Elle regardait avec une certaine inquiétude cette Europe qui ne la connaissait pas, et à qui elle demandait aussi de la sympathie. […] Les jeunes gens sont portés à rougir, car ils pensent qu’il n’y a de beau que ce que la loi leur apprend à regarder comme tel. […] je regardais ! […] Tout le camp immobile L’écoute avec frayeur, et regarde Ériphile. […] — Tous se penchent pour regarder.
Les alchimistes donnent ce surnom à Mercure, regardé comme l’inventeur de leur science, qui consiste à transmuer tous les métaux en or ; science aussi chimérique que son auteur.
Pour ce qui regarde les mots considérés en eux-mêmes, il faut observer la pureté et la propriété. […] Le pléonasme, qui est l’opposé de l’ellipse, ajoute, pour mieux exprimer la passion, ce que la grammaire regarderait comme superflu. […] Ils regardent et voient les flammes remplir des palais dont elles illuminent et font bientôt écrouler l’élégante et noble architecture. […] Dans tous les anciens cultes, les dieux qu’on adorait étaient regardés comme les arbitres des événements et des destinées des hommes. […] D’espoirs tout ce que nous venons de dire, un bon poème épique doit être regardé comme l’œuvre la plus difficile, le monument le plus sublime du génie humain.
Clovis, le cinquième des rois de France de la première race, mais regardé comme le véritable fondateur de la monarchie, parce qu’il fit la conquête de la Gaule, où il s’établit l’an 486, et qu’il nomma Fe.
Ce palais, ces meubles, ces jardins, ces belles eaux, vous enchantent, et vous font récrier d’une première vue sur une maison si délicieuse, et sur l’extrême bonheur du maître qui la possède : il n’est plus, il n’en a pas joui si agréablement ni si tranquillement que vous ; il n’y a jamais eu un jour serein ni une nuit tranquille ; il s’est noyé de dettes pour la porter à ce degré de beauté où elle vous ravit : ses créanciers l’en ont chassé ; il a tourné la tête, et il l’a regardée de loin une dernière fois ; et il est mort de saisissement1. […] Descartes parlant, dans une autre lettre, d’une affection grave dont il avait été atteint dans sa jeunesse : « Je crois, dit-il, que l’inclination que j’ai toujours eue à regarder les choses qui se présentaient du biais qui me les pouvait rendre le plus agréables, et à faire que mon principal contentement ne dépendit que de moi seul, est cause que cette indisposition, qui m’était comme naturelle, s’est peu à peu entièrement passée. » 2.
La même variété de caractères, d’actions et d’expressions règne parmi les spectateurs : les uns frissonnent et détournent la vue, d’autres secourent ; d’autres, immobiles, regardent. […] Si vous ne sentez plus la différence de l’homme qui se présente en compagnie, et de l’homme intéressé1 qui agit, de l’homme qui est seul, et de l’homme qu’on regarde, jetez vos pinceaux dans le feu.
Où l’œil se plaisait à regarder des coteaux riches et verdoyants, on ne voit plus que des plantations bouleversées et des cavernes hideuses. […] Je vis le guide regarder le ciel et pâtir ; je lui demandai la cause de son trouble : “Je crains, dit-il, le vent du midi ; sauvons-nous.”
— Non, vous ne le répondrez pas, mais vous regarderez comme une espèce de devoir de m’aider à obtenir une autre réponse. […] Il y a longtemps que je regarde ces injures comme les instruments de ma chevalerie.
Au reste je suis loin de regarder cette division comme complète ; d’ailleurs est-il nécessaire qu’elle le soit ? […] Les anciens ne les séparaient jamais ; ils regardaient la première comme la base de l’autre ; Cicéron la considère ainsi en plusieurs endroits de ses ouvrages. […] Ce fut celle d’Antoine et de Crassus, que Cicéron regarde comme les deux plus grands orateurs de Rome. […] Est-ce son ennemi, est-ce son fils qu’on doit regarder comme l’assassin ? […] Cette règle regarde tout inférieur qui a des prétentions légitimes à faire valoir contre un supérieur qu’il doit respecter.
