Dans cette enfance ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poëme dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin et lutté, si je l’ose ainsi dire, contre le mauvais goût de son siècle, enfin, inspiré d’un génie extraordinaire et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable, accorda heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissa bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux, dont la plupart, désespérant de l’atteindre, et n’osant plus entreprendre de lui disputer le prix, se bornèrent à combattre la voix publique déclarée pour lui, et essayèrent en vain, par leurs discours et par leurs frivoles critiques, de rabaisser un mérite qu’ils ne pouvaient égaler1. […] Il en avait d’autres qui, bien que moins éclatantes aux yeux du public, ne sont peut-être pas moins dignes de nos louanges, je veux dire, homme de probité et de piété, bon père de famille, bon parent, bon ami. […] L’a-t-on jamais vu vouloir tirer ici aucun avantage des applaudissements qu’il recevait dans le public ? […] Aussi un de nos critiques a-t-il fait tout récemment cette judicieuse remarque : « Le bon sens public ne s’est pas abusé, lorsqu’il a dit le siècle de Louis XIV.
C’est le privilège, et en même temps le devoir des grands, de préparer non-seulement à leur siècle, mais aux siècles à venir, des secours publics aux misères publiques : notre saint roi connut ce devoir, et jamais prince ne fit plus d’usage d’un si heureux privilége. […] il n’est point de genre de misère à laquelle ce pieux roi n’ait laissé pour tous les âges suivants une ressource publique.
Ce fut une fête pour la curiosité publique ; et ce succès toujours croissant, qui étonna la modestie d’un auteur désintéressé, lui ouvrit les portes de l’Académie en 1693. […] Il est sévère et inexorable à qui n’a point encore fait sa fortune : il vous aperçoit un jour dans une galerie, et il vous fuit ; et le lendemain, s’il vous trouve en un endroit moins public, ou, s’il est public, en la compagnie d’un grand, il vient à vous, et il vous dit : Vous ne faisiez pas hier semblant de nous voir. […] Se formant quelquefois sur le ministre ou sur le favori2, il parle en public de choses frivoles, du vent, de la gelée ; il se tait au contraire, et fait le mystérieux sur ce qu’il sait de plus important, et plus volontiers encore sur ce qu’il ne sait point3. […] Si les hommes étaient sages, la place publique serait abandonnée, et il serait établi qu’il y aurait de l’ignominie seulement à voir de tels spectacles. […] Voudrait-il insulter à la crainte publique, Et que le chef des Grecs, irritant les destins, etc.
Comme le gouvernement fut populaire chez les Romains, tout le temps de la république, il est probable que les discours publics furent un des moyens dont les chefs se servaient pour influencer la multitude et la diriger à leur gré. […] Mais les détails qui concernent l’homme public et le philosophe, n’entrent point dans notre plan : il ne s’agit ici que de l’orateur, et nous allons tâcher de le faire connaître, en exposant ses qualités et les taches légères qui les déparent quelquefois. […] De là, cette impudence, qui n’est d’abord que ridicule, mais qui enfante bientôt le mépris de soi et des autres, etc. » De l’éducation domestique, Messala passe à celle que les jeunes gens recevaient à Rome des professeurs publics, et de nouveaux désordres, de nouveaux abus se présentent en foule à ses yeux.
Quelle prudence ne faut-il pas pour conduire, et réunir au seul intérêt public tant de vues et de volontés différentes ? […] Ici l’on offre le sacrifice adorable de Jésus-Christ pour l’âme de celui qui a sacrifié sa vie et son sang pour le bien public ; là on lui dresse une pompe funèbre, où l’on s’attendait de lui dresser un triomphe. […] Les maisons étaient fermées ; le triste et morne silence qui régnait dans les places publiques n’était interrompu que par les gémissements des habitants ; les magistrats en deuil eussent volontiers prêté leurs épaules pour le porter de ville en ville : les prêtres et les religieux à l’envi l’accompagnaient de leurs larmes et de leurs prières.
