Comment s’égarer, en effet, avec des guides tels que ceux qui, parmi les anciens et les modernes, ont écrit sur le bel art de l’éloquence, depuis Aristote jusqu’à La Harpe ? […] Parcourons ce que Cicéron a écrit sur l’éloquence, et nous le verrons poser partout la probité pour base de ce bel art. […] Voila les modèles que doit se proposer celui qui écrit pour la jeunesse, et qui écrit (comme je le faisais en commençant cet ouvrage) immédiatement après les jours de la corruption et de la barbarie ; il doit s’élever au-dessus de toutes les petites considérations particulières, ne voir que le bien, le vouloir fortement, et prendre, pour l’opérer, tous les moyens qui sont en sa puissance.
Le premier, Madame, a été d’écrire à M. Molé, comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, dans un billet que vous avez comblé de gloire, et qui ne mérite pas d’être compté ; le second a été de vous écrire à vous-même ; le troisième, de chercher sur ma table une demi-douzaine de lettres éparses que j’avais commencées pour vous dans les intervalles de mes angoisses, et que j’avais toujours été forcé d’interrompre en me disant : Je souffre trop, je recommencerai demain ; le quatrième a été de les lire ; le cinquième enfin est de vous en envoyer la copie. Comme l’intention, quand elle est ainsi constatée, équivaut à l’exécution, je pourrai me vanter à vous de vous avoir écrit six lettres pour une, moi qu’on a toujours accusé de n’en écrire qu’une pour six.
Il est évident que ce chapitre ne contient plus aujourd’hui les développements qu’Aristote avait écrits sur le ridicule. […] L’auteur avait aussi sous les yeux le VI e chapitre de la Poétique quand il écrivait ces lignes sur la tragédie : τραγψδία ύφαιρεΐ τά φοbερά παθήματα της ψυχής δι’ οίxτου xαì ’óτι ( ?) […] Vauquelin de la Fresnaye écrit, à la fin du XVI e siècle (Poétique, livre II, p. 50, éd. 1612) : Or comme eux l’héroïc, suivant le droit sentier, Doit son œuvre comprendre au cours d’un an entier Le tragic, le comic, dedans une journée Comprend ce que fait l’autre au cours de son année. […] Leur exemple fut négligé par la plupart des poëtes qui les suivirent de près, comme nous l’apprenons d’Aristote qui blâme plusieurs de son temps de ce qu’ils donnaient à leurs poëmes une trop longue durée, ce qui semble l’avoir obligé d’en écrire la règle ou plutôt de la renouveler sur le modèle de ces anciens. » (Pratique du Théâtre, II, 7. […] Marmontel écrit : « La même continuité d’action qui, chez les Grecs, liait les actes l’un à l’autre et qui forçait l’unité de temps, n’aurait pas dû permettre le changement de lieu les Grecs ne laissaient pourtant pas de se donner quelquefois cette licence, comme on le voit dans les Euménides. » Et plus bas : « On n’a pas toujours ni partout reconnu comme indispensable la règle des unités : on sait que sur le théâtre anglais et sur le théâtre espagnol elle est violée en tout point et contre toute vraisemblance.
Grâce à elle, grâce à sa plume naturelle et fine, délicate et ferme, courant toujours et ne s’égarant jamais, la Lettre, écrite jusqu’alors avec emphase, négligence ou affectation, est devenue l’un des genres dont la littérature française a le plus droit d’être fière. […] Je vous écrivis vendredi qu’il s’était poignardé ; voici l’affaire en détail : le roi arriva le jeudi au soir ; la promenade, la collation dans un lieu tapissé de jonquilles, tout cela fut à souhait. […] Vous savez que je vous donnai une manière de devise qui vous convenait : voici un mot que j’ai écrit sur un arbre pour mon fils, qui est revenu de Candie : Vago di fama 3 ; n’est-il point joli pour n’être qu’un mot ? Je fis écrire encore hier en l’honneur des paresseux : Bella cosa far niente 1. […] Walckenaer : « Mémoires touchant la vie et les écrits de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné. » MM.