Tout le succès qu’elle eut ne fut guère que de faire maintenir certains mots nécessaires à la langue, tels que : œillade, opportun, qui déplaisaient aux courtisans ; ridicule, qu’ils regardaient comme scolastique ; poitrine, qui leur paraissait grossier ; pétulance, sagacité, humiliation, immense, ardu, pourpré, etc. dont l’adoption était fort combattue. […] Sa faute le remord57 ; Mégère le regarde, Et lui porte l’esprit à ce vrai sentiment, Que d’une injuste offense il aura, quoiqu’il tarde, Le juste châtiment. […] Entrevoyant que rien ne défendait à la tragédie de descendre plus bas que les princes et les héros, quand il se rencontrait dans l’histoire des actions dignes d’être embellies par elle, il emprunta à l’espagnol, pour raccommoder au théâtre, l’histoire de don Sanche, soldat de fortune, aventurier inconnu, regardé comme le fils d’un pêcheur, aimé de deux reines, et, à la fin, devenant mari de l’une, en étant reconnu pour frère de l’autre. […] … un homme… un homme, Qui suit bien ses leçons, goûte une paix profonde, Et comme du fumier regarde tout le monde. […] Cette pièce ne peut être regardée comme une comédie de caractère ; la distraction ne forme pas, à proprement parler, un caractère.
Il rétablit les finances et la marine ; ranima toutes les branches du commerce ; fit fleurir les sciences et les arts ; ouvrit au peuple des sources fécondes de richesses, et mérita, pour tout dire en un mot, d’être regardé comme le père du commerce et des arts.
Aux conversations même il trouve à reprendre : Ce sont propos trop bas pour y daigner descendre ; Et, les deux bras croisés, du haut de son esprit, Il regarde en pitié tout ce que chacun dit. […] Dans tous les lieux dévots elle étale un grand zèle ; Mais elle met du blanc, et veut paraître belle1. » ……………… Pour moi, contre chacun je pris votre défense, Et leur assurai fort que c’était médisance ; Mais tous les sentiments combattirent le mien, Et leur conclusion fut que vous feriez bien De prendre moins de soin des actions des autres, Et de vous mettre un peu plus en peine des vôtres ; Qu’on doit se regarder soi-même un fort long temps Avant que de songer à condamner les gens ; Qu’il faut mettre le poids d’une vie exemplaire2 Dans les corrections qu’aux autres on veut faire ; Et qu’encor vaut-il mieux s’en remettre, au besoin, A ceux à qui le ciel en a commis le soin. […] Regardez donc bien, je vous prie, si cette humeur sera bonne au lieu où vous êtes, et si un homme à qui ses jarretières et ses aiguillettes pèsent, et qui a bien de la peine d’obéir au commandement de Dieu et aux édits du roi, pourra s’obliger à de nouvelles lois et se faire une troisième servitude.
Despicere (de spicere, regarder, de, de haut en bas), regarder au dessous de soi. […] Cic. — Formositas (de forma), beauté, bonne mine, pour ce qui regarde la taille et la personne. […] — Speculari (de specula, lieu élevé d’où l’on peut voir), observer de loin, regarder d’un lieu élevé. […] Id est, à loco qui ex omni parte adspici, vel ex quo omnis pars videri potest, quem antiqui templum nominabant), regarder fixement un objet, contempler, considérer. […] Cic. — Considerare(de sidus, astre), proprement, considérer les astres ; par extension, regarder avec réflexion, considérer.
Cicéron et Quintilien regardent l’élocution comme la partie la plus difficile de la composition. […] Les parties du corps qui sont regardées comme le siège des passions et des sentiments, se prennent pour les sentiments mêmes. […] Il traite Pradon avec mépris, et le fait regarder comme un médiocre auteur. […] Je les regarde plutôt comme des espèces particulières de composition, dont je parlerai quand il en sera temps. […] C’est comme si l’on voulait regarder fixément le soleil, ou ne voir qu’à la lueur d’éclairs non interrompus.
