Ces discours sont d’un Orateur éloquent, qui d’ailleurs a le grand mérite de ne perdre jamais de vue le Saint dont il célèbre les vertus. […] J’appelle le principe de ces grands exploits, cette ardeur martiale, qui, sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration, avec laquelle dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvait ou troubler, ou favoriser l’événement des choses, semblable à un aigle, dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir les inconvénients de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations, ces moments heureux qui décident du sort des armes ; cette activité que rien ne pouvait égarer, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout, soldat et général tout à la fois, et par sa présence, inspirant à tout un corps d’armée, et jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur ; ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat ; cette tranquillisé dont il n’était jamais plus sûr, que quand on en venait aux mains et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublait à mesure que sa fierté contre l’ennemi était émue : cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort : car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du Prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les Héros. […] Chargé du soin de vous instruire, et l’exciter votre piété, par la vue même les grandeurs humaines et du terme fatal où elles aboutissent, je viens satisfaire à ce que vous attendiez de moi. […] L’éloquence du barreau n’a pas été portée parmi nous au degré d’élévation où on l’a vue chez les Grecs et chez les Romains. […] Or, on ne peut pas supposer que la multitude, ou tous ces particuliers soient animés d’un même esprit, conduits par les mêmes vues, par les mêmes motifs.
Ce lièvre ne nous garantirait pas de la vue de la mort et des misères, mais la chasse nous en garantit. […] Car voici ce qui passe toutes nos vues, et ce qui demande toute la soumission et toute l’obéissance de notre foi ; mais aussi est-ce dans ce grand mystère que notre foi a triomphé du monde : Et hæc est victoria quæ vincit mundum, fides nostra. […] Il faut que la vue de sa croix fasse fendre nos cœurs, peut-être plus durs que les pierres. […] N’admirerons-nous pas plutôt que d’une hauteur si prodigieuse elles puissent conserver une certaine apparence, et qu’on ne les perde pas toutes de vue ? […] Les prédicateurs n’osent plus parler pour les pauvres, à la vue d’une foule de créanciers dont les clameurs montent jusqu’au ciel.
Il ne faut jamais perdre de vue qu’un dialogue est une conversation, et doit en reproduire les qualités naturelles, la vivacité, l’abandon, la simplicité. […] Il admet dans cette vue les images, les tableaux, les descriptions ; mais le style n’en sera pas moins précis et serré. […] Votre œuvre ne se verra pas sur une simple toile ; ce sera un diorama (ouvrage à double vue), mais un diorama vivant, où vos acteurs devront tour à tour penser, parler et agir. […] Or, qu’on se persuade bien que ces contes seraient oubliés depuis longtemps, si les auteurs avaient dévié de ce but moral que tout écrivain ne doit jamais perdre de vue.
Sans entrer dans ces détails, pour lesquels l’étude des modèles et six mois de pratique valent mieux que vingt pages de préceptes, je dirai : La péroraison, comme l’exorde, peut se tirer parfois des objets inanimés dont la vue frappera souvent l’âme du spectateur plus vivement que toutes les paroles : c’est Manlius montrant le Capitole du haut duquel son bras précipita les Gaulois, ou Mirabeau, la fenêtre d’où l’exécrable Charles IX tira sur ses sujets ; c’est l’orateur grec levant le voile de Phryné, ou Marc-Antoine comptant les marques du poignard des conjurés. […] Mais l’artiste travaille pour la vue restreinte des hommes qu’il veut Instruire, et non pas pour la toute-puissance clairvoyante qu’il cherche à connaître. » Schiller, Die Verschwôrung des Fresco zu Genua ; Vorrede.
En particulier l’orateur ne devra jamais perdre de vue les intérêts de sa cause. […] 1° Il choisit un vaste emplacement sur nue colline entourée de bois, de prairies, d’eaux vives, etc., d’où la vue puisse s’étendre sur un vaste horizon. — C’est l’invention d’un sujet fécond, heureux.
Les deux princes et les deux princesses assises à leurs côtés prenant soin d’eux étaient les plus exposés à la pleine vue. […] Fénelon Ce prélat était un grand homme maigre, bien fait, pâle, avec un grand nez, des yeux dont le feu et l’esprit sortaient comme un torrent, et une physionomie telle que je n’en ai point vu qui y ressemblât, et qui ne se pouvait oublier quand on ne l’aurait vue qu’une fois.
Il était également essentiel de faire connaître les meilleurs modèles en tous les genres ; et, dans cette vue, j’ai terminé chaque article par une notice plus ou moins longue des plus célèbres Écrivains, soit anciens, soit modernes.
Mais, mon fils, mais dis-moi, quelle nymphe charmante, Quelle vierge as-tu vue au bord de l’Érymanthe ? […] qu’un seul jour, éblouissant ma vue, Ce beau soleil me réchauffe le cœur ! […] Vue d’un point élevé, la contrée paraît toute verte ; seulement au temps des moissons, des carreaux jaunes se montrent de distance en distance entre les haies. […] Lorsque la fortune a paru se lasser de le poursuivre, la mort s’est offerte à sa vue. […] Enfin l’heure est venue Qu’il faut que mon secret éclate à votre vue.
Il n’est question que d’avoir bonne vue ; mais il faut l’avoir bonne, car les principes sont si déliés et en si grand nombre qu’il est presque impossible qu’il n’en échappe. […] Tous les géomètres seraient donc fins, s’ils avaient la vue bonne, car ils ne raisonnent pas faux sur les principes qu’ils connaissent ; et les esprits fins seraient géomètres, s’ils pouvaient plier leur vue vers les principes inaccoutumés de géométrie. […] Mais voyons donc de quelle manière ces orateurs doivent parler ; je vous supplie de m’expliquer vos vues là-dessus. […] Si nous avions d’aussi grandes vues qu’eux, nous ne serions guère occupés de ces minuties. […] C’est l’avantage des bonnes vues sur les· mauvaises.
