Écoute : quand Néron eut empoisonné son frère, on lui dit qu’il avait sauvé Rome ; quand il eut fait égorger sa femme, on loua devant lui sa justice ; quand il eut assassiné sa mère, on baisa sa main parricide, et l’on courut aux temples remercier les dieux. […] Crois-moi, on n’abuse point les peuples ; la justice outragée veille dans tous les cœurs.
Par des pamphlets tantôt sérieux jusqu’à l’éloquence, tantôt plaisants jusqu’à la bouffonnerie, il livre le parlement Meaupou à la risée de l’Europe, immole la justice tout en paraissant n’attaquer que ses indignes ennemis, et s’érige en avocat du droit commun. […] On peut lui appliquer ce trait : « qui dit auteur, dit oseur. » Exorde de son quatrième mémoire 1 Si l’être bienfaisant qui veille à tout m’eût un jour honoré de sa présence et m’eût dit : « Je suis Celui par qui tout est ; sans moi tu n’existerais point ; je te douai d’un corps sain et robuste ; j’y plaçai l’âme la plus active ; tu sais avec quelle profusion je versai la sensibilité dans ton cœur et la gaieté sur ton caractère ; mais tu serais trop heureux si quelques chagrins ne balançaient pas cet état fortuné : aussi tu vas être accablé sous des calamités sans nombre ; déchiré par mille ennemis ; privé de ta liberté, de tes biens ; accusé de rapines, de faux, d’imposture, de corruption, de calomnie ; gémissant sous l’opprobre d’un procès criminel ; garrotté dans les liens d’un décret ; attaqué sur tous les points de ton existence par les plus absurdes on dit ; et ballotté longtemps au scrutin de l’opinion publique, pour décider si tu n’es que le plus vil des hommes ou seulement un honnête citoyen », je me serais prosterné, et j’aurais répondu : « Être des êtres, je te dois tout, le bonheur d’exister, de penser et de sentir ; je crois que tu nous as donné les biens et les maux en mesure égale ; je crois que ta justice a tout sagement compensé pour nous, et que la variété des peines et des plaisirs, des craintes et des espérances, est le vent frais qui met le navire en branle et le fait avancer gaiement dans sa route.
Saint Paul parlait à Félix, gouverneur de la Judée, de la justice, de la chasteté et du jugement à venir. […] On n’avait besoin d’autre recommandation ni d’autre crédit que celui de la justice, et c’était un titre suffisant pour être introduit auprès du prince que d’avoir besoin de sa protection. […] À la fierté, au courage, à la force, le lion joint la noblesse, la clémence, la magnanimité, tandis que le tigre est bassement féroce, cruel sans justice, c’est-à-dire sans nécessité. […] Justice, citoyens ! […] Mais la justice enfin visite l’homme impie ; Dans les bras du bonheur, son convive assidu, En vain il dort, et croit la justice assoupie ; Elle saisit le coupable éperdu, Au sein des plaisirs qu’il expie.
Rousseau a dit avec justice : « La précision mène à l’élégance. » Aussi ces deux qualités sont-elles sœurs, et se trouvent-elles réunies dans le passage suivant, qui appartient l’un de nos estimables écrivains, Raynal. […] On s’est élevé avec justice contre le burlesque : aussi son règne est-il fréquemment troublé et arrêté par celui du bon goût. […] La troisième citation renferme en elle-même un mérite que n’ont pas les deux premières : elle est morale et censure justement les présidents de cour, ou les avocats qui ne remplissent pas leurs devoirs avec conscience et justice. […] Ceux que pend à tort la justice, Par la cruauté du destin (Qui n’est sans doute qu’un lutin Qui fait tout sans poids ni mesure, Et sert ou nuit à l’aventure), Font mille clameurs sans succès Pour faire revoir leur procès ; Ils parlent tous à tue-tête.
Alors m’étant trouvée par malheur assez imparfaite de corps et d’esprit pour vous donner sujet de faire un fort joli portrait de moi, vous le fîtes et vous préférâtes à notre ancienne amitié, à notre nom et à la justice même, le plaisir d’être loué de votre ouvrage. […] L’extrême rigueur dont on usa envers Fouquet, la justice exceptionnelle à laquelle on le livra, la partialité de quelques commissaires, l’âpreté des vengeances politiques, qui n’allaient à rien moins qu’à demander sa tête, les lenteurs et les péripéties du procès, qui dura plus de trois ans à instruire, tout concourut à retourner l’opinion et à gagner à l’accusé la pitié universelle.
