Le style simple et facile est le seul qui puisse être mis en usage. […] Il y a d’autres personnes à qui on le donne, suivant les circonstances : c’est ce qu’on ne peut apprendre que par l’usage. […] Je ne puis dire quel est sur ce point l’usage le plus généralement suivi.
L’histoire de l’homme ne consiste pas seulement dans les événements extérieurs et publics, qui ne nous montrent guère que des princes, des héros, et les actions mémorables des grands hommes ; l’humanité a encore une autre face : c’est la vie privée, c’est la multitude, ce sont les passions, les intérêts, les accidents de tous les jours, les vertus, les vices, les mœurs, les usages, les caractères de la vie commune ; c’est l’histoire de chacun et l’histoire de tous : tels sont les éléments variés et féconds où le roman puise ses peintures et ses récits. […] Rien de plus attrayant que cet effort de l’imagination et de la science qui s’empare d’une époque historique, ranime la poussière du passé, et fait revivre dans ses peintures, à l’aide de personnages et d’événements supposés, les mœurs, les usages et l’esprit d’un autre âge.
Il semble résulter des exemples mêmes qu’ils apportent, ainsi que de l’usage, qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre le conte et le roman : l’un et l’autre sont des narrations mensongères ou regardées comme telles. […] La nouvelle ne se distingue pas, non plus, au fond, du conte ou du roman : dans l’usage ordinaire, c’est un roman de petite dimension, dont le sujet est présenté comme tout à fait nouveau, au moins comme peu ancien, où l’on donne surtout une forme ou des détails inconnus jusqu’ici.
Toutes les autres qualités d’esprit ont des usages bornés ; mais l’exactitude de la raison est généralement utile dans toutes les parties et dans tous les emplois de la vie. […] On ne doit pas juger du mérite d’un homme d’après ses grandes qualités, mais par l’usage qu’il en sait faire. […] qui aurait recours à lui dans ses afflictions, et enfin à quel usage de la vie le pourrait-on destiner ? […] C’est pourquoi, quand je vous ai dit que la grandeur et la gloire n’étaient parmi nous que des noms pompeux, vides de sens et de choses, je regardais le mauvais usage que nous faisons de ces termes. […] Ils erraient sur le rivage, n’ayant pour habits que des lambeaux déchirés de vêtements à l’usage des montagnards.
On doit dans l’exorde faire usage des mœurs et des bienséances oratoires. […] Elle n’est d’usage que dans le plaidoyer, l’oraison funèbre et le panégyrique. […] C’est surtout dans la péroraison qu’on fait usage du pathétique. […] L’éloquence judiciaire comprend les plaidoyers civils et criminels, les réquisitoires, mercuriales, rapports et autres discours en usage au barreau. […] Voir mon Cours de style épistolaire à l’usage des demoiselles. 2 vol. in-12.
Partant de ce principe que l’éloquence est une dialectique à l’usage du peuple, il passa en revue les idées principales qui règlent les jugements de la plupart des hommes et déterminent leurs résolutions. […] Les idées sont un fonds commun que chacun peut s’approprier par l’usage qu’il en fait. […] L’éloquence, étant une dialectique à l’usage de tous, doit être comprise de tous. […] Chez eux l’usage n’a pas encore altéré le sens des mots en les détournant de leur acception primitive : la langue, voisine de sa source, conserve la clarté et la limpidité de son courant. […] L’éducation, l’usage, l’exercice : je ne connais pas d’autres maîtres.
A peine aperçoit-on leurs pieds, tant ils sont courts et menus : ils en font peu d’usage ; et ils ne se posent que pour passer la nuit, et se laissent, pendant le jour, emporter dans les airs ; leur vol est continu, bourdonnant et rapide : on compare le bruit de leurs ailes à celui d’un rouet. […] Il ne fait que pomper leur miel, et c’est à cet usage que sa langue paraît uniquement destinée : elle est composée de deux fibres creuses, formant un petit canal, divisé au bout en deux filets ; elle a la forme d’une trompe, dont elle fait les fonctions : l’oiseau la darde hors de son bec, et la plonge jusqu’au fond du calice des fleurs pour en tirer les sucs.
On me verra toujours pratiquer cet usage. […] On sentit toute l’aridité de la versification descriptive et didactique en usage à cette époque.
