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95. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Vigny 1799-1863 » pp. 530-539

Et je soutiens encor dans les hauteurs, Parmi les maîtres purs de nos savants musées, L’Idéal du poëte et des graves penseurs. […] Le poëte anime tous les objets qu’il peint. […] Non, ce n’est pas de la photographie ; car le poëte donne aux objets une physionomie morale, une expression, une âme en quelque sorte. […] Si le gentilhomme est modeste, le poëte n’y perd rien, et c’est justice.

96. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

Le poète fait une proposition sans verbe, et chacun le comprend. […] Les soldats de Pompée offraient, dit un poète, une indigne curée aux vautours de Pharsale. — Métaphore ignoble. […] Considérée sous ce rapport, on la trouve à chaque page non-seulement dans les poètes, mais encore dans les prosateurs. […] Or, l’orateur et le poète doivent toujours songera l’effet total. […] Le premier est le style du philosophe, le second celui de l’orateur, du poète.

97. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Nous devons dire que le grand poète a été vigoureusement défendu par plusieurs critiques, entre autres par MM.  […] Les poètes et les orateurs font un fréquent usage de cette figure. […] Les poètes emploient quelquefois l’apostrophe seulement pour donner plus de grâce ou de variété à leurs compositions. […] Le poète a donc en son pouvoir de rappeler vivement l’idée de l’espèce de mouvement qu’il veut décrire, en employant des sons qui, dans notre imagination, correspondent à ce mouvement. […] Dans ce demi-vers : Il aspire à descendre , ce poète offre un heureux exemple de ce genre d’ornement.

98. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

4° Les poètes se permettent souvent des exagérations qui conviennent au merveilleux de leurs poèmes. […] Les poètes en font particulièrement un grand usage ; ils s’en servent pour étendre et enrichir une idée et lui donner plus de noblesse. […] Nous recommandons aussi de lire le portrait du directeur, tracé par le même poète. […] Le célèbre sonnet de Scarron, dans lequel le poète débute sur un ton noble et pompeux, et où il finit portrait plaisant, restera toujours comme un modèle de suspension badine. […] II, nº 69. — 2° Un poète devant la tombe du Pauvre.

99. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

L’Impie était le Dieu de la terre ; le Poète ne fait que passer ; et ce Dieu est disparu, anéanti : il n’est plus. […] Tout ce que les Poètes, remarque le P. […] Corneille est de tous nos Poètes celui dans lequel on trouve le plus de sentiments sublimes ; et ces sentiments sont toujours rendus par l’expression la plus simple. […] Mais la description du combat des Dieux est une des plus vives et des plus magnifiques qui se trouvent dans ce Poète. […] Ces trois poètes, dit Rollin, semblent avoir partagé entre eux les trois vers d’Homère, et les trois circonstances qui y sont employées.

100. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fénelon. (1651-1715.) » pp. 101-109

Le poëte disparaît ; on ne voit plus que ce qu’il fait voir, on n’entend plus que ceux qu’il fait parler1. […] De là vient qu’un peintre et un poëte ont tant de rapport2 : l’un peint pour les yeux, l’autre pour les oreilles ; l’un et l’autre doivent porter les objets dans l’imagination des hommes. […] Ces mots rappellent cette devise de la comédie : Castigat ridendo mores ; on dit qu’elle fut l’œuvre du poëte Santeul. […] III ; et il a profité aussi des travaux antérieurs du vieux poëte latin Névius.

101. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Ce poëte heureux vit sa réputation peu attaquée, parce qu’elle causa peu d’ombrage. […] Platon, dans son Ion, assimile à l’abeille le poëte, qui est, selon lui, « une chose légère, ailée et sacrée », Κοῦφον γὰρ χρῆμα μοιητής ἐστι καὶ πτηνὸν καὶ ἱερόν. […] Ainsi le poëte a su cacher sous les voiles d’une fable plaisante et frivole une très-grave et très-bonne leçon.

102. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

Nous n’avons qu’à ouvrir ce poète pour y trouver un modèle de ce double mérite. […] Le poète peint ainsi le monstre qui sort de la mer : Sa croupe se recourbe en replis tortueux. […] C’est ainsi que les poètes font agir et parler l’Envie, la Renommée, les Prières, la Haine, la Mollesse, la Mort, le Temps, l’Amitié, l’Amour ; c’est ainsi que La Fontaine met en action l’Amour et la Folie. […] Quand Lamartine dit : Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance, N’ira pas de ses vœux importuner le sort ; Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance, Un asile d’un jour pour attendre la mort ; on comprend que ce langage poétique n’a qu’une justesse relative : cette lassitude de l’âme, dont parle le poète, est un sentiment un peu vague ; cet asile d’un jour est une exagération de son imagination ; mais s’il eût parlé autrement, s’il eût voulu préciser ses idées comme un mathématicien, il n’eût pas été poète. […] Le morceau suivant, de Victor Hugo, peut montrer que si ce poète emploie trop souvent l’antithèse, il en tire aussi de puissants effets.

103. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Le chancelier d’Aguesseau les a parfaitement établies61 « Le poëte, dit-il, doit faire en sorte que le commencement et le nœud de la tragédie servent comme d’ombre et de contraste à l’événement imprévu par lequel il doit achever de nous charmer ; mais il n’oublie pas que si nous aimons la surprise, nous méprisons celle dont on veut nous frapper en violant toutes les règles de la vraisemblance ; il évite donc de mettre le spectateur en droit de lui dire : Quodcumque ostendis mihi sic, incredulus odi ; il ne change point Proené en hirondelle, ni Cadmus en serpent, c’est-à-dire qu’il n’invente point un dénoûment fabuleux, et qui, suivant l’expression de Plutarque, franchisse trop audacieusement les bornes du vraisemblable. Il sait concilier le goût que les hommes ont pour l’apparence même de la vérité avec le plaisir que la surprise leur cause, et il tempère avec tant d’art le mélange de ces deux sortes de satisfaction, qu’en trompant leur attente il ne révolte point leur raison ; la révolution de la fortune de ses héros n’est ni lente ni précipitée, et le passage de l’une à l’autre situation étant surprenant sans être incroyable, il fait sur nous une impression si vive par l’opposition de ces deux états, que nous croyons presque éprouver dans nous-même une révolution semblable à celle que le poëte nous présente. » Enfin le dénoûment doit être rarement pris en dehors de l’action, et s’il en est ainsi, que l’intervention de l’agent étranger et supérieur soit toujours justifiée par la nécessité : Nec Deus intersit, nisi dignus vindice nodus. […] Le poëte avait à peindre le monde tel qu’il est ; or, dans le monde, l’astuce, l’égoïsme, l’impudence triomphent presque toujours de la bonne foi obstinée et maladroite. […] Je m’étonnerais tort qu’aucun poëte tragique n’ait encore traité ce sujet, si je n’en trouvais un motif suffisant dans ce dénoûment antidramatique.

104. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — De Laprade Né en 1812 » pp. 576-582

Victor de Laprade est entre tous le poëte de l’idéal. […] Mais je vous connais mieux, malgré votre silence : Le poëte a chez vous bien des secrets amis. […] Ces pages, vraiment patriotiques, sont de celles qui honorent un poëte, et méritent d’être proposées comme un modèle à la jeunesse française.

105. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

Abri dans la tourmente, où l’arbre du poëte Sous un ciel déjà sombre obscurément végète, Et d’où la séve monte et coule encore en moi. […] Je conçois que cette femme, nom de bonheur et lit d’ombrage, puisse encore être l’abri sous lequel végète le poëte, ou, puisque vous le préférez, l’arbre du poëte ; mais je ne conçois pas que jamais la séve puisse monter de l’abri pour couler en l’arbre, je ne conçois pas que les feuilles vertes qui refleurissent aux rameaux tombent, et tombent sur l’abri. Et qu’on ne dise pas que soumettre la poésie à un si minutieux examen, c’est glacer l’imagination, froisser les ailes du poëte entre les gros doigts de l’analyse, Et hasarder la muse à sécher de langueur. […] Le poëte, le romancier, le critique ne sont point, sans doute, des savants de profession, mais qui les oblige de parler de ce qu’ils ignorent ?

106. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XVIII. » pp. 115-116

. — Quant à l’observation qui concerne ce dernier poëte, je l’ai tradulte dans le sens d’une allusion critique à la trilogie. […] Les deux vers de ce poëte sont cités textuellement dans la Rhétorique, II, 24.

107. (1873) Principes de rhétorique française

Que fait le poëte ? […] Le poëte disparaît ; on ne voit plus que ce qu’il fait voir, on n’entend plus que ceux qu’il fait parler. […] Les critiques dont cet admirable morceau a été l’objet attestent ou l’irréflexion ou la jalousie de ceux qui les ont adressées au poëte. […] Quand on lui offrit un peu plus d’argent, le poëte s’écria : Salut, filles des cavales aux pieds ailés. […] Mais on ne peut le faire que suivant certaines conditions que l’usage, détermine et qui sont plus larges pour le poëte que pour le prosateur.

108. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

Enfin dans cette pièce de Claude Mermet (poète du xvie  siècle) : Les amis de l’heure présente Ont le naturel du melon : Il faut en essayer cinquante Avant d’en rencontrer un bon. […] On peut dire que tous nos poètes en ont fait et y ont réussi. […] Il y a autant d’espèces de chansons qu’il y a de sentiments divers qui peuvent inspirer les poètes : chansons patriotiques, guerrières, historiques, champêtres, etc. ; mais, en général, on les rattache aux trois espèces les plus nombreuses, savoir : les chansons érotiques, les bachiques, et les satiriques, autrement nommées vaudevilles. […] Cette élévation, ces transports, ce délire même, font le plaisant de ces sortes de chansons, parce qu’il semble que c’est la liqueur que le poète célèbre qui les a fait naître78.

109. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — CHAPITRE PREMIER. Du genre léger on des poésies fugitives » pp. 75-95

En France, nous n’avons guère de poètes qui n’aient fait quelques épigrammes. On estime celles de Marot, de Saint-Gelais, de Gombaut, surtout pour la naïveté ; celles des autres auteurs, comme Maynard, Racine, Boileau, Rousseau, sont dans le genre gracieux ou satirique, selon le caractère du poète ou l’occasion qui leur a donné naissance. […] Le poète y fait le plus souvent l’éloge du mort ; et il doit alors y mettre les grâces et les délicatesses du madrigal, en prenant cependant un ton plus noble et plus élevé, et en résumant d’un trait la vie et le caractère de la personne qui en est l’objet. […] Nos anciens poètes, comme Villon et Marot, n’y ont employé que les vers de dix et de huit syllabes, celui de douze étant trop grave et trop pesant pour un poème qui doit garder la naïveté du vieux temps.

110. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XIII. » pp. 104-105

Toutefois Corneille observe que « les rois sont hommes comme les auditeurs et tombent dans ces malheurs par l’emportement des passions dont les auditeurs sont capables  »; et Dacier, que « le poëte n’a pas en vue d’imiter les actions des rois, mais les actions des hommes, et que c’est nous qu’il représente. […] Sujet traité par Euripide, par Antiphon, et par Sosiphane, poëte de la pléiade tragique, contemporain d’Aristote.

111. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Le Sage, 1668-1747 » pp. 216-222

Qu’on lise l’entretien de Gil Blas avec son ami, le perruquier Fabrice Nunez, qui s’est fait poëte pour être quelque chose : « Aussitôt (c’est Gil Blas qui parle de Fabrice), il chercha parmi ses papiers un sonnet qu’il me lut d’un air emphatique. […] Il suffit que le poëte croie s’entendre. — Tu te moques de moi, interrompis-je, mon ami. […] Notons aussi ce portrait de La Bruyère : « Je le sais, Théobalde, vous êtes vieilli ; mais voudriez-vous que je crusse que vous êtes baissé, que vous n’êtes plus poëte ni bel esprit, que vous êtes aussi mauvais juge de tout genre d’ouvrage que méchant auteur, que vous n’avez plus rien de naïf et de délicat dans la conversation ?

112. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

Les poètes et philosophes de l’antiquité, surtout Sénèque et Plutarque, furent pour lui ce que seront pour Bossuet les Pères de l’Église. […] La fureur qui espoinçonne5 celuy qui la sçait penetrer, fiert encores un tiers6, à la luy ouyi traicter et reciter ; comme l’aimant non seulement attire une aiguille, mais infond7 encores en icelle sa faculté d’en attirer d’aultres : et il8 se veoid plus clairement aux theatres, que9 l’inspiration sacree des Muses, ayant premierement agité le poëte à la cholere, au dueil, à la hayne, et hors de soy10, où elles veulent, frappe encores par le poëte l’acteur, et par l’acteur consecutivement tout un peuple ; c’est l’enfileure de nos aiguilles11 suspendues l’une de l’aultre12. […] Si le poète n’est pas de premier ordre.

113. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE I. Des différentes sortes de vers. » pp. 267-270

On rencontre, chez les bons poètes, quelques vers hexamètres où le quatrième pied est un dactyle, le cinquième et le sixième sont des spondées. […] On trouve dans les meilleurs poètes quelques exceptions à cette règle.

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