Ces rapports concourent à l’unité de l’instruction, facilitent le travail de la mémoire et donnent le goût et l’habitude de l’ordre et de la méthode ; par là toutes les parties de l’enseignement peuvent se soutenir et se compléter. En adoptant l’ordre logique des sujets, de préférence à l’ordre chronologique des auteurs, il a été possible de rapprocher un poète d’un orateur, un ancien d’un moderne ; rapprochement fécond qui contient plus d’une leçon de goût et provoque la curiosité critique du lecteur. […] Quand son esprit se portait sur les affaires de l’intérieur, il exprimait pour l’ordre social, surtout pour la propriété, première base de l’ordre social, les plus vives alarmes, ne se faisant aucune illusion sur la valeur de ses succès contre l’anarchie, et sachant bien que, s’il avait arrêté la ruine de l’ordre, il n’avait pas assuré sa victoire : « J’ai les ailes coupées, disait-il ; je suis bien malade, mais le pays est encore plus malade que moi. » Le pays suivait avec anxiété les progrès de cette maladie qui le menaçait de retomber lui-même dans tout son mal. […] Ne vit-on pas ici sous les ordres d’un homme ? […] Soldats, exécutez l’ordre que j’ai donné.
Ramenez l’ordre dans vos finances, la paix et la prospérité dans le royaume. […] Voyez, d’ailleurs, l’ordre naturel des choses. […] Violer l’ordre, c’est une indignité aux yeux de la raison ; réaliser l’ordre autant qu’il est donné à notre faiblesse, cela est bien, cela est beau. […] Au-delà de l’ordre, notre raison n’aurait pas vu Dieu, que l’ordre n’en serait pas moins sacré pour elle ; car le rapport qu’il y a entre notre raison et l’idée d’ordre subsiste indépendamment de toute pensée religieuse. […] Rassuré sur cet objet important, il fit donner enfin l’ordre du passage.
Or, il n’est guères possible qu’il y ait de la raison, où il n’y a ni ordre ni méthode. […] La deuxième espèce dans l’ordre des rayons, a reçu de l’or le nom de sa couleur. […] Le mérite de l’ordre est encore relevé par la beauté des détails. […] L’ordre sur-tout s’y fait remarquer. […] Il n’y a pas tout l’ordre qu’on pourroit desirer.
Dans l’ordre inverse : il faut aimer l’étude, car elle contribue au bonheur. […] Il rompt l’ordre logique des propositions, et puis de quelles grâces il va les revêtir ! […] Cet ordre forme ce qu’on appelle le plan et l’ensemble l’unité. […] Il est donc besoin de réfléchir sur l’arrangement des idées, de cet arrangement naîtra l’ordre, de l’ordre la lumière, et la lumière, c’est l’intelligence. […] L’ordre peut lui-même, ajoute Cicéron, et doit au besoin être interverti.
Il faut donc d’abord se rappeler ici ce que nous avons dit à propos de l’invention et de l’ordre : Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément ; ou du moins finissent, avec la méditation, par arriver et se ranger dans l’ordre voulu. […] Pour bien écrire, ce n’est donc pas assez de bien concevoir : il faut encore apprendre l’ordre dans lequel vous devez communiquer l’une après l’autre des idées que vous apercevez ensemble, il faut savoir analyser votre pensée. […] Dans un ordre d’idées moins élevé, ce qui n’est pas clair n’est pas français, non parce que la langue française est en elle-même plus claire qu’une autre, mais, au contraire, parce qu’elle prête davantage à l’obscurité, parce que la rigueur de ses constructions et le peu d’élasticité de sa phraséologie exigent de l’écrivain les plus minutieuses précautions pour être toujours entendu, et qu’il doit veiller sur la clarté avec une attention d’autant plus inquiète qu’elle est toujours près de lui échapper.
Ainsi, dans l’ordre abstrait et rationnel, elle vient après l’invention et la disposition ; mais, dans la pratique et la réalité, elle les précède évidemment, puisque les jeunes élèves sont exercés à tourner leurs phrases d’une manière élégante ou animée, en y employant les diverses figures ou les ornements du style, longtemps avant de pouvoir imaginer des combinaisons nouvelles, ou de les arranger dans l’ordre où elles peuvent former des ouvrages. […] La division, nous l’avons déjà dit, n’est qu’un moyen de mettre de l’ordre dans un discours, quand ce que l’on a à dire est assez long pour que l’auditeur puisse s’y perdre. […] Son corps fut exposé dans la place publique, par ordre de Valérius Publicola, son collègue, qui, étant monté à la tribune aux harangues, fit un récit touchant des belles actions de sa vie. […] Mais il faut bien se garder d’étaler ces ornements avec profusion et sans choix, de négliger le plan et la conduite du discours, l’ordre et la liaison des idées, la convenance et la clarté du style. […] Il y a des causes qui ne veulent que de l’ordre, et de la clarté, d’autres qui exigent de la véhémence et de grands mouvements ; c’est le goût qui dirige en ce point l’avocat.