Ce sont de nouveaux événements, de nouvelles intrigues, de nouvelles passions, de nouveaux héros dans la vertu comme dans le vice, qui font le sujet des louanges, des dérisions, des censures publiques ; un nouveau monde s’est élevé insensiblement, et sans que vous vous en soyez aperçus, sur les débris du premier. […] Leur naissance seule les mit ensuite en possession du trône ; mais ce furent des suffrages publics qui attachèrent d’abord ce droit et cette prérogative à leur naissance. […] Elle seule est la lumière de notre esprit, la règle de notre cœur, la source des vrais plaisirs, le fondement de nos espérances, la consolation de nos craintes, l’adoucissement de nos maux, le remède de toutes nos peines ; elle seule est la source de la bonne conscience, la terreur de la mauvaise, la peine secrète du vice, la récompense intérieure de la vertu ; elle seule immortalise ceux qui l’ont aimée, illustre les chaînes de ceux qui souffrent pour elle, attire des honneurs publics aux cendres de ses martyrs et de ses défenseurs, et rend respectables l’abjection ou la pauvreté de ceux qui ont tout quitté pour la suivre ; enfin, elle seule inspire des pensées magnanimes, forme des âmes héroïques, des âmes dont le monde n’est pas digne, des sages seuls dignes de ce nom. […] Le prince, en tant que prince, n’est pas regardé comme un homme particulier, c’est un personnage public ; tout l’État est en lui ; la volonté de tout le peuple est renfermée dans la sienne.
Les terreurs cruelles marchent partout devant nous ; la solitude nous trouble ; les ténèbres nous alarment ; nous croyons voir sortir de tous côtés des fantômes qui viennent toujours nous reprocher les horreurs secrètes de notre âme ; des songes funestes nous remplissent d’images noires et sombres ; et le crime, après lequel nous courons avec tant de goût, court ensuite après nous comme un vautour cruel, et s’attache à nous pour nous déchirer le cœur et nous punir du plaisir qu’il nous a lui-même donné1 Sur l’ennui L’ennui, qui paraît devoir être le partage du peuple, ne s’est pourtant, ce semble, réfugié que chez les grands : c’est comme leur ombre qui les suit partout1 Les plaisirs, presque tous épuisés pour eux, ne leur offrent plus qu’une triste uniformité qui endort ou qui lasse ; ils ont beau les diversifier, ils diversifient leur ennui2 En vain ils se font honneur3 de paraître à la tête de toutes les réjouissances publiques ; c’est une vivacité d’ostentation ; le cœur n’y prend presque plus de part ; le long usage des plaisirs les leur a rendus inutiles : ce sont des ressources usées, qui se nuisent chaque jour à elles-mêmes. […] Leurs naissance seule les mit ensuite en possession du trône ; mais ce furent des suffrages publics qui attachèrent d’abord ce droit et cette prérogative à leur naissance. […] Elle seule est la lumière de notre esprit, la règle de notre cœur, la source des vrais plaisirs, le fondement de nos espérances, la consolation de nos craintes, l’adoucissement de nos maux, le remède de toutes nos peines ; elle seule est la source de la bonne conscience, la terreur de la mauvaise, la peine secrète du vice, la récompense intérieure de la vertu ; elle seule immortalise ceux qui l’ont aimée, illustre les chaînes de ceux qui souffrent pour elle, attire des honneurs publics aux cendres de ses martyrs et de ses défenseurs, et rend respectables l’abjection ou la pauvreté de ceux qui ont tout quitté pour la suivre ; enfin, elle seule inspire des pensées magnanimes, forme des âmes héroïques, des âmes dont le monde n’est pas digne, des sages seuls dignes de ce nom.
Réponse de Corneille aux attaques de Scudéri Monsieur, Il ne vous suffit pas que votre libelle1 me déchire en public ; vos lettres me viennent quereller jusque dans mon cabinet, et vous m’envoyez d’injustes accusations, lorsque vous me devez pour le moins des excuses. […] Mais après une offense si publique, il y faut un peu plus de cérémonie. […] Résistez aux tentations de ces gaillardises qui font rire le public à vos dépens, et continuez à vouloir être mon ami, afin que je me puisse dire le vôtre.
