La narration sera claire, selon Cicéron, si l’on emploie un style correct et précis, si l’on présente les faits dans l’ordre naturel et chronologique, enfin si l’on s’abstient des digressions et des épisodes inutiles. […] Il faut bien faire connaître les personnages, leurs actions, leurs caractères ; n’omettre aucune des circonstances de lieu, de temps, de moyen, qui expliquent les causes, les effets et rendent les événements naturels. […] La simplicité et le naturel doivent encore en faire le principal mérite. […] en sont-elles moins naturelles ? […] Que Votre Majesté me le rende ; je l’ai lu brusquement. — Non, monsieur le maréchal, les premiers sentiments sont toujours les plus naturels.
Je voudrais qu’il se défiât de son imagination, pour ne se laisser jamais dominer par elle, et qu’il fondât chaque discours sur un principe indubitable, dont il tirerait les conséquences naturelles. […] Un homme qui a l’âme forte et grande, avec quelque facilité naturelle de parler, et un long exercice, ne doit jamais craindre que les termes lui manquent. […] Pour la poésie, comme pour l’architecture, il faut que tous les morceaux nécessaires se tournent en ornements naturels. […] N’est-il pas naturel que les premiers architectes gothiques se soient flattés d’avoir surpassé par leur vain2 raffinement la simplicité grecque ? […] Dans le IIe Dialogue sur l’éloquence, Fénelon parle d’un certain ordre moins apparent, moins géométrique, et qui est peut-être plus agréable et plus naturel.
La métaphore s’applique à tous les objets de la pensée, physiques ou moraux, abstraits ou concrets, naturels ou artificiels, réels ou imaginaires. […] Il résulte de la définition même de la métaphore qu’elle doit être vraie, c’est-à-dire fondée sur une ressemblance réelle et non point équivoque ou supposée ; lumineuse, en sorte que cette vérité et cette justesse de rapports frappent l’esprit à l’instant, et n’y laissent jamais la moindre ambiguïté ; noble, qu’on ne la tire point d’objets bas, dégoûtants, inconvenants, de façon à déparer le discours qu’elle doit orner ; naturelle, qu’elle ne soit ni péniblement recherchée, ni multipliée sans mesure et sans besoin ; préparée, quand le terme substitué n’a pas une analogie assez sensible avec celui qu’on rejette, qu’il soit amené par d’autres qui ménagent la transition entre l’expression propre et l’expression figurée ; soutenue enfin, c’est-à-dire que, si la métaphore se prolonge, elle soit toujours d’accord avec elle-même et que ses termes ne semblent pas s’exclure mutuellement. […] L’auteur du Chemin de traverse sait, aussi bien que tous ces messieurs, et il l’a montré dans bien des pages excellentes, que la métaphore est défectueuse quand elle est forcée, quand l’analogie entre les idées comparées n’est ni assez naturelle, ni assez sensible, et cependant il a écrit : « On voyait au bout du jardin, dont il avait l’air d’être le dogue fidèle, le Rhône qui se déroulait en aboyant… le Rhône a une grande voix et de grands bras, il est limpide, il étincelle, il marche à grands pas, toujours en poste, faisant claquer son fouet comme un gentilhomme en vacances ! […] Il en est qui appelent mythologisme les allégories tirées de la fable païenne ; mais donne-t-on un nom spécial à celles que fournissent l’Écriture sainte, l’histoire naturelle, les sciences, la société, etc. ? […] La chasteté naturelle dans le langage annonce l’homme bien élevé et de bon goût, comme la chasteté volontaire dans les mœurs indique la puissance et l’énergie du talent.
que la plus indispensable des dispositions dans un traducteur, est cette espèce d’analogie naturelle qui le rapproche, à son insu, du modèle qu’il se propose d’imiter, qui établit d’avance entre eux un rapport de goût et de sentiments, sans lequel le traducteur, quel que soit d’ailleurs son talent, restera toujours infiniment au-dessous de son auteur. […] Mais elle manque, ainsi que sa poésie, de nerf et de chaleur ; elle est froide, parce qu’il entrait dans la manière de l’auteur d’aimer à disserter, et de disserter longuement ; elle est sèche, parce que le ton et le style didactiques étaient naturels à M. de La Harpe ; de là ces lieux communs que l’on rencontre si fréquemment dans ses discours académiques, et qui n’appartiennent pas plus au style qu’au genre oratoire. […] On sait trop quel jargon scientifique, quelle morale sèche et guindée remplacèrent le langage de la raison et de la science ; et quelle langue barbare, quel néologisme ridicule succédèrent au langage harmonieux que la poésie avait prêté un moment aux sciences naturelles. […] Lebrun et Delille, dont le beau talent naturel dut se ressentir plus ou moins de l’influence des circonstances. […] Quant à ceux, je le répète encore, qui, pour avoir mis en vers secs, décousus et froidement corrects quelques lambeaux d’un dictionnaire de physique ou d’histoire naturelle, prétendent aussi à l’honneur du genre, il est incontestable qu’ils en ont un ; mais il est bien plus sûr encore que ce n’est pas celui de M.
