Osez-vous recourir à ces ruses grossières ? […] Je vous trouve plaisant d’user d’un tel empire, Et de me dire au nez ce que vous m’osez dire. […] C’est Chrisale qui parle : ce personnage, qui, comme on vient de le voir, est d’un caractère pusillanime, adresse à sa sœur ce qu’il n’ose dire en face à sa femme. […] Molière fut, si on ose le dire, un législateur des bienséances du monde. […] N’osez-vous, sans rougir, être père un moment ?
qu’oses-tu souhaiter ? […] mon père3, son crime à peine est pardonnable ; Mais s’il est insensé, vous êtes raisonnable : La nature est trop forte, et ses aimables traits Imprimés dans le sang ne s’effacent jamais ; Un père est toujours père, et sur cette assurance J’ose appuyer encore un reste d’espérance. […] Voyez l’aveugle erreur que vous osez défendre : Des crimes les plus noirs vous souillez tous vos dieux, Vous n’en punissez point qui n’ait son maître aux cieux ; La prostitution, l’adultère, l’incestee, Le vol, l’assassinat, et tout ce qu’on déteste, C’est l’exemple qu’à suivre offrent vos immortels.
Il cite comme exemple de paraphrase les vers d’Iphigénie : Ce destructeur fatal des tristes Lesbiens, Cet Achille, l’auteur de tes maux et des miens, Dont la sanglante main m’enleva prisonnière, Qui m’arracha d’un coup ma naissance et ton père, De qui jusques au nom tout doit m’être odieux, Est de tous les mortels le plus cher à mes yeux ; et comme exemple d’épiphrase les deux derniers vers de ce passage de Phèdre : Et puisse ton supplice à jamais effrayer Tous ceux qui, comme toi, par de lâches adresses, Des princes malheureux nourrissent les faiblesses, Les poussent au penchant où leur cœur est enclin, Et leur osent du crime aplanir le chemin, Détestables flatteurs, présent le plus funeste Que puisse faire aux rois la colère céleste ! […] « Et cela est fondé en raison, dit Vaugelas, parce que, lorsque nous voulons bien assurer et affirmer une chose, il ne suffit pas de dire simplement, je l’ai vu, je l’ai oui, puisque bien souvent il nous semble avoir vu et oui des choses que, si l’on nous pressait d’en dire la vérité, nous n’oserions assurer.
Vous êtes contraire à vous-même ; un fantôme de vertu vous rend ombrageux, et vous me faites bien sentir la vérité de ce qu’on dit, qu’il faut une âme forte pour oser faire les grands crimes. […] Il est vrai, Ménas ; je ne suis ni assez bon pour ne pas vouloir profiter d’un crime, ni assez méchant pour oser le commettre moi-même.
Lui-même ne se présentait que sous un aspect formidable, l’orgueil sur le front, la fureur dans les yeux, la pâleur d’une femme sur tout son corps : personne n’osait l’aborder, ni percer les ténèbres où il se retranchait. — Cependant dans ces mêmes murailles, dont il s’était fait un rempart, il enferme avec lui la vengeance et la mort ; et le dieu qui punit le crime l’y poursuivit et l’y atteignit enfin ».
L’avenir, sire, peut être prévu, réglé par de bonnes lois : qui oserait encore manquer à son devoir quand le prince fait si dignement le sien ?
Mais entre Homère et Virgile, Démosthène et Cicéron, Corneille et Racine, qui oserait se faire juge en fait de mérite littéraire ?
Voltaire 1694-1778 [Notice] Habile, adroit, remuant, infatigable, s’occupant de tout à la fois, mêlant les plaisirs aux affaires, homme de cour et homme de lettres, favori de Madame de Pompadour et roi des philosophes, fla teur des souverains qu’il encensa pour assurer l’impunité à ses hardiesses, ennemi des abus plus que des vices, prêt à tout oser contre les préjugés, mais ne sachant respecter ni la religion ni les mœurs, Voltaire n’eut jamais le temps de se recueillir, et risqua de propager les réformes par la licence, ou de corrompre les esprits en voulant les affranchir. […] Du duc de Broglie5 osez suivre les pas : Sage en projets, et vif dans les combats Il a transmis sa valeur aux soldats ; Il va venger les malheurs de la France.