Il excelle à tracer des tableaux littéraires où l’on admire un savoir attrayant, des vues élevées, des idées libérales, de l’indépendance, de la modération, des anecdotes racontées finement, des rencontres imprévues qui piquent la curiosité, l’art d’aiguiser en ironie la fin d’un compliment, un goût délicat et sûr, un coloris poli et nuancé, un bon sens rapide et revêtu de grâce. […] Mais en écrivant ainsi sous la dictée du public, et lui rendant ce qu’il vous donnait, que de vues heureuses et fines, que d’intentions comiques, quel vif et piquant dialogue marquaient votre part dans ce travail commun !
Était-il invité à un repas, la vue de quelque pièce de vaisselle bien travaillée le transportait, il n’était pas maître de ses mains. […] En un mot, le roi se retire charmé de la magnificence qu’il a vue régner dans la maison de Verrès et des honneurs qu’il y a reçus. […] Il n’a su ni comprimer la révolte des esclaves, ni protéger la Sicile contre les pirates qui ont brûlé sa flotte en vue même de Syracuse. […] Pourquoi avez-vous soustrait ce chef à la vue du public, comme si l’on n’eût pu le voir sans crime ? […] Quiconque lui choquait la vue ou lui déplaisait y était aussitôt renfermé.
Tout à coup un bananier s’offre à sa vue : c’est l’arbre de son pays ; il s’élance, l’embrasse en sanglotant et en s’écriant avec transport : « O-taïti !
Toutefois Corneille observe que « les rois sont hommes comme les auditeurs et tombent dans ces malheurs par l’emportement des passions dont les auditeurs sont capables »; et Dacier, que « le poëte n’a pas en vue d’imiter les actions des rois, mais les actions des hommes, et que c’est nous qu’il représente.
Il a recouvert la vue, pour recouvré. […] Ce n’est point le flot qui est épouvanté ; c’est le narrateur de la mort d’Hyppolite, Téramène, qui donne au flot l’effroi dont il a été saisi lui-même à la vue d’un monstre marin. […] Ils détournent la vue, Et se cachant sous leurs lambeaux Leur foule de honte éperdue Fuit et rentre dans les tombeaux. […] Aussi je n’ai point eu en vue d’en restreindre trop remploi en exposant les réflexions précédentes. […] La vue d’une grande action nous transportera même davantage que son exposition, lors même qu'elle serait sublime.
Il connaît la sagesse humaine toujours courte par quelque endroit : il l’éclaire, il étend ses vues, et puis il l’abandonne à ses ignorances5 ; il l’aveugle, il la précipite, il la confond par elle-même : elle s’enveloppe, elle s’embarrasse dans ses propres subtilités, et ses précautions lui sont un piége. […] Non, il n’en faut pas davantage : je m’en étonnais au commencement, mais ma surprise est bientôt cessée, après que j’ai eu médité que ceux qui ne se connaissent point en pierreries sont trompés par le moindre éclat, et que le monde se connaît si peu en vertu, que la moindre apparence éblouit sa vue ; de sorte qu’il n’est rien de si aisé à l’honneur du monde que de donner du crédit au vice. […] Car au lieu d’aller à un bien solide et éternel sur lequel le hasard ne domine pas, et de mépriser par cette vue la fortune toujours changeante, la persuasion de son inconstance fait qu’on se donne tout à fait à elle pour trouver des appuis contre elle-même ; car écoutez parler ce politique habile et entendu : la fortune l’a élevé bien haut, et dans cette élévation, il se moque des petits esprits qui donnent tout au dehors, et qui se repaissent de titres et d’une belle montre de grandeur. […] Si je jette la vue devant moi, quel espace infini où je ne suis pas !
Avait-il en vue ce passage de la Poétique, ou bien la Rhétorique, III, 2 ?
Leur vue à mon foyer prête un nouvel appas : L’homme se plaît à voir les maux qu’il ne sent pas. […] La totalité des actions d’un héros, ce qu’on appelle une vie, ne peut pas non plus être la matière d’une épopée régulière, parce qu’une vie est un corps trop étendu pour qu’on puisse l’embrasser d’une seule vue, en saisir les rapports, les proportions, en voir la beauté ; parce que tout n’est pas héroïque dans la vie d’un héros ; enfin parce que les faits, n’y étant pas nécessairement enchaînés les uns avec les autres, aucun intérêt alors ne conduit le lecteur avec plaisir jusqu’au bout du poème. […] Un pupitre d’une grosseur énorme, placé dans le chœur de la Sainte-Chapelle de Paris, dérobait le chantre à la vue des assistants ; celui-ci le fit abattre.
On décompose de même ; on se retrace les parties de sa pensée dans un ordre successif pour les rétablir dans un ordre simultané ; on fait cette décomposition et cette recomposition en se conformant aux rapports qui sont entre les choses, comme principales et comme subordonnées, et parce qu’on n’analyserait pas une campagne, si la vue ne l’embrassait pas tout entière, on n’analyserait pas sa pensée, si l’esprit ne l’embrassait pas tout entière également. » Analyser n’est donc autre chose qu’exposer dans un ordre successif les parties dont se compose une idée, et leur rendre ensuite l’ordre simultané dans lequel elles coexistent dans l’esprit. […] Généralement, l’énumération littéraire, au lieu d’être complète, s’arrête aux membres d’idée qui se rapportent le mieux à l’objet que l’on traite, au dessein qu’on a en vue.