Elles sont, comme nous l’avons déjà vu, le fruit de l’étude de toute sa vie, et d’un professorat de vingt-quatre années. […] En cela, comme en toute autre chose, notre constitution morale laisse entrevoir qu’elle est le fruit d’une sagesse admirable. […] Il ne dira pas, selon la construction de notre langue : « Donne à moi ce fruit ; » mais, selon l’ordre du latin : « Fruit donne à moi, » Fructum da mihi ; car son attention est entièrement dirigée vers le fruit, objet de ses désirs ; c’est ce fruit qui agit sur sa pensée, c’est lui qui le détermine à parler, et c’est aussi lui qu’il doit nommer d’abord. […] Bien écrire et bien parler sont à peine le fruit d’une étude de toute la vie. […] Les feuilles qui accompagnent les fruits leur servent d’ornements.
Si quelques-uns, après s’être adonnés sans relâche à ces pratiques, se laissent, à cause de leur négligence, surprendre par la faiblesse de l’âge, avant d’avoir retiré aucun fruit de leurs travaux, ils me paraissent ressembler à l’agriculteur qui, après avoir bien appliqué ses soins à semer, à planter, laisserait tomber à terre les fruits, au moment de les recueillir ; ou bien à l’athlète qui, après des exercices laborieux, devenu capable de remporter la victoire, ne descendrait jamais dans l’arène. […] Mais moi, abandonné, privé des soutiens de ma vieillesse, quand je touche au terme de ma carrière, je suis accablé d’un double deuil, puisqu’il ne m’est plus permis d’espérer de mes fils la propagation de ma race et les fruits que me promettaient leurs vertus. […] Au contraire, si l’on veut livrer bataille, tout est abandonné au hasard : que la fortune trahisse la valeur des Perses, Alexandre sera le maître de tout le pays, et si nous sommes victorieux, quel fruit retirerons-nous de la victoire ? […] Si tu es vainqueur, tu augmenteras bien faiblement ta gloire et celle de ta patrie : Si tu es vaincu, tu perdras tout le fruit de tes triomphes et de tes hauts faits. […] Que la terre te donne ses fruits en abondance ?
N’est-il pas évident que tout le fruit qu’ils en devaient attendre, et qui leur en revint, fut la haine publique, les persécutions, les fers, les tourments les plus cruels ? […] Le Télémaque fut composé pour concourir à cette œuvre dont les fruits, par l’effet d’une mort prématurée, furent perdus pour la France. […] La foi plantée dans l’Amérique, parmi tant d’orages, ne cesse pas d’y porter des fruits. […] Mais comme, selon la maxime d’un des hommes les plus sages de l’antiquité, nous ne devons pas être moins en état de rendre compte de notre loisir que du temps de nos occupations282, et qu’il n’est pas permis à un honnête homme, encore moins à un chrétien, de se livrer à l’inaction et à la mollesse, voici que je vous offre les fruits de mon loisir, fruits qui vous appartiennent, puisqu’ils sont nés sur votre fonds : heureux, s’ils ne dégénèrent point de la bonté du terroir qui les a portés ! […] Dans notre époque, on a pénétré plus avant, non sans intérêt et sans fruit, dans l’étude des premiers monuments du génie français ; mais nul ne contestera sans doute que de Malherbe seulement date notre littérature classique.
Ces marques de confiance étaient le fruit d’un voisinage de quatre années et de ma sage conduite, qui, faute d’argent, ressemblait beaucoup à la sienne. […] On attache aux lambris des lampes étincelantes ; on réchauffe les foyers ; on lui apporte des fourrures en hiver, des fruits délicieux et rafraîchissants en été. […] se dit-elle, nous verrons dans un autre temps quels fruits ils doivent retirer de ce badinage ! […] On se console parce qu’on emporte quelques fleurs cueillies en passant, qu’on voit se faner entre ses mains du matin au soir, quelques fruits qu’on perd en les goûtant. […] Un des replis de son voile sert d’asile à un nid de fauvettes ; la mère y couve les précieux fruits de ses amours, retenus encore dans leur faible prison.