Ou sachez-vous connaître, ou gardez-vous d’écrire. […] Ou n’écrit que pour se faire entendre : il faut donc commencer par se bien entendre soi-même, et l’on deviendra clair et facile pour les autres. Avant donc que d’écrire apprenez à penser. […] Surtout qu’en vos écrits la langue révérée, Dans vos plus grands excès, vous soit toujours sacrée. […] C’est le caractère de tous les écrits d’Aristote.
Les inquisiteurs d’État ont les yeux ouverts sur votre conduite ; on vous épie, on suit tous vos pas, on tient note de tous vos projets ; on ne doute point que vous n’écriviez. […] Voyez, monsieur, si en effet vous avez écrit, et songez qu’une ligne innocente, mais mal interprétée, vous coûterait la vie. […] Il est écrit : Cœli enarrant gloriam Dei . […] Son principal titre est un recueil de lettres écrites à son fils. […] Ailleurs, Schiller écrit à Goëthe : « J’ai relu Diderot sur la peinture ; Diderot ressemble à bien des gens qui trouvent la vérité par le sentiment et la dissipent par le raisonnement.
Par le mot dire, on entend parler et écrire. […] On est correct quand on écrit bien, on est pur quand on écrit très bien. […] Que faut-il examiner pour écrire en bon style ? […] À quelles occasions écrit-on une lettre de compliment ? […] En quelle occasion écrit-on une lettre d’excuses ?
Condillac veut faire sentir quelle harmonie et quelle variété amène dans un écrit cette étroite liaison des idées dont j’ai parlé en traitant de la disposition. […] Assurément, il y a dans les poésies de Lamartine de riches et brillantes descriptions, des narrations suaves et touchantes, des morceaux lyriques aussi irréprochables qu’élevés, mais, en même temps, il s’y trouve des passages, et, entre autres, une certaine dédicace à Maria Anna Elisa où s’accumulent les métaphores les plus fausses et les plus incohérentes que l’on puisse rencontrer : Doux nom de mon bonheur, si je pouvais inscrire Un chiffre ineffaçable au socle de ma lyre, C’est le tien que mon cœur écrirait avant moi, Ce nom où vit ma vie et qui double mon âme ; Mais pour lui conserver sa chaste ombre de femme, Je ne l’écrirais que pour toi. […] Je conçois que, si la femme aimée vous rend parfaitement heureux, vous puissiez dire que son nom est celui de votre bonheur ; mais ce que je ne conçois pas, c’est que votre cœur écrive avant vous le chiffre de ce nom, et que vous prétendiez conserver à ce chiffre ou à ce nom une chaste ombre de femme. […] … Facies non omnibus una Nec diversa tamen… Une mère désespérée écrit sur la tombe de son enfant le mot fatal de la Bible : Et noluit consolari ; une mère résignée, le mot consolant de l’Evangile : Laissez venir à moi les petits enfants. […] Dès qu’elle réclame un commentaire, une note explicative, elle est défectueuse ; c’est là le vice radical de certains ouvrages écrits du point de vue d’une société ou d’une coterie.
» Les Grecs n’écrivirent l’histoire que quatre cents ans après Homère. […] Ce n’est néanmoins que dans les siècles éclairés que l’on a bien écrit et bien parlé. […] » C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire. […] Mais lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit ; il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire. […] Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ».
Il écrivit des ballades et des rondeaux comme le moyen âge, des élégies, des églogues, des épîtres, des épigrammes comme les anciens, et des psaumes que chantèrent les Huguenots. […] Les poètes dramatiques éclos sur les pas de Jodelle, — la liste en serait longue, — écrivaient tragédies antiques, tragédies bibliques, tragédies modernes, voire contemporaines. […] Avant Boileau il prescrivait, il pratiquait le Avant donc que d’écrire apprenez à penser. […] Dans les conditions diverses de cette existence agitée, Marot a toujours écrit ; il en a semé de vers tout le cours et toutes les étapes. […] Son Enfer (c’est le Châtelet) est écrit dans la prison de Chartres, où en 1526 il est transféré de Paris ; ses Psaumes sont de 1540 à 1543 : ils furent continués à Genève.