Définir et distinguer les devoirs de justice et les devoirs de charité. […] Distinguer les devoirs de justice et les devoirs de charité. […] Justice et charité. […] Ce serait là un acte de réparation et de justice vraiment digne de lui. […] Le roi est plein de justice et de modération, mais ne joue dans la tragédie qu’un rôle secondaire.
Personne n’a plus que lui réuni l’abondance des idées et des raisonnements, la plénitude du savoir et de la raison, aux richesses de l’expression, à la vérité des tours, et surtout à ce sentiment intime qui sait mettre la justice et la vérité dans tout leur jour, pour les faire aimer de ceux même qu’il combat.
Naturel heureux, génie ardent, sagesse dans les conseils, vigueur dans l’exécution, désintéressement dans les circonstances les plus délicates, justice, humanité, prudence, il a tout réuni à un degré éminent ; et il n’est pas un de ces points où le panégyriste ne courre le danger de rester au-dessous de son sujet ».
Nos auteurs montrèrent, durant plusieurs siècles, une espèce d’émulation, pour célébrer la bravoure et la générosité des chevaliers, qui couraient le monde dans la vue de redresser les torts, c’est-à-dire, pour défendre l’honneur, la justice, la veuve, l’orphelin et les Dames.
Le discours oratoire est le vaste champ où l’éloquence peut étaler ses plus grandes richesses les distribuant, néanmoins, d’une manière proportionnée au sujet qu’elle traite, et. au lieu où elle se montre ; soit que, dans nos temples, elle annonce aux peuples les vérités augustes de la religion, et qu’elle loue les saints et les héros ; soit que, dans le sanctuaire de la justice, elle défende la fortune, la vie et l’honneur des citoyens ; soit que, dans les sociétés littéraires, elle embrasse des objets relatifs aux sciences et aux arts ; soit qu’enfin, dans les assemblées des nations, ou dans les cabinets des rois, elle discute les intérêts des peuples et des souverains. […] Il le fit : il alluma tout son zèle contre l’avarice ; il leva les voiles qui couvraient ce mystère d’iniquité, et rapporta durant trois jours, au conseil du roi, cette affaire, avec tant d’ordre et de netteté, qu’il fit restituer à ces malheureux ce qu’ils croyaient avoir perdu, et les obligea d’avouer, ce qu’ils avaient eu peine à croire, qu’on pouvait trouver parmi nous de la fidélité et de la justice ». […] Au contraire, le récit d’une action où paraissent la clémence, la douceur, la justice, la modération, la sagesse, principalement si elle est faite malgré la colère, toujours ennemie des réflexions, et dans la victoire, naturellement superbe et insolente ; le récit, dis-je, de cette action, même dans des histoires qui sont faites, produit en nous une si douce et si vive impression d’estime et d’amour pour ceux qui en sont les auteurs, que nous ne pouvons nous empêcher de les chérir, quand bien même nous ne les aurions jamais connus. […] Imaginez-vous entendre Aristide77, qui sut, avec tant d’ordre et de justesse, répartir les contributions imposées aux Grecs pour la cause commune, ce sage dispensateur, qui en mourant ne transmit à ses filles d’autre succession que la reconnaissance publique, qui les dota ; imaginez-vous, dis-je, l’entendre déplorer amèrement la façon injurieuse, dont nous foulons aux pieds la justice, et vous adresser la parole en ces termes : Eh quoi ! […] Vous, magistrats, et sur les raisons que vous venez d’entendre, et sur celles que suppléera votre sagesse, prononcez en faveur de la patrie un jugement, tel que l’exacte justice le prescrit, et que l’utilité publique le demande ».
Il en est d’autres mille fois plus précieux sans doute ; tels que l’élévation, la noblesse et la sensibilité de l’âme, l’énergie et l’aménité du caractère, des mœurs douces et polies, des inclinations bienfaisantes et généreuses, l’amour de la justice et de l’humanité.
et n’est-ce pas une espèce du miracle que ces maximes constantes de courage, de probité, de justice, ne pouvant jamais être abolies, je ne dis pas par le temps, mais par un usage contraire, il y ait, pour le bonheur du genre humain, beaucoup moins de personnes qui les décrient tout à fait, qu’il n’y en a qui les pratiquent parfaitement ? […] La justice sortira de la foule, et le tribunal de Dieu s’y dressera vengeur en face de Westminster outragé. […] Si, enfin, dans un moment fatal, toute la race humaine avilie cessait de croire à la justice pour ne plus croire qu’à l’intérêt et au plaisir, si jamais nos yeux devaient voir dans le monde l’abjecte unité de la dépravation, ah !