Vous bornerez-vous, dites-moi, à parcourir les places publiques, en vous demandant mutuellement : Qu’y a-t-il de nouveau ? […] Ce rapprochement est naturel, et plein d’art cependant : cette manière d’argumenter par les faits, de fortifier les circonstances les unes par les autres, constitue essentiellement la logique de l’orateur public, et personne ne l’a possédée comme Démosthène. […] Son poignard ne nous poursuivra plus au Champ de Mars, dans la place publique, dans l’enceinte même de nos maisons. […] Quand Sylla, vainqueur, livra au glaive des lois Damasippe, et quelques autres qui devaient leur élévation aux désastres publics, qui n’applaudissait pas à sa conduite ? […] Qu’on soit donc, puisque c’est l’usage, qu’on soit libéral aux dépens des alliés ; qu’on voie d’un œil tranquille piller le trésor public ; mais que l’on épargne au moins notre propre sang, et qu’on n’aille pas perdre tous les gens de bien, pour épargner quelques scélérats.
Il suffit de dire, à son éloge, qu’il s’est une fois rapproché de ce modèle : une fois son éloquence, souvent trop ornée, a puisé dans l’importance du sujet et la sincérité du deuil public une sérieuse et véritable grandeur. […] Ici l’on offre le sacrifice adorable de Jésus-Christ pour l’âme de celui qui a sacrifié sa vie et son sang au bien public ; là on lui dresse une pompe funèbre, où l’on s’attendait à lui dresser un triomphe. […] Mascaron a bien décrit aussi, dans son oraison funèbre, cet hommage spontané de la douleur publique : « On vit, dit-il, dans les villes par où son corps a passé les mêmes sentiments que l’on avait vus autrefois dans l’empire romain, lorsque les cendres de Germanicus furent portées de la Syrie au tombeau des Césars… » (Tacite, Annales, III, 4.)
Malherbe 1555-1628 [Notice] Né à Caen, sous Henri II, témoin attristé des guerres civiles, et sujet reconnaissant d’un souverain qui restaura l’ordre public, Malherbe représente un temps où la discipline succède à l’anarchie. […] Malherbe aime ces formes d’imprécation ; je les retrouve encore dans cet autre fragment : Allez à la malheure, allez, âmes tragiques, Qui fondez votre gloire aux misères publiques, Et dont l’orgueil ne connaît point de lois. […] Voyons ici l’écho de la colère publique.
Ennius la tira de la place publique, et en composa ces poèmes pleins de variété et de malice qui prirent le nom de satires, mot qui voulait dire mélange. […] La satire n’a pas pour but de publier les vices et les scandales, d’exciter les passions haineuses ni de repaitre la malignité publique.
Le public l’accueillit si bien, la vente en fut si rapide, que MM. […] Les goûts et les sentiments doivent beaucoup différer sur de semblables sujets, et il ne veut que soumettre les siens au jugement du public. […] Tous les critiques anciens ont considéré l’action comme le talent principal de celui qui parle en public. […] Un écrivain peut produire un ouvrage bon et utile ; mais il ne sera jamais goûté du public, s’il pèche contre la pureté de la langue. […] Leur déclamation, et en général leur manière de parler en public, avait quelque chose de musical inconnu parmi nous et qui approchait du chant ou du récitatif.
La rhétorique est donc utile à tous, même à ceux qui ne se destinent pas à parler en public. […] Si je parcours ma vie publique et privée, me voilà forcé de parler de moi. […] Les orateurs sont ordinairement froids dans un discours public, parce qu’ils sortent du naturel. […] Les réquisitoires sont les discours qu’un magistrat prononce au nom de l’autorité publique pour requérir, dans l’intérêt de la société, une sentence ou une peine contre les délits et les crimes publics. […] La parole en public met singulièrement en évidence ; elle expose à tous les jugements des hommes.
