Sur sa vertu par le sort traversée, Sur son voyage et ses longues erreurs, On aurait pu faire une autre Odyssée Et par vingt chants endormir les lecteurs ; On aurait pu des fables surannées Ressusciter les diables et les dieux ; Des faits d’un mois occuper des années, Et, sur ses tons d’un sublime ennuyeux, Psalmodier la cause infortunée D’un perroquet non moins brillant qu’Énée, Non moins dévot, plus malheureux que lui. Mais trop de vers entraînent trop d’ennui1 Les Muses sont des abeilles volages ; Leur goût voltige2, il fuit les longs ouvrages, Et, ne prenant que la fleur d’un sujet3, Vole bientôt sur un nouvel objet. […] Les longs ouvrages me font peur, a dit aussi le fabuliste.
C’en est assez sur cet objet, car il serait long d’en marquer tous les degrés. […] Dans les drames, les détails sont plus courts, et plus longs dans les épopées. […] Dans l’épopée, l’étendue du poème permet de longs épisodes : dans les drames, ils ne réussiraient pas de même. […] Elle est moins longue que l’épopée, et arrive plus tôt à son but. Or ce qui est serré, arrondi en soi, a bien plus de force et d’effet que ce qui est étendu dans une longue durée.
ce qui doit finir, mes frères, doit-il vous paraître long ? […] Quand vous auriez commencé à vivre avec le monde, le passé ne vous paraîtrait pas plus long ni plus réel. […] Les années semblent longues quand elles sont encore loin de nous ; arrivées, elles disparaissent, elles nous échappent en un instant, et nous n’aurons pas tourné la tête, que nous nous trouverons, comme par un enchantement, au terme fatal qui nous paraît encore si loin et ne devoir jamais arriver. […] Pascal a dit de la vérité : « C’est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaye d’opprimer la vérité.
Les terreurs cruelles marchent partout devant nous ; la solitude nous trouble ; les ténèbres nous alarment ; nous croyons voir sortir de tous côtés des fantômes qui viennent toujours nous reprocher les horreurs secrètes de notre âme ; des songes funestes nous remplissent d’images noires et sombres ; et le crime, après lequel nous courons avec tant de goût, court ensuite après nous comme un vautour cruel, et s’attache à nous pour nous déchirer le cœur et nous punir du plaisir qu’il nous a lui-même donné1 Sur l’ennui L’ennui, qui paraît devoir être le partage du peuple, ne s’est pourtant, ce semble, réfugié que chez les grands : c’est comme leur ombre qui les suit partout1 Les plaisirs, presque tous épuisés pour eux, ne leur offrent plus qu’une triste uniformité qui endort ou qui lasse ; ils ont beau les diversifier, ils diversifient leur ennui2 En vain ils se font honneur3 de paraître à la tête de toutes les réjouissances publiques ; c’est une vivacité d’ostentation ; le cœur n’y prend presque plus de part ; le long usage des plaisirs les leur a rendus inutiles : ce sont des ressources usées, qui se nuisent chaque jour à elles-mêmes. Semblables à un malade à qui une longue langueur a rendu tous les mets insipides4, ils essayent de tout, et rien ne les pique et ne les réveille ; et un dégoût affreux, dit Job, succède à l’instant à une vaine espérance de plaisir dont leur âme s’était d’abord flattée. […] Tout est déjà usé pour eux à l’entrée même de la vie ; et leurs premières années éprouvent déjà les dégoûts et l’insipidité que la lassitude et le long usage de tout semble attacher à la vieillesse.
J’ai reconnu cet air si vif des bois, Qu’avec tant de plaisir j’aspirais autrefois ; Le long frémissement qui court sous les ombrages, Semblable au bruit sans fin qui montait des rivages, Et cette odeur de mousse et de feuilles dans l’air, Et les pommiers penchés par le vent de la mer. […] Il me semble à sa voix du passé revenir, Triste et fier à la fois de ce long souvenir ; Et, suivant son récit dans ma propre mémoire, Je me laisse, en rêvant, raconter mon histoire, Comme si de quelque autre on racontait les jours. […] Il a dix milles de long, compte 5,000 habitants, 3,000 écus de revenus et une armée de 400 hommes.
Les poètes dramatiques éclos sur les pas de Jodelle, — la liste en serait longue, — écrivaient tragédies antiques, tragédies bibliques, tragédies modernes, voire contemporaines. […] Je ne veulx que long temps à l’estude il pallisse, Je ne veulx que resveur sur le livre il vieillisse, Feuilletant, studieux, tous les soirs et matins Les exemplaires grecs et les autheurs latins. […] Pour un vers allonger ses ongles il ne ronge, Il ne frappe sa table, il ne resve, il ne songe138, Se brouillant le cerveau de pensemens divers, Pour tirer de sa teste un misérable vers Qui ne rapporte, ingrat, qu’une longue risee Par tout où l’ignorance est plus authorisee. […] Un acte de Garnier n’est, le plus ordinairement comme chez Sénèque, qu’un long monologue suivi d’un chœur exprimant des lieux communs de morale. […] Cheri les amitiez qui longues dureront, Et les inimitiez qui bien tost finiront.