Voilà sans doute les esprits suffisamment aigris, et disposés avec tout l’art possible à regarder et à traiter comme ennemi déclaré du bien public un infracteur quelconque de la loi. […] Le voici : c’est que chez tous les Grecs, tous les ministres, à commencer par toi, s’étant laissé corrompre d’abord par Philippe, ensuite par Alexandre, je n’ai jamais été, moi, tenté ou engagé, ni par l’occasion, ni par la douceur des paroles, ni par la grandeur des promesses, ni par l’espérance, ni par la crainte, ni par aucun autre motif, à trahir ce que je regardai toujours comme les droits et les intérêts de ma patrie ; c’est que tous les conseils que je donnai, je ne les donnai jamais, ainsi que vous autres, penchant comme la balance, du côté qui reçoit davantage, mais que je montrai partout une âme droite et incorruptible ; c’est qu’ayant été plus que personne à la tête des plus grandes affaires, je me conduisis dans toutes avec une probité irréprochable.
Nous venons d’établir les règles de l’argumentation ; vous qui les avez étudiées et appliquées, prouvez que votre adversaire a péché contre elles, soit par sa propre faiblesse, soit, et je le préfère ainsi, par celle de sa cause ; il y a en effet adresse et bon goût à lui accorder assez de talent et d’esprit pour que sa défaite soit regardée comme une conséquence nécessaire de l’opinion qu’il défend, et non de la manière dont il la défend. […] Si j’ai donc pensé ne pouvoir passer sous silence une division qu’Aristote établit dès le principe, et que tant de rhéteurs ont regardée comme capitale, d’un autre côté, je n’ai point cru devoir, dans un livre didactique, admettre comme fondamentale une division dont l’influence sur la partie didactique me paraît si faible.
Mais c’est par là même que plusieurs l’ont regardée comme une des plus faciles et qui exige le moins de règles. […] La fatale colère d’Achille, qui causa tant de maux aux Grecs, s’apaise au dix-neuvième chant, que les vieux textes ont intitulé en conséquence Μίγιϑες άποῥῥοσις ; je conçois cependant que l’achèvement puisse nous conduire à la fin du vingt-deuxième ; mais quant aux deux derniers, il est évident qu’on peut les regarder comme superflus.
Clytemnestre va retourner en Argos après la mort de sa fille qu’elle avait amenée pour l’hymen d’Achille ; Et moi qui l’amenai triomphante, adorée, Je m’en retournerai seule et désespérée ; Je verrai les chemins encor tout parfumes Des fleurs dont sous ses pas on les avait semés… Madame de Sévigné ne dira pas autrement que Clytemnestre : « Quand j’ai passé sur ces chemins, j’étais comblée de joie dans l’espérance de vous voir et de vous embrasser ; et en retournant sur mes pas, j’ai une tristesse mortelle dans le cœur, et je regarde avec envie les sentiments que j’avais en ce temps-là. » Dans tous ces exemples, l’antithèse n’est que le reflet de l’opposition qui existe réellement dans les idées, les faits, les sentiments ; et ce rapprochement préalable entre les choses ne peut que gagner en clarté, en force, en grâce, en pathétique, au rapprochement entre les mots. […] Avec ce rôle d’Hermione, un des modèles de l’ironie sarcastique sérieuse, car j’aurais trop à citer dans le plaisant, est une pièce de Corneille, que je regarde comme une des plus étonnantes productions de son génie, Nicomède.
Impatient et fougueux, il regarde d’un œil farouche les rivages du promontoire de Sigée et la flotte des Grecs ; puis levant les mains, il s’écrie : Plaidoyer d’Ajax « Grands dieux ! […] De quels yeux regardèrent-ils le jeune Prince, dont la victoire avait relevé la haute contenance, à qui la clémence ajoutait de nouvelles grâces !