Si on lui demande quelle heure il est, il tire une montre qui est un chef-d’œuvre ; la garde de son épée est un onyx2 ; il a au doigt un gros diamant qu’il fait briller aux yeux et qui est parfait ; il ne lui manque aucune de ces curieuses bagatelles que l’on porte sur soi autant pour la vanité que pour l’usage ; et il ne se plaint3 non plus toute sorte de parure qu’un jeune homme qui a épousé une riche vieille. […] Une naissance auguste, un air d’empire et d’autorité, un visage qui remplisse la curiosité des peuples empressés de voir le prince6, et qui conserve le respect dans le courtisan ; une parfaite égalité d’humeur ; un grand éloignement pour la raillerie piquante, ou assez de raison pour ne se la permettre point1 : ne faire jamais ni menaces ni repròches ; ne point céder à la colère, et être toujours obéi ; l’esprit facile, insinuant ; le cœur ouvert, sincère, et dont on croit voir le fond, et ainsi très-propre à se faire des amis, des créatures et des alliés ; être secret toutefois, profond et impénétrable dans ses motifs et dans ses projets ; du sérieux et de la gravité dans le public ; de la brièveté, jointe à beaucoup de justesse et de dignité, soit dans les réponses aux ambassadeurs des princes, soit dans les conseils ; une manière de faire des grâces2 qui est comme un second bienfait ; le choix des personnes que l’on gratifie ; le discernement des esprits, des talents et des complexions3, pour la distribution des postes et des emplois ; le choix des généraux et des ministres ; un jugement ferme, solide, décisif dans les affaires, qui fait que l’on connaît le meilleur parti et le plus juste ; un esprit de droiture et d’équité qui fait qu’on le suit jusqu’à prononcer quelquefois contre soi-même en faveur du peuple, des alliés, des ennemis ; une mémoire heureuse et très-présente qui rappelle les besoins des sujets, leurs visages, leurs noms, leurs requêtes ; une vaste capacité qui s’étende non-seulement aux affaires de dehors, au commerce, aux maximes d’État, aux vues de la politique, au reculement des frontières par la conquête de nouvelles provinces, et à leur sûreté par un grand nombre de forteresses inaccessibles ; mais qui sache aussi se renfermer au dedans, et comme dans les détails4 de tout un royaume ; qui en bannisse un culte faux, suspect et ennemi de la souveraineté, s’il s’y rencontre ; qui abolisse des usages cruels et impies5, s’ils y règnent ; qui réforme les lois et les coutumes6, si elles étaient remplies d’abus ; qui donne aux villes plus de sûreté et plus de commodités par le renouvellement d’une exacte police, plus d’éclat et plus de majesté par des édifices somptueux ; punir sévèrement les vices scandaleux ; donner, par son autorité et par son exemple, du crédit à la piété et à la vertu ; protéger l’Église, ses ministres, ses droits, ses libertés1 ; ménager ses peuples comme ses enfants2 ; être toujours occupé de la pensée de les soulager, de rendre les subsides légers, et tels qu’ils se lèvent sur les provinces sans les appauvrir ; de grands talents pour la guerre ; être vigilant, appliqué, laborieux ; avoir des armées nombreuses, les commander en personne ; être froid dans le péril3, ne ménager sa vie que pour le bien de son État, aimer le bien de son État et sa gloire plus que sa vie ; une puissance très-absolue, qui ne laisse point d’occasion aux brigues, à l’intrigue et à la cabale ; qui ôte cette distance infinie4 qui est quelquefois entre les grands et les petits, qui les rapproche, et sous laquelle tous plient également ; une étendue de connaissances qui fait que le prince voit tout par ses yeux, qu’il agit immédiatement par lui-même, que ses généraux ne sont, quoique éloignés de lui, que ses lieutenants, et les ministres que ses ministres ; une profonde sagesse qui sait déclarer la guerre, qui sait vaincre et user de la victoire, qui sait faire la paix, qui sait la rompre, qui sait quelquefois, et selon les divers intérêts, contraindre les ennemis à la recevoir ; qui donne des règles à une vaste ambition, et sait jusqu’où l’on doit conquérir ; au milieu d’ennemis couverts ou déclarés, se procurer le loisir des jeux, des fêtes, des spectacles ; cultiver les arts et les sciences, former et exécuter des projets d’édifices surprenants ; un génie enfin supérieur et puissant qui se fait aimer et révérer des siens, craindre des étrangers ; qui fait d’une cour, et même de tout un royaume, comme une seule famille unie parfaitement sous un même chef, dont l’union et la bonne intelligence est redoutable au reste du monde. […] La Bruyère supprime la négation à cause du mot nul : c’est un latinisme qui n’est point passé dans l’usage ; on le trouve dans Montaigne : « Nulles propositions m’estonnent, nulle créance me blece. » (Essais, III. 8.) […] Mais ceux qui de la cour ont un plus long usage Sur les yeux de César composent leur visage.
Les poëtes font un fréquent usage de la métonymie ; ainsi ils prennent souvent l’effet pour la cause, le contenant pour le contenu, le signe pour la chose signifiée, le nom de la matière pour la chose qui en est faite, le terme abstrait pour le terme concret, et réciproquement. […] Les poètes font aussi un fréquent usage de la synecdoche ; ainsi, ils emploient souvent la partie pour le tout, le genre pour l’espèce, le singulier pour le pluriel, et réciproquement, etc. […] Outre les substitutions de mots, il y a aussi dans les lettres et les syllabes des altérations qui sont d’un fréquent usage dans la poésie. […] Les autres licences, qui sont moins fréquentes, s’apprendront suffisamment par l’usage.
