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66. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce premier volume. » pp. 365-408

Les Grecs l’enterrèrent sur le promontoire de Sigée, où ils lui élevèrent un tombeau. […] Il erra sur la terre avec Neptune, exilé comme lui, pour avoir conspiré contre Jupiter ; et ils se virent tous les deux réduits à faire des briques, sous les ordres de Laomédon qui élevait les murs de Troie. […] Il s’éleva aux premières dignités de la république par son éloquence et ses exploits militaires, se ligua avec Pompée et Crassus pour donner des lois aux Romains (ligue qu’on appelle le premier Triumvirat), et passa dans les Gaules, dont il fit la conquête, ainsi que d’une partie de la Germanie et de la Grande-Bretagne, comme il avait fait celle de bien d’autres pays. […] Peu de temps après, cette princesse craignant d’être forcée à épouser Hyarbas, roi de Mauritanie, qui l’aimait passionnément, fit élever un bûcher pour apaiser, disait-elle, les mânes de son mari, avant de former ce nouveau lien conjugal ; monta sur ce bûcher et se poignarda en présence du peuple, vers l’an 890 avant J.

67. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Il s’éleva hautement contre le matérialisme de son siècle, et ces pages qui honorent son talent doivent nous rendre plus sévères pour celles qui en furent un emploi pernicieux. […] J’ai dit qu’on m’envoyât un Pichon de dix ans pour l’élever ; aussitôt un Pichon est parti pour Lyon. […] Pour Dieu, daignez vous en informer ; envoyez-le-nous de panier en panier ; vous ferez une bonne œuvre J’aime mieux élever un Pichon que servir un roi, fût-ce le roi des Vandales. » 2. […] On se contentait à Berlin de lever les épaules, car le roi ayant pris parti dans cette malheureuse affaire, personne n’osait parler ; je fus le seul qui élevai la voix.

68. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Canevas

Suivant les auteurs orientaux, tous les ans, à une certaine époque, les huîtres à perles s’élèvent à la surface de la mer et s’entrouvrent pour recevoir la pluie, dont les gouttes forment des perles. […] Mais la grâce est toujours unie à la magnificence dans les scènes de la nature, et tandis que le courant du milieu entraîne vers la mer les cadavres des pins et des chênes, on voit, sur les deux courants latéraux remonter le long des rivages des îles flottantes de Pistia et de Nénuphar, dont les roses jaunes s’élèvent comme de petits pavillons. […] Au nom de Kenneth, de joyeuses acclamations s’élèvent de la tente du roi : A peine entend-on la réponse de Montserrat, qui proteste de son innocence. […] Cette simplicité de style vous permettra de vous élever jusqu’au sublime, quand vous exposerez les motifs surnaturels, et que vous parlerez de la force et de la grandeur du Dieu de la victoire. […] De fragiles statues ont été détruites ; le prince peut en élever d’autres dans les cœurs ; ces dernières sont indestructibles.

69. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Élevez-vous, je vous en conjure, au-dessus de ces sentiments vulgaires. […] Je n’ai de force que pour m’élever, et pour vertu qu’une certaine incorruptibilité.

70. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

Aujourd’hui la poésie et les grandes légendes de l’histoire exaltent vos jeunes cœurs et vous élèvent à des hauteurs d’où vous regardez avec mépris les distractions de votre âge tendre. […] De fortes présomptions morales s’élevaient contre nous, et le ministère public les avait fait valoir avec un art perfide.

71. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

D’ailleurs, outre que la naïveté, la pureté des mœurs qui conviennent aux bergers, sont les qualités ordinaires de la religion et de la piété, il est certain que rien n’est plus propre à élever l’âme vers Dieu que le spectacle de la nature et la solitude des campagnes. […] Si la poésie pastorale doit éviter tout ce qui sentirait l’étude et l’application, cependant elle peut s’élever quelquefois, comme on le voit par l’exemple de Théocrite, de Virgile, de Segrais et de Racan.

72. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Rien n’est plus vrai, dit Marmontel, quand il s’agit d’échauffer l’âme et de l’élever. […] À chaque mot, l’auditeur indigné s’élèverait contre ces injustes louanges. […] De pareilles conditions étaient très propres à élever l’éloquence à une haute perfection. […] Dieu permit aux vents et à la mer de gronder et de s’émouvoir, et la tempête s’éleva. […] Comme elles s’élèvent et s’abaissent !

73. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Il réconciliera les peuples et les Rois, loin de les diviser pour les affaiblir, et pour élever sa puissance sur leurs divisions et sur leur faiblesse. […] qu’il est propre à élever l’âme jusqu’à l’être des êtres ! […] Tout s’administrait par ses avis absolus, comme s’il se fût multiplié lui-même pour faire les fonctions de tous les emplois, et, ce qui peut faire connaître l’étendue de son génie, tandis qu’il paraissait devoir succomber sous le poids de tant d’affaires, on le voyait occupé à lier des intrigues de Cour, à placer ses créatures, à établir sa maison, à élever des bâtiments : on le voyait dans les Académies s’entretenir avec les savants, et se prêter à des spectacles et à des divertissements publics, comme s’il avait été libre de toute autre occupation…… Le cardinal de Richelieu n’eut qu’une passion ; mais elle fut extrême : ce fut une ambition démesurée, qui ne put être satisfaite que par toute l’autorité souveraine, et qui n’eut d’autres bornes que le nom et le titre de roi.

74. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Arbres dépouillés si longtemps, Couronnez vos têtes naissantes, Et de vos fleurs éblouissantes, Parez le trône du printempsa Élevez vos pampres superbes Sur le faîte de ces ormeaux, Vignes, étendez vos rameaux. […] L’Épiphonème est une espèce d’exclamation ou une réflexion courte et vive à la fin d’un récit, comme on va le voir dans cet endroit de l’Énéide : « L’infortuné Priamd se voyant menacé d’une guerre et d’un siège, dont il redoutait les événements, avait secrètement envoyé le jeune Polydore, un de ses fils, avec beaucoup d’or, au roi de Thracea, pour le faire élever dans sa cour. […] Dans la magnificence de votre gloire, vous avez terrassé ceux qui s’élevaient contre vous.

75. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

La force de son caractère, l’amour de la gloire et le dévouement à une idée l’élevèrent au-dessus des querelles de son temps ; au lieu de se dépenser au jour le jour, il économisa si bien ses facultés qu’il ne se laissa pas distraire un instant du sujet grandiose auquel il avait voué son existence. […] On ne peut donc trop s’en occuper ; c’est même le seul moyen d’affermir, d’étendre et d’élever ses pensées : plus on leur donnera de substance et de force par la méditation, plus il sera facile ensuite de les réaliser par l’expression3. […] C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire : il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées ; et, comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres ; il demeure donc dans la perplexité ; mais, lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire ; les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile2 ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur ; et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l’on dit à ce que l’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux.

76. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Tantôt le bon prélat se rabattait, tantôt il s’élevait trop haut ou descendait trop bas. […] Il ressemblait à celui qui, dans un jardin, coupait avec son épée la tête des fleurs qui s’élevaient au-dessus des autres. […] Si c’est le matin, quelles vapeurs légères s’élèvent ! […] Celles-ci volaient en tourbillonnant, à la manière des papillons ; celles-là s’élevaient en l’air, en se dirigeant contre le vent. […] Ils doivent donc voir les fluides monter au lieu de descendre ; se mettre en rond au lieu de se mettre de niveau, et s’élever en l’air au lieu de tomber.

77. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

        « Il m’est, disait-elle, facile D’élever des poulets autour de ma maison ;         Le renard sera bien habile S’il ne m’en laisse assez pour avoir un cochon. […]     Ce n’est mon fait. » Il en pèse un second,         Le sac des grands, des gens en place :     Là gisent le travail et le penser profond, L’ardeur de s’élever, la peur de la disgrâce, Même les bons conseils que le hasard confond. […] Les images sont sublimes quand elles élèvent notre esprit au-dessus de toutes les idées de grandeur qu’il pouvait avoir. […] Quand il ouvrit les yeux sur l’univers, qu’il sentit sa propre existence el les impressions agréables qu’il recevait par tous ses sens, il ne put s’empêcher d’élever la voix.

78. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IX. De l’élégie. »

Pour être morale et consolatrice, l’élégie ne doit pas s’enfoncer dans le désespoir, mais elle doit élever son regard vers le ciel et aspirer à Dieu.

79. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

Les exemples récents de Marius et de Sylla lui firent comprendre qu’il n’était pas impossible de s’élever à la souveraine puissance ; mais, sage jusque dans ses désirs immodérés, il distribua en différents temps l’exécution de ses desseins. […] Mais ils nous font sentir en même temps notre impuissance de nous élever jusqu’à l’imitation de ces actions d’éclat qui ont fixé la destinée des empires et le sort des peuples ; au lieu que nous ne jugeons pas au-dessus de nos forces morales les actions particulières d’un homme, quelque illustres qu’aient été son rang ou sa naissance59. […] Florus et Velléius, surtout, s’élèvent beaucoup au-dessus des simples abréviateurs ; car, dans ces sortes d’ouvrages, on laisse entièrement de côté, ordinairement, les ornements et le charme du style ; mais ces deux-là sont loin de renoncer soit à l’élégance du style, soit aux pensées grandes et vigoureuses, soit aux tableaux vivement colorés ; et c’est ce qui leur donne un prix tout particulier.

80. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

Zénobie ou la vanité de la magnificence Ni les troubles, Zénobie 2, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate pour y élever un superbe édifice ; l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante ; un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient du bois du Liban, l’airain et le porphyre ; les grues3 et les machines gémissent dans l’air, et font espérer à ceux qui voyagent vers l’Arabie de revoir à leur retour en leurs foyers ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez le porter, avant de l’habiter vous et les princes vos enfants. […] La Bruyère se souvient de Bossuet : « On y élevait jusqu’au ciel le coup d’essai du duc d’Enghien : c’en serait assez pour illustrer une autre vie que la sienne ; mais pour lui c’est le premier pas de sa course. » 4. […] Grues, machines pour élever les lourdes masses.

81. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Il faut s’élever jusqu’au véritable langage de la passion. […] Prenez surtout bien garde de porter la passion trop loin ou de l’élever à une hauteur surnaturelle. […] Aussi l’ode peut s’élever jusqu’au sublime ou descendre jusqu’à la plaisanterie et la gaîté. […] Une ode morale, et à plus forte raison celle que l’on veut élever jusqu’au sublime, doit être pleine de chaleur et de vie. […] Partout le chardon élevait sa tête solitaire, et la mousse épaisse frémissait au souffle des vents.

82. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre II. Éloge de Démosthène par Lucien. »

La conversation s’engage sur le mérite poétique et littéraire de ces deux grands hommes ; c’est à qui élèvera plus haut la gloire de son héros.

83. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Définition et division. »

Et quel objet plus digne d’ambition, que de s’élever au-dessus des autres hommes par cette faculté unique, qui les élève eux-mêmes au-dessus des bêtes ?

84. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Celui qui, en les cultivant, ne songe pas à s’élever soi-même et à élever les autres à une plus haute perfection, n’est qu’un discoureur puéril et frivole, et il ne mérite pas d’être admis dans le sanctuaire des lettres. […] Ainsi, utiliser une découverte, démoraliser une armée, s’élever à la hauteur des principes, être fort de ses intentions, sont des locutions définitivement acceptées. […] Corneille sentait la nécessité d’être simple dans les choses simples ; mais alors il descendait trop bas comme il s’élevait quelquefois trop haut quand il voulait être noble. […] Ces grandes ombres, évoquées par l’émulation, et s’offrant à nous dans leur éminente beauté, nous élèveront presque à la hauteur dont notre esprit aura conçu l’image. […] Sublimité, variété, harmonie, tout doit concourir à captiver l’homme tout entier et à l’élever jusqu’au beau idéal de la grandeur.

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