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71. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Heureuse du présent, les richesses et la beauté de son âme lui promettent encore un doux avenir, tandis que la beauté des traits de la figure passe vite, et que les biens de la fortune s'épuisent. […] Il est des situations où, dans la crainte de déplaire, l'un des personnages détourne le cours du dialogue ; mais ces écarts ajoutent à sa beauté. […] Le blâme que ces poëtes ont encouru pour avoir trop multiplié l'enjambement est d'un caractère moins grave parce que cette licence détruit la monotomie du style et, quelquefois, donne lieu à de grandes beautés. Sans copier servilement ces beautés dans nos poëtes célèbres, on peut chercher à produire le même effet. […] Mais quels que soient le génie et le savoir de celui qui jette à l'aventure des traits de lumière, quelque justes que soient les pensées, quelques beautés qu'offrent les détails, son ouvrage, dont l'esprit ne peut saisir l'ensemble, ne touche que faiblement.

72. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Quel progrès dans l’art de décrire et de sentir les beautés de la nature, de La Fontaine à Chateaubriand, en passant par Jean-Jacques Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Delille et Volney. […] Venez, jeunes beautés, Chimène la demande. […] De légères beautés troupe agile et dansante... […] La grandeur infinie de la mer ravit dès le premier aspect ; mais il faut la contempler longtemps pour apprendre qu’elle a aussi cette autre partie de la beauté qu’on appelle la grâce. […] Mais une pensée fine, ingénieuse, une comparaison juste et fleurie, est un défaut, quand la raison seule ou la passion doivent parler, ou bien quand on doit traiter de grands intérêts ; ce n’est pas alors du faux bel-esprit, mais c’est de l’esprit déplacé, et toute beauté hors de sa place cesse d’être beauté.

73. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

« Il eût été bien à plaindre, celui qui, dans ce spectacle, n’eût point reconnu la beauté de Dieu. […] Cette analyse doit considérer un morceau dans son ensemble et dans tous ses détails, y montrer l’application de toutes les règles de l’art d’écrire, faire ressortir les beautés ou les défauts qui s’y trouvent. […] Parmi elles se distinguait une jeune personne dont la grâce et la beauté illuminaient cette sombre demeure d’un doux rayon :, c’était mademoiselle de Coigny. […] Il semble que l’on voie l’apparition de cette jeune beauté, candide et pure comme l’innocence, au milieu des pauvres prisonniers. […] Un rayon de beauté a seul pu le réveiller de son abattement, et lui a inspiré le chant du cygne.

74. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre V. Des sermons de Bossuet. »

Le goût qui aperçoit les beautés est plus rare et plus utile mille fois, que le misérable métier de borner ses découvertes à indiquer quelques fautes de grammaire. […] La lecture des grands modèles est autant au-dessus de l’étude des règles, que le talent de créer des beautés de génie est supérieur à l’art d’éviter les fautes de goût.

75. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Dans un bon ouvrage, les endroits où règne l’éloquence proprement dite, sont comme ces objets que la nature seule a produits avec toute la beauté dont ils étaient susceptibles. Les endroits (et c’est assurément le plus grand nombre) où règne cette éloquence acquise par l’étude, sont comme ces objets, dont la beauté naturelle a eu besoin d’être relevée par des ornements artificiels. […] Agréable et touchant, suivant la pensée de Cicéron 1, sans chercher à le paraître, il dédaigne, comme ces beautés modestes, toute parure affectée, tout ce qui s’appelle fard et ornement étranger.

76. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

L’incomparable beauté de son théâtre avait si fortement saisi les imaginations, que tous les poètes y voyaient le type de la perfection. […] Sobre et retenue au milieu de l’abondance et des richesses, elle dispense avec mesure et avec sagesse les beautés et les grâces du discours. […] Par là, je passai dans son esprit pour un homme qui avait une connaissance délicate des vraies beautés d’un ouvrage. « Voilà, s’écria-t-il, ce qu’on appelle avoir du goût et du sentiment ! […] Il y a dans Paris un grand nombre de petites sociétés où préside toujours quelque femme qui, dans le déclin de sa beauté, fait briller l’aurore de son esprit. […] Il y avait dans ces pages un sentiment vrai et profond de la nature, de ses beautés et de ses harmonies, beaucoup de fraîcheur dans le coloris, de grâce dans l’imagination, de sincérité dans l’expression du sentiment moral et religieux.

77. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Tantôt rassemblant tous ses moyens, elle les dirige vers un but, et les dispose pour produire un effet commun ; elle met à profit les passions humaines, les échauffe, les remue à son gré ; elle ajoute à la beauté des pensées le luxe des expressions, emprunte de la poésie ses images brillantes, ses figures hardies et presque son harmonie : c’est celle de l’homme dont l’esprit est cultivé. […] Elles sont au discours ce que sont au corps la peau et la chair, qui en font la beauté et l’agrément, mais non la force et la solidité ; qui couvrent et embellissent les os et les nerfs, mais qui les supposent et ne peuvent en tenir lieu (Traité des études, tom. 2.) […] « La naissance, la beauté, la force, la puissance, la richesse et les autres biens que dispense la fortune, ne méritent point par eux-mêmes, dit Cicéron, les louanges qui ne sont dues qu’à la vertu. […] La raison en est que comme une des principales beautés du discours est d’être plein de sens et de donner occasion à l’esprit de former une pensée plus étendue que n’est l’expression, c’en est au contraire un des plus grands défauts d’être vide de sens et de renfermer peu de pensées, ce qui est presque inévitable dans les syllogismes philosophiques…….

78. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

Pour goûter la saveur de son style, il suffira de lire la première page venue : car il n’est aucun sujet qu’il n’égaye et ne féconde par les beautés originales de cette diction brève et colorée qui frappe à tout coup, enfonce le sens par le trait, et est comme une épigramme continuelle. […] Quiconque en discerne la beauté d’une veue ferme et rassise3, il ne la veoid pas, non plus que la splendeur d’un esclair : elle ne practique4 poinct nostre jugement ; elle le ravit et ravage. […] Et m’en est aduenu comme des choses excellentes3 : plus i’ay veu depuis d’autres villes belles, plus la beauté de cette cy, peut4, et gaigne sur mon affection.

79. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Le mérite de l’ordre est encore relevé par la beauté des détails. […] Ses tableaux sont gracieux, ses descriptions charmantes ; et les plus petits objets y sont toujours ennoblis par l’élégance et la beauté de la diction. […] Mais on y a remarqué des beautés piquantes et des détails heureux. […] Mais indépendamment de la beauté de l’élocution, cette action est si bien distribuée, qu’elle marche toujours, sans qu’il y ait aucune scène vide. […] Voici une scène entre Horace et Curiace, qui n’est pas moins un chef-d’œuvre par la beauté du dialogue, que par le sublime des sentimens.

80. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gilbert. (1751-1780.) » pp. 297-303

Aux traces d’exagération et d’inexpérience qui s’y découvrent se mêlent des beautés du premier ordre : des éteincelles de génie brillent dans son ode sur le jugement dernier1 ; et la vigueur originale, la véhémence et l’éclat qui distinguent son éloquente invective contre les vices de son siècle attestent à quel point Gilbert, digne successeur de Régnier et de Boileau, était capable de féconder encore et d’agrandir le champ de la satire2. […] puissent voir longtemps votre beauté sacrée         Tant d’amis sourds à mes adieux !

81. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre VII. Vers, stances, classification des poèmes. »

peut-il créer des beautés qui n’y soient pas ? […] Le célèbre peintre Zeuxis d’Héraclée ayant été invité par les Crotoniates à représenter dans un tableau une beauté parfaite, pensa bien qu’il ne pourrait pas en trouver un modèle existant dans la nature.

82. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

L’imagination dispose de tout : elle fait la beauté, la justice et le bonheur, qui est le tout du monde. […] quelle beauté de l’Église ! […] quelle merveilleuse beauté paraît dans ces pavillons si sagement arrangés ! […] Quiconque ne sent pas la beauté et la force de cette unité et de cet ordre n’a encore rien vu au grand jour ; il n’a vu que des ombres dans la caverne de Platon. […] Mais une pensée fine, ingénieuse ; une comparaison juste et fleurie, est un défaut quand la raison seule ou la passion doivent parler, ou bien quand on doit traiter de grands intérêts ; ce n’est pas alors du faux bel esprit, mais c’est de l’esprit déplacé, et toute beauté hors de sa place cesse d’être beauté.

83. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Molière, (1622-1673.) » pp. 205-211

Dis-nous, fameux Mignard, par qui te sont versées Les charmantes beautés de tes nobles pensées, Et dans quel fonds tu prends cette variété Dont l’esprit est surpris et l’œil est enchanté ? […] L’Académie française, qui n’avait pas compté Molière parmi ses membres à cause de sa profession, rendit hommage à la beauté de son génie en lui dédiant, un siècle après sa mort et dans la salle même de ses séances, un buste avec cette inscription de Saurin : Rien ne manque à sa gloire, il manquait à la nôtre.

84. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Malherbe 1555-1628 » pp. 302-309

Elle amollit les cœurs, et soumet la beauté : Je puis donner la mort, toy l’immortalité. […] Cependant, la nature indifférente remet sa robe brillante du printemps, et se pare de toute sa beauté autour du cimetière où il repose.

85. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

L’exorde doit être ingénieux, c’est-à-dire que l’orateur doit lui donner un certain degré d’ornement et de beauté qui attire l’attention, pique la curiosité, et fasse concevoir une bonne opinion de toute la suite du discours ; autrement, l’exorde ressemblerait à ces visages malades et disgraciés de la nature qui font mal augurer de la personne. […] La beauté du style ne sert qu’à les faire valoir davantage18 ; mais cette beauté n’est pas le fond même de la confirmation : c’est la force des preuves et leur bon arrangement qui y est d’abord nécessaire. […] Elle n’avait plus de consolateurs ; ses prophètes ne lui reprochaient plus son iniquité pour l’exciter à la pénitence, et le Seigneur avait fait sécher, dans sa fureur, l’abondance d’Israël, et n’avait pas épargné les beautés de Jacob. […] Cependant quelques-uns de ces discours offrent de vraies beautés. […] Cette fraude avouée, mais excusée par d’Alembert, est une tache à la mémoire de Fontenelle ; et la beauté du long passage cité par son historien, si elle mérite de faire vivre l’ouvrage, ne justifie pas celui qui, par un intérêt tout personnel, a manqué non seulement aux règlements et à la délicatesse, mais encore à la justice.

86. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

Ballanche parle de la beauté : Mais si toutes les choses merveilleuses qui font la joie et l’orgueil des mortels n’ont que la durée d’un instant, combien cet instant est fugitif pour la plus merveilleuse de toutes ! Sa présence nous plonge dans une rêverie ravissante ; et lorsque nous sortons de cette rêverie, la beauté n’est plus ; elle a passé comme une ombre ; elle s’est évanouie comme le souvenir confus d’un songe plein d’enchantement. Cette hyperbole est un peu outrée pour dire que la beauté passe rapidement. […] On lui dressera des monuments pour immortaliser ses conquêtes : mais les cendres encore fumantes de tant de villes autrefois florissantes ; mais la désolation de tant de campagnes dépouillées de leur ancienne beauté ; mais les ruines de tant de murs, sous lesquels des citoyens paisibles ont été ensevelis ; mais tant de calamités qui subsisteront après lui, seront des monuments lugubres, qui immortaliseront sa vanité et sa folie. […]   Portrait de Malachon Il y avait à Tyr un jeune Lydien, nomme Malachon, d’une merveilleuse beauté, mais mou, efféminé, noyé dans les plaisirs.

87. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Courier, 1773-1825 » pp. 447-454

Quant à la beauté du pays, les villes n’ont rien de remarquable, pour moi du moins ; mais la campagne, je ne sais comment vous en donner une idée : cela ne ressemble à rien de ce que vous avez pu voir. […] … Dites à ceux qui veulent voir Rome qu’ils se hâtent ; car chaque jour le fer du soldat et la serre des agents français flétrissent ses beautés naturelles et la dépouillent de sa parure.

88. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature à l’usage des séminaires et des colléges rédigé d’après les meilleurs critiques anciens et modernes par M. l’abbé A. Piron. Chanoine, Vicaire général, Membre de l’Académie des Arcades, ancien Professeur de littérature. » pp. 1-12

Mais ce que nous applaudirons surtout, c’est que M. l’abbé Piron, qui a fait preuve d’un goût parfait dans le choix de ses exemples, cherche constamment à former le cœur en même temps que l’esprit, faisant ressortir avec soin le côté moral et religieux des belles-lettres, ainsi que les beautés littéraires renfermées dans les Écritures et dans les ouvrages inspirés par le Christianisme. […] Sans négliger les sages préceptes et les admirables modèles de l’antiquité, il a eu le bon esprit d’initier ses élèves aux beautés incomparables de la sainte Écriture, de leur développer les règles et de placer sous leurs yeux les sublimes inspirations de l’éloquence sacrée.

89. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Un discours qui est partout ajusté et peigné, sans mélange et sans variété, où tout frappe, tout brille, un tel discours cause plutôt une espèce d’éblouissement qu’une véritable admiration : il lasse et il fatigue par trop de beautés, et il déplaît à la longue à force de plaire. […] Cette réflexion nous conduit à dire que pour réussir parfaitement dans l’action, il faut posséder les connaissances nécessaires pour diriger le goût, qui fait apprécier à leur valeur les beautés de la pensée et de la diction en littérature, et c’est à quoi tend l’étude des trois premiers chapitres de cet ouvrage. […] Quand la césure est employée avec goût, elle produit de véritables beautés : L’univers ébranlé s’épouvante. — Le Dieu De Rhodope ou d’Athos réduit la cime en feu. […] Dans les deux vers de Voltaire que j’ai cités plus haut, la césure paraît au premier abord de nul effet ; c’est une beauté néanmoins, uniquement parce qu’elle donne l’exemple tout en exposant l’effet du précepte. […] Notre poésie rejette les enjambements, à moins qu’ils ne produisent une beauté, comme nous l’avons vu en parlant de la césure.

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