— Non : s’il est un droit qu’on a toujours eu, qu’on aura toujours, c’est celui de mettre en circulation un mot frappé au coin de l’usage. […] combien d’autres, qui sont de mode aujourd’hui, tomberont à leur tour, si l’usage le veut jamais, l’usage, cet arbitre absolu, ce maître, ce régulateur du langage. […] Soyons donc la pierre utile qui aiguise le fer, impuissante elle-même à couper : oui, sans écrire moi-même, je montrerai comment on écrit ; je dirai les sources où doit puiser le poëte, ce qui forme et nourrit son talent, ce que l’usage permet, ce que le goût réprouve ; je dirai où mène le génie, où précipite l’ignorance. […] Ce sont les premiers éditeurs qui ont imaginé cette dénomination assez pompeuse d’Art poétique, et l’usage a prévalu. […] C’était un usage chez les anciens.
Je ne parle point de la balade, du chant royal, du lai, du virelai, et autres petites pièces de vers, qui ne sont plus guère d’usage. […] Ce petit genre de poésie était fort en usage chez les anciens. […] Il est bon de faire usage de la mythologie dans les chansons bachiques et dans les érotiques.
Cette vertu, que le roi met aujourd’hui en usage, nous est aussi nouvelle qu’elle était inconnue à nos pères. […] Nos larmes, si nous avons à les répandre, doivent être réservées pour un autre usage ; et nous ne pouvons ignorer quel est cet usage que nous en devons faire, après que Jésus-Christ lui-même nous l’a si positivement et si distinctement marqué, lorsqu’allant au calvaire il dit aux filles de Jérusalem : Ne pleurez point sur moi, mais sur vous. […] Employez tant qu’il vous plaira vos biens et votre autorité à tous les usages que l’orgueil et les plaisirs peuvent inventer : vous serez rassasiés, mais vous ne serez pas satisfaits ; ils vous montreront la joie, mais ils ne la laisseront pas dans votre cœur. […] Les dernières années de sa vie furent attristées par le spectacle de nos luttes civiles, la mort d’un grand nombre de ses amis, et le renversement de sa fortune, qu’il devait aux libéralités du duc de Choiseul et dont il avait toujours fait le plus noble usage. […] Mais son principal service fut d’achever l’éducation de notre langue et de la façonner pour l’usage des génies qui illustrèrent notre grand siècle.
Indépendamment des figures que nous venons de parcourir, et qui appartiennent également à la poésie et à l’éloquence, il en est quelques autres qui semblent d’un usage plus nécessaire et plus fréquent aux orateurs qu’aux poètes. […] C’est au barreau principalement que cette figure est d’un grand usage, parce que c’est là qu’il importe surtout de pressentir et de réfuter l’objection de l’adversaire : elle n’est plus alors entre ses mains qu’un trait impuissant, lorsqu’il veut s’en servir.
Il est d’usage de placer dans le poème épique un héros qui domine tous les autres par sa grandeur ou par sa vertu ; l’ouvrage y gagne en unité et en intérêt. […] L’épopée peut varier dans sa forme : nous ne faisons que constater ici l’usage général.
Dans plusieurs cantons de la Corse, surtout dans les montagnes, un usage extrêmement ancien, et qui se rattache peut-être à des superstitions du paganisme, oblige les passants à jeter une pierre ou un rameau d’arbre sur le lieu où un homme a péri de mort violente. […] Ajoutez à cela les meilleures armes alors en usage et la connaissance approfondie de l’école de bataillon.
Les usages de nos ancêtres ? […] C’était chez eux un devoir et un usage de fournir, à prix d’argent, soixante mille boisseaux de froment. […] Voici l’usage qu’il en voulait faire. […] Tel fut le prix dont ils rachetèrent les droits attachés à notre empire, les secours qu’un long usage et les traités nous assuraient. […] Quel usage, quel exemple vous y autorisait ?
La tragédie étant donc née comme d’elle-même, ainsi que la comédie : l’une du dithyrambe, l’autre des farces satiriques, qui sont encore en usage dans quelques-unes de nos villes ; la première se perfectionna peu à peu, à mesure qu’on apercevait ce qui pouvait lui convenir ; et après divers changements, elle se fixa à la forme qu’elle a maintenant, et qui est sa véritable forme. Elle n’avait d’abord qu’un acteur, Eschyle lui en donna un second ; il abrégea le chœur, et introduisit l’usage d’un prologue. […] On peut faire usage de la machine pour ce qui est hors du drame, qui est arrivé avant l’action, et que nul homme ne peut savoir ; ou pour ce qui doit arriver après, et qui a besoin d’être annoncé ou prédit : car c’est la croyance des hommes que les dieux voient tout. […] Dans ce pays, c’était l’usage de sacrifier tous les étrangers qui y arrivaient par mer. […] — Par ambiguïté : La nuit est passée de plus des deux tiers : ce plus est ambigu. — Par l’abus passé en usage : on appelle vin du vin mêlé d’eau ; ouvriers en airain, ceux qui travaillent en fer ; on dit aussi des bottes d’étain ; que Ganymède verse du vin aux dieux, quoique les dieux ne boivent point de vin : ce qui rentre dans la classe des métaphores.