Outre ces espèces particulières du dialogue, il y en a une autre qu’on nomme dialogue poétique ou dramatique, quoique les premières puissent être écrites en vers et que cette dernière puisse être écrite en prose. […] La seconde partie, c’est le bord de la rivière, du côté où l’auteur écrit. […] Ecrit presque toujours pour les enfants, le conte veut un style simple, léger, familier et à la portée du premier âge. […] Que doit-on, en effet, se proposer en apprenant à écrire ? […] Ecrire ainsi, c’est écrire en poète plutôt qu’en narrateur.
Avant de considérer les ornements du style, et de clore par là notre étude sur les règles générales de l’art d’écrire, nous examinerons les différentes qualités qui lui sont assignées par les rhéteurs. […] Boileau en proclame l’importance dans ces vers déjà cités : Surtout qu’en vos écrits la langue révérée… 114. […] Dans la langue parlée et dans la langue écrite La clarté du discours est le premier mérite. […] l’Hymne de l’Enfant à son réveil, de Lamartine, et les vers si gracieux que Voltaire, âgé de plus de quatre-vingts ans, écrivit à madame Lullin. […] Le grand art d’écrire, en un mot, est de n’être ni au-dessus ni au-dessous de ce qu’on veut exprimer.
Quant à l’orthographe, elle n’est pas fixée : on trouve le même mot écrit de vingt manières différentes, parfois dans le même manuscrit. […] Ne sachant pas écrire, ils empruntèrent un secours mnémotechnique à la simplicité du mètre et de l’assonance, qui servit de moule à leurs fictions. […] Ces œuvres où l’art individuel jouait un moindre rôle que la tradition furent une création collective et continue, plutôt orale qu’écrite, et à laquelle collaborait l’esprit des générations successives. […] Si l’on excepte quelques discours éloquents de Gerson (1363-1429), ou les écrits inégaux, mais relevés de Christine de Pisan et d’Alain Chartier, un seul nom mérite une longue mémoire dans la foule de ceux qui jargonnent des patois de toute provenance. […] Pétrarque écrivit des lettres sur la recherche des manuscrits ; il retrouva lui-même l’Institution oratoire de Quintilien, une partie de la Correspondance de Cicéron, et quelques tragédies de Sophocle.
La seconde règle, c’est que les diverses parties d’un écrit aient entre elles une juste proportion. […] Il ne faut pas oublier non plus les dimensions proportionnelles pour les diverses formes employées dans un écrit. […] C’est une règle qu’oublient plusieurs des romanciers actuels, ceux surtout qui écrivent d’ordinaire pour le théâtre ; ils multiplient singulièrement le dialogue ; l’habitude de la scène les emporte à chaque page. […] « Les pierres bien taillées, dit Cicéron, s’unissent d’elles-mêmes sans le secours du ciment. » Et il dit vrai ; seulement, elles ne s’unissent ainsi que dans les constructions romaines, c’est-à-dire dans ces écrits profondément et énergiquement médités, où le sujet se développe franchement, où les idées s’attirent et se balancent comme les corps dans l’univers de Newton. […] D’autre part, il n’a pas fallu moins de 104 volumes à un honorable hennuyer pour écrire l’histoire de la seule et unique ville de Tournai jusqu’au xviie siècle ; il allait entamer cette époque et le 105e tome, quand la mort s’impatienta et l’arrêta.
