ni la garde qui veille, la nuit, sur le Mont-Palatin, ni les sentinelles distribuées dans la ville, ni l’effroi du peuple, ni le concours de tous les gens de bien, ni cette enceinte si redoutable où siège le sénat, ni ces regards, ces yeux n’ont pu t’émouvoir ? […] Ce que tu as fait la nuit dernière, la nuit précédente, le lieu où tu t’es trouvé, ceux que tu y as convoqués, la résolution que tu y as prise, penses-tu qu’un seul de nous l’ignore ? […] Les nuages, la nuit, l’éclair, la foudre forment son cortège. […] Fuyons dans la nuit infernale. […] ô nuit effroyable !
Ta nuit dernière et la précédente, le lieu de la réunion, ceux qui la composaient, les projets qu’on y a formés, crois-tu que personne ici les ignore ? […] La description n’est guère qu’un moyen accessoire, par conséquent tout ce qui en elle ne sert pas, nuit et déplaît. […] ô nuit effroyable ! […] Et la nuit lui survient par les portes du jour. […] Toute figure qui manque de naturel nuit plus qu’elle ne sert à l’effet.
Amyot 1513-1593 [Notice] Né à Melun, de parents très-pauvres, qui, chaque semaine, lui envoyaient son pain au collége de Montaigu, où il fut réduit à servir de domestique à de riches écoliers, et à travailler, dit-on, la nuit, à la lueur de charbons embrasés, Amyot devint maître ès-arts à l’âge de dix-neuf ans, et dut à la protection de Jacques Colin, lecteur du roi, une chaire de grec à l’université de Bourges. […] Trop parler nuit Les autres passions et maladies de l’ame, comme l’avarice, l’ambition ont à tout le moins aucunefois1 jouissance de ce qu’elles desirent, mais c’est ce qui plus tourmente ces grands babillards, qu’ils cherchent par tout qui les veuille ouir, et n’en2 peuvent trouver : car soit ou que lon devise assis3, ou que lon se promene en compagnie, chascun s’enfuit grand’erre4 si tost que lon voit approcher quelqu’un de ces grands causeurs : vous diriez proprement que lon a sonné la retraite, si viste chascun se retire5… de maniere que les pieds font la bien besoing, comme disoit Archilochus6, ou plus tost7 le sage Aristote8, lequel respondit à un tel9 importun causeur qui le faschoit10 et luy rompoit la teste, en luy faisant des plus estranges11 contes du monde, et luy repetoit souvent. « Mais n’est-ce pas une merveilleuse chose, Aristote ?
Car, à la verité, si ie compare tout le reste de ma vie, quoyqu’avecque la grace de Dieu je l’aye passee doulce, aysee,et, sauf la perte d’un tel amy, exempte d’affliction poisante, pleine de tranquillité d’esprit ; si ie la compare, dis-ie, toute, aux quatre années qu’il m’a esté donné de jouyr de la doulce compaignie et societé de ce personnage, ce n’est que fumee, ce n’est qu’une nuit obscure et ennuyeuse. […] Or par ce que ledit four avoit si fort chauffé l’espace de six jours et nuits, le mortier et la brique dudit four s’estoient liquefiés et vitrifiés de telle sorte, qu’en desmaçonnant j’eus les doigts coupez et incisez en tant d’endroits, que je fus contraint manger mon potage ayant les doigts enveloppez de drapeau203. […] J’ay esté plusieurs annees que n’ayant rien de quoy faire couvrir mes fourneaux, j’estois toutes les nuits à la mercy des pluyes et vents, sans avoir aucun secours, aide ny consolation, sinon des chatshuants qui chantoyent d’un costé et les chiens qui hurloyent de l’autre ; parfois il se levoit des vents et tempestes qui souffloyent de telle sorte le dessus et le dessouz de mes fourneaux, que j’estois contraint quitter là tout, avec perte de mon labeur ; et me suis trouvé plusieurs fois qu’ayant tout quitté, n’ayant rien de sec sur moy, à cause des pluyes qui estoyent tombees, je m’en allois coucher à la minuit ou au point du jour, accoustré de telle sorte comme un homme que l’on auroit trahie par tous les bourbiers de la ville ; et en m’en allant ainsi retirer, j’aliois bricollant sans chandelle, et tombant d’un costé et d’autre, comme un homme