Comme on peut dire qu’il n’y eut plus de Grecs ni de Romains, dès l’instant qu’il ne fut plus permis, à Athènes ou à Rome, d’exposer publiquement, et de défendre avec courage les intérêts de la liberté et la forme du gouvernement ; on peut dire aussi que tout fut perdu pour l’éloquence, dès qu’il n’y eut plus de peuples essentiellement libres.
Pour moi, mademoiselle, je n’ai pas eu la goutte depuis que vous m’avez défendu de l’avoir, et ce respect que j’ai pour vous a plus de vertu que Barèges1.
Elle a renversé les idoles, établi la croix de Jésus, persuadé à un million d’hommes de mourir pour en défendre la gloire ; enfin, dans ses admirables Epîtres, elle a expliqué de si grands secrets, qu’on a vu les plus sublimes esprits, après s’être exercés longtemps dans les plus hautes spéculations où pouvait aller la philosophie, descendre de cette vaine hauteur, où ils se croyaient élevés, pour apprendre à bégayer humblement dans l’école de Jésus-Christ, sous la discipline de Paul. […] Si les arbres poussent leurs racines autant qu’il est convenable pour les soutenir ; s’ils étendent leurs branches à proportion, et se couvrent d’une écorce si propre à les défendre contre les injures de l’air ; si la vigne, le lierre et les autres plantes qui sont faites pour s’attacher aux grands arbres ou aux rochers en choisissent si bien les petits creux, et s’entortillent si proprement aux endroits qui sont capables de les appuyer ; si les feuilles et les fruits de toutes les plantes se réduisent à des figures si régulières, et s’ils prennent au juste, avec la figure, le goût et les autres qualités qui suivent de la nature de la plante, tout cela se fait par raison : mais, certes, cette raison n’est pas dans les arbres.
Il défendit à cette occasion et fit imprimer une thèse intitulée de Fundamentis et obligatione legis naturæ. […] Sans énergie pour défendre les principes les plus sacrés, elle ne sait que s’avilir par une imitation servile, et tout ce qui demande de la force est au-dessus d’elle. […] Je suis porté à croire que la puissance et la force accompagnées ou non de terreur, employées soit à nous défendre, soit à nous effrayer, ont plus de titres à être considérées comme la base du sublime, que tout ce dont il a été question jusqu’ici. […] Le public ému versait plus de larmes à ces sortes de représentations qu’aux tragédies ; et ce fut bientôt une telle fureur, que l’on fut obligé de faire des lois qui défendirent aux sénateurs de se livrer à l’étude de la pantomime. […] Les nobles se lèvent et, tirant leurs épées : « C’est par elles, s’écrièrent-t-ils, que nous les avons acquises, c’est avec elles que nous les défendrons. » Par elles indique que leur épée fut un des moyens par lesquels ils acquirent leurs terres lorsqu’ils employèrent la force pour s’en rendre les maîtres, et avec elles signifie que leur épée est l’instrument direct et immédiat qu’ils sont prêts à employer pour les défendre.
Nisard a dit de Joseph de Maistre : « Quoique absolu, il ne rebute pas ceux quil ne convainc pas : on ne se débarasse pas de lui comme on fait d’un déclamateur tyrannique ; on se défend.
S’ils méritèrent l’hospitalité, il n’en fut pas ainsi de tant d’autres qui durent être chassés plus tard comme des aventuriers ; car l’italianisme devint une fureur dont les excès justifièrent cette protestation patriotique de Du Bellay : « La même loi naturelle, qui commande à chacun de défendre le lieu de sa naissance, nous oblige encore à garder la dignité de notre langue. » Or, on l’oubliait étrangement, lorsque tout gentilhomme bien appris « allait après le past (repas) spaceger (se promener) par la strade (rue) pour y étaler son garbe (tournure) ». […] Outre que cette langue, suspecte d’hérésie, avait alors l’attrait du fruit défendu, un esprit si curieux et si ouvert devait préférer le génie athénien, ses variétés, ses audaces, sa souple désinvolture, sa netteté scientifique, ses grâces ou son enjouement, à l’austérité du latin, cet instrument de la discipline et de la tradition. […] Tout ce qu’il autorisait, elle finit par l’oser, en dépit des injonctions qui prétendirent le défendre.
Le rôle des colléges catholiques est donc maintenant plus beau qu’il n’a jamais été : lutter pour opérer une réaction salutaire et défendre la cause des belles-lettres. — Ces observations nous paraissent fort justes.
