De toutes les amertumes répandues sur la vie humaine, ce sont là les moins funestes. […] D’un pauvre hameau, il fit une petite ville, et y répandit l’aisance.
Venez compter vos fils, vos amants et vos frères ; Venez sur ces débris disputer aux vautours L’espoir de vos vieux ans, le fruit de vos amours… Que de larmes sans fin sur eux vont se répandre ! […] O Dieu riche, tu ne m’as pas pourtant privé de toute joie ; une douce consolation se répand pour tout le monde du haut des cieux.
Rollin, selon l’expression d’un auteur moderne33, a répandu sur les crimes des hommes le calme d’une conscience sans reproche et la charité d’un apôtre. […] La clarté est un devoir de tout le discours ; mais elle est particulièrement nécessaire dans la narration, parce que c’est de là que doit partir la lumière qui se répandra sur toute la suite. […] Remarquons ici que souvent, chez les anciens, c’était un ami qui prenait la défense de l’accusé : l’amitié, ce noble sentiment, répandait dans tout le discours une chaleur et une vivacité inimitables. […] Mais comme il y a une abondance stérile qui se répand en ornements superflus, ou qui tourne en divers sens la même idée, afin qu’elle semble se multiplier, il y a aussi un faux éclat. […] Mais par quel moyen peut-on espérer de répandre toujours de la variété dans le style, et d’en bannir l’uniformité ?
Tibulle et Properce répandirent dans leurs vers élégiaques tout le pathétique du sentiment.
Or, en ce sens, on ne peut douter que l’hypocrisie ne soit répandue dans toutes les conditions, et que parmi les mondains il ne se trouve encore bien plus d’imposteurs et d’hypocrites que parmi ceux que nous nommons dévots.
De toutes les amertumes répandues sur la vie humaine, ce sont là les moins funestes. […] « Charles se croyait le maître du monde dans les déserts de la Pologne, où il errait, et dans lesquels la Suède était comme répandue, pendant que son principal ennemi se fortifiait contre lui, le serrait, s’établissait sur la mer Baltique, détruisait ou prenait la Livonie. […] Corneille, par deux cents vers admirables répandus dans ses ouvrages ; Racine, par tous les siens ; Boileau, par l’art, inconnu avant lui, de mettre la raison en vers ; un Pascal, un Bossuet, changèrent les Welches en Français.
Et l’homme, quelque heureux qu’il soit, s’il n’est diverti et occupé par quelque passion, ou quelque amusement qui empêche l’ennui de se répandre, sera bientôt chagrin323 et malheureux. […] Ce qui les forme, ce qui les achève, ce sont des sentiments forts et de nobles impressions qui se répandent dans tous les esprits, et passent insensiblement de l’un à l’autre. […] Or, en ce sens, on ne peut douter que l’hypocrisie ne soit répandue dans toutes les conditions, et que parmi les mondains il ne se trouve encore bien plus d’imposteurs et d’hypocrites que parmi ceux que nous nommons dévots. […] Que la sagesse se répande de son cœur sur tous les mortels, et que les fleurs naissent sous ses pas ! […] Le bord de l’horizon était encore rouge comme la pourpre, et enflammé des rayons ardents qu’il y avait répandus sur son passage.
. — Fermez l’oreille aux avis pusillanimes de Nicias, qui vous conseille une honteuse inaction, et qui cherche à répandre la division entre les jeunes gens et les vieillards. […] Ils brillent sous l’or et la pourpre qui les couvrent et leurs armes répandent un éclat, étalent un luxe dont il est impossible d’avoir l’idée, quand on n’en a pas eu le spectacle.
« Rien ne s’oppose plus à la chaleur que le désir de mettre partout des traits saillants ; rien n’est plus contraire à la lumière, qui doit faire un corps et se répandre uniformément dans un écrit, que ces étincelles qu’on ne tire que par force, en choquant les mots les uns contre les autres, et qui ne nous éblouissent quelques instants, que pour nous laisser ensuite dans les ténèbres. […] « L’écrivain, dit Fénelon, doit remonter d’abord à un premier principe… De ce principe, comme du centre, se répandra la lumière sur toutes les parties de l’ouvrage, de même qu’un peintre place dans son tableau le jour, en sorte que d’un seul endroit il distribue à chaque partie son degré de lumière.
Parmi les autres manières de mêler agréablement les rimes dans ces sortes de stances, celle-ci est la plus belle : Combien plus sage et plus habile Est un roi, qui, par ses faveurs, Songe à s’élever dans les cœurs Un trône durable et tranquille ; Qui ne connaît point d’autres biens, Que ceux que ses vrais citoyens De sa bonté peuvent attendre ; Et qui, prompt à les discerner, N’ouvre les mains que pour répandre, Et ne reçoit que pour donner. […] Les vices sont des montres hideux : l’Envie est dévorée de serpents : la Vengeance est aimée de poignards : la Colère agitée de mouvements convulsifs, a sans cesse l’écume dans la bouche : la Calomnie se traînant dans l’ombre, répand partout le fiel et le poison.