qui seroit yvre de vin, rempli de grandes tristesses : d’autant qu’aprés avoir longuement travaillé, je voyois mon labeur perdu. […] Pellisson lut deux fois en une nuit ses Mémoires, et goûta cette négligence molle et légère qui allonge et enchevêtre quelque peu la phrase d’incises à la manière latine (elle savait et parlait le latin) et de parenthèses s’arrêtant où elles peuvent, mais qui la relève toujours par une saillie de l’esprit ou du cœur. […] Quand vous aurez vu le Tibre, au bord duquel les Romains ont fait l’apprentissage de leurs victoires et commencé ce long dessein qu’ils n’achevèrent qu’aux extrémités de la terre ; quand vous serez monté au Capitole, où ils croyoient que Dieu étoit aussi présent que dans le ciel, et qu’il avoit enfermé le destin de la monarchie universelle : après que vous aurez passé au travers de ce grand espace qui étoit dédié aux plaisirs du peuple et où le sang des martyrs a été souvent mêlé avec celui des criminels et des bêtes296 ; je ne doute point qu’après avoir encore regardé beaucoup d’autres choses, vous ne vous lassiez à la fin du repos et de la tranquillité de Rome, qui sont deux choses beaucoup plus propres à la nuit et aux cimetières qu’à la Cour et à la lumière du monde… Il est besoin pour une infinité de considérations importantes, que vous soyez au premier conclave et que vous vous trouviez à cette guerre, qui ne laissera pas d’être grande pour être composée de personnes désarmées et pour ne faire ni veuves ni orphelins.
Ta voix noble et touchante est un bienfait des dieux ; Mais aux clartés du jour ils ont fermé tes yeux. » « Enfants, car votre voix est enfantine et tendre, Vos discours sont prudents, plus qu’on eût dû l’attendre ; Mais, toujours soupçonneux, l’indigent étranger Croit qu’on rit de ses maux et qu’on veut l’outrager : Ne me comparez point à la troupe immortelle : Ces rides, ces cheveux, cette nuit éternelle, Voyez ; est-ce le front d’un habitant des cieux ? […] Cymé, puisque tes fils dédaignent Mnémosyne, Puisqu’ils ont fait outrage à la muse divine, Que leur vie et leur mort s’éteignent dans l’oubli ; Que ton nom dans la nuit demeure enseveli !
Pour moi, je pleurais de joie, lorsque je lisais ces pages ; je ne passais point de nuit sans parler à Alcibiade, Agésilas et autres ; j’allais dans la place de Rome, pour haranguer avec les Gracques, et pour défendre Caton, quand on lui jetait des pierres4. […] Vauvenargues n’a pas ce courage intéressé qui aime la guerre pour l’avancement, pour ce qu’elle rapporte, et place l’héroïsme à intérêts ; ce qui lui plaît, c’est la mort qu’on brave, c’est l’emploi des qualités fortes, la fermeté, la patience, les nuits laborieuses, les longues marches, avec la faim et la soif pour compagnes, tout ce qui trempe l’âme, tout ce qui l’élève.
En ce moment, la cloche du village tinta lentement, car un homme était mort dans la nuit. […] Un brouillard Une pluie fine et froide, qui était tombée sans interruption pendant toute la nuit, venait enfin de cesser au moment où le jour naissant s’annonçait dans le ciel par une lumière blafarde du côté de l’orient.
Exemple : Dieu donne aux fleurs leur aimable peinture ; Il fait naître et mûrir les fruits ; Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours, et la fraîcheur des nuits : Le champ qui les reçut les rend avec usure. […] Lorsque tout dort, je travaille et je veille ; La paix des nuits ne ferme plus mes yeux : Permets du moins, appui des malheureux, Que ma douleur jusqu'au matin sommeille. […] 5° La répétition reproduit plusieurs fois le nom ou pronom qui représente l'idée principale du discours : Tendre épouse, c'est toi qu'appelait son amour, Toi qu'il pleurait la nuit, toi qu'il pleurait le jour. […] Voici ce que l'un d'eux dit à la lune : C'était dans la nuit brune, Sur le clocher jauni, La lune, Comme un point sur un i. Qui t'avait éborgnée L'autre nuit ?