C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions1 ; c’est une multitude d’âmes ; pour la plupart mercenaires2, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins3 qu’il faut assujettir à l’obéissance, de lâches qu’il faut mener au combat, de téméraires qu’il faut retenir, d’impatients qu’il faut accoutumer à la constance. […] Telle fut, par exemple, l’armée qui s’embarqua pour l’expédition d’Egypte, sous les ordres de Bonaparte. […] Il a de la droiture dans le sens, de l’ordre dans le discours et dans les choses, de l’arrangement dans les paroles, et une heureuse facilité, qui est le fruit d’une longue étude.
C’est ainsi que les moyens que fait valoir l’orateur, indépendamment de leur valeur intrinsèque ; tirent un nouveau degré de force de l’ordre même dans lequel ils sont disposés. […] Dans un discours, il y a les choses, l’ordre dans lequel on les présente, l’expression ou le style propre à les faire valoir. […] 2° Ordre des preuves. […] — Dans quel ordre doit-on les placer ? […] Elle résulte en second lieu d’une liaison aisée et naturelle qui développe toutes les parties de la pensée et les présente dans un ordre que l’auditeur peut suivre aisément.
Cet ordre rend la phrase plus vive et plus frappante que si elle était arrangée suivant la construction de notre langue. […] L’invariabilité de nos terminaisons doit encore nécessiter un ordre fixe. […] Souvent elle se fait remarquer, même parmi des beautés d’un ordre plus élevé ; on l’aperçoit au milieu de la véhémence de Démosthène. […] On doit ensuite retrouver cette clarté dans l’ordre et l’arrangement de toutes les parties du discours. […] Ce Gavius s’était échappé des prisons où il avait été jeté par les ordres du gouverneur.
Je n’ai cependant rien changé au plan, à l’ordre, à la méthode : je n’ai même rien corrigé dans le fond des choses. […] Ainsi j’ai joint aux exemples, des notes historiques, mythologiques, géographiques, que j’ai portées à la fin de chaque volume, en les rangeant par ordre alphabétique, et auxquelles j’ai eu soin de renvoyer en citant l’exemple même.
Par l’invention, la mémoire retrouve le fond des idées ; par la disposition, le jugement établit l’ordre dans les idées ; par l’élocution, l’imagination donne la forme aux idées. […] Dans les lectures graduées que je recommande, j’insiste sur le précepte de Quintilien, qui demande qu’on s’adresse, dès le principe, aux auteurs de premier ordre, et qu’on relise souvent les mêmes livres, si l’on veut former pour la suite sa pensée et son style. […] En appuyant sur la nécessité de l’érudition, je demande que vous mettiez assez de choix et d’ordre dans vos matériaux pour que votre intelligence ne soit pas perdue dans ses propres richesses et écrasée sous le faix ; qu’au contraire, elle le porte avec aisance, et maintienne son caractère individuel au milieu de toutes ces acquisitions étrangères. […] Tandis que l’élève s’habituera de lui-même à cette science de la méditation, que le professeur mette entre ses mains les livres, les discours, les traités les plus remarquables ; qu’il lui fasse observer et comprendre les divers mérites et l’artifice de la composition, non-seulement sous le rapport de la pensée, mais sous celui de l’ordre et du style ; que souvent il le ramène sur ses pas, soit pour se rendre un compte plus exact des intentions de l’écrivain, soit pour mieux retenir l’ensemble et les détails ; que, dans les discussions politiques, judiciaires, philosophiques, il lui présente, autant que possible, le pour et le contre, surtout si la question a été traitée par deux rivaux dignes l’un de l’autre.
Il y a aussi un ordre à garder ; cet ordre consiste principalement à ne pas supposer des choses que vous n’avez pas encore dites, et à commencer par les connaissances qui ne dépendent point de celles qui suivent.