Il trouva cette ville défendue par sa position naturelle et de redoutables travaux d’art. […] On saura assigner à chaque partie de la disposition sa place naturelle et l’étendue qui lui convient. […] Elle doit être naturelle, vraie, et bienséante. 1° Elle sera naturelle, si on se met à la place de celui qui parle. […] Dans tous les cas, qu’on se souvienne que tout est faux, hors du naturel ; l’air, la voix, le geste, rien ne doit être forcé.
Ne perdons pas de vue un instant l’Être infini, puissant et bon, source éternelle de beauté, d’amour et d’intelligence ; c’est de lui que tout vient, c’est à lui que tout doit remonter par une aspiration naturelle d’adoration et de reconnaissance. […] je succombe, Votre deuil me prédit mon sort… ……………………………………… Les images doivent être justes, claires et naturelles. […] Le goût est le bon sens du génie ; sans le goût, le génie n’est qu’une sublime folie. » Le goût a donc besoin d’être réglé, sinon il s’égare et se perd ; il prend l’enflure pour la noblesse, la trivialité pour le naturel, l’emphase des expressions pour la chaleur du sentiment : c’est alors le mauvais goût, résultat d’un jugement faux et d’un sentiment perverti. […] Le talent dépend sans doute des facultés naturelles de l’esprit, mais il a besoin d’être développé et perfectionné par l’étude, sinon il reste inconnu, semblable à ces pierres précieuses enfouies dans le sol, qui attendent la main du lapidaire pour briller d’un vif éclat.
Parmi les Françaises illustres dont la postérité se souvient, nulle ne lui est supérieure par l’imagination, la sensibilité, la verve d’une gaieté qui coule de source, la franchise d’un naturel parfait, enfin par les qualités brillantes qui sont l’ornement d’une raison solide. […] que Votre Majesté me le rende ; je l’ai lu brusquement. — Non, Monsieur le maréchal ; les premiers sentiments sont toujours les plus naturels. » Le Roi a fort ri de cette folie, et tout le monde trouve que voilà la plus cruelle petite chose que l’on puisse faire à un vieux courtisan1. […] Que dites-vous de ces marques naturelles d’une affection fondée sur un mérite extraordinaire ? […] Sur cela, je pleure sans pouvoir m’en empêcher ; je n’en puis plus, ma chère bonne : voilà qui est bien faible ; mais pour moi, je ne sais point être forte contre une tendresse si juste et si naturelle. » 1.
Outre les règles précédentes, qui regardent la forme mécanique du sonnet, il y a des règles très importantes qui concernent sa forme naturelle. […] Il est nécessaire que ce refrain qui, dans les vers de dix syllabes, est de quatre, et dans ceux de huit, de trois et quelquefois de deux, soit lié avec la pensée qui précède, amené délicatement et termine le sens d’une manière naturelle. […] Le premier doit être répété après le troisième, avec lequel il rime, et former un sens naturel avec ce qui précède. […] Son mérite consiste dans l’application heureuse que l’on fait des deux premiers vers, et dans leur liaison naturelle avec celui qui les précède.
Nous avons vu plus haut que, pour bien parler ou pour bien écrire, il faut trois opérations distinctes : l’invention, la disposition, et l’élocution ; nous reprendrons cette division naturelle. […] La personne qui cause avec le plus de charme est celle qui sait le mieux enchaîner ses idées et celles des autres par des transitions naturelles.
Qu’est-ce que la religion naturelle ? […] C’est un caractère naturel et vrai. […] Est-il naturel et soutenu ? […] La vérité du fond et la simplicité de la forme, voilà le naturel. […] J’ai mis le roi lui-même en garde contre sa générosité et sa bonté naturelle.
Mais comme il ne pouvait oublier sa condition naturelle, il songeait, en même temps qu’il recevait ces respects, qu’il n’était pas le roi que ce peuple cherchait, et que le royaume ne lui appartenait pas. […] Il faut se renfermer le plus qu’il est possible dans le simple naturel ; ne pas faire grand ce qui est petit, ni petit ce qui est grand. […] Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi ; car on s’attendait de voir un auteur, et on trouve un homme2.
