Oui, c’est un dieu caché2 que le dieu qu’il faut croire. […] « Lucrèce, a dit Fontanes (Discours préliminaire de sa traduction de l’Essai sur l’homme), comme presque tous les athées fameux naquit dans un siècle d’orages et de malheurs : témoin des guerres civiles de Marius et de Sylla, et n’osant attribuer à des dieux justes et sages les désordres de sa patrie, il voulut détrôner une providence qui semblait abandonner le monde aux passions de quelques tyrans ambitieux.
Bardou se mit alors à crier : Tout le monde est trompé et le sera : il n’y a point de dieu du Goût ; et voici comme je le prouve. […] bon dieu, s’écria la Critique, quel horrible jargon ! […] je crus voir la nature ; Je marchai dans la nuit, conduit par Epicure ; J’adorai comme un dieu ce mortel orgueilleux Qui fit la guerre au ciel, et détrôna les dieux. […] Il parlait toujours au dieu du Goût sur les mêmes rimes. […] Je connus alors que le dieu du Goût est très-difficile à satisfaire, mais qu’il n’aime point à demi.
On entend par là l’intervention, dans l’action d’un poème, des êtres surnaturels, tels que dieux ou déesses, anges ou démons, fées ou génies, etc. […] Il faut donc beaucoup d’art pour employer ces personnages, et on loue avec raison la manière dont Voltaire les a placés dans ces beaux vers de la Henriade : Cependant sur Paris s’élevait un nuage Qui semblait apporter le tonnerre et l’orage ; Ses flancs noirs et brûlants, tout à coup entrouverts, Vomissent dans ces lieux les monstres des enfers : Le Fanatisme affreux, la Discorde farouche, La sombre Politique, au cœur faux, à l’œil louche, Le Démon des combats respirant la fureur, Dieux enivrés de sang, dieux dignes des ligueurs. […] Tantôt ce sont des dieux, des maîtres souverains, des arbitres qui règlent entre eux et despotiquement le sort des hommes ; tantôt ils se mêlent aux actions humaines, comme hommes eux-mêmes ou en prenant un visage humain ; tantôt ils opèrent seulement par des songes, des visions nocturnes, etc. […] Quoiqu’il soit vrai, en un sens, de dire que la Divinité se mêle de toutes les actions des hommes, cependant il semble que, pour conserver la dignité de cette cause, on ne doit l’employer que dans les entreprises importantes, et même dans les parties les plus importantes de ces entreprises, et lorsque, sans elle, les hommes, faute de lumière ou de force, pourraient se détourner du but où les dieux veulent qu’ils arrivent.
Les vers suivants, le dernier surtout, en présentent un bel exemple : Ici-bas la douleur à la douleur s’enchaîne, Le jour succède au jour et la peine à la peine, Borné dans sa nature, infini dans ses vœux, L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. […] Nous signalerons une partie du discours de Junon aux Dieux, dans l’ode Justum et tenacem ; le discours que le paysan du Danube adresse aux Romains, par La Fontaine, et ces paroles si véhémentes de Joad à l’apostat Mathan, dans Athalie : Où suis-je ? […] Nous mentionnerons le début de l’Oraison funèbre de la reine d’Angleterre : Celui qui règne dans les cieux… ; un passage du sermon de Fénelon pour l’Épiphanie, relatif à Mgr Pallu, évêque d’Héliopolis, missionnaire en Chine : Empire de la Chine… ; l’admirable prophétie de Joad : Cieux, écoutez ma voix…, et ces autres vers de Racine : Le jour annonce au jour… ; le discours de Norma aux Gaulois pour les exciter à prendre les armes contre les Romains : Oui, les Dieux à notre esclavage…, par Soumet ; un passage de la Prière, de Lamartine : L’univers est le temple…, et une strophe de la Méditation sur le génie, adressée à M. de Bonald : Assis sur la base immuable. […] L’impie était le dieu de la terre ; le poète ne fait que passer, et ce dieu est anéanti, il n’est plus.
C’est par là qu’un prophète fidèle allait chez les Dieux interroger le sort, strophe 7. […] mais alors pourquoi chez les Dieux ? et plus bas, profanant la retraite des Dieux ? […] il n’en est pas ainsi ; et les Dieux qui donnent à chacun une part égale de biens et de maux, en vous douant de talents et de vertus, vous ont refusé la santé, strophes 21-24.