« Ç’a été, dit-il, dans notre siècle, un grand spectacle, de voir dans le même temps et dans les mêmes campagnes, ces deux hommes que la voix commune de toute l’Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés, tantôt à la tête de corps séparés, tantôt unis, plus encore par le concours des mêmes pensées, que par les ordres que l’inférieur recevait de l’autre ; tantôt opposés front à front, et redoublant l’un dans l’autre l’activité et la vigilance. […] Sans envie, sans fard, sans ostentation, toujours grand dans l’action et dans le repos, il parut à Chantilly comme à la tête des troupes. — Qu’il est beau, après les combats et le tumulte des armes, de savoir encore goûter ces vertus paisibles et cette gloire tranquille qu’on n’a point à partager avec le soldat, non plus qu’avec la fortune ; où tout charme et rien n’éblouit ; qu’on regarde sans être étourdi ni par le son des trompettes, ni par le bruit des canons, ni par les cris des blessés ; où l’homme paraît tout seul aussi grand, aussi respecté que lorsqu’il donne des ordres, et que tout marche à sa parole » ! […] Les dehors même de la guerre, le son des instruments, l’éclat des armes, l’ordre des troupes, le silence des soldats, l’ardeur de la mêlée, le commencement, les progrès et la consommation de la victoire, les cris différents des vaincus et des vainqueurs, attaquent l’âme par tant d’endroits, qu’enlevée à tout ce qu’elle a de sagesse et de modération, elle ne connaît plus ni Dieu, ni elle-même.
La conscience Partout nous rendons hommage, par nos troubles et par nos remords secrets, à la sainteté de la vertu que nous violons ; partout un fonds d’ennui et de tristesse inséparable du crime nous fait sentir que l’ordre et l’innocence sont le seul bonheur qui nous était destiné sur la terre. […] Voici le remède de cette maladie : « Les âmes justes qui vivent dans l’ordre trouvent dans l’ordre le remède de l’ennui.
Souvent un autre fait ne peut être exposé dans tout son jour, qu’après un grand nombre d’autres, qu’il précède dans l’ordre des temps. […] C’est de là que, suivant l’ordre des temps, il nous présente le tableau le mieux dessiné, le plus énergique, le plus vrai de tous les événements du monde, et du caractère des divers peuples. […] Les faits choisis avec goût, y sont placés avec ordre, enchaînés avec clarté, racontés avec chaleur. […] On est étonné d’y voir un si grand nombre de faits rassemblés avec autant d’ordre, de méthode et de clarté. […] Tout ce qu’on pourrait y désirer, c’est qu’il y eût un peu plus d’ordre et de méthode.
Dans l’ordre politique, on pose avec audace des principes absolus. […] Comme chacun avait le désir et l’espoir d’un nouvel ordre social, que chacun se peignait en beau, personne ne songeait à soutenir sincèrement l’ancien ordre social. […] Mais aussi quels redoutables problèmes leur ont été posés dans l’ordre religieux, dans l’ordre politique, dans l’ordre moral ! […] L’absolu nié dans l’ordre moral, est-il possible de le rétablir dans l’ordre du goût ? […] Cet ordre doit toujours être direct et nécessairement clair.
Suivez l’ordre des idées du Canevas. […] Suivez l’ordre naturel des idées et changez les termes. […] Il n’est pas nécessaire Je suivie l’ordre du canevas. […] Mon maître, votre fils m’a donné ordre de de l’attendre. […] Pour nous, nous sommes les esclaves et nous serons toujours prêts à exécuter tes ordres et aller au-devant de tes désirs.
Un nouvel ordre de choses comporte un autre ordre d’idées, qui déterminent à leur tour de nouvelles formes de style. […] Un ouvrage aussi extraordinaire, et qui constituait, à proprement parler, un nouvel ordre de choses poétiques, trouva, comme Atala, des censeurs trop rigoureux et de trop faciles apologistes ; il faut convenir que les nombreuses beautés et les taches non moins nombreuses de cette singulière production motivaient, à bien des égards, la sévérité des uns et l’extrême complaisance des autres. […] Détracteurs et panégyristes se sont également arrêtés sur les détails, avec l’intention louable de trouver des beautés, ou le plaisir malin de révéler des fautes : mais l’ensemble de cette composition d’un ordre et d’un style tout particuliers, le genre auquel il faut rapporter un ouvrage à la fois théologique, moral, littéraire et poétique, sans être rigoureusement rien de tout cela, voilà des points qui devaient, ce me semble, être discutés d’abord, et à la faveur desquels on eût peut-être expliqué les écarts fréquents de l’auteur, et les nombreuses disparates d’un style, dont rien n’approche quand il s’élève, et qui reste au-dessous de bien des écrivains, quand il tombe. […] On n’imitera que trop facilement les défauts de M. de Châteaubriand : mais aura-t-on son génie, pour les compenser comme lui par des beautés du premier ordre ? […] Ce n était pas un préjugé favorable pour le poème épique ; et malheureusement ce poème était surchargé de tout ce qu’une imagination en délire peut concevoir de plus bizarre et de plus monstrueux : mais à côté de ces étranges fictions, se trouvaient des beautés du premier ordre ; des tableaux charmants contrastaient avec les peintures les plus hideuses ; les sentiments les plus vrais, les plus naïvement exprimés, avec des discours insensés et des actions analogues à ces discours.