L'harmonie du style dépend du choix des mots et de l'arrangement de ces mots dans la phrase ; du mélange des syllabes longues et des syllabes brèves ; des mots qui ont plusieurs syllabes avec ceux qui n'ont qu'une ou deux syllabes. […] Un jour sur ses longs pieds allait, je ne sais où, Le héron au long bec emmanché d'un long cou. […] Quelquefois La plaintive élégie, en longs habits de deuil, Sait, les cheveux épars, gémir sur un cercueil. […] Bien que le plan d'un ouvrage ne soit pas toujours tracé par les règles, bien que, lorsqu'un ouvrage est long et compliqué, l'écrivain ne puisse pas toujours le pénétrer d'un seul effort de génie, il parvient ordinairement, après une longue méditation, à en saisir tous les rapports. […] Anot et ceux de Hoffmann étant fort longs, je n'ai dû reproduire que les idées de ces écrivains.
Les longs mots sont en général plus agréables à l’oreille que les mono syllabes. […] Parmi les longs mots, ceux qui flattent le plus l’oreille sont les mots composés d’un mélange de syllabes brèves et longues. […] 5° L’accumulation de mots trop longs ou de monosyllabes. […] Ainsi les membres de phrase les plus longs, et les mots les plus pleins et les plus sonores, doivent être réservés pour la conclusion. […] En général, une fin de période harmonieuse exige que la dernière ou l’avant-dernière syllabe soit longue.
Les couppes de la balance estoyent de deux gibbessieres veloutees, l’une pleine de billon et pendente, l’aultre vuide et longue, eslevee au dessus du tresbuchet. […] Or on s’abuse, si on attend longue prosperité en un regne qui n’est point gouverné du sceptre de Dieu, c’est à dire sa saincte parole. […] Vous debvés estre certains que, puisqu’il y a si long temps que j’ay esté en votre degré, et si longuement exercé la charge de cappitaine de gens de pied, de maistre de camp par trois fois, et de colonel, il fault doncques que vous croyés que j’ay retenu quelque choze d’este estat là, et que, par longue experience, j’ay vu advenir aux cappitaines beaucoup de biens, et à d’aultres beaucoup de maux. […] Nous exécutasmes la victoire tout au long de la pleyne et par les vignes. […] Et comme j’ay dit qu’on est icy fort formaliste et long, aussi puis-je dire avec vérité qu’ils y aiment le profit et y craignent de perdre autant qu’en lieu du monde.
Tout ce qu’on peut dire, c’est que conte est le terme générique, puisqu’il s’applique à toutes les narrations fictives, depuis les plus courtes jusqu’aux plus longues ; le roman ne se dit que de celles-ci. Un conte de trois pages ne s’appellera jamais un roman ; tandis qu’un roman est, dans toute la rigueur du terme, un conte suffisamment long ; et, comme il y a des contes qui sont, en effet, fort longs, il est évident qu’on pourrait les appeler tout aussi bien des romans.
Un long fleuve semblait circuler dans leurs vallons, et tomber çà et là en cataractes ; il était traversé par un pont colossal, appuyé sur des arcades à demi ruinées. […] Chacun a son mouvement : le chêne au tronc raide ne courbe que ses branches, l’élastique sapin balance sa haute pyramide, le peuplier robuste secoue son feuillage mobile, et le bouleau laisse flotter le sien dans les airs comme une longue chevelure. Ils semblent animés de passions1 Quelquefois un vieux chêne élève au milieu d’eux ses longs bras dépouillés de feuilles et immobiles.
La tragédie est un bien long ouvrage ; L’ode1 au sujet, comme à moi, convient mieux ; Riche d’encens, elle en fait le partage Aux rois d’abord, et, s’il en reste2, aux dieux. Mais l’ode exige un trop long flux de style ; Mieux vaux traiter mon sujet en chanson. […] Pour des rubans2, la France entière Fut en proie à de longs débats.
À quoi bon couper tout à coup le fil de la narration, suspendre la marche des événements, pour nous faire entendre un long discours travaillé avec art, et qui, par cela même, est souvent en contresens avec la situation où se trouve le personnage qui parle ? […] Nous avons eu occasion d’annoncer déjà Périclès comme orateur : nous allons l’entendre dans l’une des circonstances les plus importantes et les plus délicates de sa longue administration. […] Il s’agit ici de l’expédition de Sicile, conçue par le génie ardent d’Alcibiade, combattue et contrariée par le sang-froid de Nicias, qui en sentait les inconvénients, et s’était efforcé de les faire sentir aux Athéniens dans une longue harangue. […] « Qu’est-il besoin, guerriers, d’un long discours pour animer des hommes déjà disposés à se conduire bravement ? […] Fatigués, la terre est leur lit ; le premier met que le hasard leur présente, est celui qui les rassasie ; et les nuits sont toujours plus longues que leur sommeil : et tu pourrais croire que des frondes et des lances durcies au feu feront reculer devant toi cette fameuse cavalerie composée de l’élite des Thessaliens, des Arcananiens, des Œtoliens !
