S’il savait lire en lui-même, il reconnaîtrait que si rien ici-bas ne le satisfait, c’est parce que son objet est plus élevé, et que le vrai terme où il aspire est la perfection infinie. […] Reconnaissons-le : il y a là un pas terrible à franchir.
Crébillon en fournit un exemple dans cet endroit de sa tragédie d’Atrée, où Thieste, après avoir reconnu le sang de son fils dans la coupe qui lui a été présentée par Atrée, son frère, lui parle ainsi : Monstre, que les enfers ont vomi sur la terre, Assouvis la fureur dont ton cœur est épris : Joins un malheureux père à son malheureux fils, À ses mânes sanglants donne cette victime, Et ne t’arrête point au milieu de ton crime. […] Reconnaissons notre erreur. […] Si le même jour que ce grand criminel Si le même jour que ce grand criminel Dût à la liberté porter le coup mortel : Si lorsque le Sénat eût condamné ce traître, Catilina pour fils t’eût voulu reconnaître ; Entre ce monstre et nous forcé de décider, Parle, qu’aurais-tu fait ?
C’est à peu près de même que l’Œdipe de Sophocle reconnaît, en arrivant dans le bourg de Colone, ce qu’il appelle « le mot d’ordre de sa destinée », ξυμφορᾶς ξύνθηιμ’ ἐμῆς (v. 47).
« Un charme d’élocution continuel, dit-il, en parlant de Massillon, une harmonie enchanteresse, un choix de mots qui vont tous au cœur ou qui parlent à l’imagination ; un assemblage de force et de douceur, de dignité et de grâce, de sévérité et d’onction ; une intarissable fécondité de moyens se fortifiant tous les uns par les autres ; une surprenante richesse de développements ; un art de pénétrer dans les plus secrets replis du cœur humain ; de l’effrayer et de le consoler tour à tour ; de tonner dans les consciences et de les rassurer ; de tempérer ce que l’évangile a d’austère par tout ce que la pratique des vertus a de plus attrayant : c’est à ces traits que tous les juges éclairés ont reconnu dans Massillon un homme du très petit nombre de ceux que la nature fit éloquents ». […] » Ô vous, qui croyez être un amas de boue, sortez donc du monde, où vous vous trouvez seul de votre avis ; allez donc chercher dans une autre terre des hommes d’une autre espèce, et semblables à la bête ; ou plutôt, ayez horreur de vous-même, de vous trouver comme seul dans l’univers, de vous révolter contre toute la nature, de désavouer votre propre cœur ; et reconnaissez, dans un sentiment commun à tous les hommes, l’impression commune de l’auteur qui les a tous formés ».
Tout le monde le reconnut : c’était Apollonius, philosophe stoïcien, estimé dans Rome, et plus respecté encore par son caractère que pour son grand âge. […] Je laisse aux lecteurs judicieux le soin d’apprécier un pareil paragraphe : ils y reconnaîtront sans peine le principe et le terme en même temps du succès de certains ouvrages, élevés par l’esprit de parti bien au-dessus de leur valeur littéraire, et dont je ne sais quelle hardiesse, qu’il eût été facile de qualifier d’un autre nom, faisait à peu près tout le mérite.
Je n’accorde point cette puissance, mon cher chevalier, je la reconnais seulement ; ainsi vous ne me devez point de remercîments. […] L’histoire nous montre souvent le spectacle d’une population riche et croissante au milieu des combats les plus meurtriers ; mais il y a des guerres vicieuses, des guerres de malédictions, que la conscience reconnaît bien mieux que le raisonnement : les nations en sont blessées à mort, et dans leur puissance, et dans leur caractère ; alors vous pouvez voir le vainqueur même dégradé, appauvri, et gémissant au milieu de ses tristes lauriers, tandis que sur les terres du vaincu, vous ne trouverez, après quelques moments, pas un atelier, pas une charme qui demande un homme. » 1.
Athénée, II, p. 66 F, en reconnaît un quatrième, ϰῦφι ou ϰοῖφι, mais qu’il déclare être d’origine étrangère, comme πέπερι et ϰόμμι.
La délicatesse du goût interne se reconnaît aux mêmes signes que la délicatesse du sens extérieur, qui porte le même nom. […] On reconnaît la délicatesse au jugement que l’on porte sur le véritable mérite d’un ouvrage. […] Mais, va-t-on s’écrier, ne devons-nous donc reconnaître ce qui est beau qu’à l’approbation du plus grand nombre ? […] C’est en le comparant au goût général, qu’on peut reconnaître que le goût d’un individu est juste et naturel. […] On n’y reconnut plus ce mélange merveilleux de gestes et d’inflexions de voix qui distinguaient les peuples anciens.
Mais ni lui, ni Dumarsais, ni aucun rhéteur, que je sache, n’a songé à remonter à la véritable origine de la métaphore, qui pourtant me paraît assez facile à reconnaître. […] Je ne reconnais point pour figures oratoires, malgré la division des rhéteurs, la description, la définition et l’amplification. […] Quand on possède un peu le génie de sa langue on reconnaît promptement les occasions où les inversions conviennent. […] Si vous voulez bien écrire, choisissez vos adjectifs avec discernement et n’en faites des épithètes qu’après avoir reconnu qu’ils peuvent donner quelque mérite de plus à vos idées. […] La première ou majeure, est ordinairement l’énonciation d’une vérité reconnue, qu’on ne peut refuser d’admettre.
