Lire comme un acteur jouerait, avec cris, gestes et mouvements, c’est dépasser le but et tomber dans le ridicule. […] Mais elle est le point de départ, non le but du christianisme ; son but, c’est d’amener l’âme humaine à se gouverner elle-même selon la loi divine ; et, pour atteindre à ce but, il prend la nature humaine telle qu’elle est et tout entière, avec ses éléments divers et ses aspirations suprêmes. […] Je viens de tendre l’arc, sans m’efforcer beaucoup, Et ma flèche a touché le but du premier coup. […] C’est dans ce but secret que Tarquin fait ses guerres : Il se gagne le peuple en lui gagnant des terres. […] Quel était donc ton but ?
Enfin, Solon, des premiers, et dans le but probable de piquer la curiosité d’un peuple avide de nouveautés, rompt brusquement, un jour, la mesure poétique et ouvre à la prose la voie où elle va entrer. […] Qu’il fasse, en outre, tout concourir à ce but, et son ton, etson air, et sa réserve, et la douceur de son langage. […] Le but étant de convaincre, il devra, par cela même, être mâle, rapide, serré, pressant ; qu’il n’ait ni grâces, ni ornements d’emprunt, ni tours étudiés, recherchés. […] D’autres, qui ont pour but de flatter l’imagination, de plaire à l’esprit ou de gagner les cœurs, sont des figures d’ornement et se rapportent au style tempéré ou fleuri. […] , vii, 23) a pour but d’amener à la vérité par le mensonge », et j’ajouterai, de fixer à l’esprit ce qu’il doit croire en lui présentant des choses incroyables.
L’utilité doit être le principal but d’un écrivain, et tout ouvrage, pour être utile, doit contenir une morale instructive, conforme aux principes des hommes vertueux. […] Trois circonstances principales peuvent nécessiter des précautions oratoires : 1° lorsque les esprits sont mal disposés ou même prévenus contre le but du discours ou contre l’orateur. Il faut d’abord feindre d’entrer dans leurs dispositions, sembler condamner ce qu’ils condamnent eux-mêmes, les ramener peu à peu et ne faire usage de ses moyens que lorsque les préventions seront tombées ; 2° lorsque la matière que l’on traite peut faire une impression désagréable, il faut éviter de se servir de mots trop découverts et qui rappelleraient des idées contraires au but du discours ; 3° lorsque l’on a des reproches à faire, il faut en tempérer la vivacité par un ton affectueux, atténuer les fautes et en rejeter l’odieux soit sur un petit nombre de coupables soit sur la fatalité des circonstances, etc.
Ainsi donc se dénouent les plus doux liens de la terre, et nous nous en allons mouillant de nos larmes le chemin qui conduit à cette autre vie, la seule réelle, la seule désirable, qui nous est proposée comme but, et promise comme récompense ; et voilà pourquoi il est écrit : Pleurez peu sur le mort, parce qu’il repose ; et encore : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! […] En donnant à l’homme peu d’influence sur son propre bonheur, et des moyens sans nombre de se perfectionner, l’intention du Créateur n’a pas été sans doute que l’objet de notre vie fût un but presque impossible. Les hasards, la maladie, les accidents de toute espèce disposant de notre sort malgré nous, comment donc le but de notre liberté morale serait-il le bonheur de cette courte vie que la souffrance et la vieillesse et la mort mettent hors de notre puissance ?
Ils croyaient avoir atteint le but, lorsque la complication de l’intrigue, la nouveauté, l’étrangeté même des incidents tenaient le lecteur en haleine jusqu’à la lin. […] Un poëme épique, une tragédie, un drame, un roman qui appartiennent à une époque ou à un pays que l’auteur connaît mal ou ne peut connaître, dont le but n’est pas franc et bien déterminé, où les oppositions ne sont point senties et manquent de relief, amènent infailliblement un style vague, incolore, maigre, sans originalité ou sans variété.
Il y en a une autre qu’on peut nommer morale, qui est bien importante et malheureusement négligée ou méprisée par un grand nombre de romanciers. « Le divertissement du lecteur, dit Huet, évêque d’Avranches, dans son savant Traité de l’origine des romans, n’est qu’une fin subordonnée à la principale, qui est l’instruction de l’esprit et la correction des mœurs. » Le but que l’écrivain doit se proposer est donc d’instruire sous le voile de la fiction, de polir l’esprit et de former le cœur en présentant un tableau de la vie humaine. […] Il y a aujourd’hui un grand nombre d’ouvrages estimables faits pour ce but, et qui sont mis avec fruit entre les mains des jeunes gens ou des jeunes personnes.