Une longue, précédée d’une brève, s’appelle iambe : pied si rapide, qu’il a fait donner le nom de trimètre à l’iambique, composé pourtant de six pieds. […] Il faut dire, au reste, que cette vigilance, si vantée par Velléius, s’accorde mal avec certain témoignage assez bizarre que Sénèque a rendu de ce même Lucius Pison, en disant « qu’il ne s’enivra qu’une fois dans sa vie, parce que sa vie ne fut qu’une longue ivresse, Ebrius, ex quo semel factus est, fuit. […] Il y a ici une faute de quantité véritable : la dernière syllabe de palus étant invariablement longue, comme dans virtus, tellus, etc. […] Bentley fait une longue dissertation pour justifier la leçon qu’il propose : Sterilisve palus prius, etc. […] En effet, le vieillard est bien plus enclin au désespoir qu’aux longues espérances ; et puis, entre ces deux mots iners et avidus, il semble qu’il y aurait opposition ; enfin, le passage d’Aristote, que le poëte avait certainement en vue, repousse complétement l’idée de avidus : δειοὶ καὶ πάντα προφοϐητικοί, dit Aristote, meticulosi et de omnibus futuris paventes.
» Certes, quand nous nous voyons penchant sur le retour de notre âge, que nous comptons déjà une longue suite de nos ans écoulés, que nos forces se diminuent6, et que le passé occupant la partie la plus considérable de notre vie, nous ne tenons plus au monde que par un avenir incertain : ah ! […] Mais que les hommes ne s’y trompent pas : Dieu redresse quand il lui plaît le sens égaré ; et celui qui insultait à l’aveuglement des autres tombe lui-même dans des ténèbres plus épaisses, sans qu’il faille souvent autre chose pour lui renverser le sens que ses longues prospérités. […] Je ne me contente pas, chrétiens, de lui refuser de l’encens avec les trois enfants de Babylone, ni de lui dénier l’adoration que tous les peuples lui rendent : je veux faire tomber sur cette idole le foudre de la vérité évangélique ; je veux l’abattre tout de son long devant la croix de mon Sauveur ; je veux la briser et la mettre en pièces, et en faire un sacrifice à Jésus-Christ crucifié, avec le secours de sa grâce. […] Je supplie Votre Majesté de me pardonner cette longue lettre ; jamais je n’aurais eu la hardiesse de lui parler de ces choses, si elle ne me l’avait expressément recommandé. […] Bossuet dit ailleurs : « Ainsi nous allons toujours tirant après nous cette longue chaîne traînante de notre espérance ; et avec cette espérance, quelle involution d’affaires épineuses !
Le même savant (note 176) propose de lire au vers suivant : ϰεράμενος, en faisant la première syllabe longue en faisant de ἐλλέϐορον quatre longues, on aura ainsi un mauvais hexamètre, plein des ὲϰτάσεις dont se moquait Euclide.
Les rhéteurs anciens avaient fait de la mnémonique une étude longue et minutieuse qui n’est plus guère pour nous qu’un objet de curiosité. […] Un mot est souvent plus éloquent qu’un long discours. […] Eviter les longs préambules étrangers au sujet. […] L’Intimé fait trop précipitamment un récit trop long. […] Sans cette longue description, si souvent blâmée, l’acte du jeune homme n’a plus rien d’héroïque ni.de touchant.
Dans les questions variées, difficiles, que l’on ne peut résoudre sans une analyse parfois savante et compliquée ; dans les études sur les hommes ou les choses ; dans les longs récits, vrais ou fictifs ; dans l’éloquence qui conseille ou dissuade, loue ou blâme, accuse ou défend, il faut songer à eux autant qu’au sujet. […] Il n’a pas toujours été aussi heureux ; celle de Waverley, par exemple, est longue et pénible. […] Nous ne sommes plus au temps où les couleurs de deuil, la barbe longue et le désordre des vêtements étaient la tenue obligée des accusés. […] Car on éprouve du plaisir à mesurer le chemin qu’on a fait et rien n’anime plus à poursuivre ce qu’on a commencé, que de savoir ce qui reste à faire : on ne trouve jamais long ce dont on aperçoit le terme. » Quistil.
De fades lieux communs, de longues périphrases, d’obscures allusions, des circonlocutions et des épithètes souvent aussi creuses que sonores, — quand sonorité il y a, — remplacent le mot propre qu’ils n’osent aborder. […] Ce poète inégal et mêlé est un de ceux que notre siècle, réparateur de longues injustices, s’est heureusement repris à goûter et à lire. […] Un long temps sans parler je regorgeais d’ennui. […] Je prévois la rigueur d’un long éloignement : N’osez-vous, sans rougir, être père un moment ? […] Malgré tous nos efforts, Pour un long temps, selon toute apparence, Térence, et Plaute, et Molière sont morts.