Ce second sens est plus probable, parce qu’il ressemble moins que l’autre à une naïveté mais alors Aristote ne s’accorde pas avec d’autres auteurs anciens, qui reconnaissent que le griphe, espèce d’énigme, peut consister en un seul mot composé.
Je reconnais mon sang à ce noble courroux ; Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte. […] Ne reconnais-tu plus ni beau-père, ni femme, Sans amitié pour l’un, et pour l’autre sans flamme ? […] Pauline a la raison trop pure pour ne pas reconnaître la vérité de la profession de foi qu’elle vient d’entendre.
Examinons pourtant les choses sans prévention hostile ni favorable ; nous arriverons, me paraît-il, à apprécier la méthode d’Aristote et de Cicéron à sa juste valeur, et, sans l’exalter par-delà ses mérites, à en reconnaître l’utilité réelle. […] Synthèse : Reconnaissez, Abner, à ces traits éclatants Un Dieu tel aujourd’hui qu’il fut dans tous les temps ; Il sait, quand il lui plaît, faire éclater sa gloire, Et son peuple est toujours présent à sa mémoire. » Quoi qu’il en soit de ces diverses formes, je ne puis assez insister sur l’énumération, l’analyse, la décomposition et la recomposition des idées.
L’oiseau plein d’allégresse Reconnaît à ce ton la voix de sa maîtresse. […] On reconnaît le Vox excidit ore de Virgile, Én.
Après avoir été enfermé longtemps dans les cachots de cette ville, rendu à la liberté par le soudan qui y commande, Orosmane, il va reconnaître son fils dans Nérestan, chevalier chrétien, qui était venu pour racheter les captifs de sa religion ; il retrouvera en même temps sa fille dans Zaïre, qui, tombée au pouvoir de l’ennemi comme son père et toute sa famille, avait été dès sa plus tendre enfance nourrie dans les erreurs du mahométisme, et semblait être alors sur le point d’épouser Orosmane. […] « Cette comparaison, dit La Harpe, est au nombre des plus belles qui existent dans aucune autre langue, et l’auteur ne la doit qu’à lui seul. » — Malgré cette assertion, on en reconnaîtra du moins le germe dans ces vers de Stace, Achill.
Dieu même nous avait dit autrefois que nul homme n’en saurait jamais le nombre ; mais l’invention des télescopes nous force bien maintenant à reconnaître que les catalogues que nous en avons sont fort imparfaits. […] lui répondit l’autre ; je l’ai d’un marchand de Londres, qui l’avait commandé pour un milord888 d’Angleterre. » Le chevalier de Gramont, qui sentait le dénouement de l’aventure, lui demanda s’il reconnaîtrait bien le marchand, « Si je le reconnaîtrais ? […] Mercure927, qui le reconnut dans ce nouvel état, lui dit en riant : « Ho ! […] je te reconnais ; tu n’es qu’un composé du singe et du perroquet que j’ai vus autrefois. […] Dieu soit loué, s’écria le bon vieillard, ce témoin ne m’a pas reconnu. » Sur ces paroles, le juge s’imagine que le vieillard, plein de l’idée de son crime, a voulu dire : « Je l’ai commis, on ne m’a pas reconnu, me voilà sauvé » ; mais il est clair que ce vieillard, plein de son innocence, voulait dire : « Ce témoin a reconnu que je ne suis pas coupable ; il a reconnu que mon visage n’est pas celui du meurtrier ».
On fait un barbarisme, quand on se sert de mots forgés, qui n’ont pas une acception reconnue, ou de tournures tirées des langues étrangères. […] La première, ou majeure, est ordinairement l’énonciation d’une vérité reconnue, qu’on ne peut refuser d’admettre. […] Ici je vois un second membre de phrase exactement proportionné au premier, et à cette proportion exacte je reconnais le rythme poétique. […] Cette habitude, dont on ignore l’origine, sert à marquer la fin du mètre, de telle sorte qu’on reconnaîtrait des vers à la seule inspection d’une composition écrite, lors même que le rythme ne nous guiderait pas et que chaque vers n’occuperait pas une seule ligne. […] Il faut donc reconnaître ou que les rhéteurs commettent une erreur, ou qu’ils font une métonymie barbare, qui n’est justifiée ni par les principes qui régissent ce trope, ni par l’usage.
Il est facile de reconnaître, à la prononciation, à la décomposition du mot, et à son étymologie, quand les deux consonnes appartiennent à la même syllabe.
Des résumés et des analyses raisonnées de divers écrits habituent l’élève à reconnaître et à reproduire lui-même cet enchaînement. […] Une fois les preuves trouvées et leur nature reconnue, il faut apprendre à les choisir, à les disposer, à les traiter, en ayant soin de remonter le plus souvent possible aux généralités.