. — noblesse, richesse, énergie, sublime Ainsi clarté, pureté, propriété, précision, naturel, harmonie, voilà les qualités de style nécessaires partout et toujours, dans l’oraison funèbre comme dans le roman bourgeois, dans les écarts du dithyrambe comme dans les naïvetés de l’idylle. […] Ce que l’on peut dire seulement pour donner l’universalité au précepte de Boileau, c’est que, s’il est des genres où la noblesse contrarie trop manifestement le naturel pour pouvoir être admise, où la bassesse et la trivialité absolues soient le seul moyen de rester dans le vrai, ces genres ne sont pas du ressort de la critique, et les honnêtes gens s’en abstiennent. […] Nous avons déjà touché cette observation en parlant du naturel. […] Il est dans le qu’il mourût du vieil Horace, parce qu’il est plus haut que l’homme le père qui peut immoler spontanément le sentiment naturel de la paternité au sentiment surnaturel du patriotisme et de l’honneur.
de Fontanes a jugé ainsi Boileau : « Quand il parut, la poésie retrouva ce style qu’elle avait perdu depuis les beaux jours de Rome ; ce style toujours clair, toujours exact, qui n’exagère ni n’affaiblit, n’omet rien de nécessaire, n’ajoute rien de superflu, va droit à l’effet qu’il veut produire, ne s’embellit que d’ornements accessoires puisés dans le sujet, sacrifie l’éclat à la véritable richesse, joint l’art au naturel, et le travail à la facilité ; qui, pour plaire toujours davantage, s’allie toujours de plus près au bon sens, et s’occupe moins de surprendre les applaudissements que de les justifier ; qui fait sentir enfin, et prouve, à chaque instant, cet axiome éternel : Rien n’est beau que le vrai. » (Discours préliminaire de l’essai sur l’homme.) […] Rien ne sied à l’esprit que son allure naturelle ; de là son aisance, sa grâce et toutes ses facilités réelles ou apparentes. […] « Les secours donnés à l’esprit pour le rendre plus attentif et plus étendu sont une force prétendue, une industrie acquise, qui le trompent également sur sa nature et sur ses forces naturelles : erreur grave et funeste. […] « Pour la poésie, comme pour l’architecture, il faut que tous les morceaux nécessaires se tournent en ornements naturels.
Et ainsi, qu’il se trouve des hommes indifférents à la perte de leur être et au péril d’une éternité de misères, cela n’est point naturel. […] Ainsi ceux qui ne font que feindre ces sentiments seraient bien malheureux de contraindre leur naturel pour se rendre les plus impertinents des hommes. […] L’un ne pensait pas assez pour goûter un auteur qui pense beaucoup ; l’autre pense trop subtilement pour s’accommoder de pensées qui sont naturelles. […] Je voudrais qu’il se défiât de son imagination, pour ne se laisser jamais dominer par elle, et qu’il fondât chaque discours sur un principe indubitable, dont il tirerait les conséquences naturelles. […] Plus heureux qui porte en son cœur celles d’un heureux naturel !
Mais en général un principe doit être assez bien développé, pour qu’il puisse être saisi sans le secours d’un autre, qui doit le suivre dans l’ordre naturel des matières. […] André, jésuite), il sache distinguer dans toutes les productions de l’esprit le beau naturel, et le beau arbitraire. […] Ils sont écrits d’un style pur et naturel, assaisonnés du sel d’une plaisanterie délicate, pleins de peintures vives, de caractères bien dessinés et bien soutenus.
Dans les lettres d’agrément, il faut être fleuri, mais en n’admettant que des ornements naturels et en rejetant toute parure affectée. […] Il faut, dans ces lettres d’excuse, une manière de s’exprimer franche et naturelle, qui soit un sûr garant des sentiments du cœur. […] C’est au mélange heureux du naturel, de la sensibilité et du goût.
Si elle n’eut pas, comme Mme de Sévigné, l’intimité, l’enjouement, le caprice, l’éloquence expansive et prime-sautière, elle a l’aisance, le naturel, la délicatesse, et l’autorité que donne l’expérience du cœur humain, ou la science de la direction. […] Si vous mettez toute votre confiance en Dieu, mes très-chères filles, sans vous appuyer sur vous-mêmes, ni sur aucun talent naturel et sur aucune perfection mondaine, vous deviendrez par votre docilité, par votre humilité et par votre abandon dans la main de Dieu, les vrais instruments de la grâce pour sanctifier les familles séculières et les couvents ; vous formerez d’excellentes vierges pour les cloîtres et de pieuses mères de famille pour le monde. […] Quand une fille aura du bon sens avec une grande piété, elle sera bonne pour tout ; elle sera fidèle à tous ses devoirs, et elle mettra en œuvre tout ce qu’elle aura de talents naturels pour se façonner ; elle vaudra mieux qu’un bel esprit plein de ses pensées et de ses idées en l’air : ce bon sens simple, quand il serait grossier et mal poli, plaira plus aux gens même du monde qu’un caractère plus délicat, mais moins vrai et moins désabusé de soi-même.
Chaque volume offre un plan harmonieux et complet, dans lequel l’estimable auteur suit une marche logique, présente des divisions claires et naturelles, des définitions exactes et nettes. […] Appropriant le terme à l’idée, l’expression au sujet, votre diction suit dans toutes leurs nuances et toutes leurs inflexions les différents genres de littérature, et c’est dans un style simple, naturel, concis, élégant, que vous nous parlez de l’élégance, de la concision, du naturel et de la simplicité du style.