L’esprit public, d’ailleurs, est gagné aux idées nouvelles. […] Une feuille célèbre, le Globe, répondit à ce besoin public. […] On laissera donc ce qui est public pour se renfermer en des choses plus particulières. […] Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public ; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers. […] Le public, sans doute, en jugera comme vous, et c’est encore ce qui m’afflige.
Si Rutebeuf a de nobles accents lorsqu’il songe aux revers des armes chrétiennes, et au Saint-Sépulcre resté aux mains des infidèles, les amers sarcasmes de sa verve hardie contre les puissants nous avertissent pourtant que le jour approche où le relâchement des mœurs, la rivalité des pouvoirs spirituel et temporel, l’ambition de l’Église ou des souverains, la misère publique, l’affranchissement des communes, et la décadence d’institutions impuissantes enhardiront les indépendants ou les téméraires. […] Virile et sobre chez Ville-Hardouin (1160-1213), naïve et claire dans Joinville (1224-1317), elle inaugure l’histoire par la chronique, en un siècle que comme la pieuse figure de Louis IX, fondant la Sorbonne, faisant traduire les livres saints, ouvrant la première bibliothèque publique, organisant les universités provinciales, encourageant la fabrication du papier, et publiant ses Établissements, où brille le génie patriotique de l’homme d’état sous les vertus d’un Saint. […] Étouffée par l’excès des maux publics, la gaieté française s’exaspère en pamphlets violents,ou s’égare en inventions plates et grossières. […] En 1396, Chrysoloras faisait à Florence ses premières lectures publiques, et parmi les proscrits consolés par l’accueil des cours, on vit Bessarion recevoir la pourpre romaine. […] Introduit par Louis XII dans les tribunaux, d’où il chasse le latin, prescrit par François I er comme le seul organe des arrêts et actes publics, il n’aura plus qu’à fixer sa syntaxe pour devenir l’interprète de toutes les idées universelles qui feront à jamais le tour du monde.
En entrant dans le monde, on m’annonça comme un homme d’esprit, et je reçu un accueil assez favorable des gens en place : mais lorsque par le succès des Lettres persanes j’eus peut-être prouvé que j’en avais, et que j’eus obtenu quelque estime de la part du public, celle des gens en place se refroidit ; j’essuyai mille dégoûts. […] J’eus sujet de me plaindre de mon tailleur, qui m’avait fait perdre en un instant l’attention et l’estime publique ; car j’entrai tout à coup dans un néant affreux. […] Autrefois le bien des particuliers faisait le trésor public ; mais pour lors le trésor public devient le patrimoine des particuliers. […] Comme ils ont peu de part au bien dont ils ordonnent, Dans le champ du public largement ils moissonnent, Assurés que chacun leur pardonne aisément, Espérant à son tour un pareil traitement : Le pire des États, c’est l’État populaire.
Nous nous sommes réservé une seule liberté, celle d’élargir le cadre tracé par M. le ministre de l’instruction publique. […] Votez-le, parce que les circonstances publiques ne souffrent aucun retard, et que nous serions comptables de tout délai. […] Comment le conciliez-vous avec l’intérêt public ? […] Une mission en Espagne (1833) fut presque le seul acte public de M. […] Thiers le titre, consacré par le suffrage public, « d’historien national. » M.
L’élégie, hymne de la douleur, se rencontre surtout aux époques de civilisation où les, malheurs publics et privés pèsent sur les âmes, les replient sur elles-mêmes et les découragent ; où les passions, et surtout l’amour, tendent au raffinement et se prêtent à une analyse intime, Voilà pourquoi notre époque a été marquée par un débordement d’élégies : jamais on ne vit tant de poètes entonner des chants de douleur et de mort. Plusieurs avaient sans doute à exprimer des peines réelles ; plusieurs, comme Millevoye et Gilbert, ont chanté au bord de la tombe : aussi leurs vers portent-ils l’empreinte d’un sentiment vrai et profond ; mais d’autres n’ont chanté que des douleurs factices et caressé que des chimères ; ils mouraient par métaphore, et riaient sous cape de voir le public s’attendrir sur leurs infortunes.