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125. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre V. Du Style en général, et de ses qualités. »

La pureté du langage consiste, par exemple, à n’employer que les termes et les constructions qui appartiennent à l’idiome que l’on parle, de préférence à ceux qu’il emprunte des autres langues, ou qui ont vieilli, ou qui sont trop nouveaux encore et employés sans autorité. […] Jusqu’ici nous avons parlé du style sous les rapports de l’expression de la pensée ; nous allons le considérer maintenant relativement aux ornements dont il peut être susceptible. […] Cicéron caractérise parfaitement ces deux espèces de fautes dans le passage suivant : « La latinité consiste à parler purement, sans aucun vice dans l’élocution. […] On accourut en foule pour la peupler, et les Athéniens surtout y vinrent en grand nombre : s’étant mêlés avec les anciens habitants, ils perdirent bientôt, dans leur commerce, la pureté et la politesse de leur langage, et parlèrent comme les barbares. De là, Σολοικοι les habitants de Σολοι et σολοικειν parler un mauvais langage, d’où l’on a fait solécisme.

126. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Guizot. Né en 1787. » pp. 469-478

Vous vivez, au sein de nos écoles, dans une région élevée et sereine, où l’élite seule de l’humanité vous entoure et vous parle. […] Washington, lui dit-il ; votre modestie égale votre valeur, et cela surpasse toute la puissance de parole que je puis posséder. » Enfin, en 1774, à la veille de la grande lutte, en sortant du premier congrès formé pour la préparer, Patrick Henry, l’un des plus ardents républicains de l’Amérique, répondait à ceux qui lui demandaient quel était le premier homme du congrès : « Si vous parlez d’éloquence, M. Rutledge, de la Caroline du Sud, est le plus grand orateur ; mais si vous parlez de solide connaissance des choses et de jugement sain, le colonel Washington est incontestablement le plus grand homme de l’assemblée. » (M. […] Victor Hugo parle ainsi de l’Histoire : Muse, il n’est point de temps que tes regards n’embrassent ; Tu suis dans l’avenir leur cercle solennel ; Car les jours et les ans, et les siècles ne tracent Qu’un sillon passager dans le fleuve éternel. […] On n’est bien jugé que par ses pairs. — C’est aux orateurs à parler de l’éloquence et de ses maîtres.

127. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Non, sans doute, il n’en est point : l’exemple de ces grands hommes, dont je viens de parler, en est la preuve. […] Si l’Orateur parle de lui-même, il prendra un ton modeste, et paraîtra même se méfier de son talent. […] Cicéron allait parler : Catilina entre. […] Il use de menaces ; il parle dit-on, d’un ton fier et arrogant. […] Elle comprend les figures, le style et ses différentes espèces, dont j’ai déjà parlé.

128. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Jour et nuit, grêle, vent, péril, chaleur, froidure, Dès qu’ils parlent, il faut voler. […] s’il faut parler de gens extravagants, Je viens d’en essuyer un des plus fatigants ; Damon, le raisonneur, qui m’a, ne vous déplaise, Une heure, au grand soleil, tenu hors de ma chaise. […] C’est à vous que je parle, ma sœur : Le moindre solécisme en parlant vous irrite ; Mais vous en faites, vous, d’étranges en conduite. […] On cherche ce qu’il dit après qu’il a parlé ; Et je lui crois, pour moi, le timbre un peu fêlé1. […] On est toujours ridicule quand on se prévaut de ses avantages, surtout lorsqu’on parle de son esprit ou de sa beauté.

129. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

encore faut-il lui parler. […] Cet homme parlait bas, d’un ton doux et ne s’emportait jamais. […] Il était bien naturel que Delille, devenu aveugle et pauvre, parlât de ses infortunes. […] Mais avançons pour lui parler. […] Parle, je suis prêt à t’entendre.    

130. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Pascal, 1622-1662 » pp. 44-51

Il y fixe la langue que parleront les maîtres. […] L’éloquence est un art de dire les choses de telle façon que ceux à qui l’on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir, ou qu’ils s’y sentent intéressés, en sorte que l’amour-propre les porte plus volontiers à y faire réflexion. Elle consiste donc dans une correspondance qu’on tâche d’établir entre l’esprit et le cœur de ceux à qui l’on parle d’un côté, et de l’autre les pensées et les expressions dont on se sert ; ce qui suppose qu’on aura bien étudié le cœur de l’homme pour en savoir tous les ressorts, et pour trouver ensuite les justes proportions du discours qu’on veut y assortir. […] « Je disais à quelqu’un fort savant qu’il parlait en auteur : — Eh ! […] — Vous ne l’êtes que trop, repris-je, et vous feriez beaucoup mieux de parler en galant homme. » (Méré.

