Il n’est question que d’avoir bonne vue ; mais il faut l’avoir bonne, car les principes sont si déliés et en si grand nombre qu’il est presque impossible qu’il n’en échappe. […] Il échappe quelque fois de souhaiter la fin de tout le spectacle : c’est faute de théâtre, d’action et de choses qui intéressent. […] Bouhours est derrière eux, marquant sur des tablettes toutes les fautes de langage et toutes les négligences qui leur échappent. […] Ils voient, ils entendent, ils sentent ce qui échappe aux hommes moins sensiblement organisés et moins exercés. […] Ils seraient bien plus dignes d’excuse, si, portant déjà le deuil, l’amertume, le désespoir souvent dans le cœur, ils en laissaient échapper quelques traits au dehors.
Ce qui lui semblait si facile et si indubitable qu’il écrivit partout, et même en Espagne, qu’il tenait le Béarnais enfermé en un lieu d’où il ne lui pouvait échapper à moins que de sauter dans la mer.
Au xvie siècle, il s’agissait d’amener l’Église à la réforme d’abus disciplinaires ; mais on s’élève contre le principe d’autorité, on lui refuse l’interprétation du dogme révélé, on remet cette interprétation à la mobilité du jugement individuel : aussitôt s’échappe du sein des peuples « ce je ne sais quoi d’inquiet », comme dit Bossuet, qu’ils ont au fond du cœur ; la démangeaison d’innover saisit tous les esprits, et le protestantisme se pulvérise en mille sectes contradictoires, qui livrent le christianisme mis en pièces aux mépris de l’incrédulité. […] Les circonstances étaient-elles difficiles, les esprits fatigués d’une longue discussion ou intimidés par le danger ; un mot décisif s’échappait de sa bouche, sa tête se montrait effrayante de laideur et de génie, et l’assemblée éclairée ou raffermie rendait des lois ou prenait des résolutions magnanimes. […] Mais le monde expia son crime : Des fléaux inconnus, ministres du trépas, S’échappèrent du sombre abîme ; Et, tardive autrefois à saisir sa victime, La mort précipita ses pas. […] Les déesses du Styx l’attendaient hors du temple, Et n’osaient le poursuivre en ces lieux redoutés ; Lorsqu’une femme, une ombre aux bras ensanglantés, Menaçante, apparaît dans l’enceinte immortelle : « Déesses, l’assassin vous échappe, dit-elle ; Réveillez vos fureurs, suivez cet inhumain, À la trace du sang qui coule de sa main ; L’empreinte de ce sang ne peut être lavée ; Rendez-moi, rendez-moi ma victime enlevée ; Qu’Apollon le rejette ; et du temple vomi, Qu’il rencontre partout votre autel ennemi ! […] Confiné près de lui dans ce triste séjour, Quand je vois sa raison décroître avec le jour, Quand de ce triple pont, qui le rassure à peine, J’entends crier la herse et retomber la chaîne, C’est moi qu’il fait asseoir au pied du lit royal Où l’insomnie ardente irrite encor son mal ; Moi, que d’un faux aveu sa voix flatteuse abuse S’il craint qu’en sommeillant un rêve ne l’accuse ; Moi, que dans ses fureurs, il chasse avec dédain ; Moi, que dans ses tourments il rappelle soudain ; Toujours moi, dont le nom s’échappe de sa bouche Lorsqu’un remords vengeur vient secouer sa couche.
C’est ce trait d’éloquence qui fit une si vive impression sur César que, suivant Plutarque, il laissa échapper de sa main les papiers parmi lesquels était la condamnation de Ligarius. […] Fénelon, qui avait le génie oratoire, plaide la cause du génie ; mais le génie est une exception très-rare ; il échappe à toutes les règles il les domine, il les fait, il les impose, ce n’est pas pour lui que sont écrits nos modestes traités. D’ailleurs, le génie manquerait de force, s’il était incapable de briser ces faibles entraves et d’échapper à un joug dont il serait blessé ; le vrai génie peut dire comme le chêne du fabuliste : Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr. […] Aristote lui-même cédait à cet entraînement, quand trompé dans ses plus légitimes espérances il laissait échapper ces tristes-paroles : « O mes amis ! […] Non, pas une action, pas une parole, pas une pensée n’échappe à Dieu.
Mais un superbe regard, un sourire doux, une expression habituelle de bienveillance, l’absence de toute affectation minutieuse et de toute réserve gênante, des mots flatteurs, des louanges un peu directes, mais qui semblent échapper à l’enthousiasme, une variété inépuisable de conversation, étonnent, attirent, et lui concilient presque tous ceux qui l’approchent.
Une armée de cent mille hommes, commandée par les empereurs de Russie et d’Autriche, a été, en moins de quatre heures, ou coupée ou dispersée ; ce qui a échappé à votre feu s’est noyé dans les lacs. […] À peine échappés, par l’effet d’une générosité peut-être condamnable, aux désastres de la troisième coalition, ils en ont ourdi une quatrième.
Elle se trouve confirmée par des rapprochements qui avaient échappé jusqu’ici à tous les critiques, dans un important mémoire de M.
Enfin, je suis échappé des bandits, des Espagnols et de la mer.
Il y a une sorte de politesse qui est nécessaire dans le commerce des honnêtes gens2 : elle leur fait entendre raillerie, et elle les empêche d’être choqués et de choquer les autres par de certaines façons de parler trop sèches et trop dures, qui échappent souvent sans y penser quand on soutient son opinion avec chaleur.
