La vérité du fond et la simplicité de la forme, voilà le naturel. […] Il n’avait guère que des individus et il a fait des caractères ; il a mêlé à la vérité humaine la vérité idéale et il ne s’est pas astreint à ne peindre que des portraits. […] Voilà pour la vérité. […] Tout ce que l’unité y perd, la vérité en fait son profit. […] Mais sous cette élégance de la forme, quelle vérité profonde, éternelle !
On les mène pas à pas d’une vérité connue à une autre vérité, jusqu’à ce qu’on les force, pour ainsi dire, à adopter une conclusion comme une conséquence naturelle des propositions précédentes auxquelles ils n’ont pu refuser leur adhésion. […] La vérité, le devoir et l’intérêt sont parmi les hommes trois grands sujets de discussion. […] Elles forment un mélange de fiction et de vérité qui est incompatible avec le genre historique. […] Chez lui, à la vérité, le fond vaut mieux que la forme, et l’on ne peut vanter ni sa beauté ni son élégance. […] Aussi, pour apprécier la vérité de ses tableaux, il est nécessaire de nous placer dans la situation où il se trouvait lui-même.
L’apologue, plus communément, mais moins exactement nommé fable, est l’exposé d’une vérité morale sous une forme allégorique. […] Il n’y faut point de métaphysique, point de périodes, point de vérités triviales. […] » La Vérité répond : « Vous le voyez, je gèle. […] Mais aussi, dame Vérité, Pourquoi vous montrer toute nue ? […] En voici une intitulée l’Âne et le Cerf, qu’on peut donner comme un modèle de vérité et de précision énergique.
« Du côté de l’homme, un fond de rudesse, d’âpreté, de férocité même, vices naturels de la force ; plus de courage habituel, plus d’égalité, de constance ; les premiers mouvements de la franchise et de la droiture, parce que, se sentant plus libre, il est moins craintif et moins dissimulé ; un orgueil plus allier, plus impérieux, plus ouvertement despotique, mais un amour-propre moins attentif et moins adroit à ménager ses avantages ; un plus grand nombre de passions, et chacune moins violente, parce que, moins captive et moins contrariée, elle n’a point, comme dans les femmes, le ressort que donne la contrainte aux passions qu’elle retient : voilà le fond des mœurs du sexe le plus fort. » La plupart de ces remarques sont d’une vérité évidente. […] Voyez quel caractère d’originalité elle a donné à l’histoire, sous la plume de Montesquieu, de Niebuhr, de Thierry ; et si parfois l’imagination a entraîné l’un ou l’autre de ces écrivains au delà de la vérité historique, l’excès ou le défaut dans l’application n’altère point la valeur du précepte que Boileau a formulé dans l’art poétique : Des siècles, des pays étudiez les mœurs, Les climats font souvent les diverses humeurs. […] On comprend que l’éducation, le milieu dans lequel on se meut, les travaux et les habitudes journalières sont autant d’éléments qui modifient à l’infini les mœurs, les pensées, les expressions de chaque individu ; qu’ainsi l’orateur qui s’adresse aux hommes, aussi bien que l’historien, le romancier, le dramatiste, qui les mettent en scène, doivent étudier consciencieusement ces modifications qui leur viendront en aide pour l’invention, et ne jamais les perdre de vue, s’ils veulent conserver à leur pensée et à leur style deux mérites éminents, la vérité et la variété. […] N’oublions pas, comme je l’ai dit ailleurs15, qu’au fond de toutes les spécialités locales ou temporaires repose toujours l’humanité identique et universelle ; qu’avant d’être l’homme de telle période et de telle latitude, on est l’homme ; qu’exprimer ces caractères génériques, ces passions, ces mœurs, aussi vieilles que le monde, ces vérités non moins anciennes, qui forment le fond commun de l’humanité, est la condition essentielle de tout écrit digne d’être lu ; que plus un écrivain conserve de points de contact avec l’humanité en général, plus il obéit à sa nature ; que plus il pénètre avec profondeur et sagacité dans le domaine de tous, plus il est fidèle à sa mission.
Elle énonce clairement la vérité qu’on veut prouver, et se place immédiatement après l’exorde. La proposition est simple, si l’on n’a qu’une seule vérité à prouver. […] On peut s’emparer de ces probabilités comme moyen d’arriver à la connaissance de la vérité. […] 1° La péroraison n’est qu’une récapitulation, lorsque l’orateur assuré d’avoir convaincu ses auditeurs de la vérité qu’il a développée, se contente, pour soulager leur mémoire, de leur rappeler sommairement ses moyens.