O nuit désastreuse ! ô nuit effroyable où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! […] O nuit désastreuse ! ô nuit effroyable ! […] Il ne voit que la nuit, n’entend que le silence.
Mais combien le ciel même était-il pauvre, avant que vous l’eussiez semé d’étoiles, et que vous y eussiez allumé le soleil pour présider au jour, et la lune pour présider à la nuit ! […] L’âme humaine Je me suis levé pendant la nuit avec David, « pour voir vos cieux qui sont les ouvrages de vos doigts, la lune et les étoiles que vous avez fondées1 ». […] Si vous détournez votre face, une nuit affreuse nous enveloppe, et vous seul êtes la lumière de notre vie. […] O nuit désastreuse ! ô nuit effroyable !
Aucun soin n’approchait de leur paisible cour : On reposait la nuit, on dormait tout le jour. […] Que le jour de la nuit emprunte les couleurs. […] Tel est le mot fumier qui fait la pointe de cette épigramme, que Patrix a imitée des Visions de Quevedo, poète espagnol : Je songeais cette nuit que de mal consumé, Côte à côte d’un pauvre on m’avait inhumé, Et que n’en pouvant pas souffrir le voisinage, En mort de qualité je lui tins ce langage.
On connaît cette célèbre exclamation, dont les cœurs retentissent encore aujourd’hui : « Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte !
La religion ressemble à cette nuée miraculeuse qui servait de guide aux enfants d’Israël dans le désert : le jour est d’un côté et la nuit de l’autre. Si tout était ténèbres, la raison, qui ne verrait rien, s’enfuirait avec horreur loin de cet affreux objet ; mais on vous donne assez de lumière pour satisfaire un œil qui n’est pas curieux à l’excès : laissez donc à Dieu cette nuit profonde où il lui plaît de se retirer avec sa foudre et ses mystères ».
La plus terrible et la dernière fut la mort de tous les premiers-nés sans exception, soit hommes, soit animaux, que les anges du Seigneur firent périr en une seule nuit.
Elle forme, avec une autre étoile moins grande, la Constellation du Petit Chien qui devance d’un jour et d’une nuit celle du Grand Chien, composée de dix-huit étoiles.
(Valère paraît en désordre comme un homme qui a joué toute la nuit.) […] Je viens pourtant ici souvent faire ma cour ; Mais vous jouez la nuit et vous dormez le jour.
Nuit brillante, dis-nous, qui t’a donné tes voiles ? […] Par de brillants travaux je cherche à dissiper Cette nuit dont le temps me doit envelopper.
Autrement on s’attirerait l’épigramme ou le conseil que Maynard adressait à un poète de son temps : Ce que ta plume produit Est couvert de mille voiles : Ton discours est une nuit Veuve de lune et d’étoiles ; Mon ami, chasse bien loin Cette noire rhétorique ; Tes écrits auraient besoin D’un devin qui les explique ; Si ton esprit veut cacher Les belles choses qu’il pense, Dis-moi, qui peut t’empêcher De le servir du silence ? […] Chateaubriand, en décrivant le spectacle d’une belle nuit dans les déserts du Nouveau-Monde, peint avec perfection le retentissement immensément prolongé dans le lointain du bruit de la cataracte du Niagara : « Tout était silence et repos, hors la chute de quelques feuilles, le passage brusque d’un vent subit, les gémissements rares et interrompus de la hulotte ; mais au loin, par intervalles, on entendait les roulements solennels de la cataracte du Niagara, qui, dans le calme de la nuit, se prolongeaient de désert en désert, et expiraient à travers les déserts solitaires. » Delille représente parfaitement le bruit que fait le moulin pour réduire le café en poudre : Moi seul contre la noix qu’arment ses dents de fer, Je fais en le broyant crier son fruit amer.
si pour son prochain4 il avait quelque amour, M’aurait-il fait partir par une nuit si noire ? […] Jour et nuit, grêle, vent, péril, chaleur, froidure, Dès qu’ils parlent, il faut voler. […] En pleine nuit.