Je recherchai surtout dans mes voyages les artistes et ces hommes divins qui chantent les dieux sur la lyre, et la félicité des peuples qui honorent les lois, la religion et les tombeaux. […] Leur vie est à la fois naïve et sublime ; ils célèbrent les dieux avec une bouche d’or, et sont les plus simples des hommes ; ils causent comme des immortels ou comme de petits enfants ; ils expliquent les lois de l’univers, et ne peuvent comprendre les affaires les plus innocentes de la vie ; ils ont des idées merveilleuses de la mort, et meurent sans s’en apercevoir, comme des nouveau-nés. […] Quelquefois de beaux nuages, comme des chars légers, portés sur le vent du soir avec une grâce inimitable, font comprendre l’apparition des habitants de l’Olympe sous le ciel mythologique ; quelquefois l’antique Rome semble avoir étendu dans l’Occident toute la pourpre de ses consuls et de ses Césars, sous les derniers pas du dieu du jour3. […] À son front orné de deux croissants, à sa barbe antique et limoneuse, vous le prendriez pour le dieu mugissant du fleuve, qui jette un regard satisfait sur la grandeur de ses ondes et la sauvage abondance de ses rives1.
Oui, Dieu l’a dit : « Vous êtes des dieux » ; mais, ô dieux de chair et de sang ! ô dieux de bone et de poussière, vous mourrez comme des hommes !
Ô Dieux ! […] Dieux ! […] Les dieux daignent surtout prendre soin de vos jours ! […] Les dieux depuis un temps me sont cruels et sourds. […] À la fin, grâce aux dieux, Horace, par bonheur, me dessilla les yeux.
Ô vous qui leur avez survécu, demandez, vous le pouvez sans doute, demandez aux dieux une victoire que ne suive point le trépas ; mais jamais n’opposez à l’ennemi une valeur moins audacieuse. […] Heureux ceux pour qui la main des dieux plaça la prospérité aux bornes mêmes de la vie !
Boileau la définit ainsi : L’ode avec plus d’éclat, mais non moins d’énergie, Élevant jusqu’au ciel son vol ambitieux, Entretient dans ses vers commerce avec les dieux. […] Le dithyrambe était un hymne consacré à Bacchus, dieu du vin ; le ton enthousiaste de ce chant le faisait ressembler au délire de l’ivresse.
Dédaignant de se justifier, ce grand guerrier s’adresse au peuple et s’écrie : Romains, à pareil jour qu’aujourd’hui nous vainquîmes Annibal et Carthage ; montons au Capitole, et allons rendre aux dieux des actions de grâces solennelles ! […] Qui croirait que notre bon fabuliste, qui faisait si bien converser les rats et les souris, les loups et les moutons, ait un jour fait comparaître devant l’assemblée la plus auguste du monde païen, devant l’assemblée des dieux de Cinéas, un homme grossier, vêtu d’un rustique sayon de laine, et portant une chevelure inculte, un barbare en un mot ?
Voici la harangue que La Fontaine met dans sa bouche : Romains, et vous, Sénat, assis pour m’écouter, Je supplie avant tout les Dieux de m’assister. […] Quel changement, ô Dieux ? […] Il élève son discours par la hardiesse des hyperboles, apostrophe les Dieux, prête de l’âme et du sentiment aux êtres inanimés, excite la colère et toutes sortes d’autres mouvements.
Cependant ce maître eut la modestie de refuser la dédicace du temple ; et Agrippa se vit obligé de le dédier à tous les dieux de l’Olympe, pour remplacer le dieu de la terre, la puissance. […] Ici, environné de ses compagnons, un soldat païen expire en vomissant des imprécations contre César et contre les dieux. […] La Fable n’établit nulle part que Jupiter et les autres dieux se soient eux-mêmes divinisés. […] Les dieux Brahma de l’Inde sont une invention psychologique. […] Ils aimaient la guerre avec passion, comme le moyen de devenir riches dans ce monde, et, dans l’autre, convives des dieux.
Les vendanges excitaient une sorte de délire poétique en l’honneur du dieu du vin. […] Les dieux étaient mêlés à l’action, directement ou indirectement ; leur influence au moins s’y faisait toujours sentir dans la conduite des hommes et des événements. […] Chez les anciens, le mobile principal de la tragédie n’était pas dans l’homme lui-même, dans sa volonté ou dans ses passions ; il était dans une cause supérieure, dans la volonté ou dans la colère des dieux, dans les arrêts inflexibles du destin. […] Il frappait le spectateur d’une terreur et d’une pitié profondes ; il lui laissait une vive impression de la puissance des dieux.
