, comme les pensées, doivent toujours convenir au sujet que l’on traite et au but que l’on se propose. Des sentiments élevés et sublimes, comme de grandes pensées, s’accorderaient mal avec un sujet ordinaire ou badin ; de même qu’un sujet élevé et terrible ne s’accommoderait pas plus de sentiments naïfs et délicats que de pensées fines et gracieuses. […] L’équivoque doit être bannie du style grave ; ce n’est que dans les sujets badins et légers qu’on peut l’employer. […] La précision est une qualité générale et essentielle, qui ne rejette que ce qui est inutile, et qui admet l’abondance, la richesse et les agréments du style, lorsque le sujet le demande.
Dans les circonstances du sujet que vous traitez. […] Mais celui de tous qui a le mieux connu son sujet et qui a traité le plus éloquemment de l’éloquence, c’est sans contredit Cicéron. […] Que l’orateur se présente donc avec son sujet bien étudié et distribué en ses parties. […] L’orateur, plein de son sujet, se passionne pour la cause qu’il défend. […] Ensuite il faut voir si le sujet que l’on traite admet les grands mouvements, ou s’il y répugne.
Il faut donc s’attendre qu’en vivant avec les hommes on trouvera des humeurs fâcheuses, des gens qui se mettront en colère sans sujet, qui prendront les choses de travers, qui raisonneront mal, qui auront un ascendant plein de fierté, ou une complaisance basse et désagréable. […] Ce sont des objets de pitié et non de colère, et nous avons aussi peu de sujet de nous irriter contre ces maladies de l’esprit que contre celles qui attaquent seulement le corps. […] Nous ne devons pas seulement regarder les misères d’autrui comme des maladies, mais aussi comme des maladies qui nous sont communes ; car nous y sommes sujets comme eux. […] Ainsi, n’ayant aucun sujet de nous préférer à eux, nous trouverons que nous n’en avons point de nous choquer de ce qu’ils font, et que, si nous souffrons d’eux, nous les faisons souffrir à notre tour.
Envisagée sous ses rapports purement académiques, l’éloquence embrasse, 1º les discours de réception ; 2º les sujets proposés ; 3º l’éloge des académiciens, prononcés dans l’académie même, par celui qui en était nommé secrétaire perpétuel : charge que Fontenelle honora, et que d’Alembert et Condorcet ont remplie après lui. […] Mais, soutenu par son sujet et par l’admiration sincère qu’il avait vouée au nom et au génie de Corneille, il se surpassa lui-même, lorsqu’à la réception du frère de ce grand homme, il parla en ces termes des obligations que lui avait la scène francaise. […] Nul goût, nulle connaissance des véritables beautés du théâtre : les auteurs aussi ignorants que les spectateurs ; la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance ; point de mœurs, point de caractères ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement : en un mot, toutes les règles de l’art, celles même de l’honnêteté et de la bienséance partout violées. […] quelle économie dans les sujets ! […] Mais lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit ; il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire.
Quel sujet de joie trouve-t-on à n’attendre plus que des misères sans ressource ? […] Voilà un beau sujet de discourir. […] Les lois qu’il vous a données sont que, parmi vos sujets, votre puissance ne soi redoutable qu’aux méchants, et que vos autres sujets puissent vivre en paix et en repos, en vous rendant obéissance. […] Les plus tristes spectacles sont assez souvent sujets aux contrastes les plus ridicules. […] Les rois ses enfants furent ses premiers sujets, les instruments de son pouvoir, et les modèles de l’obéissance.
Nous n’en citerons que les lignes suivantes : « Il s’en faut bien que la tragédie nous renvoie chagrins et mal satisfaits, la comédie tout à fait contents et de belle humeur car si nous apportons à la tragédie quelque sujet de tristesse qui nous soit propre, la compassion en détourne l’effet ailleurs, et nous sommes heureux de répandre pour les maux d’autrui les larmes que nous gardions pour les nôtres. […] Voilà donc déjà un plaisir qui se rencontre en la tragédie et qui ne se rencontre pas en la comédie. » Sur la terreur et la pitié, comparez : Rhétorique, II, 5 et 8 Morale Nicom., II, 4. — En ce qui touche la célèbre purgation des passions par le drame, nous devons renvoyer d’abord à l’Essai sur l’Histoire de la Critique, p. 180 et suivantes, où nous avons exposé sur ce sujet une opinion que nous croyons devoir maintenir, malgré le dissentiment de plusieurs savants interprètes de la pensée d’Aristote, tels que M. […] Voyez aussi dans la Physique, II, 6, un chapitre tout classique sur ce sujet. […] Quant à ἀρχαῖοι, c’est une expression fréquente dans Aristote, et qui se détermine d’ordinaire par le sujet dont traite le philosophe.
Au sang de ses sujets un roi doit la justice2. […] On peut lire, à ce sujet, la savante dissertation publiée par M. […] Au sujet des sentiments qui animent don Diègue, on consultera avec fruit, dans le Cours de littérature dramatique de M. […] Le sujet de cette pièce, à laquelle, suivant Voltaire, « nous devons Molière » (il a reconnu lui-même les obligations qu’il avait à Corneille), est, comme celui du Cid, emprunté au théâtre espagnol. […] Si, comme le remarque Voltaire, le génie màle de Corneille quitte ici le ton familier, c’est que le sujet qu’il traite l’oblige d’élever la voix.
