Chez lui, idées, sentiments, expressions, tout surabonde, déborde : c’est une tempête, un déluge, qui renverse toutes les digues.
la nécessité toute seule ne fournit-elle pas alors des expressions ?
C’est elle qui, chez les Romains comme chez les modernes, distingue l’homme éloquent de l’homme disert ; c’est elle qui donne à la prose la grandeur, la hardiesse, la poésie d’expression, verba prope poetarum.
La belle expression !
Une nouvelle littérature commence, qui déjà remplace à peu près et bientôt remplacera entièrement l’âge classique, littérature appropriée à notre temps et à nos mœurs, expression de la démocratie, mobile comme elle, violente dans ses tableaux, hardie ou négligée dans les mots, plus soucieuse du succès actuel que de la renommée à venir, et se résignant de bonne grâce à vivre moins longtemps pourvu qu’elle vive davantage dans l’heure qui passe ; féconde et inépuisable dans ses œuvres, capable de fournir à la consommation de tout un peuple, renouvelant sans cesse ses formes et essayant de toutes, voyant naître et mourir en un jour ses réputations les plus brillantes ; mais aussi riche, plus riche peut-être en talents divers que tous les siècles qui l’ont précédée !
Cette théorie a du vrai, si l’on n’use qu’avec à propos, si l’on n’abuse pas de ce mot raison ; mais il est évident qu’on en abuse, et que si la raison, par exemple, peut se confondre avec le génie poétique, et ne faire qu’un avec lui dans une épître morale, elle ne saurait être la même chose que ce génie si diversement créateur dans l’expression des passions qui conviennent au drame et à l’épopée1.
On dit enfin que la critique est polie ou honnête lorsqu’elle est conforme aux bienséances, qu’elle s’interdit le ton de hauteur et de supériorité, les décisions tranchantes ou caustiques, les expressions dures ou seulement trop fortes.
quelle vigueur inventive d’expressions toujours originales !
L’expression est encore française.
Avant donc que d’écrire, apprenez à penser2 : Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure3 : Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément4.
Que d’expressions qui ne déterminent pas les choses, et dont nous sommes si prompts à nous contenter, soit mollesse de conception, soit fatigue ou paresse3 !
Persuadés qu’il n’y a pas la moindre comparaison à faire entre des passages isolés, quelque bien choisis qu’ils puissent être, et ces mêmes passages placés dans leur cadre naturel, nous avons mieux aimé offrir l’ordonnance imposante d’un grand tableau, que d’en montrer quelques personnages détachés, sans attitude, sans physionomie et sans expression.
La matière qu’il traite est sublime ; et l’expression l’est toujours.
A voir ces vers pleins d’aisance, qui n’ôtent à l’expression de l’idée rien de nécessaire et ne lui ajoutent rien de superflu, il s’imagine volontiers que lui-même il n’écrirait pas autrement que l’auteur, tandis qu’il conçoit bien, en prenant la plume, la vérité de ce mot du poëte : … Sibi quivis Speret idem, sudet multum frustraque laboret Ausus idem : tantum series juncturaque pollet !
L’expression est étrange, mais biblique.
Les mots, l’art de les disposer, l’harmonie des sons, la noblesse ou la vulgarité des expressions, rien n’importe à Bossuet ; sa pensée est si forte, que tout lui est bon pour l’exprimer.
Expresses, c’est-à-dire ses expressions textuelles.
Le fond des choses est seul resté dans leur mémoire : quant à l’expression, c’est à eux de la trouver. […] À l’aide d’un crayon, Alexis change quelques traits de ce dessin, et substitue à l’expression de la joie celle de la douleur et du repentir, puis il se cache dans une chambre voisine. […] Dépeignez la contenance de cet homme et l’expression de ses traits. […] Il mêle à l’expression de ses remords les supplications, les promesses, les menaces. […] Nous ne comprenions pas le langage dans lequel il s’exprimait ; mais les visages de ces hommes farouches, mobiles interprètes de leurs expressions, nous traduisaient avec fidélité les paroles de l’homme évangélique.
La vraie philosophie n’a pas plus besoin du prestige des mots, que les idées vraiment grandes, vraiment sublimes, n’ont besoin, en poésie, du luxe et de la pompe de l’expression, pour produire leur effet.