Enfin, les figures ont l’avantage de présenter l’objet sous un aspect plus clair et plus frappant qu’on n’aurait pu le faire en n’employant que des termes simples, et en dépouillant l’idée principale de ses accessoires. […] Mais ces ornements du style ont le plus souvent une étendue qui les distingue des simples figures, et qui les range parmi les compositions proprement dites. […] On donne le nom de phrase simple à celle qui ne peut se diviser en plusieurs parties, c’est-à-dire qui ne renferme qu’une proposition. […] La phrase complexe conserve ce nom lorsque les parties qui la composent peuvent être facilement détachées les unes dés autres, de manière à former autant de phrases simples. […] C’est l’exemple le plus simple de ce genre de beauté.
Le madrigal ressemble assez à l’épigramme, sauf qu’au lieu d’être malin et mordant, il a quelque chose de simple, de délicat, de gracieux dans sa pointe. […] N’oublions pas que ces bagatelles et ces caprices ne sont plus de la poésie, mais de simples artifices de versification.
Heureux les simples de cœur M. […] Aimer La Fontaine, c’est presque la même chose qu’aimer Molière ; c’est aimer la nature, toute la nature, la peinture naïve de l’humanité, une représentation de la grande comédie aux cent actes divers1, se déroulant, se découpant à nos yeux en mille petites scènes, avec des grâces et des nonchalances qui vont si bien au bonhomme, avec des faiblesses aussi et des laisser-aller2 qui ne se rencontrent jamais dans le simple et mâle génie, le maître des maîtres.
Les plus antiques des sages et des poëtes, ceux qui ont mis la morale humaine en maximes, et qui l’ont chantée sur un mode simple, converseraient entre eux avec des paroles rares et suaves, et ne seraient pas étonnés, dès le premier mot, de s’entendre. […] Sur la même colline que Virgile, et un peu plus bas, on verrait Xénophon, d’un air simple qui ne sent en rien le capitaine, et qui le fait plutôt ressembler à un prêtre des Muses, réunir autour de lui les attiques de toute langue et de tout pays : les Addison, les Pellisson, les Vauvenargues, tous ceux qui sentent le prix d’une persuasion aisée, d’une simplicité exquise, et d’une douce négligence mêlée d’ornement. […] Prémunis par là contre bien des agitations insensées, sachons nous tenir à un calme grave, à une habitude réfléchie et naturelle, qui nous fasse tout goûter selon la mesure, nous permette une justice clairvoyante, dégagée des préoccupations superbes, et, en sauvant nos productions sincères des changeantes saillies du jour et des jargons bigarrés qui passent, nous établisse dans la situation intime la meilleure pour y épancher le plus de ces vérités réelles, de ces beautés simples, de ces sentiments humains bien ménagés, dont, sous des formes plus ou moins neuves et durables, les âges futurs verront se confirmer à chaque épreuve l’éternelle jeunesse.
S’il rapporte des choses fausses, ou qu’il donne pour des vérités de simples conjectures, il trompe le public, il en impose à l’univers pour lequel il écrit. […] Il en est de même de tous les faits, dont les détails peuvent être utiles aux lecteurs de toutes les classes, au simple citoyen, au militaire, à l’homme d’état, aux souverains mêmes. […] Il sera tantôt sérieux, et tantôt enjoué ; tantôt noble, et tantôt naïf ; tantôt touchant, et tantôt léger ; tantôt simple, et tantôt même sublime. […] Le style en est simple et grave. […] Le style de ce capitaine historien est pur, simple, précis, et peut-être trop dénué d’ornements.
L’auteur nous fait connaître, dans ce sujet à la fois simple et intéressant, tout ce qui se passe chez l’enfant à mesure qu’il grandit, tout ce qu’il éprouve depuis son entrée dans la vie, jusqu’au moment où il articule les noms de père et de mère. […] Rien n’est plus simple que de donner à chacune la place qui lui convient, de telle sorte que la première prépare la seconde, et que celles qui leur succèdent forment un enchaînement naturel. […] « Des larmes coulèrent malgré moi de mes paupières, lorsque tous mes compagnons, étant leurs chapeaux goudronnés, vinrent à entonner leur simple cantique à Notre Dame de Bon Secours, patronne des mariniers. […] La période la plus simple se compose de deux membres.
Son goût pour l’intrigue était excessif, et l’on ne doit en chercher la cause que dans ses besoins pécuniaires ; de sorte que ces éclairs brillants de génie, ces expressions de sentiment qui auraient honoré l’homme le plus vertueux, n’étaient pour ce profond machiavéliste qu’une simple spéculation. […] Mais le sentiment de la justice n’était pas tellement éteint encore, qu’il ne se ranimât fréquemment dans les cœurs ; toutes les idées les plus simples n’étaient pas encore arrivées à ce point de renversement total, où rien de ce qui a été ne saurait plus être, où tout se confond, où il faut absolument un nouveau langage, pour exprimer des choses inouïes.
Si elle peint les hommes et les choses sous des couleurs vraies et saisissantes, si elle dessine avec justesse et originalité les caractères, si dans un récit simple et clair elle mêle une certaine chaleur tempérée de dignité et de noblesse, elle ne peut manquer d’intéresser le lecteur. […] Dans l’enfance des peuples, les souvenirs historiques se conservent par la tradition orale, par les chants des poètes ou par des monuments simples et grossiers.
Le chateau de cartes Un bon mari, sa femme, et deux jolis enfants, Coulaient en paix leurs jours dans le simple héritage Où, paisibles comme eux, vécurent leurs parents5. […] Ils préparent la moralité : car la fable est imaginée pour opposer à la folie de l’ambition le bonheur des joies simples que l’on goûte au foyer.
