L’image de l’homme vertueux et l’heureuse influence des bons exemples qu’il donne à la terre, pouvait-elle nous être présentée sous des traits plus justes et plus capables de la faire sentir, que dans la comparaison suivante : Tel un arbre que la nature Plaça sur le courant des eaux, Ne redoute pour ses rameaux Ni l’aquilon ni la froidure : Dans son temps il donne des fruits, Sous une éternelle verdure Par la main de Dieu reproduits. […] Nous avons annoncé déjà la belle allégorie où le psalmiste présente, sous l’emblème d’une vigne, l’histoire des revers et des infidélités du peuple de Dieu. […] Il en est de même de cet autre trait, dont l’idée est si grande, et présentait au poète une si belle image : Ab increpatione vultûs tui peribunt : ils périront par les regards menaçants de voire visage . […] Partout, à côté du sens littéral, se présente le sens mystique ; et ce voile allégorique est partout si facile à percer, les événements obscurément indiqués ou clairement prédits ont si complètement justifié le prophète, ou plutôt le génie qui l’inspirait, qu’il ne reste pas plus de doute sur le fond même des choses, que sur la manière sublime dont elles sont annoncées.
Ces notes servent à rectifier quelques maximes un peu fausses ou exagérées, et à développer celles qui présentent un sens un peu obscur ou équivoque. […] Un grand mérite de l’auteur est de présenter les vérités les plus profondes dans un jour si lumineux, qu’elles deviennent à la portée des esprits les plus ordinaires. […] L’auteur présente toujours la vérité avec les traits les plus capables de la faire sentir et de la faire aimer. […] Griffet s’empressa de travailler à satisfaire les desirs du vertueux dauphin, et lui présenta des Méditations sur tous les jours de l’année, qui furent publiées par la voie de l’impression.
Tel est le tableau que présente le ministère évangélique ; il peut donner une idée des ressources de l’orateur sacré. […] On ne dira que lorsque le cas se présentera, s’il y a trace de disposition. […] L’orateur lui présente ses aigles, c’est-à-dire le drapeau qui l’ombrage, et pour la conservation duquel il sait mourir. […] Quel objet se présente à mes yeux ? […] Quel objet se présente à mes yeux ?
La seconde méthode consiste à présenter toutes les idées dans un style différent de celui qu’on veut faire acquérir à l’élève. […] Un jeune turc, de bonne mine, nous a invité d’y entrer, et nous a présenté la main. […] Irai-je, moi seule, me présenter devant lui sans offrande ? […] C’est qu’il présente du commencement jusqu’à la fin une très belle hypotypose. […] » Thomas descendit les degrés de l’autel qu’il avait déjà montés, et se présenta en disant : « Me voici !
C’est à chacun de juger par soi-même si ce qu’il offre au public ou ce qu’un fait donné lui présente a pu et dû se passer comme il le montre, eu égard, bien entendu, aux préliminaires de la pièce. […] La comédie, selon Batteux, est la représentation d’une action bourgeoise, présentée par un côté ridicule. […] Dans l’autre genre de comédie, on présente un caractère dominant qui fait proprement le sujet de la pièce. […] C’est ce qu’a fait Molière dans le Misanthrope, où il a présenté outre ce caractère principal, ceux de la coquette, de la médisante, et des petits-maîtres. […] Quand le poète présente dans tous le cours de l’action ou dans quelques parties seulement des situations propres à exciter la sensibilité et à faire verser des larmes, la pièce reçoit le nom de comédie larmoyante ou tragédie bourgeoise.
La grandeur se présente à nous sous la forme la plus simple, dans le vaste, dans l’immense tableau que nous offre la nature. […] Tout ce qui présente une grande étendue, produit en général l’idée du sublime ; mais l’étendue en longueur ne produit pas, à beaucoup près, une impression aussi profonde que la bailleur ou la profondeur.
Si dans les anciens concours trois concurrents présentaient chacun trois tragédies (sans parler des drames satyriques), le total de ces tragédies devait égaler à peu près l’Iliade en longueur d’un autre côté, en admettant que l’usage des trilogies dramatiques fût aboli au temps d’Aristote, mais qu’il y eût cinq concurrents, cela ferait environ 8000 vers pour un seul concours. […] Nous n’avons pas tenu compte dans la traduction des trois mots : διὸ δε (ou δή) προσθεῖναι, qui restent obscurs, même dans le texte de Vahlen. — Dacier et Batteux ne s’inquiètent que du raisonnement même d’Aristote, sans songer aux difficultés que présente le texte même.