Plus tard, il arriva que le frère de la prêtresse vint dans ce pays, et cela parce que le dieu lui avait ordonné par un oracle de s’y rendre, pour une certaine raison prise en dehors du cas général et dans un but étranger à la fable. […] Si l’on dit qu’ils ne sont représentés d’aucune des deux façons, c’est ainsi (dira-t-on) que les voit l’opinion commune ; par exemple, ce qui se dit sur les dieux. […] Mais, comme il nous arrive souvent de louer, avec ou sans intention sérieuse, non seulement un homme ou un dieu, mais même des êtres inanimés et le premier animal venu, il faut, ici encore, faire usage des propositions. […] Enfin, d’une manière générale, si les desseins des dieux tournent à notre avantage, ou ceux de toutes sortes, ou ceux dont la manifestation nous arrive par les présages et les oracles. […] Du reste, il y a un trait de caractère excellent qui accompagne le bonheur, c’est l’amour des dieux et la confiance en leur pouvoir que nous inspire la jouissance des biens qui nous viennent de la fortune.
Les Athéniens, il est vrai, méritent toutes sortes de mauvais traitements et des supplices pour l’injuste guerre qu’ils nous ont déclarée ; mais les dieux, justes vengeurs du crime, ne les ont-ils pas assez punis, et ne nous ont-ils pas assez vengés ? […] Non, non, c’est la clémence pour des ennemis vaincus ; c’est la modération dans plus grande prospérité ; c’est, enfin, la crainte d’irriter les dieux par un orgueil fier et insolent. […] La philosophie décrit et dépeint la nature, la poésie la peint et l’embellit ; elle peint aussi les hommes ; elle les agrandit, elle les exagère ; elle crée les héros et les dieux. […] II, nº 107, l’opinion de Boileau sur l’emploi du merveilleux dans la poésie) que les dieux de l’antique Olympe étaient bien caducs que l’Aurore n’avait plus son teint ni ses doigts de roses que Flore était bien fanée, qu’il y avait trop longtemps que Vénus était la déesse de la beauté, et que son fils enfant depuis l’âge d’or, pouvait bien avoir aujourd’hui la barbe un peu blanche ; que le merveilleux du christianisme serait bien capable à notre époque d’effrayer le dogme. […] 3° Le Sublime des sentiments Les sentiments sont sublimes lorsqu’ils nous paraissent, pour ainsi dire, au-dessous de la condition humaine, et qu’ils font voir dans la faiblesse de l’humanité, la constance d’un dieu.
… Grands Dieux ! […] » Qu’on me pardonne d’essayer la traduction : Il tourne vers Sigéc un regard menaçant, Et le bras étendu, de rage frémissant : « Dieux puissants, c’est ici que je plaide ma cause ! […] Il est debout ; baissé vers la terre un instant Son regard se leva sur les princes du camp ; Puis, lorsqu’il les voit tous attentifs, il commence, Et sa parole unit ls grâce à l’éloquence : « Si vos vœux et les miens avaient fléchi les Dieux, Dit-il, un tel debat n’eût point troublé ces lieux ; Achille aurait encor ses armes ; nous, Achille.
Les lieux les plus riants sans lui nous touchent peu ; C’est un temple désert qui demande son dieu ; Avec lui mouvement, plaisir, gaîté, culture, Tout renaît, tout revit : ainsi qu’à la nature La présence de l’homme est nécessaire aux arts ; C’est lui dans vos tableaux que cherchent nos regards. […] Le poète alors expose dans tout leur jour les ridicules et les travers moraux ou sociaux, et souvent ses traits sont d’une grande vigueur, comme dans l’exemple suivant, où l’on vent flétrir la mauvaise plaisanterie : Quelle gloire, eu effet, pour tout être qui pense, De vieillir dans des jeux d’enfantine démence, D’avilir son esprit, noble présent des dieux, Au rôle indigne et plat d’un farceur ennuyeux, Qui, payant son écot en équivoques fades, Envie à Taconet l’honneur de ses parades ; Et même en cheveux gris, parasite bouffon, Transporte ses tréteaux chez les gens de bon ton ! […] Non, le gain les excite, et l’argent les enfièvre, L’argent leur clôt les yeux et leur noircit la lèvre ; L’argent, l’argent fatal, dernier dieu des humains, Les prend par les cheveux, les secoue à deux mains, Les pousse dans le mal, et pour un vil salaire, Leur mettrait les deux pieds sur le corps de leur père. […] On distingue trois sortes de fables : les unes que l’on appelle raisonnables, parce qu’on n’y introduit pour acteurs que des dieux ou des hommes, comme la Vieille et les deux Servantes ; d’autres que l’on nomme morales, dont les personnages n’ont que par emprunt les mœurs des hommes, comme le Loup et l’Agneau, le Chêne et le Roseau ; enfin, des fables mixtes, où avec les dieux et les hommes, on fait agir ou converser les animaux on des êtres sans vie, comme le petit Poisson et le Pêcheur.
Plaisirs des dieux ! […] comment exprimer l’émotion profonde Que je sentis en moi se gonfler comme une onde, En montant ses degrés, en rentrant dans ce lieu Dont Corneille était roi, dont Homère était dieu !