Soyez simple avec art, Sublime sans orgueil, agréable sans fard. […] Je veux un sublime si familier, si doux et si simple, que chacun soit d’abord tenté de croire qu’il l’aurait trouvé sans peine, quoique peu d’hommes soient capables de le trouver. […] Racine a consacré au docteur Arnauld les vers suivants : Sublime en ses écrits, doux et simple de cœur, Puisant la vérité jusqu’en son origine, De tous ses longs combats Arnauld sortit vainqueur, Et soutint de la foi l’antiquité divine ; De la grâce il perça les mystères obscurs, Aux humbles pénitens traça des chemins sûrs, Rappela le pécheur au joug de l’Évangile.
Ce sujet peut être sérieux ou léger, triste ou enjoué, sublime ou simple, spirituel ou naïf. […] Un grand prince ne doit pas servir Dieu de la même façon qu’un solitaire ou qu’un simple particulier. […] Il représentait une contrée éclairée, non en face, des rayons du soleil, mais par derrière de leurs simples reflets. […] qu’un simple foyer, des pénates tranquilles, Valent mieux que le luxe et le fracas des villes ! […] Toutes les machines sont simples ; le jeu en est si aisé et la structure si délicate, que toute autre machine est grossière en comparaison.
La simple croix de buis, un vieux drap mortuaire, Furent les seuls apprêts de son lit funéraire ; Et quand le fossoyeur soulevant son beau corps, Du village natal l’emporta chez les morts, A peine si la cloche avertit la contrée Que sa plus douce vierge en était retirée. […] Un poëte qui n’a pas fait beaucoup le bruit dans le monde ; car il pratiquait volontiers cette maxime d’un sage : Le bruit ne fait pas de bien, le bien ne fait pas de bruit. — Esprit vraiment démocratique, dans le sens le plus pur et le plus sincère de ce mot, ami des choses simples, des vertus cachées, des existences laborieuses, esprit indépendant s’il en fut, il n’a jamais flatté personne, ni les grands, ni les petits. » 1.
Ce passage est tiré d’une épopée champêtre, qui rivalise avec Hermann et Dorothée par l’éloquence dramatique d’une inspiration simple et touchante, par la vigueur ou la grâce du coloris, et l’art d’ennoblir les plus simples détails de la vie rustique.
Si Milon et Clodius n’eussent été que de simples particuliers, la question se réduisait aux termes ordinaires, et les tribunaux compétents en pouvaient connaître sans difficulté. […] L’orateur expose ensuite le véritable point de vue de la question, et il la réduit aux termes les plus clairs et les plus simples : Milon a usé de son droit en tuant Clodius ; et ce droit était fondé sur la nécessité de la défense personnelle. […] Comme les plus petites choses y sont heureusement tournées à l’avantage de la cause, et quelle masse imposante de preuves résultent déjà de ce simple exposé !
C’est un simple temps de repos pour l’esprit. […] Elles regardent : 1° l’orateur lui-même : un prince ne s’exprime point comme un simple particulier, un prédicateur comme un avocat ; 2° l’auditeur : on ne parlera point à des académiciens comme à des hommes peu instruits ; 3° les tiers : s’il s’agit d’un homme respectable, on le traite avec égard ; ou répand de l’intérêt sur la position de ceux que l’on défend ; 4° le temps ; si l’on n’a qu’une heure pour parler, il ne faut pas étendre son discours de manière à le aire durer plus longtemps ; 5° les circonstances : elles peuvent être affligeantes ou joyeuses, solennelles ou ordinaires, il faut y conformer le ton du discours ; 6° enfin le lieu : dans un camp, dans une assemblée politique, à la cour, au barreau, à l’église, etc., le langage ne sera pas le même. […] 3° Considéré dans les moyens, le pathétique doit être 1° exprimé en style simple et exempt de toute figure ambitieuse ; 2° être préparé ; personne ne se passionne sans raison préalable et légitime ; 3° ne point être interrompu, soit par des transitions visibles soit par tout autre froid artifice ; 4° enfin, ne peut être prolongé, car les mouvements violents fatiguent le cœur et les pleurs se tarissent vite.
Il inspire par-tout le goût du simple, du beau et du naturel. […] Les expressions les plus naturelles, les pensées les plus simples produiront cet effet à cause de la situation du personnage. […] Mais le remède est simple : il faut faire comme eux. […] Le comique en est agréable et piquant, le dialogue aisé, le style simple et naturel. […] Le sujet de ces sortes de pièces doit être simple, exposé avec précision, et sagement conduit.
L’auteur s’attache à y peindre et y développer un ou deux caractères par le simple exposé des sentiments, sans presque y mêler aucune action. […] La déesse demeurait victorieuse par ses dons simples et utiles, et la superbe Athènes portait son nom.
Voilà l’idée simple ; voici le style figuré : Tùm Cererem corruptam undis, cerealiaque arma Expediunt fessi rerum, (Eneïd. […] Ce qu’il faut soigneusement éviter dans l’emploi de cette figure, c’est le passage trop brusque d’une métaphore à d’autres, qui n’ont point avec la première une analogie assez sensible, ou le retour inattendu de l’expression figurée à l’expression simple. […] Quoique la plupart ne prouvent, comme l’observe fort bien M. de La Harpe, que l’envie qu’ont eue les rhéteurs de donner de grands noms aux procédés les plus simples de l’élocution, il fallait bien cependant caractériser le langage des passions, et assigner les nuances propres à le différencier. […] Cette figure est tellement dans le langage de la nature, qu’il n’est point de genre de poésie qui ne lui doive beaucoup : la prose l’admet fréquemment, et elle n’est point exclue de la simple conversation. […] Toutes les passions violentes font un usage fréquent de cette figure, et la raison en est bien simple.