Parce qu’on sait que depuis peu j’aime les vers, on m’en apporte de toutes les façons. » Le maréchal, après avoir lu, dit au Roi : « Sire, Votre Majesté juge divinement de toutes choses5 ; il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j’aie jamais lu. » Le roi se mit à rire, et lui dit : « N’est-il pas vrai que celui qui l’a fait est bien fat ? […] Pour moi qui aime toujours à faire des réflexions, je voudrais que le Roi en fît là-dessus, et qu’il jugeât par là combien il est loin de connaître la vérité2. […] Quand on est triste, on aime à voir autour de soi la tristesse. […] Elle a dit ailleurs : « Ne pouvant contenir tous mes sentiments sur ce sujet, je me suis mise à vous écrire, au bout de cette petite allée sombre que vous aimez, assise sur ce siége de mousse où je vous ai vue quelquefois couchée. […] Je vous vois, vous m’êtes présente ; je pense, et repense à tout ; ma tête et mon esprit se creusent : mais j’ai beau tourner, j’ai beau chercher, cette chère enfant que j’aime avec tant de passion est à deux cents lieues, je ne l’ai plus.
Sa correspondance le fait aimer et respecter. […] Mais comment pourra-t-il accomplir la loi, lui qui est un être moral et miséricordieux ; lui qui est né pour aimer ; lui qui pleure sur les autres comme sur lui-même, qui trouve du plaisir à pleurer, et qui finit par inventer des fictions pour se faire pleurer ; lui enfin à qui il a été déclaré « qu’on redemandera jusqu’à la dernière goutte du sang qu’il aura versé injustement1 » ? […] L’amour-propre contribue à le rendre aimable ; plus il croit plaire, plus il a de penchant à aimer. […] Il ne réussit bien qu’aux sentiments qui exigent du jet, et au commerce qui demande du goût, de la hardiesse et de la célérité. » « Les journaux et les livres sont plus dangereux en France qu’ailleurs, parce que tout le monde y veut avoir de l’esprit ; et que ceux qui n’en ont pas en supposent toujours beaucoup à l’auteur qu’ils lisent, et se hâtent de penser on de parler comme lui. » « En France, il semble qu’on aime les arts pour en juger bien plus que pour en jouir. » 1. […] Qu’on me pardonne cette faiblesse, j’admire mon pays et j’aime mon temps.
Un vrai classique, comme j’aimerais à l’entendre définir, c’est un auteur qui a enrichi l’esprit humain, qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un pas de plus, qui a découvert quelque vérité morale non équivoque, ou ressaisi quelque passion éternelle dans ce cœur où tout semblait connu et exploré ; qui a rendu sa pensée, son observation ou son invention, sous une forme, n’importe laquelle, mais large et grande, fine et serrée, saine et belle en soi ; qui a parlé à tous dans un style à lui, et qui se trouve aussi celui de tout le monde, dans un style nouveau, sans néologisme, nouveau et antique, aisément contemporain de tous les âges. […] Au centre du lieu, trois grands hommes aimeraient souvent à se rencontrer devant le portique du principal temple (car il y en aurait plusieurs dans l’enceinte), et, quand ils seraient ensemble, pas un quatrième, si grand qu’il fût, n’aurait l’idée de venir se mêler à leur entretien, ou à leur silence, tant il paraîtrait en eux de beauté, de mesure dans la grandeur, et de cette harmonie parfaite qui ne se produisit qu’un jour dans la pleine jeunesse du monde. […] Lucrèce par exemple aimerait à discuter l’origine du monde et le débrouillement du chaos avec Milton ; mais, en raisonnant tous deux dans leur sens, ils ne seraient d’accord que sur les tableaux divins de la poésie et de la nature. […] Il vient une saison dans la vie où, tous les voyages étant faits, toutes les expériences achevées, on n’a pas de plus vive jouissance que d’étudier et d’approfondir les choses qu’on sait, de savourer ce qu’on sent, comme de voir et de revoir les gens qu’on aime : pures délices du cœur et du goût dans la maturité. […] Non ; voilà pourquoi vous me demandez si j’aime mieux Pope que Virgile.
Moi, qui vous aime tendrement, Je n’écris que pour vous le dire. […] Vous êtes belle, et votre sœur est belle ; Entre vous deux tout choix serait bien doux : L’Amour159 était blond comme vous ; Mais il aimait une brune comme elle. […] Je vous vis, et je vous aimai. […] Le nœud que vous allez former, Ne saurait être trop durable : L’Hymen fait un devoir d’aimer ; L’Amour rend ce devoir aimable. […] Mais votre destinée Ne vous permet d’aimer qu’à la saison des fleurs ; Et quand elle a passé, vous la cherchez ailleurs Afin d’aimer toute l’année.
J’aime bien mieux sa prose que ses vers. […] Burrhus est un bon citoyen ; il aime Néron dont il est le gouverneur et il aime aussi sa patrie. […] On défend ce qu’on aime comme on peut, et je n’aime pas médiocrement la fable. […] J’ai aimé l’étude pour elle-même. […] Mithridate a deux fils, dont l’un, Xipharès, aimait Monime avant ses fiançailles, et était aimé d’elle.