Aussi, observe judicieusement le docteur Blair à ce sujet, toute la puissance, tous les trésors du plus grand monarque ne suffiraient pas pour fonder une école d’éloquence semblable à celle que formait naturellement la constitution d’Athènes. […] On sent bien qu’entre les mains de pareils hommes, qui faisaient profession de discourir sur tous les sujets possibles, et de prouver tout ce qu’ils s’étaient engagés à prouver, l’art de l’éloquence ne tarda pas à devenir celui des subtilités sophistiques. […] Ces beaux discours doivent, sans doute, une partie de leur mérite à l’importance du sujet et à l’intégrité de l’esprit public qui y respire d’un bout à l’autre. […] Nul n’a moins employé les figures de diction, et s’il s’en sert quelquefois, elles semblent naître de son sujet.
En effet, quand Racine, par exemple, voulant désigner Athalie par cette périphrase : celle qui vous poursuivit avec fureur pendant votre enfance, — s’exprime ainsi : Celle dont la fureur poursuivit votre enfance, il substitue un attribut, une qualité, en un mot, un accident du sujet au sujet lui-même. […] Quoi qu’il en soit, et que vous préfériez l’une ou l’autre dénomination, observez qu’il ne faut pas abuser de cette personnification des substantifs abstraits, ni employer non plus à tout propos le nom des parties du corps ou des qualités morales au lieu du sujet même ou des pronoms qui le remplacent. […] Ces formes, sobrement admises, contribuent sans doute à l’élégance du style, mais, multipliées outre mesure, elles entraînent à des longueurs, en doublant sans nécessité les sujets et les régimes. Il est clair, en effet, que si vous dites : celle dont la fureur, au lieu de : celle qui, vous avez deux sujets au lieu d’un. […] Je ne parle pas de la confusion des pronoms possessifs, des chevilles et des constructions équivoques qui embarrassent et obscurcissent la phrase, mais réellement on a peine à lire une centaine de vers où le sujet et le régime sont perpétuellement remplacés par des abstractions, l’âme, l’orgueil, la faiblesse, la vieillesse, le cœur, les secours, les pas, la jeunesse, etc.
Quoique ces trois facultés de l’âme concourent toutes ensemble et en même temps à la composition d’un bon ouvrage, il est cependant vrai de dire que la principale fonction de l’esprit est de choisir le sujet ; celle du génie, de créer le plan ; celle du goût, de fournir les embellissements. Or les règles aident l’esprit dans le choix du sujet, soutiennent le génie dans la création du plan, dirigent le goût dans la distribution des ornements. Les règles servent de guide et de flambeau, pour qu’on puisse voir si le sujet est bien choisi, si le plan est bien construit, si les ornements sont bien assortis.
Parmi les modernes, Max Schmidt a traité le sujet ex professo. […] La Rhétorique d’Aristote a été le sujet de nombreux commentaires. […] Ainsi, le sujet de l’Odyssée est très limité. […] Ce dernier trait est inhérent au sujet du drame, mais les autres sont des épisodes. […] La poétique, elle, est sujette à deux genres de fautes ; les unes qui lui sont propres, les autres accidentelles.
On sent tout ce qu’un pareil sujet présentait. d’obstacles à l’orateur, et tout ce qu’il fallait d’art pour les surmonter avec le succès qui couronna le discours de Cicéron. […] Mais, ces cas exceptés, l’exorde doit, en général, être simple et naturel, et sortir sans effort du sujet même : Effloruisse penitùs ex re de quû tùm agitur. […] -C. : Heureux celui qui ne se scandalisera point à mon sujet ! […] Quand l’exorde a suffisamment préparé l’auditoire à ce qui doit être le sujet du discours, il faut lui indiquer positivement ce dont il est question, et lui faire l’exposé des faits sur lesquels il va avoir à prononcer : c’est l’objet de la Narration. […] Dans l’éloquence de la chaire, l’explication du sujet que l’on va traiter, remplace la narration judiciaire, et exige à peu près les mêmes qualités : clarté et précision dans les choses, élégance et correction dans le style.
Mais il faut avouer que le poète a souvent de la peine à s’y conformer rigoureusement, et que bien peu de sujets sont de nature à s’y prêter : l’art, renfermé dans ce cercle étroit, ne peut étendre ses ailes. […] Le drame peut ainsi prendre un large essor, et aborder une foule de beaux sujets qui lui seraient interdits par l’autre méthode : cette opinion a prévalu de nos jours. […] Le sujet de la tragédie et son arrangement se nomme fable. […] Aussi laisse-t-on à l’auteur une grande latitude pour le choix et la disposition du sujet. […] L’opéra peut emprunter ses sujets au ciel, à la terre et à l’enfer ; mettre à contribution l’histoire, la fable, le roman, la magie, le monde des chimères et des merveilles : de là une foule d’espèces d’opéras que nous n’essayerons pas de classer.