Si elle est présentée avec une tournure heureuse et piquante, avec un style simple, riant, gracieux et surtout naïf, elle revêt un charme inexprimable ; elle devient un puissant auxiliaire pour initier l’homme à la sagesse, aux idées morales et pratiques, aux règles du bon sens, de la justice et de la raison.
Faites-moi la justice de me croire, est une des plus banales et des plus sottes formules de terminaison. […] Va-t-en, Scapin, va-t-en vite dire à ce Turc que je vais envoyer la justice après lui. […] La justice en pleine mer ! […] A ses yeux, ces abus de la force blessent autant les lois de la justice que la majesté du trône. […] Placé sous la main d’un maître qui lui doit protection et justice, il s’endormira partout avec confiance.
Plusieurs des oraisons de Cicéron sont de vrais plaidoyers ; et, sauf la différence qu’il y a entre notre manière de rendre la justice et celle des Romains, ils peuvent servir de modèles à nos jeunes avocats. […] À cette époque, Lemaître et Patru furent les premiers qui y introduisirent le bon goût et la pureté du langage28 ; depuis ce temps, et malgré quelques travers qu’on a pu reprocher aux avocats, comme dans les Plaideurs de Racine, on peut dire que notre barreau s’est distingué par les qualités à la fois les plus brillantes et les plus solides ; en particulier, par cette habitude de ne faire appel qu’à la raison et à la justice, et non pas aux passions, comme on le faisait sans cesse chez les anciens. […] Il ne doit attendre sa destinée, la seule qui l’intéresse, la destinée de son nom, que du temps, ce juge incorruptible qui fait justice à tous. […] Cette fraude avouée, mais excusée par d’Alembert, est une tache à la mémoire de Fontenelle ; et la beauté du long passage cité par son historien, si elle mérite de faire vivre l’ouvrage, ne justifie pas celui qui, par un intérêt tout personnel, a manqué non seulement aux règlements et à la délicatesse, mais encore à la justice.
On a aussi critiqué avec justice Rousseau, pour avoir dit dans une de ses odes : Et les jeunes zéphyrs de leurs chaudes haleines. […] Elles sont forcées, exagérées, ridicules même dans quelques vers de Corneille : Chimène demandant justice au roi : Ce sang qui tout sorti fume encor de courroux De se voir répandu pour d’autres que pour vous… Son flanc était ouvert, et pour mieux m’émouvoir, Son sang sur la poussière écrivait mon devoir… Corneille, le Cid. […] Écoute : quand Néron eut empoisonné son frère, on lui dit qu’il avait sauvé Rome ; quand il eut fait égorger sa femme, on loua devant lui sa justice ; quand il eut assassiné sa mère, on baisa sa main parricide, et l’on courut aux temples remercier les dieux. […] La justice outragée veille dans les cours.
« C’est un beau nom que la chambre de justice ; mais le temple de la clémence, que les Romains élevèrent à cette vertu triomphante en la personne de Jules César, est un plus grand, et un plus beau nom encore.
Un bailli était un officier royal rendant la justice dans un certain ressort.
On emploie le genre et l’espèce lorsqu’on prouve qu’il faut aimer la justice parce qu’il faut aimer la vertu, qui est genre par rapport à la justice ; et réciproquement, qu’on doit aimer, par exemple, la justice, qui est une des espèces de la vertu. […] Toutes les paroles du véritable orateur portent l’empreinte de la justice, de l’humanité, de la vertu. […] Sa voix, dit La Harpe, au moment où elle s’élève dans le temple de la justice, est comme un premier jugement. […] C’est surtout à notre barreau, c’est devant nos magistrats, que notre justice austère repousse toute affectation, dédaigne la recherche de l’agrément : elle ne verrait dans la prétention sensible de lui plaire qu’un piège tendu à son intégrité. […] Puissiez-vous seulement reconnaître la justice de nos armes, recevoir la paix que, malgré vos pertes, vous avez tant de fois refusée !