On sent tout ce qu’un pareil sujet présentait. d’obstacles à l’orateur, et tout ce qu’il fallait d’art pour les surmonter avec le succès qui couronna le discours de Cicéron. […] Il faut donc autant d’intelligence que de talent et d’adresse, pour se renfermer dans les bornes scrupuleuses de la vérité, et présenter néanmoins les faits sous le jour le plus favorable à sa cause, pour faire ressortir les circonstances avantageuses, et pour affaiblir d’avance l’effet de celles qui pourraient servir la partie adverse. […] Pour y parvenir, il ne s’arrêtera point indistinctement à la foule d’arguments qui se présentent quelquefois, au premier coup d’œil, pour appuyer ou développer une preuve : mais il choisira, et son choix ne se déterminera que pour ceux qui vont directement au but ; et il aura soin d’observer, dans leur disposition, la gradation qu’indique la nature elle-même.
Les mots peuvent être mal choisis, mal adaptés au sujet, et présenter dans un faux jour la pensée de l’auteur. […] L’écrivain diffus, au contraire, ne croit jamais s’être assez expliqué : il semble se méfier tellement de l’intelligence de son lecteur, qu’il fatigue, qu’il retourne sa pensée, jusqu’à ce qu’il l’ait présentée sous tous les jours possibles. […] Quelquefois cependant le sujet présente inévitablement des objets rebutants à décrire, des circonstances basses ou triviales.
Voltaire se jugeait peut-être lui-même en disant : « Je suis comme les petits ruisseaux : ils sont transparents, parce qu’ils sont peu profonds. » L’esprit 1 Ce qu’on appelle esprit est tantôt une comparaison nouvelle, tantôt une allusion fine : ici, l’abus d’un mot qu’on présente dans un sens et qu’on laisse entendre dans un autre ; là, un rapport délicat entre deux idées peu communes : c’est une métaphore singulière ; c’est une recherche de ce qu’un objet ne présente pas d’abord, mais de ce qui est en effet dans lui ; c’est l’art, ou de réunir deux choses éloignées, ou de diviser deux choses qui paraissent se joindre, ou de les opposer l’une à l’autre ; c’est celui de ne dire qu’à moitié sa pensée, pour la laisser deviner ; enfin, je vous parlerais de toutes les différentes façons de montrer de l’esprit, si j’en avais davantage. […] Il me semble que vous avez peine à écarter la foule d’idées ingénieuses qui se présente toujours à vous : c’est le défaut d’un homme supérieur1 ; vous ne pouvez pas en avoir d’autres ; mais c’est un défaut très dangereux. […] M. de Sacy a dit : « Dès qu’on parle de lettres, la correspondance de Voltaire se présente à l’esprit.
Dans le vers cité, le mot paix joint à nulle d’une manière inséparable, ne présente qu’un sens indéfini ; et, cependant, les pronoms la, elle, rappellent l’idée de ce nom, comme s’il présentait un sens défini ; ce qui n’est pas moins contraire aux règles de la Grammaire, qu’à celles de la Logique. […] La raison de cette règle est que le nom collectif, ou l’adverbe de quantité, ne présente avec ce substantif pluriel, qu’une idée totale et indivisible. […] Ceux qui, dans ce moment, se présentent à ma mémoire, sont les participes ri et plus. […] Voilà pourquoi, d’un autre côté, le verbe faire ne pouvant jamais être séparé du verbe dont il est suivi, de quelque espèce qu’il soit, ne présente avec cet infinitif qu’une idée à l’esprit. […] En marque un sens vague, et ne présente pas nécessairement cette exclusion : = il travaille dans la chambre.
Et en effet, le personnage qui présente une imitation et qui suppose un tel caractère, lors même qu’il serait inégal, devra être également inégal. […] Maintenant, comme il arrive souvent que deux partis présentent une utilité reconnue, mais que l’on discute pour savoir celui qui en présente le plus, il faut parler du bien plus grand et de ce qui est plus utile. […] Il faut donc que les actions soient présentées comme ayant ce même caractère. […] Une pensée présentée de cette façon a la valeur d’un précepte. […] Parler à tout instant de soi et se vanter : présenter comme de soi ce qui est d’un autre : car c’est là de la jactance.