Quelques-unes naissent spontanément et tout exprimées ; c’est la facile conquête de ceux qui sont nés sous une constellation heureuse : mais combien d’autres qui sont le fruit d’une poursuite ingrate ; qu’il faut remanier sans cesse ; qui, après avoir contenté un moment l’écrivain, le rebutent2 ; qui ne paraissent jamais qu’une image imparfaite du vrai, mais non le vrai lui-même ! […] Quand vous leur donnez des préceptes qui se contredisent, quel fruit espérez-vous de vos soins ?
Ce n’est qu’une fumée, il n’est rien de si frêle ; Sa plus belle moisson est sujette à la grêle, Et souvent elle n’a que des fleurs pour du fruit. […] madame, enfin on connaît ma naissance : Voilà le digne fruit de mon obéissance. […] Mais qu’on ne s’y trompe pas ; ce naturel exquis était le fruit d’un travail assidu. […] vous hasarderiez le fruit de tant de larmes Et celui de ce sang qu’un Dieu versa pour vous ! […] tu vois le fruit de tes desseins frivoles !
L’image de l’homme vertueux et l’heureuse influence des bons exemples qu’il donne à la terre, pouvait-elle nous être présentée sous des traits plus justes et plus capables de la faire sentir, que dans la comparaison suivante : Tel un arbre que la nature Plaça sur le courant des eaux, Ne redoute pour ses rameaux Ni l’aquilon ni la froidure : Dans son temps il donne des fruits, Sous une éternelle verdure Par la main de Dieu reproduits. […] Livrée à des coups assassins, Le voyageur de ses larcins Y laisse d’horribles vestiges ; Et par ta vengeance conduit, Un monstre en a brisé les tiges, Dévoré la feuille et le fruit.
Ce n’est pas assez qu’ils soient le fruit d’une raison saine et d’un sens droit : il faut encore les faire goûter par la douceur, la politesse, et l’expression de la vraie amitié. […] Vous êtes un des premiers que cette École ait formés ; et comme étant parmi ses enfants du nombre de ses aînés, vous allez porter des premiers dans le sein de la patrie, les fruits de cette excellente culture.
S’agit-il de décrire les fruits heureux de la paix, et le contentement des peuples ? […] Quel fruit ne pouvons-nous pas retirer de cette lecture ! […] C’est une histoire purement politique de la naissance et de la chute de la nation romaine, ou si l’on veut, le recueil des faits divers, dans lesquels l’auteur découvre, par son génie, les véritables causes de la grandeur de ce peuple, et celles de sa décadence : vrai chef-d’œuvre, qu’on ne peut lire avec fruit que quand on possédera bien l’histoire romaine, jusqu’à l’extinction de l’empire.
Nous avons voulu qu’au sortir de leurs cours, les élèves des lycées et des colléges connussent, avec les plus grands noms de notre littérature, ce qu’elle a produit de plus parfait ; et ce sera là, nous l’espérons, le fruit d’une étude attentive de ces recueils, conçus dans un dessein unique, malgré quelques différences de compositions qu’il a semblé à propos d’y introduire.
Quel fruit revient aux plus rares esprits De tant de soins6 à polir leurs écrits, A rejeter les beautés hors de place, Mettre d’accord la force avec la grâce, Trouver aux mots leur véritable tour Fuir les longueurs, éviter les redites, Bannir enfin tous ces mots parasites1, Qui, malgré vous dans le style glissés, Rentrent toujours, quoique toujours chassés ?
Il y a bien en lui les éléments primitifs qui composent tout le barbare, mais modifiés par l’éducation et compliqués d’un entrecroisement de petits fils presque imperceptibles, qui échappent à une observation superficielle, et que l’orateur doit avoir patiemment étudiés et comptés, pour ainsi dire, un à un, s’il ne veut pas perdre le fruit de son éloquence. […] L’homme d’Ithaque connaît merveilleusement le cœur humain ; il a étudié les passions et sait l’art de les remuer ; mais les passions auxquelles il s’adresse sont celles d’un demi-barbare, sensible seulement à la gloire militaire et au butin qui en est le fruit. […] Ils avaient hérité de leurs ancêtres de la guerre de Troie un goût exquis de la mesure et de la convenance que tout nourrissait en eux : la douceur tempérée de leur climat, l’harmonie idéale de leurs paysages, l’équilibre parfait de leurs facultés, fruit d’une vie sobre et d’une éducation virile. […] Celui donc qui voudrait vous donner une idée de Démosthène et qui se contenterait de vous faire une analyse de ses discours, ressemblerait à quelqu’un qui secouerait les feuilles et les fruits d’une tige et qui vous montrerait un squelette d’arbre en vous disant : Voilà un arbre !