131. (1839) Manuel pratique de rhétorique

L’orateur peut avoir à parler dans trois genres différents. […] Pendant qu’il me parlait, ô surprise ! […] fille de David vous parlez à ce traître ! Vous souffrez qu’il vous parle ? […] Et il en coûta un plat d’or au monarque pour avoir parlé par métonymie.

132. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Je me gronde bien de ma paresse, mon cher et aimable ami ; mais j’ai été si indignement occupé de prose depuis deux mois, que j’osais à peine vous parler de vers. […] Elle avait été composée pour être mise à la tête de ce poëme, que cet illustre souverain, dont il est parlé, voulait faire graver. […] Parlez-lui des simples vertus de nos aïeux, des désordres où nous ont jetés le luxe et le goût des frivolités, il vous dévisagera. […] de la Motte, qui écrivait bien en prose, ne parlait plus français quand il faisait des vers. […] On se contentait à Berlin de lever les épaules, car le roi ayant pris parti dans cette malheureuse affaire, personne n’osait parler ; je fus le seul qui élevai la voix.

133. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

Il n’y eut pas un seul être qui ne parlât, pour s’unir à l’hommage que l’homme rendait à Dieu. […] On a dit : Je chante, et on n’a point chanté ; on a parlé des accords de la lyre, et on n’avait point de lyre. […] Mais dans le genre lyrique, c’est le poète lui-même qui s’annonce et qui va chanter, le poète inspiré par les muses, et qui doit en parler le plus riche et le plus magnifique langage. […] Moïse, dans l’Écriture, fait dire à Dieu irrité : « J’ai parlé, Dixi. […] Les deux pensées du poète sacré sont : J’ai parlé, où sont-ils ?

134. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

Dans ces glorieuses pages de notre histoire, il a toujours l’à-propos grandiose, le ton du commandement suprême, l’accent d’une volonté impérieuse qui ne parle que pour agir. […] Oui, madame, vous pleurerez avec eux, vous élèverez leur enfance, cultiverez leur jeunesse ; vous leur parlerez de leur père, de votre douleur, de la perte qu’ils ont faite, de celle qu’a faite la République. […] Napoléon avait ainsi parlé à ses soldats la veille de la bataille d’Austerlitz : « Soldats, l’armée russe se présente devant vous pour venger l’armée autrichienne d’Ulm. […] On voit bien que ce n’est pas la crainte qui parle. […] Parlez-nous de lui, grand’mère ;   Parlez-nous de lui.

135. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

En vérité, il est des préceptes si simples qu’il semble qu’en les formulant on passe les bornes do la naïveté, et pourtant faut-il bien les énoncer ; celui-ci est du nombre, qui résume toutes les règles sur la manière de terminer un écrit : Parlez tant qu’il y a quelque chose d’utile à dire ; dès qu’il n’y a plus rien à dire, ne parlez plus. […] Dans celle-ci, c’est la péroraison suppliante, commiseratio ; il termine par le tableau le plus pathétique des douleurs de son client, d’autant plus habile ici, que, connaissant la fierté du caractère de Milon, il prend pour lui-même ce rôle de suppliant que dédaignait l’accusé ; et après lui avoir ainsi concilié l’intérêt de ses juges, s’il le fait parler, les paroles qu’il lui prète ne sont plus empreintes que d’une dignité affectueuse et d’une touchante fermeté. […] Courbé, comme je le suis, par la main de la douleur, je suis peu capable d’assister mon pays dans cette périlleuse conjoncture ; mais, milords, tant que je garderai le sentiment et la mémoire, je ne consentirai jamais à priver la royale postérité de la maison de Brunswick et les descendants de la princesse Sophie de leur plus bel héritage. » N’est-ce pas dans l’intervention personnelle de l’orateur que consiste en grande partie le triomphe de Bossuet, dans la péroraison de l’Oraison funèbre de Condé, « lorsqu’après avoir mis Coudé au cercueil, comme parle Chateaubriand, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsqu’en s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe, et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité ?  […] C’est sans doute d’après ces motifs que l’abbé Maury ne permet point de terminer les discours prononcés du haut de la chaire par ces résumés, ces récapitulations plus convenables en effet aux œuvres qui s’adresent à l’esprit et à la raison qu’à celles qui en même temps parlent au cœur. […] La nature du drame ne comporte point l’action du hasard, ou, pour parler autrement, l’Intervention immédiate de la Providence.

136. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre second. De la disposition. »

Nous avons parlé déjà des pensées intrinsèques et extrinsèques. […] Si dans le portrait d’un homme bon par excellence vous parlez de la méfiance, variété de caractère qui modifie la bonté, vous détruisez l’harmonie. […] Nous en parlerons en traitant du style. […] L’exorde est simple, quand l’orateur, n’ayant pas de préventions à détruire, parle à un auditoire favorablement disposé à recevoir ses avis. […] On doit prendre garde dans l’exorde 1° de se servir de pensées peu saillantes et dépourvues de mœurs ; 2° de dire des choses inutiles qui font perdre le temps ; 3° de parler de choses étrangères au sujet ou à la situation.

137. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Dussaut a quelquefois admiré ; qui compte un grand nombre de partisans, mais dont tout le monde parle en souriant, excepté moi ; M. […] Maillet enfin, dont je vous ai parlé plusieurs fois, mais dont le nom peut-être vous sera nouveau, parce que la fatalité qui le poursuit, sans qu’il s’en doute, vous aura sûrement rendu sourd ; M. […] Je voudrais avoir un tombeau où ils pussent venir en troupe, dans un beau temps, dans un beau jour, pour parler ensemble de moi, avec quelque tristesse, s’ils voulaient, mais avec une tristesse douce, et qui n’exclût pas toute joie. […] Bossuet dans ses citations avait l’air de parler en son nom : il lisait les textes sacrés dans la mémoire de son cœur, dans sa conscience. […] Ce philosophe en parle bien à son aise.

138. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Nicole. (1625-1695.) » pp. 40-47

Cependant il n’a point donné charge à ses apôtres ni de combattre les erreurs des hommes dans la physique, ni de leur apprendre à bien parler, ni de les désabuser d’une infinité d’erreurs de fait dont leurs histoires étaient remplies. […] Le premier est l’ascendant, c’est-à-dire une manière impérieuse de dire ses sentiments, que peu de gens peuvent souffrir, tant parce qu’elle représente l’image d’une âme fière et hautaine, dont on a naturellement de l’aversion, que parce qu’il semble que l’on veuille dominer sur les esprits et s’en rendre le maître… C’est encore un fort grand défaut que de parler d’un air décisif, comme si ce qu’on dit ne pouvait être raisonnablement contesté ; car l’on choque ceux à qui l’on parle de cet air, ou en leur faisant sentir qu’ils contestent une chose indubitable, ou en faisant paraître qu’on leur veut ôter la liberté de l’examiner et d’en juger par leur propre lumière1, ce qui leur paraît une domination injuste. […] Tout ce que ces personnes gagnent donc par là est que l’on s’applique encore plus qu’on ne ferait aux raisons de douter de ce qu’ils disent, parce que cette manière de parler excite un désir secret de les contredire et de trouver que ce qu’ils proposent avec tant d’assurance n’est pas certain, ou ne l’est pas au point qu’ils se l’imaginent. […] Cette merveille rappelle le souvenir d’un objet semblable dont parle Mme de Sévigné dans une de ses lettres à Mme de Grignan (4 décembre 1673) : « On disait l’autre jour à M. le Dauphin qu’il y avait un homme à Paris qui avait fait pour chef-d’œuvre un petit chariot traîné par des puces.

139. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre VI. D’Aguesseau et Séguier. »

» On ne séparait point autrefois deux sciences qui, par leur nature, sont inséparables : le philosophe et l’orateur possédaient en commun l’empire de la sagesse ; ils entretenaient un heureux commerce, une parfaite intelligence entre l’art de bien penser et celui de bien parler ; et l’on n’avait pas encore imaginé cette distinction injurieuse aux orateurs, ce divorce funeste à l’éloquence, des expressions et du sentiment, de l’orateur et du philosophe ». […] Le voici : « Livrés, dès notre enfance, aux préjugés de l’éducation et de la coutume, le désir d’une fausse gloire nous empêche de parvenir à la véritable ; et, par une ambition qui se précipite en voulant s’élever, on veut agir avant que d’avoir appris à se conduire, juger avant que d’avoir connu ; et, si nous osons même le dire, parler avant que d’avoir pensé ». Dans un autre discours sur la décadence du barreau, il parle des vices de style qui défiguraient alors l’éloquence, et trace, à ce sujet, les règles du goût le plus sur, et de la critique la plus exercée. […] C’est à d’Aguesseau qu’il appartenait de parler de la grandeur d’âme, et de tracer le portrait du véritable magistrat.

140. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Racine, 1639-1699 » pp. 150-154

Il lui fallait parler à une société polie son propre langage, et lui plaire par le discernement des convenances. […] Parmi tout cela, une magnificence d’expression proportionnée aux maîtres du monde qu’il fait souvent parler ; capable néanmoins de s’abaisser quand il veut, et de descendre jusqu’aux plus simples naïvetés du comique, où il est encore inimitable ; enfin, ce qui lui est surtout particulier, une certaine force, une certaine élévation, qui surprend, enlève, et qui rend jusqu’à ses défauts, si on lui en peut trouver quelques-uns, beaucoup plus estimables que les vertus des autres : personnage véritablement né pour la gloire de son pays ; comparable, je ne dis pas à tout ce que l’ancienne Rome a eu d’excellents tragiques, puisqu’elle confesse elle-même qu’en ce genre elle n’a pas été fort heureuse, mais aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide, dont la fameuse Athènes ne s’honore pas moins que des Thémistocle, des Périclès, des Alcibiade, qui vivaient en même temps qu’eux. […] Ainsi, lorsque dans les âges suivants on parlera avec étonnement des victoires prodigieuses et de toutes les grandes choses qui rendront notre siècle l’admiration de tous les siècles à venir, Corneille, n’en doutons point, Corneille tiendra sa place dans toutes ces merveilles. […] Parlez-moi aussi un peu de vos sœurs, que vous me ferez plaisir d’embrasser pour moi.

141. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Il y en a que l’Écrivain, soit en prose, soit en vers, emploie avec art, pour porter plus surement la lumière dans notre esprit ; pour faire parler la raison avec plus de force et de justesse ; pour présenter une vérité sous le jour le plus favorable et le plus lumineux : celles-là sont les plus convenables à la preuve. […] Tel est cet endroit de la troisième Philippique de Démosthène : « Je ne parlerai ni de vos animosités domestiques, ni de l’agrandissement de Philippea…. […] Parle, qu’aurais-tu fait ? […] C’est Télémaque qui parle. […] C’est Rhadamisthe lui-même qui parle : Et que sais-je, Hiéron ?

142. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IX. De quelques autres figures qui appartiennent plus particulièrement à l’éloquence oratoire. »

La communication, dont le nom seul indique l’objet et désigne les fonctions dans le discours, se propose de tirer, des principes mêmes de ceux à qui l’on parle, l’aveu des vérités que l’on veut établir contre eux. […] Ne louons en lui que les dons de Dieu, et déplorons les fragilités de l’homme ; n’excusons pas ce qu’il a condamné, et dans le temps que l’église offre ici la victime de propitiation, et que ses chants lugubres demandent au Seigneur qu’il le purifie des infirmités attachées à la nature, ne craignons pas de parler comme elle prie, et d’avouer qu’il en a été capable. […] Je vous représenterois ce fidèle sujet marchant sur les traces de son maître, qui étaient des pas de géant, et le surpassant par la nouvelle ardeur que lui inspirait l’exemple de ce monarque ; vous le verriez dans un corps usé de travaux, rallumant tout le feu de ses premières années, combattre à la tête de nos troupes, défaire les trois formidables armées de l’Empereur, de l’Espagne et de la Hollande ; partout s’immolant et se sacrifiant ; mais partout triomphant, et remplissant la mesure de cette glorieuse réputation qu’il faisait à la France Mais un objet plus intéressant m’oblige de me taire sur ses triomphes profanes, pour ne parler que de ses victoires sacrées ». […] Mais, sans parler des divines consolations que Dieu prépare ici-bas même à ceux qui l’aiment ; sans parler de cette paix intérieure, fruit de la bonne conscience, qu’on peut appeler en même temps et un avant-goût, et le gage de la félicité qui est reservée dans le ciel aux âmes fidèles ; sans vous dire, avec l’apôtre, que tout ce qu’on peut souffrir sur la terre n’est pas digne d’être comparé avec la récompense qui vous attend : si vous étiez de bonne foi, et que vous voulussiez nous exposer ici naïvement tous les désagréments qui accompagnent la vie du siècle, que ne diriez-vous pas, et que ne dit-on pas tous les jours là-dessus, dans le siècle » ?

143. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre IV. »

Pour bien déterminer l’objet dont on parle, il faut le définir. […] Une opposition, une différence fait souvent mieux ressortir l’objet dont on parle ; en disant ce qu’une chose n’est pas, on fait comprendre ce qu’elle est : c’est en cela que consistent les contraires. […] L’éducation seule peut nous donner ce tact exquis de parler et d’écrire toujours comme il convient. […] Les bienséances dont nous venons de parler concernent principalement l’écrivain. […] L’art de raisonner se nomme dialectique ; il fait partie de cette division de la philosophie qu’on nomme logique, qui a pour but d’apprendre à penser et à parler avec justesse.

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