Maître absolu des cieux et de la terre, il n’habite point les temples que la main de l’homme a élevés ; et celui qui dispense à tout ce qui respire la vie et la lumière, n’a pas besoin des sacrifices de l’homme, etc. » Dans le reste de ce discours, saint Paul expose en peu de mots, mais avec la force de la vérité, quelques-uns des dogmes de la religion ; et son éloquence est si entraînante, ses preuves paraissent si lumineuses, que tout l’Aréopage, à moitié convaincu déjà, lui rend sa liberté d’une voix unanime, en se proposant bien de l’entendre de nouveau sur ce sujet intéressant : audiemus te de hoc iterùm . […] … Je vous afflige, je le vois, en vous tenant ce langage, parce que vous connaissez mon cœur ; vous savez qu’il est pur du sang qui a été versé, et que les pusillanimes considérations du danger ne m’ont jamais empêché de vous dire la vérité. […] À peine vous aurai-je quittés, que des loups ravisseurs se glisseront parmi vous : au milieu de vous s’élèveront de ces faux esprits qui, mettant une doctrine subtile et erronée à la place des vérités de sentiment, s’efforceront d’entraîner sur leurs pas les disciples de l’évangile.
» lui répondis-je, et dans la vérité, je croyais que tout le monde avait perdu le sens. […] Je vous avais bien dit que je vous fâcherais de vous dire la vérité. […] C’est la vérité ! […] Voulez-vous qu’on vous fasse entendre clairement toutes les vérités divines ? […] (Sermon sur la haine de la vérité.)
N’ayez point d’esprit, peignez avec la vérité, et votre ouvrage sera charmant. […] Vous plairez aux hommes, à qui vous dites leurs vérités, mais vous ne les corrigerez pas2. […] Ce que je vous dis là n’est point coquetterie : c’est la pure vérité. […] Ces vérités de simple bon sens ont besoin d’être répétées dans tous les temps, et aujourd’hui plus que jamais. […] L’Esprit ne fait jamais tort à la vérité.
L’écrivain ayant pour but de plaire en même temps que d’instruire, doit chercher à embellir la vérité de manière à la faire aimer. […] L’atténuation ou exténuation est une figure qui adoucit les choses par l’expression, sans toutefois altérer la vérité. […] Il en est ainsi de la vérité pour les hommes. […] Si l’équité régnait dans le cœur des hommes, — si la vérité et la vertu leur étaient plus chères que les plaisirs, la fortune et les honneurs, 2. […] L’écrivain, pour embellir la vérité et captiver le lecteur, a d’autres ressources à sa disposition.
La vérité historique est-elle préférable à la fiction dans le drame ? La vérité historique n’est point nécessaire au genre dramatique. […] Il sort du fond de la vérité une certaine vertu de persuasion qui lui donne toujours un grand avantage sur la fiction. […] Il suffit de lire l’exposition de Rodogune, pour se convaincre de la vérité de ce qui précède. […] Nous ferons comprendre cette vérité par des exemples.
Pourquoi regarde-t-on avec une sorte de dégoût certains tableaux de bataille, remarquables d’ailleurs par l’expression des détails et par la vérité du coloris ? […] La réfutation se lie naturellement à la confirmation ; car une vérité n’est établie que lorsque les objections qui s’élevaient contre elles ont été détruites. […] Outre l’exactitude rigoureuse qui résulte de l’observation, d’une vérité perçue par la raison ou d’un raisonnement parfait, il est une justesse secondaire qui suffit au cœur et à l’imagination. […] Joubert, en rappelant cet apologue, l’a ingénieusement commenté : « Le sage, dit-il, en altérant le fait, disait une vérité dont il faut toujours se souvenir ; le méchant, en exprimant le fait réel, tendait à faire oublier la vérité. » Une idée peut être juste, et cependant être contraire à l’opinion commune : c’est ce qu’on appelle un paradoxe. […] Fléchier a divisé l’éloge de M. de Montausier en trois parties : il s’est proposé de célébrer trois vertus dans son héros, l’amour de la vérité, le zèle de la justice et l’esprit de droiture.
Socrate conclut : « Ayez donc des idées plus justes sur la mort, et soyez bien convaincus d’une vérité : c’est que l’homme de bien n’a rien à redouter pendant sa vie, ni après sa mort ; l’œil des immortels est constamment ouvert sur lui. — Il ne me reste qu’une grâce à demander à mes accusateurs, c’est de traiter un jour mes fils comme moi, s’ils vous donnent les mêmes sujets de plainte ; c’est de ne les point épargner, si vous les voyez préférer à la vertu les richesses ou quelque chose au monde que ce soit. — C’est un trait de justice que Socrate et ses enfants ont peut-être quelque droit d’attendre de vous. […] Et ne sommes-nous pas convenus que la perfection de l’âme consiste surtout à s’affranchir le plus qu’il est possible du commerce des sens et des soins du corps pour contempler la vérité dans Dieu ? […] » Espérons donc (et nous en avons sans doute le droit), espérons que celui qui a fait de cette recherche son grand objet sur la terre, pourra s’approcher après la mort de cette vérité éternelle et céleste : celui surtout dont le cœur aura été pur ; car rien d’impur ne saurait approcher de ce qui est la pureté par excellence.
