On l’eût chassée avec justice de la république de Sparte et des autres États bien policés ; et il ne la faudrait estimer guère davantage que l’art qui enseigne à faire les confitures, et a pour objet le plaisir du goût, ou celui qui flatte un autre sens, et travaille à la composition des parfums2.
Car ils présentaient l’idée abstraite comme personne agissante ou objet animé ; et d’ailleurs les mots glissaient plus doucement quand ils étaient affranchis des ces le, la, les dont nos phrases sont maintenant comme saupoudrées. […] A ce titre, les écrivains du xvie siècle méritaient, entre tous, d’être l’objet de nos études ; car, si le jour est venu où il est urgent de renouveler une séve qui menace de s’épuiser, le remède le plus efficace sera de recourir, non pas aux Beauzée, aux Dumarsais et aux Vaugelas, mais à ces maîtres qu’on pourrait appeler les pères de notre langue.
Walckenaer : « Seul il eût suffi à la gloire de cet écrivain, et il a donné seul la mesure de la force et de la grandeur de son génie. » Voici en quels termes Rivarol, ce grand improvisateur, a parlé aussi de Montesquieu (voy. la Revue des deux mondes, 1er juin 1849) : « Son regard d’aigle pénètre à fond les objets, et les traverse en y jetant la lumière.
Nul ne prend plus d’intérêt que lui à tout ce qu’il raconte ; et la race humaine n’est pas le seul objet sur lequel il épanche le riche fonds de sa bienveillance : les animaux sont pour lui des hôtes de cette terre, auxquels il n’est pas étranger.
Ce privilége est devenu un objet important dans Amsterdam, et la plupart des gazettes des Provinces-Unies sont encore un revenu pour plusieurs familles de magistrats, qui payent les écrivains. » D’après Ménage et Ferrari le mot gazette vient du vénitien gazetta, nom d’une petite monnaie que coûtait le papier-nouvelle qu’on vendait à Venise. […] Voltaire a dit de l’Académie : « Elle est l’objet secret des vœux de tous les gens de lettres ; ils font contre elle des chansons et des épigrammes jusqu’à ce qu’ils aient obtenu ses faveurs, et ils la négligent dès qu’ils en ont la possession. » Ailleurs il écrit : « Les académies sont aux universités ce que l’âge mûr est à l’enfance, ce que l’art de bien parler est à la grammaire, ce que la politesse est aux premières leçons de la civilité. » 1.
Sans entrer dans ces détails, pour lesquels l’étude des modèles et six mois de pratique valent mieux que vingt pages de préceptes, je dirai : La péroraison, comme l’exorde, peut se tirer parfois des objets inanimés dont la vue frappera souvent l’âme du spectateur plus vivement que toutes les paroles : c’est Manlius montrant le Capitole du haut duquel son bras précipita les Gaulois, ou Mirabeau, la fenêtre d’où l’exécrable Charles IX tira sur ses sujets ; c’est l’orateur grec levant le voile de Phryné, ou Marc-Antoine comptant les marques du poignard des conjurés.
Quand il ne s’embellit pas en dérobant des nuances aux objets qui l’approchent, il s’embellit par le contraste. » Voilà une image sensible des comparaisons et des antithèses.
Comme donc elle se sent piquée d’un certain appétit qui la rend affamée de quelque bien hors de soi, elle se jette avec avidité sur l’objet des choses créées qui se présentent à elle, espérant s’en rassasier ; mais ce sont viandes creuses, qui ne sont pas assez fortes et n’ont pas assez de corps pour la sustenter ; au contraire, la retirant de Dieu, qui est sa véritable et solide nourriture, ils la jettent insensiblement dans une extrême nécessité et dans une famine désespérée. »
La plupart ont leurs moments et, pour ainsi dire, leurs échappées d’éloquence : c’est quand ils sont assez frappés d’un objet pour pouvoir communiquer aux autres l’impression qu’ils ressentent.