Toutes ces choses ont passé comme l’ombre, comme un courrier qui se hâte, comme un vaisseau qui fend les ondes et dont on ne trouve plus la trace, comme un oiseau qui divise l’air sans qu’on puisse remarquer où il a passé, comme une flèche lancée vers son but, sans qu’on en reconnaisse de vestige. […] C’est bien là quelque chose ; mais ce n’est pas le but principal. […] L’extrême longueur de cet exorde est justifiée par le but que se propose l’orateur. […] Le but est de nous instruire en excitant notre admiration, et de faire voir qu’il n’y a pas de véritable gloire sans la religion et la piété. […] Mais il faut qu’il use de ce moyen avec une grande réserve ; car l’abus est tout prêt de l’usage ; et l’on risque beaucoup de s’égarer et de perdre sa cause quand, au lieu d’aller droit au but, on fait le principal d’un enjolivement qui ne doit être que l’accessoire.
Elle soutiendra votre courage, elle ranimera vos défaillances, elle vous montrera un but que vous ne perdrez plus de vue dès que vous serez convaincus qu’on peut l’atteindre ; qui croit, espère ; habenda fides est vel in hoc ut, qui crediderit, et speret . […] Mais acceptez-les, ne les cherchez pas ; ne courez pas à eux, ils viendront à vous ; qu’ils soient dans votre vie un accident, prévu, naturel, mais un accident, jamais le but.
En général, quand on néglige l’ordre, c’est dans les petites parties qu’il est permis de le faire ; les grandes parties, les parties essentielles, doivent sortir du même fond, se rapporter au même but, être liées l’une à l’autre, et former un ensemble non moins utile qu’agréable au lecteur120. […] Le but des Portugais est la propagation de la foi, et c’est Vénus qui se charge du succès de l’entreprise. […] Quoiqu’il soit vrai, en un sens, de dire que la Divinité se mêle de toutes les actions des hommes, cependant il semble que, pour conserver la dignité de cette cause, on ne doit l’employer que dans les entreprises importantes, et même dans les parties les plus importantes de ces entreprises, et lorsque, sans elle, les hommes, faute de lumière ou de force, pourraient se détourner du but où les dieux veulent qu’ils arrivent. […] On ne doit en employer ni plus, ni moins qu’il n’en faut pour que le principal personnage arrive à son but.
C’est, en effet, une règle générale, dit Rollin, qu’il faut penser selon la matière que l’on traite ; et rien n’est moins raisonnable que d’avoir des pensées sublimes dans un sujet qui n’en demande que de médiocres, ou des pensées délicates et gracieuses quand on a pour but d’effrayer. […] Les pensées occupent l’intelligence où elles prennent naissance, et ont pour but de porter la lumière et la conviction dans l’esprit. […] Les sentiments, comme les pensées, doivent toujours convenir au sujet que l’on traite et au but que l’on se propose. […] La convenance dans les mots consiste dans une certaine dignité de ton, dans un certain choix, une certaine élégance, en rapport avec le sujet, le but et les circonstances. […] C’est le but vers lequel se dirigent toutes les règles précédentes ; et il serait peu nécessaire d’en donner aucune, si l’on pensait toujours clairement, et si tous ceux qui pensent possédaient parfaitement leur langue.
Je suis ravi que vous ayez combattu la théorie funeste de l’art pour l’art, en traçant avec fermeté le but moral du poète et de l’orateur, aussi bien qu’en donnant l’idée la plus pure et la plus haute de la noble mission de l’écrivain. […] Les matières sont bien divisées, les règles claires et les exemples bien choisis ; l’ouvrage me paraît répondre à vos bonnes et religieuses intentions et atteindre le but que vous vous êtes proposé.
L’épopée, qui est un tableau héroïque des sentiments humains, laisse dans l’âme du lecteur une impression vive ; c’est cette impression qui doit être morale et vertueuse : le poème qui n’atteindrait pas ce but pécherait par la base, Mais si l’épopée doit avoir un caractère moral, il ne faut pas pour cela que le poète s’érige en moraliste et en philosophe. […] Son but est toujours de célébrer la gloire de quelque héros14.
Tout est nécessaire, décisif, et court au but, à outrance, avec une sorte de furie française. […] Leurs institutions si variées, leurs mœurs plus variées encore se sont ressemblé pourtant par un résultat et peut-être par un but commun, celui de conserver à l’individu sa valeur propre, et de lui offrir le plus libre développement de toutes ses facultés1.
