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84. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Boileau, (1636-1711.) » pp. 212-225

La lune, qui du ciel voit leur démarche altière, Retire en leur faveur sa paisible lumière. […] La Mollesse à ce bruit se réveille, se trouble : Quand la Nuit, qui déjà va tout envelopper, D’un funeste récit vient encor la frapper ; Lui conte du prélat1 l’entreprise nouvelle : Au pied des murs sacrés d’une sainte chapelle, Elle a vu trois guerriers, ennemis de la paix, Marcher à la faveur de ses voiles épais : La Discorde en ces lieux menace de s’accroître2 ; Demain avant l’aurore un lutrin va paraître, Qui doit y soulever un peuple de mutins : Ainsi le ciel l’écrit au livre des destins. […] Le ciel impitoyable A placé sur le trône un prince infatigable.

85. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lebrun Né en 1785 » pp. 498-505

Mais son ciel est triste et s’ennuie ; Mais point de vin, même point d’eau, Si ce n’est celle de la pluie Qui verdit au fond d’un tonneau. Ici, le soleil sur ma tête Rit sans cesse dans un ciel pur, Où la lumière sur l’azur Verse un air d’éternelle fête.

86. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Brizeux, 1803-1858 » pp. 557-563

Or, un joyeux bouvreuil, Son poitrail rouge au vent, son bec ouvert, et l’œil En feu, jetait au ciel sa chanson matinale4, Hélas ! […] Comparez cette page de Xavier de Maistre pleurant la mort d’un ami : « La nature, indifférente de même au sort des individus, remet sa robe brillante du printemps, et se pare de toute sa beauté autour du cimetière où il repose ; les arbres se couvrent de feuilles, et entre acent leurs branches ; les oiseaux chantent sous le feuillage ; les mouches bourdonnent parmi les fleurs : tout respire la joie et la vie dans le séjour de la mort ; et, le soir, tandis que a lune brille dans le ciel, et que je médite près de ce triste lieu, j’entends le grillon poursuivre gaiement son chant infatigable, caché dans l’herbe qui couvre la tombe silencieuse de mon ami.

87. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — De Laprade Né en 1812 » pp. 576-582

La moisson Les blés hauts et dorés, que le vent touche à peine, Comme un jaune océan, ondulent sur la plaine2 ; D’un long ruban de pourpre, agité mollement, L’aurore en feu rougit ces vagues1 de froment, Et, dans l’air, l’alouette, en secouant sa plume, Chante, et comme un rubis dans le ciel bleu s’allume2. […] Dans l’air lourd plus de voix, hors5 le bruit des cigales Frappant le ciel cuivré de leurs notes égales.

88. (1873) Principes de rhétorique française

Dans quel repos, ô ciel ! […] Sion, jusques au ciel élevée autrefois, Jusqu’aux enfers maintenant abaissée. […] Je vous ai déjà dit que mon cœur lut pardonne, Et c’est faire, monsieur, ce que le ciel ordonne. […]   A Dieu ne plaise qu’un ministre du ciel pense jamais avoir besoin d’excuse auprès de vous !     […] Qui je te loue, ô ciel de ta persévérance Eh bien !

89. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Le ciel avec horreur voit ce monstre sauvage ; La terre s'en émeut, l'air en est infecté ; Le flot qui l'apporta recule 2 épouvanté. […] J'arrive, je l'appelle, et, me tendant la main, Il ouvre un œil mourant qu'il referme soudain : « Le ciel, dit-il, m'arrache une innocente vie. […] Que le courroux du ciel, allumé par mes vœux, Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feux ! […] Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance. […] On ne dit pas voisine au ciel, mais le vers suivant ou tout autre serait moins beau.

90. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Je ne vois point le peuple à mon nom s’alarmer ; Le ciel dans tous leurs pleurs ne m’entend point nommer. […] Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance. […] L’imprécation est une figure par laquelle l’orateur ou le personnage que fait parler le poète, s’adressant au ciel, aux enfers ou à quelque puissance supérieure, appelle les plus grands malheurs sur un objet odieux. […] Mais le ciel en fureur, la mer pleine de rage Font-ils d’un bruit affreux retentir le rivage ? […] Bientôt des tonnerres affreux firent retentir de leurs éclats les bois, les plaines et les vallons ; des pluies épouvantables, semblables à des cataractes, tombèrent du ciel.

91. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Son règne à ses peuples chéris Sera ce qu’aux champs défleuris Est l’eau que le ciel leur envoie ; Et tant que luira le soleil, L’homme plein d’une sainte joie Le bénira dès son réveil. […] Je vis en même temps comme une main qui me vint prendre par les cheveux de ma tête : l’esprit m’enleva entre la terre et le ciel, et me transporta à Jérusalem, à l’entrée de la porte septentrionale du parvis intérieur, où était placée l’idole de Jalousie, etc. » Le Seigneur fait voir à Ézéchiel, dans l’intérieur de chaque maison, les divers attentats qui s’y commettent, et lui dit, à chaque nouvelle scène d’horreur : Tourne les yeux, et tu verras des abominations plus grandes encore. […] Mais notre opprobre même assure notre gloire : Des promesses du ciel rappelons la mémoire, etc.

92. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. Racine. (1639-1699.) » pp. 226-241

Mais du haut de la porte enfin nous l’avons vue Un poignard à la main sur Pyrrhus se courber, Lever les yeux au ciel, se frapper et tomber. […] Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance : Appliqué sans relâche au soin de me punir, Au comble des douleurs tu m’as fait parvenir : Ta haine a pris plaisir à former ma misère ; J’étais né pour servir d’exemple à ta colère, Pour être du malheur un modèle accompli : Hé bien ! […] Grâce au ciel, j’entrevoi… Dieux !

93. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VI. De l’Harmonie du Style. »

Des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et de fragiles images d’une douleur que le temps emporte comme tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de votre néant ». […] Sa tête regarde le ciel, et présente une face auguste sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité : l’image de l’âme y est peinte par la physionomie ; l’excellence de sa nature perce à travers les organes matériels, et anime d’un feu divin les traits de son visage.

94. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — André de Chénier 1762-1794 » pp. 480-487

André de Chénier 1762-1794 [Notice] Fils du consul général de France en Turquie, né d’une mère grecque, à Constantinople, élevé sous le beau ciel du Languedoc, André Chénier connut dès l’enfance la langue d’Homère. […] D’une prison sur moi les murs pèsent en vain,  J’ai les ailes de l’espérance ; Échappée aux réseaux de l’oiseleur cruel, Plus vive, plus heureuse, aux campagnes du ciel  Philomèle chante, et s’élance.

95. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Il représente deux joueurs attablés autour d’un trictrac ou devant un jeu d’échecs : Le ciel devient-il sombre ? […] Le plus célèbre des poètes didactiques grecs, après Hésiode, est Aratus, qui vivait 275 ans avant notre ère, et qui a, dans ses poèmes des Phénomènes et des Pronostics, décrit le ciel et ses mouvements, tels que les supposaient les anciens, et indiqué les présages qu’on pouvait tirer pour l’avenir de la position des astres. […] Ils ont, dans cette occasion, encore moins de majesté que dans la précédente, et ils impriment moins d’effroi, parce qu’on est presque maître de prendre pour rêverie ce qui est l’oracle du ciel ou les inspirations de l’enfer129. […] Il ne peut savoir humainement ce qui s’est passé dans le ciel : il prie donc quelque muse de l’en instruire.

96. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

Telle est la pensée qui termine ces vers de Racan sur Marie de Médicis : Paissez, chères brebis, jouissez de la joie     Que le ciel vous envoie : A la fin sa clémence a pitié de nos pleurs. […] Au seul son de sa voix, la mer fuit, le ciel tremble ; Il voit comme un néant tout l’univers ensemble. […] C’est peu d’aller au ciel, je veux vous y conduire. […] L’abbé Edgeworth de Firmont, qui avait préparé Louis XVI à la mort, adressa ces paroles à l’infortuné monarque, immédiatement avant le moment fatal : Fils de saint Louis, montez au ciel ! […] L’habitant d’un climat pluvieux compare la vue de ce qu’il aime à la vue d’un ciel sans nuages ; l’habitant d’un climat brûlant la compare à la rosée.

97. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Plaise au ciel, qu’en présence du Roi des rois, tu sois inondé des flots de cette lumière dont nous n’apercevons ici-bas que quelques rayons ! […] Ce luxe et ces délices de la parole sainte convenaient à des temps plus heureux, et pouvaient être une juste récompense que le ciel accordait au zèle et à la ferveur de nos pères. […] Il monte au-dessus des nuées dans les palais du ciel, tout resplendissants de lumière et tout peuplés de séraphins harmonieux. […] Mais entre savoir et faire, il y a la différence de la terre au ciel, et c’est avec son cœur qu’on franchit cette distance. […] Necker les meilleurs possibles ; mais le ciel me préserve, dans une situation aussi critique, d’opposer les miens aux siens.

98. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

Lit d’ombrage et de fleurs, où l’onde de ma vie Coule secrètement, coule à demi tarie, Dont les bords trop souvent sont attristés par moi, Si quelque pan du ciel par moment s’y dévoile, Si quelque flot y chante en roulant une étoile, Que ce murmure monte à toi. Abri dans la tourmente, où l’arbre du poëte Sous un ciel déjà sombre obscurément végète, Et d’où la séve monte et coule encore en moi. […] Mirabeau, menacé par les tribunes de l’Assemblée, s’écrie : « Je n’avais pas besoin de cette leçon pour savoir qu’il n’y a qu’un pas du Capitole à la roche Tarpéienne. » Et dans un de ses admirables discours aux états de Provence : « Ainsi périt le dernier des Gracques de la main des patriciens ; mais atteint d’un coup mortel, il lança de la poussière vers le ciel en attestant les Dieux vengeurs, et de cette poussière naquit Marius, Marius !

99. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre lII. »

Grâce à ces fictions merveilleuses, l’épopée s’ennoblit et prend des proportions colossales ; elle peut embrasser la terre, l’enfer et le ciel ; elle ne connaît d’autres bornes que celles de la pensée elle-même ; elle a pour domaine l’infini. […] Ce ne sont pas des humains qui peuvent entasser des montagnes pour escalader le ciel : ce sont des géants rivaux des divinités en force et en stature.

100. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Vigny 1799-1863 » pp. 530-539

L’aigle blessé a mort Sur la neige des monts, couronne des hameaux, L’Espagnol a blessé l’aigle des Asturies2, Dont le vol menaçait ses blanches bergeries ; Hérissé, l’oiseau part, et fait pleuvoir le sang, Monte aussi vite au ciel que l’éclair en descend3, Regarde son4 soleil, d’un bec ouvert l’aspire, Croit reprendre la vie au flamboyant empire ; Dans un fluide d’or il nage puissamment, Et parmi les rayons se balance un moment : Mais l’homme l’a frappé d’une atteinte trop sûre ; Il sent le plomb1 chasseur fondre dans sa blessure ; Son aile se dépouille, et son royal manteau Vole comme un duvet qu’arrache le couteau. […] L’hirondelle Quand la vive hirondelle est enfin réveillée, Elle sort de l’étang, encor toute mouillée, Et, se montrant au jour avec un cri joyeux, Au charme d’un beau ciel, craintive, ouvre les yeux ; Puis, sur le pâle saule, avec lenteur voltige3, Interroge avec soin le bouton et la tige, Et, sûre du printemps, alors, et de l’amour, Par des cris triomphants célèbre leur retour.

101. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Prosper Mérimée. Né en 1803. » pp. 558-565

Un brouillard Une pluie fine et froide, qui était tombée sans interruption pendant toute la nuit, venait enfin de cesser au moment où le jour naissant s’annonçait dans le ciel par une lumière blafarde du côté de l’orient. […] Nous l’avons épelée dans de sombres classes, en regardant à la dérobée un coin du ciel bleu à travers les barreaux de nos fenêtres, en pensant avec regret à la balle et aux billes que nous venions de quitter.

102. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Vainement il s’élance d’un glaçon sur un autre ; les glaçons s’entre-heurtent et fléchissent sous ses pas ; vainement il appelle à son secours ; la foule accourue sur les deux rives n’ose et ne peut tenter un hasard si périlleux : chacun lève les bras au ciel et fait des vœux stériles dans cette conjoncture. […] Le Paon Si l’empire appartenait à la beauté et non à la force, le paon serait sans contredit le roi des oiseaux ; il n’en est point sur qui la nature ait versé ses trésors avec plus de profusion : la taille grande, le port imposant, la démarche fière, la figure noble, les proportions du corps élégantes et sveltes, tout ce qui annonce un être de distinction lui a été donné ; une aigrette mobile et légère, peinte des plus riches couleurs, orne sa tête, et l’élève sans la charger ; son incomparable plumage semble réunir tout ce qui flatte nos yeux dans le coloris tendre et frais des plus belles fleurs, tout ce qui les éblouit dans les reflets pétillants des pierreries, tout ce qui les étonne dans l’éclat majestueux, de l’arc-en-ciel : non seulement la nature a réuni sur le plumage du paon toutes les couleurs du ciel et de la terre, pour en faire le chef-d’œuvre de la magnificence, elle les a encore mêlées, assorties, nuancées, fondues de son inimitable pinceau, et en a fait un tableau unique, où elles tirent de leur mélange avec des nuances plus sombres et de leurs oppositions entre elles, un nouveau lustre, et des effets de lumière si sublimes, que notre art ne peut ni les imiter ni les décrire. […] Quoi de plus simple que le style dans lequel est écrite la création du ciel et de la terre : Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ! […] Pénétrez son sein de la rosée, fertilisez ses germes, et ils se réjouiront des influences du ciel.

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