Ils n’ont aucun arrêt : ce sont esprits volages, Qui souvent sont tout gris avant que d’être sages ; Et doit-on souhaiter, pour leur utilité, De voir finir leur vie avecque leur beauté : Semblables à ces fleurs dont Vénus se couronne, De qui jamais les fruits n’enrichissent l’automne Oubliez, oubliez l’amour de ce berger, Et prenez en son lieu quelque bon ménager, De qui la façon mâle, à vos yeux moins gentille, Témoigne un esprit mûr à régir sa famille, Et dont la main robuste au métier de Cérès Fasse ployer le soc en fendant les guérets.
Exercez donc votre mémoire ; vous l’augmenterez et vous l’améliorerez : c’est un fonds de terre très fertile ; plus il est cultivé, plus il donne de fruits à son heureux propriétaire.
Treneuil ; mais il est rare qu’on les interroge sans fruit ; et telle est leur abondance, que les derniers venus y trouveront encore de nouvelles richesses. […] Gérard, qui désira, en mourant, qu’elle fût mise au concours, et destinait aux pauvres les fruits de sa victoire, dans le cas où l’académie aurait couronné son ouvrage.
Sainte-Beuve a dit de lui : « Je le comparerais volontiers à ces arbres dont il faut choisir les fruits : mais craignez de vous asseoir sous leur ombre. » S’il est un démon de grâce et d’esprit1, il a donc peu d’autorité morale. […] D’Aguesseau disait aussi bien finement : « Penser peu, parler de tout, ne douter de rien ; n’habiter que les dehors son âme, et ne cultiver que la superficie de son esprit ; s’exprimer heureusement ; avoir un tour d’imagination agréable, une conversation légère et délicate, et savoir plaire sans savoir se faire estimer, être né avec le talent équivoque d’une conception prompte, et se croire par là au-dessus de la réflexion ; voler d’objets en objets, sans en approfondir aucun ; cueillir rapidement toutes les fleurs, et ne donner jamais aux fruits le temps de parvenir à leur maturité : c’est une faible peinture de ce qu’il plaît à notre siècle d’honorer du nom d’esprit. » 1.
disais-je en moi-même, les arbres tardifs sont ceux qui portent les meilleurs fruits. […] Nous n’apprenons à disputer que pour contredire, et, chacun contredisant et étant contredit, il en arrive que le fruit de la dispute est d’anéantir la vérité. […] On se console parce qu’on emporte quelques fleurs cueillies en passant, qu’on voit se faner entre ses mains du matin au soir, et quelques fruits qu’on perd en les goûtant : Enchantement ! […] La conversion véritable ne se contente pas seulement d’abattre les fruits de mort, comme parle l’Écriture, c’est-à-dire les péchés ; mais elle va jusqu’à la racine, qui les ferait repousser infailliblement si elle n’était arrachée. […] Ce n’est pas que je ne demande pour vous au Seigneur ce repos qui fait qu’on le sert plus tranquillement, cette joie qui est le fruit d’une bonne conscience, ces biens qui sont la matière de vos charités, et toutes les douceurs de la vie qui peuvent contribuer à votre sanctification.
Goûtera-t-il sans contradiction le fruit de cette victoire inhumaine qu’il a remportée sur les esprits ? […] Je sais bien que je ne vous apprends ici rien de nouveau : mais on ne doit pas mépriser les bons remèdes parce qu’ils sont vulgaires ; et m’étant servi de celui-ci avec fruit, j’ai cru être obligé de vous l’écrire. […] Le Télémaque fut composé pour concourir à cette œuvre, dont les fruits, par l’effet d’une mort prématurée, furent perdus pour la France. […] Les lois sont aussi le seul titre de nos possessions : dès l’aurore de notre vie, nous en recueillons les doux fruits, et nous nous engageons toujours à elles par des liens plus forts. […] ou pourquoi l’on voit des années qui n’ont ni printemps ni automne, où les, fruits de l’année sèchent dans leur fleur ?
Leurs fruits verts4, je les ai vus naître ; Rougir je ne les verrai pas5.