Avertissement Le présent recueil de Morceaux choisis des poètes classiques français a été composé sur le même plan que le recueil de Morceaux choisis des prosateurs classiques français qui l’a précédé. Il serait inutile de reproduire en tête du second les explications préliminaires que contenait l’Avertissement du premier. Il nous suffira de rappeler que, si nous avons réduit le nombre des passages empruntés aux maîtres de la poésie française du xviie siècle, qui sembleraient devoir occuper de droit la plus grande place dans un recueil classique, c’est que les nouveaux programmes leur ont précisément fait dans renseignement des classes une place plus étendue que les programmes antérieurs. Molière n’est plus restreint au Misanthrope, Corneille à quatre, Racine à trois de ses tragédies ; le cadre étroit du théâtre dit classique a été élargi, ou plutôt supprimé ; plusieurs comédies de Molière sont mises entre les mains des élèves de troisième, de seconde et de rhétorique ; plusieurs des tragédies de Corneille et de Racine sont dans les deux premières classes, leur théâtre complet est ouvert aux élèves de la dernière. Les douze livres des Fables de La Fontaine sont sous leurs yeux en seconde et en rhétorique.
Vous pressentez, par exemple, que le dialogue narratif ou dramatique doit, ainsi que le drame et la narration elle-même, avoir un objet, tendre à un but, aller au fait.
» évidemment, il n’a rien écoute, il a répondu à sa pensée qui s’occupait d’un tout autre objet.
Si pourtant l’objet de notre étude ce jour-là, et en quelque sorte de notre dévotion, est un de ces morts fameux et si rares dont la parole remplit les temps, l’effet ne saurait être ce que nous disons : l’autel alors nous apparaît trop lumineux ; il s’en échappe incessamment un puissant éclat qui chasse bien loin la langueur des regrets et ne rappelle que des idées de durée et de vie.
Le style est gracieux, quand il est rempli de pensées délicates et de descriptions riantes ; élégant, lorsque les expressions sont bien choisies et bien arrangées ; varié, lorsqu’il se fait remarquer par la multiplicité des tours et des ornements ; brillant et fleuri, lorsqu’il éclate en images ; nombreux, quand il flatte agréablement l’oreille par l’heureux arrangement et par l’harmonie des expressions ; pittoresque, lorsqu’il représente vivement les objets. […] Cependant il est un mérite qu’il faut reconnaître aux auteurs qui ont aimé à parcourir cette route folle et légère : c’est qu’au milieu de leurs excentricités, sous l’enveloppe transparente du burlesque, il n’est pas impossible de découvrir un fonds réel d’esprit, et une sorte de philosophie souvent raisonnable, et, en dernier lieu, de faire voir que tous les objets ont deux faces, que nous pouvons les envisager premièrement sous un côté sérieux et noble ; deuxièmement sous un côté ridicule et comique.
Qu’enfin le jeune écrivain soit surtout bien convaincu que, dans la période, comme dans le style coupé, l’objet essentiel de l’harmonie est de faire accorder le son avec le sens des paroles83.
À propos de ces grands objets qui doivent porter à Dieu, vous vous trouvez embarrassé dans votre religion par ce qui se passe à Rome et au conclave ; mon pauvre cousin, vous vous méprenez.
En donnant à l’homme peu d’influence sur son propre bonheur, et des moyens sans nombre de se perfectionner, l’intention du Créateur n’a pas été sans doute que l’objet de notre vie fût un but presque impossible.
Les peuples approuveront assurément la résolution que je prends, lorsqu’ils reconnaîtront en toi un prince digne d’avoir été le premier l’objet d’une telle détermination. […] Quel homme pourrait désirer les fonctions publiques, exposé, s’il est malheureux, à être appelé en justice, et s’il est heureux, à être l’objet de l’envie ? […] Si les conseils que je viens vous offrir avaient pour objet la conservation des Athéniens, assurément au souvenir des désastres qu’ils ont causés à ma patrie, au souvenir de mes infortunes personnelles, je me répandrais contre eux en amères invectives ; mais comme il est question de la pitié applicable à des malheureux trahis par la fortune, de l’intérêt public, de la gloire de Syracuse, je donnerai mon avis devant vous, sans détour, sans arrière-pensée. » Traduit de Diodore de Sicile, historien grec, qui vivait à Rome, au siècle d’Auguste. […] C’est que tout ce qui a été l’objet d’une contestation entre nous appartienne au peuple romain, à savoir la Sicile, la Sardaigne, l’Espagne : qu’à propos de ces contrées, Carthage ne fasse jamais la guerre à Rome : de même, toutes les îles situées entre l’Italie et l’Afrique seront la propriété des Romains.
Je plains tout être faible, aveugle en sa manie, Qui dans un seul objet confina son génie, Et qui, de son idole adorateur charmé, Veut immoler le reste au dieu qu’il s’est formé.