Tous ne sont-ils pas unanimes pour répéter le précepte d’Horace : … Si vis me flere, dolendum est Primum ipsi tibi… vérité si incontestable aux yeux de Boileau, qu’il se contente de la traduire : Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez ; et qu’ailleurs, après avoir accordé à l’amour une place dominante dans les écrits, comme dans les sentiments et les actions des hommes, il ajoute : Mais pour bien exprimer ces caprices heureux, C’est peu d’être poëte, il faut être amoureux. […] La vérité, à mon avis, c’est que l’écrivain qui veut communiquer ou exprimer la passion doit, non pas la ressentir, mais la comprendre ; ce qui est bien différent. […] Essayez d’agir ainsi, même avec les sujets qui, au premier abord, vous paraissent les plus indifférents, peu à peu cette animation fictive, sous certains rapports, échauffe réellement ; on s’enthousiasme pour son idée, la fiction devient une vérité ; et cela sans contradiction avec ce qui précède, car cette passion volontaire ne prend plus au cœur et aux entrailles, elle réside toute dans l’imagination.
La vérité est une qualité qui leur est essentielle, et qui en fait le fondement et la solidité. […] Ces sentiments que lui prête le poète, n’ont pas moins de délicatesse que de vérité. […] Il y a des pensées qui n’ont par elles-mêmes d’autre mérite que celui de la vérité. […] Si cette vérité pouvait être contestée, il serait, assurément, bien facile de citer en preuves une infinité d’exemples tirés de nos meilleurs écrivains. […] Elle emploie des mots, qui pris à la lettre, vont beaucoup au-delà de la vérité, mais qui sont réduits à leur juste valeur par ceux qui nous entendent.
Mascaron en aurait signalé lui-même une sublime, lorsque, dans un de ses sermons, rappelant à Louis XIV l’histoire de Nathan, envoyé de Dieu pour annoncer à David le châtiment de son adultère, il ajouta ces remarquables paroles de saint Bernard : « Si le respect que j’ai pour vous ne me permet de dire la vérité que sous des enveloppes, il faut que vous ayez plus de pénétration que je n’ai de hardiesse, et que vous entendiez plus que je ne vous dis. » Je bornerais volontiers la métalepse à l’une de ses applications, la plus ingénieuse, et en même temps la plus hardie, à cette forme par laquelle un écrivain semble effectuer lui-même ce qu’il ne fait que raconter ou décrire. […] De telles circonstances sont heureusement fort rares ; aussi, et quel que soit l’entraînement de l’imagination ou de la passion, en général, si vous passez la croyance, ne passez pas la mesure, et ne pouvant être dans la vérité, restez du moins dans la vraisemblance : quamvis est omnis hyperbole ultra fidem, non tamen debet esse ultra modum. « L’hyperbole, dit la Bruyère, exprime au delà de la vérité pour ramener l’esprit à la mieux connaître. […] Pour donner une juste idée de la vérité, l’hyperbole allait au delà ; la litote reste en deçà.
On écrira ainsi avec vérité, avec charme ; le style prendra la couleur locale ; enfin les difficultés s’aplaniront. […] La religion est la science suprême de la vérité : elle seule peut révéler l’origine et le but de notre existence ; elle élève nos cœurs à Dieu par la foi, elle les touche et les enflamme par la charité, elle les soutient par l’espérance, en proposant comme récompense à nos vertus une immortalité de bonheur. […] L’histoire est l’étude de la vérité : on y trouve à la fois le drame, le roman, la philosophie et l’éloquence. […] Appliquez-vous à saisir le plan, la marche de l’auteur, le but qu’il veut atteindre, la vérité, la justesse des pensées et du style.
Enfin il n’est pas un seul fragment qui, à sa valeur littéraire ne joigne un autre intérêt, celui d’exposer un phénomène de la nature, un caractère ou un événement historique, une vérité morale, philosophique ou religieuse. […] Et ce ne fut pas seulement le sentiment intime et comprimé des inférieurs qui conserva en dépôt cette vérité : la religion, à toute époque, ne cessa point de la proclamer. […] La vérité, qu’on retient captive, ne sortira-t-elle point par quelque endroit ? […] Des extrémités de l’Orient il lui vient une grande lettre, qui délivre la vérité opprimée, qui la venge des espions et des délateurs, qui efface les odes et les panégyriques de la flatterie. […] Contrarié de nouveau, il revenait plus pressant et plus clair, et présentait la vérité en images frappantes ou terribles.
Je vous promets que je dis la vérité Je vous assure que je dis la vérité.