On ne se contente pas de la simple raison, des grâces naïves, du sentiment le plus vif, qui font la perfection réelle ; on va un peu au delà du but par amour-propre. […] Quand je me trompe, elle ne perd pas sa droiture ; quand je me détrompe, ce n’est pas elle qui revient au but ; c’est elle qui, sans s’en être jamais écartée, a l’autorité sur moi de m’y rappeler et de m’y faire revenir : c’est un maître intérieur, qui me fait taire, qui me fait parler, qui me fait croire, qui me fait douter, qui me fait avouer mes erreurs ou confirmer mes jugements ; en l’écoutant, je m’instruis ; en m’écoutant moi-même, je m’égare. […] Ne cherchez point en lui la souplesse élégante, la grâce flexible et molle, l’insinuation craintive, la ruse qui s’enveloppe et fuit pour revenir ; il va droit à son but, renversant, brisant de son seul poids tous les obstacles. […] Gloire à ce mieux, noble but du génie !
On a distingué plusieurs espèces d’unités : l’unité d’action, l’unité d’intérêt, l’unité de mœurs, spécialement recommandées toutes trois dans l’épopée, dans le drame, dans le roman ; l’unité de ton, partout nécessaire, qui rend le style soutenu, analogue au sujet, semblable à lui-même d’un bout à l’autre, mais qui tient plutôt à l’élocution qu’à la disposition ; enfin l’unité de dessein, la plus importante, qui consiste à établir dans un écrit un point fixe auquel tout se rapporte, un but unique vers lequel tout se dirige. […] Interrogez chaque idée qui se présente, examinez si elle se rattache au sujet, au but que vous vous proposez en le traitant, et si elle y mène par le plus court chemin. […] — 1° Parce que leur position lui permet de les attaquer plus facilement et plus sûrement que les autres ; 2° parce que leur chute lui répond de celle de tous ceux presque qui dépendent d’eux. — Il semble, au premier aspect, que ce second motif, beaucoup plus puissant que l’autre, eût dû être présenté d’abord ; mais comme le but de l’orateur, déterminé par la nature de l’auditoire auquel il s’adresse, était de prévenir les chutes des grands, c’est sur la facilité de ces chutes et le danger des séductions à leur égard qu’il appuie principalement22.
Car n’oublions pas que, si son but unique est de persuader, les moyens qu’elle emploie pour y parvenir sont infinis. […] Et cependant c’est avec ces moyens, qui nous semblent si pauvres, que les Grecs arrivaient au but de l’éloquence, qui est la persuasion. […] Elles respirent la haine de la tyrannie et l’amour de la justice : mais elles ne concluent pas, elles ne vont pas au but, et, pour vaincre un homme qui commande à des légions, il faut autre chose qu’un bruit harmonieux de paroles.
Il serait bien de n’y insérer des choses étrangères au but qu’on se propose que dans le cas où elles pourraient distraire efficacement l’esprit du correspondant. […] C’est le but de la lettre de remercîment.
Un livre dont l’importance est une fois hors de doute, n’est jamais connu à une première lecture ; il ne l’est que bien imparfaitement à une seconde, et ce n’est guère qu’à la troisième que l’on voit bien clair dans la pensée de l’auteur, et qu’on peut, d’un coup d’œil sûr, saisir le plan, la marche, le but, l’ensemble de son œuvre, découvrir l’enchaînement, la suite et la progression des pensées et des sentiments, et constater l’accord des expressions avec les idées. […] La définition, telle que nous l’entendons ici, consiste non pas à expliquer sèchement la nature de l’objet, mais à faire connaître d’une manière frappante et pleine d’intérêt, ses qualités essentielles et distinctives, surtout celles qui tendent plus directement au but que se propose l’écrivain.
Lorsque l’écrivain ou l’orateur veulent communiquer le fruit de leurs pensées, soit par écrit, soit de vive voix, leur but principal est de persuader, c’est-à-dire de faire passer dans les âmes les sentiments dont ils sont animés ; et, pour réussir, ils doivent instruire, convaincre et toucher : c’est là ce que les anciens appelaient les trois devoirs de l’orateur. […] Elle a aussi pour but de bien faire connaître l’objet qui occupe l’écrivain. […] Approche-t-il du but, quitte-t-il ce séjour ? […] L’art de raisonner ne cherche point à charmer l’imagination, comme l’invention ; mais il a pour but d’éclairer et de convaincre.