On appelle objet, la personne ou la chose qui en est le terme. = Nous aimons naturellement la vertu ; = vous ambitionnez trop les honneurs ; = le limon fertilise les terres ; = les vers rongent le bois. Dans ces phrases, les mots aimons, ambitionnez, fertilise, rongent, expriment des actions, dont les deux premières sont intentionnelles, et les deux autres réelles. […] Le conditionnel présent marque une chose qui se ferait moyennant une condition : = je vous aimerais, si vous remplissiez bien votre devoir. […] La première comprend les verbes, dont l’infinitif est terminé en er, = aimer. […] Du participe on forme tous les temps composés, en y joignant les temps des verbes avoir ou être ; = j’ai aimé ; = je suis tombé.
Aimez donc la raison : que toujours vos écrits Empruntent d’elle seule et leur lustre et leur prix. […] Oubliez-vous qui j’aime, et qui vous outragez ? […] Depuis quand pense-t-on qu’inutile à moi-même, Je me laisse ravir une épouse que j’aime ? […] Qu’on n’a reçu du ciel un cœur que pour aimer. […] Racine aime, cherche et trouve toujours ces deux éléments indispensables de l’art.
Frivolité ne peut pas rimer avec aimé ; consterné, avec embrasé. […] ——————————— Ô bien heureux mille fois L’enfant que le Seigneur aime ; Qui de bonne heure entend sa voix, Et que ce Dieu daigne instruire lui-même ! […] Que j’aime à contempler, dans mes heureux caprices, Des profondes forêts le silence et l’horreur, Les rochers sourcilleux, les vastes précipices ! […] ô champs aimés des cieux ! […] Les vices sont des montres hideux : l’Envie est dévorée de serpents : la Vengeance est aimée de poignards : la Colère agitée de mouvements convulsifs, a sans cesse l’écume dans la bouche : la Calomnie se traînant dans l’ombre, répand partout le fiel et le poison.
On emploie le genre et l’espèce lorsqu’on prouve qu’il faut aimer la justice parce qu’il faut aimer la vertu, qui est genre par rapport à la justice ; et réciproquement, qu’on doit aimer, par exemple, la justice, qui est une des espèces de la vertu. […] On ne peut s’empêcher d’aimer et d’estimer un tel caractère. […] S’il te reste au fond du cœur le moindre sentiment de vertu, viens, que je t’apprenne à aimer la vie. […] Mais il a mieux aimé être inexact que languissant, et manquer à la grammaire qu’à l’expression. […] La poésie aime à se parer de comparaisons riches, grandes, expressives.
Comparez dans La Bruyère Arias ou le parleur impertinent, qui a tout vu, tout lu, et aime mieux mentir que de se taire ou paraître ignorer quelque chose. […] Lettrés, aimez les sciences. […] Montesquieu aime à débuter par des traits saisissants, à frapper l’imagination, à revêtir sa pensée de vives couleurs. […] Montesquieu aime ces expressions fortes qui parlent à l’imagination.
Écrivain châtié, savant et scrupuleux, puriste dont la finesse littéraire fait le régal des gourmets, il aime à puiser aux sources antiques, et abuse de l’archaïsme. […] Cependant je sais que vous n’aimez pas à être refusée, et comme je suis complaisant, quoi qu’on en dise, voici, en attendant, un petit échantillon de mon histoire ; mais c’est du noir3, prenez-y garde. […] C’est un pays de méchantes gens, qui, je crois, n’aiment personne, et en veulent surtout aux Français5.
Elle aime le mystère ; et une pensée qui n’a rien de mystérieux, c’est-à-dire qui se montre tout entière à la première vue, n’est pas fine, quelque spirituelle qu’elle soit d’ailleurs. […] Il n’y croît que des saules, Et tu n’aimes que le laurier. […] Quittez cette chimère et m’aimez… Polyeucte. Quittez cette chimère et m’aimez…Je vous aime Beaucoup moins que mon Dieu, beaucoup plus que moi-même. […] L’habitant d’un climat pluvieux compare la vue de ce qu’il aime à la vue d’un ciel sans nuages ; l’habitant d’un climat brûlant la compare à la rosée.
Mais je me réjouis avec vous de ce que vous êtes libéral, généreux, humain, faisant valoir les services d’autrui, et oubliant les vôtres ; c’est sur quoi je vous fais mon compliment. » Le Duc de Montausier cessant de faire les fonctions de Gouverneur du Dauphin, lui avait dit : Monseigneur, si vous êtes honnête homme, vous m’aimerez ; si vous ne l’êtes pas, vous me haïrez, et je m’en consolerai. […] « Je n’ai eu jusqu’à ce moment que la douce habitude de vous aimer : mais je vous avouerai que je mêle à cet amour un vrai respect, quand je me représente votre destinée honorable. […] J’aimerais mieux être un homme estimé qu’un homme aimable ; un Officier de nom, qu’un joli cavalier ; et je prendrais, si je pouvais, en talents, la part de mérite que les Français cherchent trop souvent en agréments et en amabilité. […] Je vous aimerai alors de tendresse et de fierté ; et tandis que confinée dans un château, je partagerai ma vie entre les soins de mon sexe et des amusements littéraires, je vous perdrai de vue dans le chemin de la gloire. […] J’ai voulu vous écrire dans l’époque la plus importante de votre vie ; et mon cœur a volé pour cela jusqu’à vous : c’est lui qui m’a dicté tout ce que cette lettre contient ; il vous aime trop pour avoir pu se tromper.