Oserez-vous accuser autrui au risque de vous condamner vous-même ? […] Mais cette dernière construction est lourde ; et nous avons osé dire, sans respect pour la règle : Est-il sur la pelouse ? […] Le geste est l'expression des idées par les mouvements naturels du corps ; il développe la pensée, il dit ce que l'orateur n'oserait exprimer. […] Dans nos jardins que tes couleurs Pour nous charmer osent paraître : Tu vis au loin ; près de nos fleurs Tu crains de t'éclipser, peut-être ? […] Invisible torrent des siècles et des jours, Tandis que ton pouvoir m'entraîne dans la tombe, J'ose, avant que j'y tombe, M'arrêter un moment pour contempler ton cours.
oseras-tu bien tuer Caius Marius !
Je n’ose pas croire ici que ma traduction donne le seul sens convenable.
Citons comme curiosité quatre vers du comte de Maistre sur Descartes ; ils figuraient sur l’album de Mme Swetchine : « Esclave dans les murs du cloître et de l’école, La raison n’osait rien ; je vins briser ses fers.
Vous, lourdement barbarisans Qui, j’allions, je venions distes, N’estes vous pas de bien grans fous De dire chouse, au lieu de chose, De dire j’ouse, au lieu de j’ose ? […] Il se suffisait à lui-même ; il jouait le rôle de sujet et de complément, avec le sens de cela ; d’où ces tournures lestes : « Pour se faire… Surce, partit l’ost (armée)… Ce non obstant (hoc non obstante), il advint… » Qui donc oserait préférer à cette dernière façon de dire notre lourd quoi qu’il en soit ? […] Tout ce qu’il autorisait, elle finit par l’oser, en dépit des injonctions qui prétendirent le défendre.
C’est un petit mérite sans doute ; quel qu’il soit, nous osons croire qu’on n’hésitera pas à le reconnaître dans le nouveau volume que nous ajoutons à notre Cours de langue française.
Les anciens ne comptaient que mille vingt-deux étoiles ; mais personne aujourd’hui n’ose les compter. […] Notre imagination se perd dans ces espaces immenses que nous n’oserions limiter, et que nous craignons de laisser sans bornes. […] Il marche doucement et légèrement, il semble craindre de fouler la terre ; il marche les yeux baissés, et il n’ose les lever sur ceux qui passent. […] comment le fils de Jupiter ose-t-il faire quelque faute921 ? […] Il souffrait rarement qu’on lui parlât, et jamais qu’on l’osât contredire… Il ne respirait que la fausse gloire et les faux plaisirs.
Et véritablement il ne s’était point imaginé que le duc de Mayenne dût amener toute son armée au secours de Rouen, ni que, s’il le voyait faire retraite, il osât passer la rivière pour l’aller chercher : il croyait même, faute d’être bien informé, son armée beaucoup plus faible et bien moins prête à marcher qu’elle n’était.
Cette fenêtre était la tienne, Hirondelle, qui vins loger Bien des printemps dans ma persienne, Où je n’osais te déranger2.
Ainsi Racine a fait une faute, en disant dans sa tragédie de Mithridate ; qui sait si ce roi N’accuse point le ciel qui le laisse outrager, Et des indignes fils qui n’osent le venger. […] Ainsi Racine a fort bien dit : Faites qu’en ce moment je lui puisse annoncer, Un bonheur où peut-être il n’ose plus penser. […] Boileau ne s’est pas non plus exprimé correctement lorsqu’il dit que celui qui inventa les lois rigoureuses du sonnet, Défendit qu’un vers faible y pût jamais entrer, Ni qu’un mot déjà mis osât s’y remontrer. […] On les supprime avec élégance après les verbes cesser, oser, et pouvoir : = il n’a cessé de gronder : = on n’ose l’aborder : = je ne puis me taire.
La Calprenède, en copiant, dans ses romans, toutes les formes usitées par les poètes épiques, n’osa pourtant pas croire qu’il pût trouver place dans un ordre aussi élevé.