J’entends par là que nous nous sommes interdit toute ostentation de vaine science, pour remplir le rôle modeste d’interprète et de guide, expliquant ce qui est douteux ou obscur, soulignant les beautés sans pallier les défauts, traduisant certaines nuances dont la délicatesse peut échapper à des regards trop rapides, se défiant également d’une admiration superstitieuse et d’un purisme trop raffiné, visant surtout soit à économiser le temps précieux du maître par des recherches qui préviendront les siennes, soit à stimuler l’intelligence de l’élève par des aperçus qui éveilleront ses idées propres.
L’appeler, faire du bruit, je n’osais ; m’échapper tout seul, je ne pouvais ; la fenêtre n’était guère haute, mais en bas deux gros dogues hurlant comme des loups… En quelle peine je me trouvais ; imaginez-le si vous pouvez.
J’entends par là que nous nous sommes interdit toute ostentation de vaine science, pour remplir le rôle modeste d’interprète et de guide, expliquant ce qui est douteux ou obscur, soulignant les beautés sans pallier les défauts, traduisant certaines nuances dont la délicatesse peut échapper à des regards trop rapides, se défiant également d’une admiration superstitieuse et d’un purisme trop raffiné, visant surtout soit à économiser le temps précieux du maître par des recherches qui préviendront les siennes, soit à stimuler l’intelligence de l’élève par des aperçus qui éveilleront ses idées propres.
Il voit à ses pieds une feuille de rose, il la ramasse, il la pose délicatement sur la surface de eau, et fait si bien qu’il n’en échappe pas une seule goutte, A cette réponse ingénieuse, tout le monde battit, des mains, on laissa dormir les règles ce jour-là, et le docteur Zeb fut reçu par acclamation. […] Un seul guerrier s’échappa pour porter la nouvelle à Sparte, mais il fut lapidé en punition de sa fuite. […] Soixante mille spectateurs remplissent un amphithéâtre, soixante mille autres errent autour — … Ainsi est un vaisseau rempli et entouré des eaux de la mer. — On ouvre une loge, un tigre s’en échappe en rugissant — … Cependant le gladiateur reste couché sur le sable, appuyé sur son coude, insouciant et endormi — … Nœud. […] Mais voilà qu’en voulant saisir une urne antique, le fil s’échappe de sa main. […] Ou coupe les cordes ; les voyageurs quittent la terre. — Leurs impressions. — Tout-à-coup., un bruit extraordinaire s’échappant du ballon, Harris reconnaît que le gaz s’échappe par une ouverture.
Il sait l’hébreu et le latin à six ans ; il traduit Platon à huit ; à huit ans et demi il fait contre les bourreaux de ses coreligionnaires le serment d’Annibal devant les gibets d’Amboise ; à dix ans il se fait condamner à mort ; à treize ans il se bat, va étudier à Genève sous Théodore de Bèze, revient se battre en France, échappe à la Saint-Barthélemy, s’oublie dans les fêtes et les mascarades de la cour de Charles IX et d’Henri III, et enfin se remet en campagne en 1575, assidu, intrépide, austère et incommode compagnon d’armes, de table et de lit du roi de Navarre. […] Quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et, si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d’une fuite éternelle. […] Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous rappelons le passé pour l’arrêter comme trop prompt ; si imprudents que nous errons dans les temps qui ne sont pas à nous, et ne pensons pas au seul qui nous appartient ; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont point, et laissons échapper sans réflexion le seul qui subsiste. […] Nous le cachons à notre vue, parce qu’il nous afflige ; et, s’il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper.
» Parmi eux on n’a vu ni le riche amolli préférer les jouissances à ses devoirs, ni le pauvre tenté de fuir, cédant à cet espoir que conserve le malheureux d’échapper à l’infortune et de s’enrichir un jour.
Ce sens du mot θεωρεῖν paraît avoir échappé aux derniers éditeurs du Thesaurus d’H.
Ce qui fit un héros du prince de Condé J’appelle le principe de ces grands exploits cette ardeur martiale qui ; sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution, lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa, ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration avec laquelle, dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvoit ou troubler, ou favoriser l’événement des choses : semblable à un aigle dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir l’inconvénient de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait si habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations ces moments heureux qui décident du sort des armées ; cette activité que rien ne pouvait égaler, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout : soldat et général tout à la fois, et, par sa présence, inspirant à tout le corps d’armée, jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur, ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat, cette tranquillité dont il n’était jamais plus sûr que quand on en venait aux mains, et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublaient à mesure que sa fierté pour l’ennemi était émue ; cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort ; car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les héros1.
Après que vous en aurez bien embrassé l’étendue par la réflexion, pour peu que vous ayez d’habitude, rien ne vous échappera, et tout ce qui tient au fond du sujet se présentera de soi-même et viendra frapper vos yeux (De Orat., l. […] Cette différence, qui a échappé aux rhéteurs modernes, est clairement exprimée par Cicéron : « Locus communis aut certæ rei quamdam continet amplificationem aut dubiæ….. […] La nature de cet argument est de fermer toutes les issues par où l’adversaire peut s’échapper. […] Cette manière d’interroger son adversaire sur des faits qu’il ne peut nier, et de le forcer à se condamner lui-même par l’impossibilité d’échapper à l’évidence, est un argument bien puissant. […] Il échappe au cœur, dans la conduite extérieure, des traits qui le peignent au naturel.
Mais la jeunesse, qui ne songe pas que rien lui soit encore échappé, qui sent sa vigueur entière et présente, ne songe aussi qu’au présent, et y attache toutes ses pensées. […] Il n’est pas aussi imaginable combien il nous en échappe. […] Malgré son chagrin, il sourit des paroles extravagantes qui lui ont échappé. […] Bientôt la cupidité des particuliers acheva d’enlever ce qui avait échappé à l’avarice publique. […] C’est ainsi que, dans son Antigone, un mot, échappé comme par hasard à cette princesse, laisse éclater son amour pour le fils de Créon421.