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77. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

« Ceux qui ne travaillent point, contreviennent à l’ordre du Créateur, et il semble qu’ils en soient punis dès cette vie. […] Tel est le sort de ces pauvres gens, une vie dure et laborieuse. […] Mais puisque sans vouloir que je le justifie, Vous me rendez garant du reste de sa vie, Je répondrai, Madame, avec la liberté D’un soldat, qui sait mal farder la vérité. […] En blâmant ses écrits, ai-je d’un style affreux Distillé sur sa vie un venin dangereux ? […] Sur le bord de la mer, avant les premières lueurs de l’aurore, l’air est plus pur et plus frais : là, plus que partout ailleurs, il porte une nouvelle vie dans les sens, et régénère toutes les facultés de l’âme.

78. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre V. Du Roman. »

La fin que l’écrivain doit s’y proposer, est d’instruire sous le voile de la fiction, de polir l’esprit et de former le cœur, en présentant un tableau de la vie humaine. […] Il s’agit d’abord d’inventer des événements qui soient peu ordinaires, mais vraisemblables ; qui intéressent, attachent le lecteur ; et qui amènent des peintures vraies du cœur humain, des divers mouvements qui l’agitent, et des différentes passions qui le tyrannisent dans les différentes circonstances de la vie. […] Il feignit que du temps de nos premiers rois, une troupe de bergers et de bergères habitaient dans le Forez, sur les bords de la rivière du Lignon, et y goûtaient les plaisirs purs que procurent la vie champêtre et les travaux rustiques. […] Ceux qu’on met au nombre des meilleurs, sont Zaïde et la princesse de Clèves par madame de La Fayette ; faits avec goût, écrits avec décence, et bien propres à entretenir dans les cœurs l’amour de la vertu : Les Mémoires d’un homme de qualité, le Doyen de Killerine, et autres de l’abbé Prévost ; pleins des situations les plus attendrissantes ou les plus terribles, et qui décèlent l’imagination la plus féconde ; mais où quelquefois les événements ne s’accordent pas assez avec la vraisemblance : Gil Blas 130, le Diable boiteux et autres de Lesage 131 ; ils offrent un tableau de tous les états de la vie, le portrait ou la satire du monde : Le Paysan parvenu de Marivaux, très plaisant.

79. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

Je conçois que la femme dans laquelle vous avez mis toute votre existence soit le lit où coule le fleuve de votre vie ; mais je ne conçois pas ce que c’est qu’un lit d’ombrage, je ne conçois pas que, si le flot de votre vie y chante en roulant une étoile (un flot qui chante en roulant une étoile !) […] La différence, selon eux, c’est que, dans l’allégorie, le double sens, littéral et métaphorique, se poursuit jusqu’au bout ; l’image, quoiqu’elle ne serve réellement qu’à envelopper une pensée, a cependant, en quelque sorte, sa vie propre et indépendante. […] Enfants, ainsi toujours puissiez-vous être unis, dit Joad à Joas et à Zacharie, que désuniront plus tard les haines religieuses ; et dans la Henriade : Ton roi, jeune Biron, te sauve enfin la vie. […] Sertorius veut dire que les vertus romaines, l’esprit romain, la pensée puissante qui donne à Rome la vie et la gloire, n’est plus dans les murailles même de Rome, mais dans son camp : Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis. […] Je ne sais si l’habitude de personnification et d’allégorie, qui est la nature même de la fable, n’a pas entraîné parfois la Fontaine à donner la vie, le sentiment, jusqu’aux mœurs de la civilisation à des êtres si essentiellement matériels et passifs, que nous faisons de vains efforts pour nous prêter à l’illusion.

80. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

Nulle expression, nulle couleur, nulle vie dans leurs esquisses. […] Les peuples, comme les individus, changent de traits et de caractère aux différents âges de leur vie. […] Hommes faits, la philosophie, les sciences, les arts utiles et pratiques rempliront votre vie. […] Son rôle est fini, il a été éloquent une fois en sa vie, — jamais il ne sera orateur. […] De ma vie je ne plaiderai mieux.

81. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre X. Genre pastoral. »

La poésie pastorale est un petit tableau dramatique de la vie champêtre, dont les personnages sont ordinairement des bergers ; elle nous montre les mœurs de la campagne avec des charmes qui nous les font aimer. Il ne faut pas croire que la poésie pastorale appartienne à l’âge d’or ou à la vie patriarcale ; elle n’en est qu’un reflet lointain et un souvenir ; elle apparaît aux époques où la civilisation, déjà avancée, incline vers la corruption et la décadence. […] La pastorale ne peut, il est vrai, entrer dans la réalité, trop souvent grossière et pénible, de la vie des gens de la campagne : rien n’est moins heureux ni moins poétique. […] L’Écriture sainte nous offre d’admirables modèles de la vie pastorale dans le tableau de l’existence des patriarches.

82. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIV. Genre historique. »

Présentée avec cet ensemble et cette unité, l’histoire devient une vaste épopée où circulent la vie et l’intérêt, et elle attache d’autant plus fortement l’esprit que l’intérêt repose sur la vérité. […] La biographie renferme la vie d’un homme remarquable et qui a joué un rôle dans la société. Si l’on veut faire l’histoire d’un homme, on le représente principalement dans son existence publique ; si l’on veut raconter surtout sa vie, c’est plutôt l’homme privé que l’on considère ; mais on peut embrasser simultanément l’un et l’autre point de vue (les Vies des hommes illustres, par Plutarque ; la Vie d’Agricola, par Tacite, etc.).

83. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Maintenon 1635-1719 » pp. 94-99

Lisez la vie de saint Louis ; vous verrez combien les grandeurs de ce monde sont au-dessous des désirs du cœur de l’homme5 ; il n’y a que Dieu qui puisse le rassasier. […] Si cela arrive avant que vous soyez mariée, vous épouserez un gentilhomme de campagne fort misérable ; car vous ne serez pas riche, et si, pendant ma vie, vous épousez un plus grand seigneur, il ne vous considérera, quand je n’y serai plus, qu’autant que votre humeur lui sera agréable ; vous ne pouvez l’être que par votre douceur, et vous n’en avez point. […] Voilà, mon cher neveu, puisque votre amitié pour moi vous fait aimer nom, ce que je pense dans ce que saint François de Sales appelle la fine pointe de l’esprit, tandis que tout le reste qui est en moi est dans la tristesse, dans l’abattement, et dans un serrement de cœur qui devrait bien terminer cette misérable et trop longue vie. […] Le commode, ce qui suffit au bien-être de la vie. […] Ailleurs pourtant, madame de Maintenon gémit souvent sur elle-même : « Ne faites point de vœux pour moi, écrit-elle à une amie, peut-être ajouteraient-ils quelques jours à ma vie. » Aurait-elle voulu être prise au mot ?

84. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

Pourquoi venir troubler une innocente vie ? […] A quoi bon charger votre vie Des soins d’un avenir qui n’est pas fait pour vous ? […] Il semble désintéressé de la vie. […] « J’ai vu bien des révolutions en ma vie. […] Je sors de la vie comme d’une maison où j’ai reçu l’hospitalité, disait Caton.

85. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Allons, ne repousse pas ta fille ; aie pitié de sa vie !  […] Qu’il s’agisse de défendre sa vie ou son opinion, de faire punir un coupable ou condamner un rival politique, les moyens sont les mêmes dans les deux pays. […] De même les orateurs de la vieille Rome s’étaient formés à la seule école de la vie publique et de l’expérience : ils étaient éloquents comme Fabricius était vertueux, sans le savoir. […] Cicéron eut deux beaux moments dans sa vie politique, sa lutte contre Catilina, sa lutte plus courageuse encore contre Antoine. […] Le Sénat reste indécis et comme paralysé par l’éloquence habile de César, jusqu’à ce que Caton se lève : — « Voulez-vous conserver vos biens, vos maisons, vos statues, vos tableaux, votre vie et vos plaisirs que vous aimez plus encore que la vie, prenez une résolution énergique.

86. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Leur vie et leur mort sont entre vos mains. […] Par là, le discours recevra la chaleur et la vie. […] Leur cœur est petit, parce que la vie en a flétri les sentiments. […] La vie elle-même tout entière est d’une bien courte durée, comparée à l’éternité de Dieu ; à plus forte raison, ces restes de vie, ce dernier souffle qui commence à s’éteindre, cette dernière période d’une vie qui se précipite vers sa fin. […] Arracher la vie à celui de qui vous l’avez reçue ?

87. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

Sur la vie de paris 2 A L’ABBÉ LE BLANC Je suis charmé quand je pense que vous vous levez tous les jours avant l’aurore ; je voudrais bien’vous imiter ; mais la malheureuse vie de Paris est bien contraire à ces plaisirs. […] Le style C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire : il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées, et, comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres ; il demeure donc dans la perplexité ; mais, lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire ; les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile1 ; la chaleur naître de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur, et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l’on dit à ce que l’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. […] Nos grands hommes sont trop délicats, et les petits ont la vie si dure qu’on les écorche sans les faire souffrir. » 2. […] Il dit : « Paris est un gouffre où se perdent le repos et le recueillement de l’âme ; la vie n’est plus qu’un tumulte importun. […] il est monté jusqu’aux cieux : pour marcher plus sûrement, il a appris aux astres à le guider dans ses voyages ; pour mesurer plus également sa vie, il a obligé le soleil à rendre compte, pour ainsi dire, de tous ses pas.

88. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Pour le prouver, voici comment il fait l’énumération des plus grands événements, qui composent la vie de cette princesse. […] Ils sont généreux et magnanimes, parce que les disgrâces de la vie n’ont point encore flétri leur âme : aussi se croient-ils capables des plus grandes choses. […] Il n’en est pas de même de leur passion pour les richesses : ils renferment tous leurs désirs dans les nécessités de la vie, sachant combien il est aisé de perdre et difficile d’acquérir. […] Quelle partie du monde habitable n’a pas ouï les victoires du Prince de Condé et les merveilles de sa vie ? […] Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine, pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux Héros.

89. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

(La vie de Gargantua et de Pantagruel, livre 1, chap.  […] Ainsi la vie humaine n’est qu’une illusion perpétuelle ; on ne fait que s’entre-tromper et s’entre-flatter. […] croyez-vous qu’un roi puisse être caché après sa mort comme vous cachiez certaines intrigues pendant votre vie ? […] Pour la première fois de sa vie, qui avait été longue, il eut recours aux médecins. […] Les vingt dernières années de sa vie au moins furent employés à ces recherches, auxquelles il dépensa beaucoup.

90. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

Mais celui qui a été soixante ans vertueux, et qui, vingt ans de suite, a été utile aux hommes ; celui qui, dans tout le cours de sa vie n’a point eu d’erreur, et qui, sur le trône, n’a point eu de faiblesse ; celui qui a toujours été bon, juste, bienfaisant, généreux, pourquoi le plaindre ? […] Il semble qu’elle était devenue comme un besoin, pour vos ancêtres opprimés, dont la vie incertaine était sans cesse sous la hache du despotisme. […] Il remarqua comme un des jours les plus heureux de sa vie celui de son enfance où il entendit, pour la première fois, parler de Caton ; il regarda avec reconnaissance les noms de ceux qui lui avaient fait connaître Brutus et Thraséas ; il remercia les dieux d’avoir pu lire les Maximes d’Épictète : son âme s’unissait à ces âmes extraordinaires qui avaient existé avant lui. […] Il voulut quelque temps être seul, soit pour repasser sa vie en présence de l’Être Suprême, soit pour méditer encore une fois avant que de mourir. […] Je touche au terme de ma vie ; bientôt j’irai rejoindre ton père.

91. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Le farouche Guillaume lui fait grâce de la vie ; mais lui annonce qu’Ernest va mourir, et mourir sous ses yeux. […] Personne n’ose exposer sa vie. […] Xénophon a composé son éloge ; Cornélius Nepos et Plutarque ont écrit sa vie. […] Enfin il se décide, et, si l’empereur lui promet la vie des coupables, il va lui tout révéler. […] Les ennemis, qui l’avaient trouvé respirant encore sur le champ de bataille, lui avaient sauvé la vie.

92. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre IV. Analyse et Extraits du plaidoyer de Cicéron pour Sextius. »

« Si l’on s’étonnait, par le passé, que dans une république aussi puissante, et dans un aussi illustre empire, il se rencontrât si peu de citoyens assez fermes, assez intrépides, pour oser dévouer leur personne et leur vie au salut de l’état et au maintien de la liberté commune ; que l’on s’étonne bien plus aujourd’hui de rencontrer encore de braves et généreux citoyens, que de trouver des hommes timides et plus occupés d’eux-mêmes que des intérêts de la patrie. […] Il s’échappe enfin à la faveur des ténèbres, et sauve par la fuite une vie que la faiblesse des lois et des juges n’avait pu protéger. […] Mais ce n’est pas sa faute ; il ne lui a manqué que le dernier coup, le coup qui aurait épuisé le reste de son sang et de sa vie. […] Or, rien ne marque mieux la différence entre notre vie actuelle civilisée et la vie sauvage des premiers hommes que la loi et la violence. […] « Voici, dit-il, les fondements de cette tranquillité glorieuse ; voici les objets que les principaux de l’état doivent défendre, au péril même de leur vie : la religion, le pouvoir des magistrats, l’autorité du sénat, les usages de nos ancêtres, les lois, les tribunaux, les formes judiciaires, le crédit public, les provinces, les alliés, la gloire de cet empire, la discipline militaire, le trésor.

93. (1873) Principes de rhétorique française

C’est l’œuvre de la vie tout entière. […] Il faut ajouter que ces études ne sont point confinées dans les murs de l’école, elles s’étendent à toute la vie et doivent être poursuivies comme délassement sérieux et comme contrepoids aux travaux plus pratiques de la vie. […] vous dirait-il ; une vie oiseuse et des mœurs inutiles et errantes ? […] Avec elle on traverse les mauvais jours sans en sentir le poids ; on se fait à soi-même sa destinée ; on use noblement sa vie. […] Cessez à présent d’être leurs mères pour devenir leurs juges ; leur vie et leur mort sont entre vos mains.

94. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

Vie de Henri IV. […] Vous faites bien de prendre le temps, tandis que vous l’avez et de jouir des douceurs de la vie que la fortune vous donne. […] lorsque vous voyez périr votre patrie, Pour quelque chose, Esther, vous comptez votre vie ? […] votre vie, Esther, est-elle à vous ? […] Je touche au terme de ma vie ; bientôt j’irai rejoindre ton père.

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