Ainsi donc, pour être véritablement poète, il ne suffit pas d’inventer, c’est-à-dire de trouver les objets qui existent et qui peuvent exister et de présenter des actions, des images, des sentiments réels, possibles et vraisemblables ; il faut encore rendre ces objets aussi sensibles à l’esprit et au cœur, que l’est aux yeux du corps un objet représenté sur la toile. […] Il faut, de plus, que la rime frappe les yeux, c’est-à-dire que les deux finales présentent les mêmes caractères ou des caractères équivalents : par exemple : sultan ne rime point avec instant ; mais instant et attend riment ensemble. […] La rime est riche lorsqu’elle présente à la fin de deux vers deux ou trois sons semblables, comme préférer, différer, charitable, profitable, carrière, arrière, impétueux, tortueux. […] Les pièces à rimes redoublées sont celles qui présentent le retour ou la continuation des mêmes rimes ; c’est-à-dire celle où l’on répète la même rime plus de deux fois de suite, ou bien celles où deux rimes sont reproduites alternativement dans tout le cours d’une période poétique. […] Les pièces en vers libres sont celles qui présentent le mélange de différentes mesures, ou même de toute espèce de mesures, depuis le vers héroïque jusqu’aux plus petits, et qui ne sont pas soumises au retour d’un rythme régulier, c’est-à-dire, où l’on ne trouve aucun ordre symétrique.
Parce que vous induisez cette vérité d’un certain nombre d’expériences qui vous ont toujours présenté le même résultat. […] Vous pouvez vous tromper, parce qu’ici le fait étant non-seulement hors de vous, mais tel que le temps ou la distance ne vous permet pas de le vérifier personnellement, vous ne le connaissez pas dans sa raison d’être, et qu’on a pu vous le présenter autre qu’il n’est. […] On leur objecte que cette division est toute matérielle ; qu’elle se rattache à des signes extérieurs, et non au sens intime du discours ; on leur demande d’où ils font ressortir l’éloquence des livres qui présente souvent les différents genres.
M. de la Rochefoucauld avait dit : « Nous n’avons pas assez de force pour suivre toute notre raison. » Madame de Grignan retourna la pensée : « Nous n’avons pas assez de raison pour employer toute notre force. » Ces contrastes symétriques plaisent à l’esprit, pourvu qu’ils soient présentés sobrement et à propos. […] Pour que cette figure ajoute au discours de la valeur et de l’énergie, elle devra être présentée de façon que le lecteur ne puisse manquer, d’une part, d’interpréter les paroles dans le sens voulu, et se plaise, de l’autre, au facile travail de cette interprétation. […] Deux observations applicables à l’épitrope comme à l’ironie : c’est d’abord de les présenter de façon que le lecteur ou l’auditeur ne s’y trompe pas, ne s’avise point de prendre vos paroles à la lettre, et ne puisse même supposer un instant que vous parlez sérieusement.
Les ornements se présentent d’eux-mêmes sous la plume de l’écrivain sagement philosophe, sans qu’il ait besoin de les chercher ; jamais la raison ne s’exprima avec plus de noblesse et de candeur : c’est Démosthène parlant le langage de Platon. […] C’est là qu’il pèse scrupuleusement jusques aux moindres expressions, dans la balance exacte d’une juste et savante critique : c’est là qu’il ose retrancher tout ce qui ne présente pas à l’esprit une image vive et lumineuse ; qu’il développe tout ce qui peut paraître obscur à un auditeur médiocrement attentif ; qu’il joint les grâces et les ornements â la clarté et à la pureté du dicours ; qu’en évitant la négligence, il ne fuit pas moins l’écueil également dangereux de l’affectation ; et que, prenant en main une lime savante, il ajoute autant de force à son discours, qu’il en retranche de paroles inutiles ; imitant l’adresse de ces habiles sculpteurs qui, travaillant sur les matières les plus précieuses, en augmentent le prix à mesure qu’ils les diminuent, et ne forment les chefs-d’œuvre les plus parfaits de leur art, que par le simple retranchement d’une riche superfluité ».
La nature entière se présente sous ce double aspect. […] Un esprit froid, tout occupé de choses positives et d’intérêts matériels, demeure indifférent au spectacle que la nature présente en automne.
Celui qui, quoiqu’au singulier, présente à l’esprit l’idée de plusieurs objets réunis ensemble, s’appelle collectif. […] Un nom en effet, employé tout seul, ne présente que la simple idée de la chose qu’il exprime, et par conséquent, n’a qu’une signification vague. […] Le mot pain ne présente que la simple idée de ce qu’on appelle pain, et par conséquent n’a qu’une signification indéterminée. […] Je vais, dans un même tableau, en présenter un de chacune des trois autres. […] On peut voir, dans ces exemples, que les prépositions ne présentent seules et d’elles-mêmes, qu’un sens incomplet.