Il a porté dans tous ses écrits ces délicates inquiétudes qui visent à la perfection2, ce sentiment du beau, du bien et du vrai qui est l’âme du talent. […] Relisez avec soin la plupart des ouvrages qui ont paru de 1750 à 1760, pièces de théâtre, romans, écrits philosophiques, discours académiques, compositions sérieuses et légères ; examinez le caractère général que présente en ces divers écrits la prose française : on la dirait épuisée, étiolée. […] Pardonnons beaucoup à celui qui a écrit tant de belles pages sur la liberté, sur la vertu et sur Dieu ; mais réservons notre admiration tout entière pour les écrivains du dix-septième siècle, parce qu’en eux la simplicité, la naïveté même est unie à la grandeur, que la grâce y est la parure de la force, et la solidité l’essence même de leur génie. […] Je lis dans M. de Rémusat : « Il nous disait qu’en étudiant le dix-septième siècle, il avait appris à écrire. […] Il s’était fait comme une habitude de l’éloquence ; car il ne pouvait guère écrire ou parler sans reproduire les deux caractères de son talent, la grandeur et la passion. » 2.
Pour vous écrire, depuis six mois que je roule ce projet dans ma tête, je n’ai pas faute de matière, mais de temps et de repos ; car nous triomphons en courant, et ne nous sommes encore arrêtés qu’ici, où terre nous a manqué. […] Il n’en reste que la base sur laquelle j’ai écrit avec un crayon : Lugete, Veneres Cupidinesque 4, et les morceaux dispersés qui feraient mourir de douleur Mengs et Winckelmann1, s’ils avaient eu le malheur de vivre assez longtemps pour voir ce spectacle. […] La Fontaine m’est mieux connu que si, lui vivant, je le voyais sans lire ce qu’il a écrit. […] Daunou, envoyé comme commissaire à Rome, écrivait au directeur La Revellière (30 mars 1798) : « Il paraît que vous renoncez à la colonne Trajane ; au fond, ce serait une entreprise extrêmement dispendieuse. » Il ajoutait dans une autre lettre « En général, je vois qu’il est bon de s’en tenir aux trois cent cinquante caisses ; il n’est ni juste ni politique de trop multiplier les enlèvements de cette nature. » (Note du Trésor littéraire. […] Il s’est mis en cause commune avec Socrate, Pascal, Cicéron, Franklin, Démosthène, saint Paul, saint Basile ; il s’est environné de ces grands hommes, comme d’une glorieuse milice d’apôtres de la liberté de penser, de publier, d’imprimer ; il les montre pamphlétaires comme lui, faisant, chacun de son temps, contre une tyrannie ou contre l’autre, ce qu’il a fait du sien, lançant de petits écrits, attirant, prêchant, enseignant le peuple, malgré les plaisanteries de la cour, le blâme des honnêtes gens, la fureur des hypocrites et les réquisitoires du parquet ; les uns allant en prison comme lui, les autres forcés d’avaler la ciguë ou mourant sous le fer de quelque ignoble soldat.
Comment, cousine, depuis trois ans voilà deux fois que vous m’écrivez ! […] si je vous querelle, vous ne m’écrirez plus du tout ; je vous pardonne donc, crainte de pis. […] Mais pour vous écrire tout, ah ! […] s’il était écrit…), il dit d’abord d’où nous venions, où nous allions, que nous étions Français, imaginez un peu !
On écrivit en effet, une grand femme, comme nous disons encore une grand’route. […] Ce fut postérieurement que, l’assimilant à la seconde personne, caractérisée par l’s final, on écrivit je crois, je rends, je dis, au lieu de je croi, je ren, je dy, etc. […] On écrivait : « Les nymphes fuyantes, les troupeaux bellans. » Or,ces flexions eurent l’avantage de varier les assonances, et produisirent parfois des effets que ne rend pas une terminaison invariable. […] On disait de même, sans le moindre scandale, pâlir ou éclater quelque chose, pour faire pâlir et faire éclater ; il était permis également d’écrire : entrer un lieu, jouir un plaisir, user une faveur. […] Au lieu de recepvoir, debvoir, aultre, paulme, il écrivait : recevoir, devoir, autre, paume.
Qu’est-ce qu’on vous écrit ? […] on écrit tant chez nous ! […] Ma main, sans que j’y rêve, écrira Raumaville. […] Écrivez donc. […] Écrivez, je vous prie.