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50. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

Dans un livre didactique, procédant par synthèse, où vous imposez votre savoir au lecteur qui ne s’adresserait pas à vous, s’il n’avait foi à la science et au professeur, il suffit de l’exposition simple, claire, précise de la matière ; une bonne définition sera tout l’exorde : « La géométrie est une science qui a pour objet la mesure de l’étendue. — La grammaire est la science des signes de la parole et des règles à suivre pour les employer convenablement. — L’histoire naturelle, prise dans toute son étendue, est une histoire immense ; elle embrasse tous les objets que nous présente l’univers….. » Buffon n’a pas commencé autrement. […] Horace et Boileau parlent du poëme épique : Que le début soit simple et n’ait rien d’affecté. […] que j’aime bien mieux cet auteur plein d’adresse, Qui, sans faire d’abord de si haute promesse, Me dit d’un ton aisé, doux, simple, harmonieux… etc. […] Cette idée est-elle simple, la proposition l’expose. Est-elle complexe, ou renferme-t-elle, quoique simple, des preuves ou arguments d’espèce diverse, la division la partage en plusieurs points.

51. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIII. Genre oratoire, ou éloquence. »

Tantôt simple, onctueuse et persuasive, quand elle expose les douceurs de la vertu, les miracles de la charité, les miséricordes de la religion ; elle est hardie, impétueuse, foudroyante, quand elle tonne contre le vice, ou qu’elle annonce les grandes vérités de la foi. […] Le prône est un discours simple, moins méthodique, moins solennel que le sermon : il roule sur l’épitre ou sur l’évangile du jour. […] Plusieurs des proclamations de Napoléon sont des chefs-d’œuvre d’éloquence énergique, simple et concise. […] C’est ainsi qu’on trouve l’éloquence dans les ouvrages du moraliste et du philosophe, dans les récits de l’historien, dans les vers du poète, et parfois même dans une simple lettre.

52. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Ce n’est qu’une question de mots, que le simple bon sens peut résoudre. […] Le style est simple. […] L’histoire n’est donc point une simple narration, faite pour plaire au lecteur en flattant son imagination. […] Il semble que l’histoire veuille une manière d’écrire plus coulante, plus naturelle et plus simple. […] Les poètes qui savent le mieux décrire sont les plus simples et les plus concis.

53. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

Le style simple et facile est le seul qui puisse être mis en usage. […] Mais elle ne me paraît point conforme à celles du bon goût : je l’aurais voulue plus simple. […] , sont, non pas du style simple, mais du style bas : le ton de la bonne compagnie ne les souffre point. […] Le style ne saurait être trop simple, trop clair et trop précis dans les lettres d’affaires. […] C’est encore une faute de joindre l’article simple et l’article particulé, au-dessus d’une lettre qu’on écrit à un religieux.

54. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre II. De l’Éloquence chez les Grecs. »

Tant qu’il y eut peu de relations entre les humains, tant que la force et la violence décidèrent seules dans les discussions, il est tout simple que l’art qui concilie les esprits par le raisonnement et la persuasion, fût un art à peu près inconnu. […] Il était tout simple que l’ami de la raison, le héros et le martyr de la morale, se déclarât l’antagoniste des sophistes de son temps. […] Il n’a point la pompe harmonieuse, ni la richesse d’Isocrate ; mais son style est toujours pur, parfaitement attique, simple et sans la moindre affectation.

55. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre II. »

L’ode varie de ton selon les sujets qu’elle chante : elle est héroïque, si elle célèbre les exploits ou le génie des grands hommes, les grands événements qui agitent le monde ; morale ou philosophique, si elle roule sur un sujet sérieux de morale, d’art ou de science ; badine, si l’objet du chant est simple, léger et gracieux. Horace, chez les Latins, nous a laissé d’admirables modèles de ces différentes espèces d’odes ; son génie facile se pliait à tous les tons, depuis le plus élevé jusqu’au plus simple, depuis l’inspiration pindarique jusqu’au simple billet en vers, à la manière d’Anacréon.

56. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Si court et si simple qu’il soit, l’exorde est une partie essentielle. […] Exorde simple. — L’exorde ne demande pas toujours tant d’habileté ni tant d’éclat. […] Voilà l’exorde par préparation, tour à tour simple et insinuant, grave et sublime, simple et vigoureux. […] On peut, à force de bon sens et d’attention à veiller sur soi-même, devenir simple, naturel, aisé même dans le style comme dans les manières ; on ne devient pas naïf. […] La période la plus simple n’a que deux membres.

57. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Une éloquence simple et insinuante distingue ceux du P.  […] L’orateur doit y être tour à tour simple, fleuri, sublime et pathétique. […] Simple, fleuri et sublime tour à tour, il instruit avec exactitude, plaît avec toutes les grâces imaginables et touche avec véhémence. […] Le style de ces sortes d’éloges doit être élégant, plein de noblesse, mais en même temps simple, sans manquer de chaleur. […] Le style de ces sortes de discours doit être simple, naturel, mais surtout très clair et propre au sujet.

58. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre IV. Thomas. »

Ce peu de mots explique parfaitement la bouffisure, et le ton ridiculement emphatique qui règnent en général dans les ouvrages de Thomas : il était impossible qu’il y eût rien de simple, rien de naturel dans les écrits d’un homme obligé de violenter à ce point la nature, et dont le travail était une convulsion perpétuelle. […] Ne sont-ce pas bien là ces outres d’Éole, qui, gonflées de vapeurs, occupent un espace immense, et se réduisent insensiblement à rien, lorsqu’une simple piqûre d’épingle a ouvert un libre passage à l’air qui les remplissait ? […] Tout cela est beaucoup trop simple pour Thomas.

59. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Corneille, 1606-1684 » pp. 26-31

Pour me faire croire ignorant, vous avez tâché d’imposer aux simples, et, de votre seule autorité, vous avez avancé des maximes de théâtre dont vous ne pourriez, quand elles seraient vraies, déduire les conséquences que vous en tirez ; vous vous êtes fait tout blanc d’Aristote, et d’autres auteurs que vous ne lûtes ou n’entendîtes peut-être jamais, et qui vous manquent tous de garantie ; vous avez fait le censeur moral, pour m’imputer de mauvais exemples ; vous avez épluché les vers de ma pièce, jusqu’à en accuser un manque de césure : si vous eussiez su les termes de l’art, vous eussiez dit qu’il manquoit de repos en l’hémistiche. Vous m’avez voulu faire passer pour simple traducteur, sous ombre de soixante et douze vers que vous marquez sur un ouvrage de deux mille, et que ceux qui s’y connoissent n’appelleront jamais de simples traductions ; vous avez déclamé contre moi, pour avoir tu1 le nom de l’auteur espagnol, bien que vous ne l’ayez appris que de moi, et que vous sachiez fort bien que je ne l’ai célé à personne, et que même j’en ai porté l’original en sa langue à Monseigneur le Cardinal votre maître et le mien ; enfin, vous m’avez voulu arracher en un jour ce que près de trente ans d’étude m’ont acquis ; il n’a pas tenu à vous que, du premier lieu où beaucoup d’honnêtes gens me placent, je ne sois descendu au-dessous de Claveret2 ; et pour réparer des offenses si sensibles, vous croyez faire assez de m’exhorter à vous répondre sans outrage, de peur, dites-vous, de nous repentir après, tous deux, de nos folies.

60. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voltaire, 1694-1778 » pp. 158-174

Si j’osais vous donner un conseil, ce serait de songer à être simple, à ourdir votre ouvrage d’une manière bien naturelle, bien claire, qui ne coûte aucune attention à l’esprit du lecteur. […] Il semble qu’on n’écrive plus qu’en énigmes : rien n’est simple, tout est affecté ; on s’éloigne en tout de la nature ; on a le malheur de vouloir mieux faire que nos maîtres4. […] Chacun croit, en le lisant, qu’il dirait en prose tout ce que Racine a dit en vers ; croyez que tout ce qui ne sera pas aussi clair, aussi simple, aussi élégant, ne vaudra rien du tout. […] On gagne beaucoup en perdant tous les ornements superflus pour se borner aux beautés simples, faciles, claires, et négligées en apparence. […] Ces vérités de simple bon sens ont besoin d’être répétées dans tous les temps, et aujourd’hui plus que jamais.

61. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Elles expliquent au contraire, de la manière la plus simple, les variations que l’on a pu reprocher aux jugements de M. de La Harpe, qui, sans fléchir jamais sur la sévérité de ses principes en matière de goût, sans jamais s’écarter de la route tracée par les grands maîtres, a voulu concilier quelquefois deux choses naturellement inconciliables, son respect pour les anciens, et sa complaisante admiration pour quelques modernes, qui connaissaient peu ou jugeaient mal ces mêmes anciens. […] Ajoutons à cette première difficulté le mélange, ou plutôt l’accord constant dans ce beau poème, de tout ce que l’antique a de plus simple et de plus beau, avec tout ce que la galanterie moderne offre de plus élégant et de plus raffiné. […] Soyons donc moins surpris que M. de La Harpe soit resté quelquefois si loin de son modèle, et gardons-nous surtout de juger à la rigueur ce qui ne peut être considéré que comme un simple essai, où l’on rencontre néanmoins de beaux vers, des morceaux assez heureux, et des corrections même qui décèlent partout le grand sens et le goût exquis du traducteur, Le Tasse, il est vrai, reste encore à traduire : Exoriare aliquis ! […] Quelquefois aussi il semble affecter de prêter aux grandes choses une tournure simple et familière, comme de relever les petites par la pompe et le fracas des grands mots. […] Il était plus juste et plus simple en même temps de ne voir dans cette traduction qu’un beau poème français, sur le même sujet qui avait inspiré à Virgile un beau poème latin.

62. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

« Ô vertu, science sublime des âmes simples, faut-il donc tant de peines et d’appareil pour te connaître ? […] Quoique cette figure soit particulièrement propre au style sublime, il ne faut pas croire qu’elle ne puisse, ainsi que bien d’autres, convenir au style simple. […] Quoi de plus simple que ces paroles de l’Écriture. […] Mais cette idée est rendue par les mots les plus simples. […] Corneille est de tous nos Poètes celui dans lequel on trouve le plus de sentiments sublimes ; et ces sentiments sont toujours rendus par l’expression la plus simple.

63. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 » pp. 203-209

Dans ce drame simple, décent, sobre et tendre, respire un génie virgilien qu’on applaudit en pleurant. […] Tous ces objet n’étaient point revêtus de ces riches teintes de pourpre, de jaune doré, de nacarat1, d’émeraudes, si communes le soir dans les couchants de ces parages ; ce paysage n’était point un tableau colorié : c’était une simple estampe, où se réunissaient tous les accords de la lumière et des ombres. Ils représentaient une contrée éclairée, non en face par les rayons du soleil, mais, par derrière, de leurs simples reflets.

64. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Elles sont simples, communes et souvent triviales. […] Rien de plus vrai, de plus juste, mais en même temps de plus simple et de plus commun que cette pensée, la mort n’épargne personne. […] Un tour heureux, dit Montesquieu en parlant de quelques auteurs modernes, leur paraît plat, parce qu’il n’a pas l’air d’avoir coûté : une idée mise galamment, mais en habit simple, ne paraît pas piquante à ces messieurs. […] Dire en termes trop recherchés des choses simples et communes, pour les faire paraître plus grandes et plus ingénieuses qu’elles ne le sont en effet, c’est être affecté dans son style. […] Ils l’emploient pour étendre, orner, ennoblir une idée simple et souvent commune.

65. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

Qu’est-ce qu’une pensée simple ? […] Les pensées simples et naturelles ne doivent être ni communes ni affectées. […] La pensée est naïve quand elle cache, sous un air simple et ingénu, une certaine finesse et un certain sel que l’esprit ne paraît point avoir cherchés. […] Il y a aussi des précautions à prendre pour empêcher qu’une image, qui est claire et juste comme expression simple, ne devienne obscure lorsqu’on veut l’étendre. […] C’est une qualité particulière du style, qui exclut l’abondance et les ornements, et convient au genre simple.

66. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

Si l’on réfléchit à l’immense intervalle que la vérité devait avoir à franchir pour parvenir, d’un simple sujet, jusqu’aux oreilles d’un monarque tel que Crésus, on conviendra qu’il y avait du courage à parler ainsi. […] Celui de Sandanis, dans Hérodote, est simple, sans apprêt, sans ornement ; c’est le langage d’un homme prudemment courageux. […] Cette métaphore, gigantesque partout ailleurs, n’est que simple et naturelle ici ; l’application va le prouver. […] Remarquez qu’Alcibiade, très jeune encore alors, en avait fait assez cependant pour qu’un tel langage ne fût point, dans sa bouche, une jactance puérile, mais un exposé simple et vrai, et commandé d’ailleurs par la nécessité de répondre à des inculpations vagues, que les faits réfutent toujours mieux que les meilleurs raisonnements, parce qu’il n’y a rien à répondre à des faits, au lieu que le raisonnement du monde le plus solide peut avoir un côté faible, dont l’adversaire ne manque jamais de s’emparer. […] Le signal est entendu de tous ; se présenter de front, tourner l’ennemi, se déployer sur deux ailes, changer à tout moment la face du combat, est la science du simple soldat, comme des chefs eux-mêmes.

67. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

C’est ce qu’Horace et Boileau ont très bien expliqué : Que le début soit simple et n’ait rien d’affecté. […] Alors le récit se nomme simple ou direct. […] La fable composée est-elle plus intéressante que la fable simple ? […] Il faut que son récit soit une vraie peinture qui frappe et qui attache, un feu vif qui embrase, un mouvement impétueux qui remue et qui entraîne : autrement ce serait le récit d’un simple historien. […] Le poème héroï-comique est le récit comique d’une action simple, commune et presque toujours risible.

68. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre II. Études du Prédicateur. »

Il est tout simple que nous devons exciter ici la pitié, où soulever l’indignation de ceux qui ne connaissent et ne jugent les prophètes que d’après les parodies absurdes ou les sarcasmes grossiers de certains critiques. […] Quel parti sublime le même orateur a tiré, dans un autre discours, de ces mots si simples, si vrais et si profonds en même temps : vanitas vanitatum, et omnia vanitas .

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