Elle aime à se jouer au soleil et parmi les fleurs ; elle séduit par l’abandon et la grâce ; elle éblouit par le reflet de ses couleurs vives et chatoyantes. […] Tantôt douce et tendre, tantôt piquante et moqueuse, elle prend tous les tons, elle joue en passant avec tous les sentiments du cœur ; mais elle aime surtout le plaisir, l’enjouement et l’esprit. […] La France est par excellence le pays de la chanson : c’est comme un fruit naturel de cette terre où l’on aime avant tout l’esprit et la gaieté.
Brave Crillon, Vous sçavés comme estant roy de Navarre je vous aimois et faisois cas de vous. […] Plutarque me sourit tousjours d’une fresche nouveauté ; l’aimer c’est m’aimer, car il a esté l’instituteur de mon jeune âge. […] C’est une personne qui est aimée et estimée de toute la cour, et qui dispose de tout le Parlement. […] Vous m’en ferez une que vous me devez, si vous me faites l’honneur de m’aimer toujours autant que vous avez fait autrefois, et si vous croyez que je suis votre, etc. […] Jusque-là je suis assez glorieux pour vous dire de porte à porte que je ne vous crains ni ne vous aime.
Il aime qu’on lui montre le cœur humain à découvert, et à démêler les secrets ressorts qui le font mouvoir dans les différentes circonstances de la vie : c’est en cela que l’histoire nous est vraiment utile. […] Il haïssait les femmes autant que Louis les aimait. […] C’est le lot d’un peuple qui aura mieux aimé mourir libre que de vivre esclave. […] Les Romains étaient ambitieux par orgueil, et les Carthaginois par avarice : les uns voulaient commander, les autres voulaient acquérir ; et ces derniers, calculant sans cesse la recette et la dépense, firent toujours la guerre sans l’aimer. […] Il avait aimé le faste dans les habits, il ne fut plus vêtu que comme un simple soldat.
Quelques-uns ne souffrent pas que Corneille, le grand Corneille, lui soit préféré, quelques autres qu’il lui soit égalé : ils en appellent à l’autre siècle, ils attendent la fin de quelques vieillards qui, touchés indifféremment de tout ce qui rappelle leurs premières années, n’aiment peut-être dans Œdipe que le souvenir de leur jeunesse3. […] Les hommes n’aiment point à vous admirer ; ils veulent plaire : ils cherchent moins à être instruits, et même réjouis, qu’à être goûtés et applaudis ; et le plaisir le plus délicat est de faire celui d’autrui4. […] J’aime mieux la malice de La Fontaine disant : Le fils de Jupiter devait, par sa naissance, Avoir un autre esprit, et d’autres dons des cieux, Que les enfants des autres dieux. […] On lit dans Racine : Il faut désormais que mon cœur, S’il n’aime avec transport, haïsse avec fureur. […] ils aiment à voir, en vrais badauds, les malheurs du prochain.
Un des plus efficaces moyens de faire aimer la vertu, c’est de persuader qu’on l’aime soi-même. […] Mais s’ils aiment avec transport, on peut dire aussi qu’ils haïssent avec fureur : presque tous leurs sentiments sont excessifs. […] Ils aiment la joie, l’amusement, la gaieté. […] Ils aiment, disait un sage de la Grèce, comme s’ils devaient haïr un jour ; mais aussi ils haïssent, comme s’ils devaient aimer un jour. […] Notre volonté se porte vers ces objets, les poursuit, les aime, et s’y attache : de là l’amour.
C’est peu d’aimer les vers, il les faut savoir lire ; Il faut avoir appris cet art mélodieux De parler dignement le langage des dieux ; Cet art qui, par les tons des phrases cadencées, Donne de l’harmonie et du nombre aux pensées ; Cet art de déclamer dont le charme vainqueur Assujettit l’oreille et subjugue le cœur. […] Vous m’avez tout donné : la vie et la lumière, Le blé qui fait le pain, les fleurs qu’on aime à voir, Et mon père et ma mère, et ma famille entière ; Moi, je n’ai rien pour vous, mon Dieu, que la prière Que je vous dis matin et soir. Notre Père des cieux, bénissez ma jeunesse : Pour mes parents, pour moi, je vous prie à genoux ; Afin qu’ils soient heureux, donnez-moi la sagesse ; Et puissent leurs enfants les contenter sans cesse, Pour être aimés d’eux et de vous !