Mis en relation avec les religieux de Port-Royal, devenu leur disciple candide, et bientôt leur intrépide avocat, il composa pour les défendre contre leurs adversaires les Lettres de Louis de Montalte à un provincial de ses amis (1656-57). […] Elle leur défend encore plus fortement que les lois civiles de se faire justice à eux-mêmes : et c’est par son esprit que les rois chrétiens ne se la font pas dans les crimes de lèse-majesté même au premier chef, et qu’ils remettent les criminels entre les mains des juges pour les faire punir selon les lois et dans les formes de la justice.
Sitôt que Henri se fut approché de Rouen, se saisissant des postes avantageux, et brûlant les moulins jusqu’aux portes, les bourgeois, extrêmement alarmés, témoignèrent si peu de résolution de se défendre, quoique le duc d’Aumale et Brissac, qui étaient dans la ville avec douze cents chevaux, tâchassent de les rassurer, et crièrent si fort au secours, qu’il fallut que le duc de Mayenne y vînt lui-même avec toute son armée.
Il dit ailleurs : « Ce qui multiplie les libelles est la faiblesse de les craindre ; ce qui fait vivre les sottises est la sottise de les défendre. » 1.
L’orateur lui doit d’exprimer ce qu’il sent avec vivacité et énergie, de s’identifier avec celui qu’il défend, de s’approprier ses idées, ses opinions. […] Mais l’empereur a pour le défendre son imposante dignité, l’empire romain ses autres armées. […] Milon, débarrassé de son manteau, se jette hors de la voiture et se défend vigoureusement. […] On le voit, Pallas se trouve obligée de défendre les ministres de sa vengeance. […] Un… votre fils, seigneur, me défend de poursuivre.
Démosthène défendit par les foudres de son éloquence, la liberté de sa patrie, contre la politique et les armes de Philippe.
Porcius Caton, vers l’an de Rome 554, environ 200 ans avant Jésus-Christ, défendait d’enchaîner, de lier, de garrotter, de frapper ou de mettre à mort un citoyen romain : elle permettait seulement de condamner à l’exil un citoyen convaincu d’un crime capital. […] -C., défendait de juger un citoyen, pour crime capital, sans l’aveu du peuple. […] Tribuns, magistrats créés à Rome, pour défendre les intérêts du peuple, et qui devaient être toujours tirés du corps des plébéiens.
Il a y peu d’hiatus aussi rudes que celui de ces deux vers, et il est difficile de ne pas trouver un peu sévère la règle qui permet cette élision, et qui défend l’hiatus du premier exemple. […] L’enjambement défendu dans les vers héroïques ou sérieux, dans la haute poésie, est permis dans les sujets légers, familiers et badins. […] Voici une pièce monorime que Lefranc de Pompignan a composée sur le château d’if, et dont tous les vers se terminent en if : Nous fûmes donc au château d’If ; C’est un heu peu récréatif, Défendu par le fer oisif De plus d’un soldat maladif Qui de guerrier jadis actif, Est devenu garde passif.
C’est en vain que les Russes ont voulu défendre la capitale de cette ancienne et illustre Pologne : l’aigle française plane sur la Vistule. […] Conciliez avec tant de puissance ces catastrophes soudaines ; avec tant de génie, sa chute immense ; avec tant de gloire, l’abandon du genre humain, et, avec cet abandon, les terreurs des rois, l’Europe liguée pour se défendre d’un homme, l’Océan même préposé à sa garde, parce qu’un de ses pas pouvait encore ébranler le monde !
Les triomphes d’Alexandre ne le défendent pas du meurtre de Clitus, et la mort tranquille de Sylla n’insulte plus au sang de ses victimes. […] Vient-on l’y troubler, il s’y défendra comme une bête fauve dans sa tanière, mais sans pouvoir faire, du morceau de bois qui lui servira de défense, ni une épée, ni un drapeau.
Il y avait chez les Romains une classe d’hommes appelés Pragmatici, qui se chargeaient de donner à l’orateur tous les renseignements nécessaires sur la loi intéressée dans la cause qu’il entreprenait de défendre.
Il n’est pas défendu de conserver ses opinions, si elles sont raisonnables.
Outre qu’il lui est impossible de ne pas respirer l’air qui nous entoure, ne donnons pas l’attrait du fruit défendu à des livres qu’un engouement irréfléchi lira sans critique, si l’on s’obstine à les proscrire des écoles, au lieu d’apprendre, par une direction tout ensemble libérale et sévère, à séparer le mort du vif, c’est-à-dire à discerner les qualités des défauts, et l’excellent du mauvais, ou du médiocre.