Mais pourquoi répandre tant de sang ? […] Si elle ne retrouve plus jamais en moi un allié, elle retrouvera un homme désireux de ne faire que des guerres indispensables à la politique de ses peuples, et de ne point répandre le sang dans une lutte avec des souverains qui n’ont avec moi aucune opposition d’industrie, de commerce et de politique.
Qui vous a permis de venir répandre chez nous le poison de la dispute et de la mauvaise foi ? […] Du forum ses bons mots redoutés se répandent dans toute la ville et livrent ses ennemis à la risée du peuple.
Elle suffit, par la lumière qu’elle répand sur cette matière, pour dissiper le préjugé généralement reçu que parler des lieux en rhétorique est une chose à peu près indifférente. […] J’ai fait connaître les différentes formes de raisonnement dont on a coutume de faire usage en parlant et en écrivant ; et j’y ai joint des exemples qui font voir comment la rhétorique les développe, les exprime et y répand ses couleurs. […] Ces moyens dépendent de la clarté qu’on répand sur les preuves, et de l’adresse avec laquelle, en les donnant, on fait qu’elles s’aident et se fortifient mutuellement. […] Le sang qui coule, la pâleur répandue sur le visage, les gémissemens ; enfin, les derniers soupirs du mourant ne se peindront-ils pas dans mon esprit ? […] Je puis assurer qu’on m’a vu souvent non-seulement répandre des larmes, mais changer de visage, pâlir, et ressentir une douleur qui avait le caractère de la véritable. » (Loc. cit.)
Et la loi Furem, ad legem Corneliam, qui est prise d’Ulpien, « défend de tuer même les voleurs de nuit qui ne nous mettent pas en péril de mort49. » Cette chaste épouse du Fils de Dieu (l’Église), qui, à l’imitation de son époux, sait bien répandre son sang pour les autres, mais non pas répandre pour elle celui des autres, a pour le meurtre une horreur toute particulière, et proportionnée aux lumières particulières que Dieu lui a communiquées. […] Et l’homme, quelque heureux qu’il soit, s’il n’est diverti et occupé par quelque passion ou quelque amusement qui empêche l’ennui de se répandre, sera bientôt -chagrin et malheureux. […] L’Égypte, autrefois si sage, marche enivrée, étourdie et chancelante102, parce que le Seigneur a répandu l’esprit de vertige dans ses conseils ; elle ne sait plus ce qu’elle fait, elle est perdue. […] Quelle plus grande tendresse que celle qui est répandue dans tout le Cid, dans Polyeucte et dans les Horaces ? […] Combien pour le répandre a-t-il formé de brigues ?
Leur objet était d’éteindre la croyance, de faire prendre un autre cours aux esprits sur les institutions religieuses et civiles ; et la révolution s’est, pour ainsi dire, opérée ; les prosélytes se sont multipliés ; leurs maximes se sont répandues ; les royaumes ont senti chanceler leurs antiques fondements ; et les nations, étonnées de trouver leurs principes anéantis, se sont demandé par quelle fatalité elles étaient devenues si différentes d’elles-mêmes.
Nous n’en citerons que les lignes suivantes : « Il s’en faut bien que la tragédie nous renvoie chagrins et mal satisfaits, la comédie tout à fait contents et de belle humeur car si nous apportons à la tragédie quelque sujet de tristesse qui nous soit propre, la compassion en détourne l’effet ailleurs, et nous sommes heureux de répandre pour les maux d’autrui les larmes que nous gardions pour les nôtres.
Une tempête dans un verre d’eau Ce fut le jour de la mi-carême, le 25 mars, à une heure du matin ; tout dormait ; quarante gendarmes entrent dans la ville ; là, de l’auberge où ils étaient descendus d’abord, ayant fait leurs dispositions, pris toutes leurs mesures et les indications dont ils avaient besoin, dès la première aube du jour ils se répandent dans les maisons.
La même personnification eut lieu pour les puissances d’une nature morale : les remords étaient des furies qui poursuivaient le coupable, armées de leurs fouets vengeurs ; les vices étaient des monstres hideux ; l’envie était dévorée de serpents, et la vengeance armée de poignards ; la colère, agitée de mouvements convulsifs, avait la bouche remplie d’écume, et la calomnie, se traînant dans l’ombre, répandait partout le fiel et le poison.
Plus les moyens de s’instruire sont aujourd’hui répandus et popularisés, plus il faut parer aux dangers d’une instruction malsaine et corruptrice ; plus les œuvres de l’esprit se multiplient, plus on doit choisir les passages à proposer en modèles. […] Viens, je vais dissiper les nuages obscurs, Dont sur tes yeux mortels la vapeur répandue Cache ce grand spectacle à ta débile vue. […] Mais le bruit au hameau s’est déjà répandu : Monseigneur est ici ! […] Le soleil était descendu sous l’horizon ; des nuages brillants répandaient une clarté douce, un demi-jour doré qu’on ne saurait peindre, et que je n’ai jamais vu ailleurs. […] Hâtez-vous de répandre Des pleurs que vous arrache un intérêt si tendre.