/ 213
77. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

j’en trouvai les portes ouvertes ; mais je vis tout démeublé, tout dérangé, et votre pauvre petite fille684 qui me représentait la mienne. […] C’est pour cela que l’Écriture, dans le portrait du médisant, nous le représente comme un homme terrible et redoutable. […] On dit que vous avez représenté toutes mes grimaces, toutes mes contorsions lorsque je parlais tout seul, toutes mes intrigues avec de petites gens. […] dis-je en moi-même, si, lorsque j’étais à la cour de Perse, je représentais ainsi, je représentais un grand sot !  […] En 1718, il fit représenter sa tragédie d’Œdipe, dont le succès fut très vif.

78. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Représentons-nous Massillon dans la chaire, prêt à faire l’oraison funèbre de Louis XIV, jetant d’abord les yeux autour de lui, les fixant quelque temps sur cette pompe lugubre et imposante qui suit les rois jusques dans ces asiles de mort où il n’y a que des cercueils et des cendres, les baissant ensuite un moment avec l’air de la méditation, puis les relevant vers le ciel, et prononçant ces mots d’une voix ferme et grave : Dieu seul est grand, mes frères ! […] L’imagination se représente tout ces vieux grognards autour d’un conscrit qu’ils ont nommés lecteur, et les voit, à ce début, retrousser leurs moustaches, se croiser les bras, prendre une attitude martiale, et se sourire l’un à l’autre comme on le fait en entendant une louange délicate et méritée. […] Je suppose que vous représentiez un personnage qui vient d’entendre un mot blessant pour sa probité. […] Il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de représenter par des signes le naturel, la vérité et la bienséance de la déclamation, ainsi que les mille inflexions de la voix. […] Il est plus facile de représenter le geste ; on peut recourir aux figurines.

79. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE III. De la disposition des mots qui composent le discours. » pp. 78-143

L'idée qui représente cet objet principal se nomme comme lui l’idée principale. Celles qui ne représentent que les objets secondaires, se nomment accessoires, et n’ont qu’une fonction subordonnée à cette idée principale à laquelle elles appartiennent. […] Prenons pour exemple la proposition suivante, qui n’est point oratoire, car elle énonce un simple fait historique ; mais qui nous fera comprendre que la disposition des mots est relative à l’intérêt des idées qu’ils représentent : Alexander vicit Darium ad Arbelam. […] Au contraire, dans ce qui concerne Milon, l’orateur accumule des mots composés de syllabes longues, des épithètes, des hiatus, afin de mieux représenter la marche paisible de Milon qui se rendait à Lanuvium pour l’élection d’un flamine, et de mettre sous les yeux ce nombreux attirail de femmes et de valets si peu propres à servir au milieu d’un combat. […] C'est d’abord la violence et la promptitude de son agonie, si bien exprimée par cette première coupe : Volvitur Euryalus letho ; c’est ensuite le sang qui jaillit de sa blessure et qui inonde ses beaux membres : pulchrosque per artus it cruor ; c’est enfin la défaillance de tout son corps, si bien représentée par cette tête qui s’affaisse et penche sur les épaules : inque humeros cervix collapsa recumbit.

80. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XII. du corps de l’ouvrage. — portrait, dialogue, amplification  » pp. 161-174

. — portrait, dialogue, amplification Le portrait peut représenter au physique, au moral, ou sous les deux aspects, un être réel ou imaginaire, un type, un idéal, une allégorie, Alexandre, la Chimère, l’hypocrite, un ange, le Temps. […] D’abord puisque, par sa nature même, il ne peut être vrai, c’est à-dire représenter un personnage réel, qu’il soit du moins vraisemblable.

81. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — De Maistre, 1753-1821 » pp. 377-387

Il me semble qu’un prophète, d’un seul trait de son fier pinceau, vous a peints d’après nature, il y a vingt-cinq siècles, lorsqu’il a dit : « Chaque parole de ce peuple est une conjuration2 » ; l’étincelle électrique, parcourant, comme la foudre dont elle dérive, une masse d’hommes en communication, représente faiblement l’invasion instantanée, j’ai presque dit fulminante, d’un goût, d’un système, d’une passion parmi les Français qui ne peuvent vivre isolés. […] Duclos représentait ainsi le caractère français : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère ; il allie les qualités héroïques avec le plaisir, le luxe et la mollesse ; ses vertus ont peu de consistance, ses vices n’ont point de racines.

82. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE IV. Des Figures. » pp. 144-262

Dans ce sens, il est vrai de dire que tous les mots sont des figures, puisqu’ils expriment tous, sous une forme sensible, les idées qu’ils représentent, et dont ils sont réellement les images. […] Quand Horace a dit : equitare in arundine longâ, aller à cheval sur un bâton, il a fait un usage un peu exagéré de cette figure ; il est difficile, en effet, de se représenter un bâton sous la forme d’un cheval. […] Anciennement on représentait les pièces de théâtre à l’ombre des arbres ; et c’est de là que ce mot désigne la scène d’un théâtre. —  Theatrum (de θεασθαι, voir), théâtre, lieu où l’on donne des spectacles. […] Cæs. — Vexillum (diminutif de velum), étendard, drapeau ; c’était une petite bannière où était représentée en or ou en argent l’image des Césars avec le nom de l’empereur. […] Cic. — Statua(de stare, se tenir debout), statue, figure en relief qui représente le visage et tout le corps ; au lieu que imago ne représente que le visage, et ne convient qu’à Dieu et à l’homme.

83. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XIII. » pp. 104-105

Toutefois Corneille observe que « les rois sont hommes comme les auditeurs et tombent dans ces malheurs par l’emportement des passions dont les auditeurs sont capables  »; et Dacier, que « le poëte n’a pas en vue d’imiter les actions des rois, mais les actions des hommes, et que c’est nous qu’il représente.

84. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Elle représentait avec des figures hardies, et en termes pathétiques, les services que l’accusé avait rendus à la patrie, le déshonneur que sa condamnation imprimerait à sa famille, les pleurs de ses enfants, la consternation de ses amis. […] La pensée n’étant qu’une image que l’esprit forme en lui-même, elle doit représenter clairement les choses, et rien n’y est plus contraire que l’obscurité. […] , I, 14) se représente sa patrie exposée à de nouvelles guerres civiles, sous l’image d’un vaisseau qui va braver de nouveaux orages. […] La principale beauté consiste à peindre un préteur du peuple romain dans l’attitude où le représente Cicéron, appuyé nonchalamment sur une femme : ces deux mots, muliercula nixus, sont une peinture parlante. […] Peindre, c’est non seulement décrire les choses, mais en représenter toutes les circonstances d’une manière si vive et si sensible, que l’auditeur s’imagine presque les voir.

85. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Bonaventure Desperriers. Mort en 1544 » pp. -

Sauvons de l’oubli quelques pages agréables qui représentent un genre tout à fait gaulois, le Fabliau desrimé, la nouvelle.

86. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

Mais dès que les sons prétendent représenter une pensée, une image, un sentiment, soit sous les formes vagues et souples de la musique, soit dans le langage plus strict et mieux défini de la littérature, l’oreille ne se contente plus de sa première jouissance, elle n’est pleinement satisfaite que par l’accord entre les sons et l’idée ou l’émotion à laquelle ils s’appliquent. Il y a donc deux sortes d’harmonie : celle que j’appellerai générale, qui ne considère les sons qu’en eux-mêmes et abstraction faite de l’idée qu’ils représentent, et l’harmonie spéciale ou imitative, qui les considère dans leurs rapports avec les pensées et les sentiments qu’ils expriment.

87. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Les objets vils et populaires ne leur sont pas assez familiers pour que les termes qui les représentent soient de la langue qu’ils ont apprise. […] J’appellerai également riches ou fécondes ces phrases de Florus que loue Montesquieu : Florus nous représente en peu de paroles toutes les fautes d’Annibal : « Lorsqu’il pouvait, dit-il, se servir de la victoire, il aima mieux en jouir ; quum victoria posset uti, frui maluit. » Il nous donne une idée de toute la guerre de Macédoine, quand il dit : « Ce fut vaincre que d’y entrer ; introisse victoria fuit. » Il nous donne tout le spectacle de la vie de Scipion, quand il dit de sa jeunesse : « C’est le Scipion qui croît pour la destruction de l’Afrique ; hic crit Scipio qui in exitium Africæ crescit. » Vous croyez voir un enfant qui croit et s’élève comme un géant.

88. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Le cheval de guerre a été représenté en traits admirables dans le livre de Job, ch. 39 (cf. […] Zaïre, « la plus touchante de toutes les tragédies qui existent », suivant La Harpe, fut représentée en 1732.

89. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Rabelais, 1483-1553 » pp. -

Quelque temps après, vers 1530, l’année même où Louis Berquin fut brûlé en place de Grève, il étudiait la médecine à Montpellier, et apprenait à y connaître de près les bons tours de ces étudiants qu’il représentera au vif sous les traits de Panurge. […] On le représente portant le Christ sur ses épaules.

90. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Sévigné, 1626-1696 » pp. 76-88

Mais ces cris de toute une armée ne se peuvent pas représenter sans que l’on en soit tout ému. […] Oui, beaucoup : elles sont mêlées d’aurore et de feuille morte : cela fait une étoffe admirable. » Ailleurs, voulant peindre un de ces jours d’hiver où le soleil brille, elle représente les arbres « tout parés de perles et de cristaux. » Ne sentez-vous pas l’air du printemps dans ces lignes : « Il fait un temps charmant ; nous sommes tellement parfumés de jasmins et de fleurs d’oranger que, par cet endroit, je crois être en Provence. » Mais nous n’en finirions pas, si nous voulions recueillir tous les détails pittoresques de sa correspondance.

91. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nisard. Né en 1806. » pp. 585-597

Nisard s’est imposé le devoir périlleux de représenter le respect des traditions et des principes qui sauvegardent l’intégrité du génie français, à savoir la raison, la mesure, la règle, et ce bon sens délicat qui est la substance même de toute éloquence. […] Ils apprennent du fabuliste à reconnaître leurs impressions, à se représenter leurs souvenirs.

92. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Réflexions sur les récits d’événements qui ont précédé l’action représentée, et sur les dénouements merveilleux dont le théâtre ancien nous offre de nombreux exemples. […] La représentation dure deux heures, et ressemblerait parfaitement, si l’action qu’elle représente n’en demandait pas davantage pour sa réalité. […] Ce n’est pas que je voulusse que le théâtre représentât cette ville tout entière, cela serait un peu trop vaste, mais seulement deux ou trois lieux particuliers enfermés dans l’enclos de ses murailles45. […] Mais il est très avantageux de lui représenter l’un et l’autre. […] Il y a dans Vauvenargues quelque chose de Pascal : on se représente sa physionomie, comme celle de l’auteur des Pensées, jeune, grave et marquée du cachet d’une mort précoce ; seulement, avec moins de puissance et de hauteur que Pascal, il fut plus tendre et plus résigné.

93. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

Elle balance les membres d’une période, en déroule les plis, représente les idées par les sons, et contribue ainsi à l’harmonie imitative. […] Et presque toujours cette construction rétablie représente à peu près exactement celle que l’on emploierait en français.

94. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Résumé. » pp. 388-408

La description des personnes, nommée aussi caractère ou portrait, peut représenter au physique, au moral, ou sous les deux aspects, un être réel ou imaginaire. […] L’onomatopée, sans être à dédaigner, quand elle se présente naturellement, ne doit pas être recherchée ; il faut s’appliquer spécialement à l’espèce d’harmonie imitative qui représente l’idée par le mouvement de la phrase, qui fait de l’expression, en quelque sorte, l’écho du sens, et que tous les grands écrivains ont étudiée.

/ 213